par Cinci » ven. 15 févr. 2019, 15:40
Pour mettre en relief le poids réel de ce coût de la "
guerre à la terreur" indiqué plus haut ... parce que des colonnes de chiffres seulement, des montants même astronomiques, ça demeure une donnée trop abstraite et peu signifiante pour l'intelligence cognitive.
"... "J'en ai appris davantage de Dorothy Day que de tous les théologiens", confie le Père Berrigan. Elle m'a fait prendre conscience de liens auxquels je n'avais jamais pensé ou qu'on ne m'avait jamais enseignés, les liens entre la misère humaine et la guerre. A la base, elle croyait que Dieu a crée un monde dans lequel il y avait assez de place pour tous les humains, mais pas assez pour tous les humains et la guerre."
p. 206
Dans un discours intitulé "Beyond Vietnam", prononcé à l'église de Riverside un an avant son assassinat, King a déclaré que "les États-Unis étaient les plus importants propagateurs de violence du monde contemporain". Il va sans dire qu'on n'entend pas souvent cette citation lors des célébrations du Martin Luther KIng Day !
p. 240
En 1946, dans son essai intitulé The Root is Man Dwight Macdonald s'est penché sur l'idéologie de la guerre permanente. Il désespérait de voir émerger un contrepoids efficace à l'État-entreprise tant que la société serait maintenue dans un tel état de guerre.
L'élite progressiste, tout comme l'intelligentsia marxiste avec laquelle Macdonald a rompu pour embrasser l'anarchisme, s'est selon lui lourdement trompé en plaçant ses espoirs de progrès dans l'État. Jadis symbole d'espoir pour les progressistes et bon nombre de citoyens de gauche, celui-ci a dévoré ses propres enfants, aux États-Unis comme en Union soviétique. Et il existe une drogue puissante, capable de réduire une population à la passivité en lui faisant accepter d'être privée de tout pouvoir : la guerre permanente.
La question du recours à l'idéologie de la guerre permanente a échappé aux théoriciens des mouvements réformistes du XIXe siècle et du début du XXe siècle, y compris à Karl Marx. Accordant toute leur attention à la lutte des classes se déroulant dans chaque pays, ceux-ci n'ont jamais élaboré une théorie adéquate sur l'aspect politique de la guerre.
Que ce soit en Russie impériale, dans l'Empire austro-hongrois, dans l'Allemagne de Weimar, dans la seconde Yougoslavie ou aux États-Unis, l'effondrement du progressisme a toujours été lié à l'émergence d'une culture de la guerre permanente dans laquelle l'exploitation de la violence, même à l'encontre des nationaux, sont justifiés au nom de la protection du pays.
L'apologie de la guerre peut être exprimée par une variété de slogans. Elle peut se manifester sous la forme de saluts fascistes, de procès-spectacles communistes, de campagnes de nettoyage ethnique ou de croisades chrétiennes. Tout cela revient au même : une répression aveugle et impitoyable menée au nom de la sécurité nationale par l'élite du pouvoir et ses laquais de l'élite progressiste.
C'est un enlisement dans la guerre permanente, et non l'islamisme, qui a tué les mouvements progressistes et démocratiques du monde arabe, ces mouvements qui, au début du XXe siècle, étaient porteurs de tant de promesses pour des pays comme l'Égypte, la Syrie, le LIban ou l'Iran. La guerre permanente est aussi venue à bout des élites progressistes d'Israël et des États-Unis. Véritable maladie, elle pousse tout le monde à s'abaisser au langage simpliste du nationalisme. Elle dépouille les citoyens de leurs droits, réduit toute communication à des poncifs patriotiques, accroit le pouvoir de ceux qui profitent des largesses de l'État au nom de la guerre, mine les débats politiques et affaiblit les institutions démocratiques.
