par Héraclius » jeu. 26 oct. 2017, 19:28
J'avais répondu cela à quelqu'un venu il y a un an en posant une question similaire (comment savoir quelle religion est la vraie ?). Je vous laisse prendre connaissance de ce texte. Pour ce qui est de répondre de façon plus globale à votre interrogation, je dirai que vous avez à votre disposition deux moyens pour voir dans la Foi Catholique l'expression de la Vraie Religion. Le premier, c'est la personne du Christ et Son Enseignement. Je crois que lorsque l'on commence à contempler la vie du Christ, on se rend vite compte que ce qu'il a dit est fait est imprégné de la Splendeur de la Vérité ; en d'autre terme c'est d'une beauté et d'une grandeur telle que l'on y reconnaît, d'instinct, l'oeuvre de Dieu.
Le second moyen, c'est la Raison. La Foi Catholique est articulée de façon rationelle et présente des raisons de croire nombreuses que je vous invite à interroger par vous-même. En d'autre termes, soyez rationnel, et vous serez catholique. Commencer par être le premier, le second viendra de lui-même si vous vous tenez ouvert à la proposition du Christ.
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''Tout d’abord je voudrais vous assurer que vous avez parfaitement raison de rechercher une explication rationnelle du monde et de rejeter les conceptions arbitraires de la réalité. Votre démarche est donc tout à fait saine. Le Catholicisme s’est toujours considéré, du reste, comme une religion prenant appui sur la raison. On ne peut pas être catholique et fidéiste, c’est-à-dire croire que la foi aveugle seule suffit à avoir prise sur la réalité.
Cette raison est d’abord philosophique. Nul besoin d’être croyant en une religion pour concevoir la nécessité de l’existence de Dieu. Platon et Aristote, entre autre, avaient une certaine idée de Dieu bien avant l’avènement du monothéisme. Il faut bien comprendre que l’idée du Dieu au sens monothéiste dépasse, du reste, largement l’idée de « dieu » au sens polythéiste. « Dieu », pour un monothéiste, c’est la cause première et le fondement néssécaire de l’univers contingent des causes secondes. Ce n’est donc en rien un « étant » dans notre monde, puisque c’est un être qui par définition transcende le monde dont il est le fondement. En d’autres termes, Dieu, ce n’est pas un genre d’être très puissant avec une longue barbe qui se balade dans l’univers. Non, c’est quelque chose de beaucoup plus fondamental.
La voie par laquelle Aristote approche l’existence de la nécessité d’une cause première-fondation de l’univers s’appuie sur l’observation du mouvement dans le monde, ce que nous appellerions sans doute dans notre terminologie scientifique moderne « l’énergie », encore qu’il vaille mieux ne pas trop mêler les termes philosophiques et scientifiques.
On peut formuler cet argument ainsi : « Nous savons (1) qu'il y a mouvement dans le monde et que (2) tout ce qui est en mouvement est mû par autre chose qui doit également être mû par autre chose ; ainsi, (3) pour éviter une régression à l'infini, nous devons poser un « premier moteur immobile», que nous appelons « Dieu ».
Bien sûr cet argument est une forme assez simpliste de ce que l’on appelle « l’argument cosmologique », dont la forme la plus développée et la plus commentée par les philosophes au cours des âges est la preuve dite « par la contingence des êtres », qui transpose globalement l’argument d’Aristote du mouvement à l’être. Les formulations « classiques » de cet argument ont été faites par Thomas d’Aquin et Leibniz.
Bref, que l’on soit bien clair : cette cause-première-être nécessaire-acte-pur ne fait que dégager les grandes lignes de ce que l’on appelle « Dieu » : il va de soi que la métaphysique, si elle nous permet de nous faire une vague idée de la nature de Dieu, ne nous permet pas de dire si telle ou telle religion est vraie, ou même si une religion est vraie tout court – après tout, rien n’oblige « Dieu » au sens philosophique à se révéler aux hommes.