Les budgets militaires, qui représentent plus de la moitié des dépenses discrétionnaires du gouvernement des États-Unis, ont un coût social et politique énorme : ponts et barrages en ruine, écoles délabrées, production de biens délocalisées à l'étranger ... l'endettement, qui atteint des milliers de milliards de dollars, menace la viabilité même de la monnaie et de l'économie. Les pauvres, les malades et les chômeurs sont abandonnés à leur sort. La souffrance est le prix à payer pour une victoire dont la nature et la probabilité restent nimbés de mystère.
Les entreprises qui profitent de la guerre permanente ont besoin d'une population qui a peur. Grâce à la peur, les citoyens ne s'opposent pas à ce que l'État surfinance une armée déjà obèse, ne posent pas de questions embarrassantes aux puissants et sont prêts à renoncer à leurs droits et libertés en échange d'un sentiment de sécurité. La peur permet au gouvernement d'agir en secret et assure aux firmes qui ruinent le pays de ne pas être inquiétées. Elle maintient les citoyens parqués comme du bétail.
Selon un sondage Gallup effectué en 2006, "plus un Américain fréquente l'église assidûment, moins il est probable qu'il dise considérer la guerre comme une erreur", Dans la mesure où Jésus était un pacifiste et où tout diplômé du séminaire a longtemps étudié la doctrine de la guerre juste (dont l'invasion de l'Irak constitue une violation flagrante), cette tendance a de quoi étonner.
Source : La mort de l'élite progressiste
"C'est un enlisement dans la guerre permanente, et non l'islamisme, qui a tué les mouvements progressistes et démocratiques du monde arabe, ces mouvements qui, au début du XXe siècle, étaient porteurs de tant de promesses pour des pays comme l'Égypte, la Syrie, le LIban ou l'Iran."
...
enlisement dans la guerre permanente ...
a tué les mouvements progressistes et démocratiques du monde arabe, ces mouvements qui, au début du XXe siècle, étaient porteurs de tant de promesses ... pour des pays comme l'Égypte, la Syrie, le LIban ou l'Iran.
Pour mettre en relief le poids réel de ce coût de la "[b]guerre à la terreur[/b]" indiqué plus haut ... parce que des colonnes de chiffres seulement, des montants même astronomiques, ça demeure une donnée trop abstraite et peu signifiante pour l'intelligence cognitive.
[quote]"... "J'en ai appris davantage de Dorothy Day que de tous les théologiens", confie le Père Berrigan. Elle m'a fait prendre conscience de liens auxquels je n'avais jamais pensé ou qu'on ne m'avait jamais enseignés, les liens entre la misère humaine et la guerre. A la base, elle croyait que Dieu a crée un monde dans lequel il y avait assez de place pour tous les humains, mais pas assez pour tous les humains et la guerre."
p. 206 [/quote]
[quote] Dans un discours intitulé "Beyond Vietnam", prononcé à l'église de Riverside un an avant son assassinat, King a déclaré que "[b]les États-Unis étaient les plus importants propagateurs de violence du monde contemporain[/b]". Il va sans dire qu'on n'entend pas souvent cette citation lors des célébrations du Martin Luther KIng Day !
p. 240 [/quote]
[quote] En 1946, dans son essai intitulé [i]The Root is Man[/i] Dwight Macdonald s'est penché sur l'idéologie de la guerre permanente. Il désespérait de voir émerger un contrepoids efficace à l'État-entreprise tant que la société serait maintenue dans un tel état de guerre.
L'élite progressiste, tout comme l'intelligentsia marxiste avec laquelle Macdonald a rompu pour embrasser l'anarchisme, s'est selon lui lourdement trompé en plaçant ses espoirs de progrès dans l'État. Jadis symbole d'espoir pour les progressistes et bon nombre de citoyens de gauche, celui-ci a dévoré ses propres enfants, aux États-Unis comme en Union soviétique. [b]Et il existe une drogue puissante, capable de réduire une population à la passivité[/b] en lui faisant accepter d'être privée de tout pouvoir : [b]la guerre permanente[/b].
La question du recours à l'idéologie de la guerre permanente a échappé aux théoriciens des mouvements réformistes du XIXe siècle et du début du XXe siècle, y compris à Karl Marx. Accordant toute leur attention à la lutte des classes se déroulant dans chaque pays, ceux-ci n'ont jamais élaboré une théorie adéquate sur l'aspect politique de la guerre.
Que ce soit en Russie impériale, dans l'Empire austro-hongrois, dans l'Allemagne de Weimar, dans la seconde Yougoslavie ou aux États-Unis, l'effondrement du progressisme a toujours été lié à l'émergence d'une culture de la guerre permanente dans laquelle l'exploitation de la violence, même à l'encontre des nationaux, sont justifiés au nom de la protection du pays.
L'apologie de la guerre peut être exprimée par une variété de slogans. Elle peut se manifester sous la forme de saluts fascistes, de procès-spectacles communistes, de campagnes de nettoyage ethnique ou de croisades chrétiennes. Tout cela revient au même : une répression aveugle et impitoyable menée au nom de la sécurité nationale par l'élite du pouvoir et ses laquais de l'élite progressiste.
C'est un enlisement dans la guerre permanente, et non l'islamisme, qui a tué les mouvements progressistes et démocratiques du monde arabe, ces mouvements qui, au début du XXe siècle, étaient porteurs de tant de promesses pour des pays comme l'Égypte, la Syrie, le LIban ou l'Iran. La guerre permanente est aussi venue à bout des élites progressistes d'Israël et des États-Unis. Véritable maladie, elle pousse tout le monde à s'abaisser au langage simpliste du nationalisme. Elle dépouille les citoyens de leurs droits, réduit toute communication à des poncifs patriotiques, accroit le pouvoir de ceux qui profitent des largesses de l'État au nom de la guerre, mine les débats politiques et affaiblit les institutions démocratiques.
Les budgets militaires, qui représentent plus de la moitié des dépenses discrétionnaires du gouvernement des États-Unis, ont un coût social et politique énorme : ponts et barrages en ruine, écoles délabrées, production de biens délocalisées à l'étranger ... l'endettement, qui atteint des milliers de milliards de dollars, menace la viabilité même de la monnaie et de l'économie. Les pauvres, les malades et les chômeurs sont abandonnés à leur sort. La souffrance est le prix à payer pour une victoire dont la nature et la probabilité restent nimbés de mystère.
Les entreprises qui profitent de la guerre permanente ont besoin d'une population qui a peur. Grâce à la peur, les citoyens ne s'opposent pas à ce que l'État surfinance une armée déjà obèse, ne posent pas de questions embarrassantes aux puissants et sont prêts à renoncer à leurs droits et libertés en échange d'un sentiment de sécurité. La peur permet au gouvernement d'agir en secret et assure aux firmes qui ruinent le pays de ne pas être inquiétées. Elle maintient les citoyens parqués comme du bétail.
Selon un sondage Gallup effectué en 2006, "plus un Américain fréquente l'église assidûment, moins il est probable qu'il dise considérer la guerre comme une erreur", Dans la mesure où Jésus était un pacifiste et où tout diplômé du séminaire a longtemps étudié la doctrine de la guerre juste (dont l'invasion de l'Irak constitue une violation flagrante), cette tendance a de quoi étonner.
Source : La mort de l'élite progressiste
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"C'est un enlisement dans la guerre permanente, et non l'islamisme, qui a tué les mouvements progressistes et démocratiques du monde arabe, ces mouvements qui, au début du XXe siècle, étaient porteurs de tant de promesses pour des pays comme l'Égypte, la Syrie, le LIban ou l'Iran."
... [i]enlisement dans la guerre permanente[/i] ... [i]a tué les mouvements progressistes et démocratiques du monde arabe[/i], ces mouvements qui, au début du XXe siècle, étaient porteurs de tant de promesses ... pour des pays comme l'Égypte, la Syrie, le LIban ou l'Iran.