Bref. Au pur niveau de la question de l’existence de Dieu, il suffit d’étudier un peu la métaphysique pour comprendre qu’il existe vraisemblablement un « truc » qui ressemble énormément à la notion commune de Dieu. Si vous voulez donc approcher la question de Dieu sous un angle rationnel, je vous invite à vous intéresser à la philosophie. Il est à noter qu'aux arguments « positifs » et métaphysiques de l’existence de Dieu, il faut ajouter une multitude d’arguments « négatifs ». Par exemple, l’argument moral : comme le disait Dostoïevski, « si Dieu n’existe pas, tout est permis », ce qui signifie que faute d’une morale transcendante, il est impossible de bâtir une morale autre qu’arbitraire. Cela ne veut pas dire (du tout !) que « les athées sont forcément immoraux », mais cela veut dire que sans Dieu tout devient relatif, il n’y a plus de fondation objective du bien (non plus d'ailleurs, que du beau ou du vrai). On ne peut pas bâtir une morale athée autre qu’arbitraire et sociale.
Maintenant, qu'est-ce qui nous fait croire que le « Dieu Métaphysique » est le Dieu tel qu’il est considéré par le catholicisme ? Beaucoup de choses.
Si je devais développer un seul argument, ce serait un argument de nature « esthético-moral ». Pour faire simple, il suffit d’opérer une analyse comparative assez simple pour concevoir que les religions comme l’Islam ou le Judaïsme ont une vision extrêmement simpliste et humaine de Dieu. Le Christianisme a toujours eu une vision autrement plus complexe, et surtout plus belle, que ces religions dont le schéma de base est (1) Dieu créé les hommes (2) Dieu envoie un prophète qui donne aux hommes une loi morale détaillée.
Le message du Christ est autrement plus puissant qu’une simple loi morale détaillée. Il suffit de poser le regard sur ce qu’il propose pour voir à quel point sa proposition est infiniment supérieure à une loi morale qui régit tous les aspects de notre vie quotidienne. Et c’est ce qui me fait dire avec Joseph Malègue, écrivain que j’affectionne beaucoup en ce moment : « Loin que le Christ me soit inintelligible, s’il est Dieu, c’est Dieu qui m’est étrange s’il n’est le Christ ». C’est-à-dire que je vois mal comment, alors qu’un message aussi puissant que celui du Christ existe, Dieu pourrait avoir un message inférieur.
Mais il en existe beaucoup d’autres, de natures très diverses. L’étude des miracles, par exemple. Il n’est pas très difficile d’observer que 95 pourcent des miracles connus et étudiables dans le monde concernent la religion catholique, et qu’un grand nombre de ces derniers ont été longuement étudiés par la science. On peut aussi critiquer la logique interne de telle ou telle religion : ainsi, il est assez simple de développer une critique historique des débuts de l’Islam, et de montrer, par exemple, qu’il existait au départ un grand nombre de versions du Coran différentes, ou que l’évolution des révélations du Coran suit étrangement de près les besoins du prophète au cours de sa vie terrestre.
Enfin, il convient d’ajouter un fait : la majorité des religions ne se présentent pas comme « rationnelles ». Je n’ai jamais vu d’apologétique (un mot compliqué pour dire « science des raisons de croire ») Hindouiste qui défende avec une philosophie et une étude historique systématique l’existence de telle ou telle divinité mineure. En tout cas, la défense rationnelle de la foi est un phénomène essentiellement lié aux religions abrahamiques, et particulièrement au catholicisme (contrairement au protestantisme, par exemple, qui a toujours privilégié plus ou moins la foi « pure » à la raison. Luther disait fameusement que « la raison est la putain du diable »).
Bref, comme vous le voyez, je n’ai pas cherché à vous exprimer une argumentation systématique en faveur de la foi catholique, mais j’essaye au moins de vous donner des idées de pistes à fouiller, de vous dégager des « zones de recherche » pour comprendre comment on peut articuler de façon rationnelle cette foi. N’hésitez pas à nous poser des questions pour demander des précisions sur tel ou tel point ou demander des exemples ou des approfondissements dans ces différentes sources.''
J'avais répondu cela à quelqu'un venu il y a un an en posant une question similaire (comment savoir quelle religion est la vraie ?). Je vous laisse prendre connaissance de ce texte. Pour ce qui est de répondre de façon plus globale à votre interrogation, je dirai que vous avez à votre disposition deux moyens pour voir dans la Foi Catholique l'expression de la Vraie Religion. Le premier, c'est la personne du Christ et Son Enseignement. Je crois que lorsque l'on commence à contempler la vie du Christ, on se rend vite compte que ce qu'il a dit est fait est imprégné de la Splendeur de la Vérité ; en d'autre terme c'est d'une beauté et d'une grandeur telle que l'on y reconnaît, d'instinct, l'oeuvre de Dieu.
Le second moyen, c'est la Raison. La Foi Catholique est articulée de façon rationelle et présente des raisons de croire nombreuses que je vous invite à interroger par vous-même. En d'autre termes, soyez rationnel, et vous serez catholique. Commencer par être le premier, le second viendra de lui-même si vous vous tenez ouvert à la proposition du Christ.
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''Tout d’abord je voudrais vous assurer que vous avez parfaitement raison de rechercher une explication rationnelle du monde et de rejeter les conceptions arbitraires de la réalité. Votre démarche est donc tout à fait saine. Le Catholicisme s’est toujours considéré, du reste, comme une religion prenant appui sur la raison. On ne peut pas être catholique et fidéiste, c’est-à-dire croire que la foi aveugle seule suffit à avoir prise sur la réalité.
Cette raison est d’abord philosophique. Nul besoin d’être croyant en une religion pour concevoir la nécessité de l’existence de Dieu. Platon et Aristote, entre autre, avaient une certaine idée de Dieu bien avant l’avènement du monothéisme. Il faut bien comprendre que l’idée du Dieu au sens monothéiste dépasse, du reste, largement l’idée de « dieu » au sens polythéiste. « Dieu », pour un monothéiste, c’est la cause première et le fondement néssécaire de l’univers contingent des causes secondes. Ce n’est donc en rien un « étant » dans notre monde, puisque c’est un être qui par définition transcende le monde dont il est le fondement. En d’autres termes, Dieu, ce n’est pas un genre d’être très puissant avec une longue barbe qui se balade dans l’univers. Non, c’est quelque chose de beaucoup plus fondamental.
La voie par laquelle Aristote approche l’existence de la nécessité d’une cause première-fondation de l’univers s’appuie sur l’observation du mouvement dans le monde, ce que nous appellerions sans doute dans notre terminologie scientifique moderne « l’énergie », encore qu’il vaille mieux ne pas trop mêler les termes philosophiques et scientifiques.
On peut formuler cet argument ainsi : « Nous savons (1) qu'il y a mouvement dans le monde et que (2) tout ce qui est en mouvement est mû par autre chose qui doit également être mû par autre chose ; ainsi, (3) pour éviter une régression à l'infini, nous devons poser un « premier moteur immobile», que nous appelons « Dieu ».
Bien sûr cet argument est une forme assez simpliste de ce que l’on appelle « l’argument cosmologique », dont la forme la plus développée et la plus commentée par les philosophes au cours des âges est la preuve dite « par la contingence des êtres », qui transpose globalement l’argument d’Aristote du mouvement à l’être. Les formulations « classiques » de cet argument ont été faites par Thomas d’Aquin et Leibniz.
Bref, que l’on soit bien clair : cette cause-première-être nécessaire-acte-pur ne fait que dégager les grandes lignes de ce que l’on appelle « Dieu » : il va de soi que la métaphysique, si elle nous permet de nous faire une vague idée de la nature de Dieu, ne nous permet pas de dire si telle ou telle religion est vraie, ou même si une religion est vraie tout court – après tout, rien n’oblige « Dieu » au sens philosophique à se révéler aux hommes.
Bref. Au pur niveau de la question de l’existence de Dieu, il suffit d’étudier un peu la métaphysique pour comprendre qu’il existe vraisemblablement un « truc » qui ressemble énormément à la notion commune de Dieu. Si vous voulez donc approcher la question de Dieu sous un angle rationnel, je vous invite à vous intéresser à la philosophie. Il est à noter qu'aux arguments « positifs » et métaphysiques de l’existence de Dieu, il faut ajouter une multitude d’arguments « négatifs ». Par exemple, l’argument moral : comme le disait Dostoïevski, « si Dieu n’existe pas, tout est permis », ce qui signifie que faute d’une morale transcendante, il est impossible de bâtir une morale autre qu’arbitraire. Cela ne veut pas dire (du tout !) que « les athées sont forcément immoraux », mais cela veut dire que sans Dieu tout devient relatif, il n’y a plus de fondation objective du bien (non plus d'ailleurs, que du beau ou du vrai). On ne peut pas bâtir une morale athée autre qu’arbitraire et sociale.
Maintenant, qu'est-ce qui nous fait croire que le « Dieu Métaphysique » est le Dieu tel qu’il est considéré par le catholicisme ? Beaucoup de choses.
Si je devais développer un seul argument, ce serait un argument de nature « esthético-moral ». Pour faire simple, il suffit d’opérer une analyse comparative assez simple pour concevoir que les religions comme l’Islam ou le Judaïsme ont une vision extrêmement simpliste et humaine de Dieu. Le Christianisme a toujours eu une vision autrement plus complexe, et surtout plus belle, que ces religions dont le schéma de base est (1) Dieu créé les hommes (2) Dieu envoie un prophète qui donne aux hommes une loi morale détaillée.
Le message du Christ est autrement plus puissant qu’une simple loi morale détaillée. Il suffit de poser le regard sur ce qu’il propose pour voir à quel point sa proposition est infiniment supérieure à une loi morale qui régit tous les aspects de notre vie quotidienne. Et c’est ce qui me fait dire avec Joseph Malègue, écrivain que j’affectionne beaucoup en ce moment : « Loin que le Christ me soit inintelligible, s’il est Dieu, c’est Dieu qui m’est étrange s’il n’est le Christ ». C’est-à-dire que je vois mal comment, alors qu’un message aussi puissant que celui du Christ existe, Dieu pourrait avoir un message inférieur.
Mais il en existe beaucoup d’autres, de natures très diverses. L’étude des miracles, par exemple. Il n’est pas très difficile d’observer que 95 pourcent des miracles connus et étudiables dans le monde concernent la religion catholique, et qu’un grand nombre de ces derniers ont été longuement étudiés par la science. On peut aussi critiquer la logique interne de telle ou telle religion : ainsi, il est assez simple de développer une critique historique des débuts de l’Islam, et de montrer, par exemple, qu’il existait au départ un grand nombre de versions du Coran différentes, ou que l’évolution des révélations du Coran suit étrangement de près les besoins du prophète au cours de sa vie terrestre.
Enfin, il convient d’ajouter un fait : la majorité des religions ne se présentent pas comme « rationnelles ». Je n’ai jamais vu d’apologétique (un mot compliqué pour dire « science des raisons de croire ») Hindouiste qui défende avec une philosophie et une étude historique systématique l’existence de telle ou telle divinité mineure. En tout cas, la défense rationnelle de la foi est un phénomène essentiellement lié aux religions abrahamiques, et particulièrement au catholicisme (contrairement au protestantisme, par exemple, qui a toujours privilégié plus ou moins la foi « pure » à la raison. Luther disait fameusement que « la raison est la putain du diable »).
Bref, comme vous le voyez, je n’ai pas cherché à vous exprimer une argumentation systématique en faveur de la foi catholique, mais j’essaye au moins de vous donner des idées de pistes à fouiller, de vous dégager des « zones de recherche » pour comprendre comment on peut articuler de façon rationnelle cette foi. N’hésitez pas à nous poser des questions pour demander des précisions sur tel ou tel point ou demander des exemples ou des approfondissements dans ces différentes sources.''