Kerniou :
Les USA et le Canada, à part les "natives", les indiens, ne sont-ils pas, très majoritairement, peuplés de migrants et : ou de leurs descendants ?
(Eh bien, vous serez bon(ne) pour une petite capsule historique)
La réponse c'est non.
Les colons français qui sont venus créer un nouveau pays, en Amérique du Nord, à partir de zéro au XVIIe siècle, participaient d'un phénomène qui n'avait
rien à voir avec ce dont on parle aujourd'hui.
Des Français de l'époque devenant "canadiens" n'essayaient pas de pénétrer à l'intérieur d'un État national étranger pour commencer. Il s'agissait d'engagés volontaires. On ne parle pas de gens qui s'invitent sur le territoire d'un autre peuple formant un nation constituée avec ses lois et pour exiger des hôtes qu'ils s'adaptent, eux, à leurs us et coutumes. Non, les Français faisaient plutôt leurs affaires d'un bord, les indiens de l'autre.
C'est tout comme avec le phénomène des invasions barbares (cet aspect d'un peuple conquérant en marche et qui cherche à se tailler un royaume de remplacement) au Moyen Age, et quand ledit phénomène n'avait rien à voir non plus avec le phénomène "migrant" de notre actualité. Même le peuplement original de l'Amérique par les "indiens" n'avait rien à voir avec la mécanique de nos migrants d'aujourd'hui.
Ce n'est pas parce que des gens peuvent se déplacer sur la planète qu'il faudrait s'écrier "aux migrants" partout. Faut conserver des distinctions sous peine de ne jamais rien comprendre.
En résumé
Je ne suis
pas un migrants et les ancêtres du Canada français
n'en étaient pas non plus. Ils n'en étaient pas, eux, parce qu'ils ont construit littéralement le pays. Ce qui veut dire créer de la terre, ôter les pierres du terrain, défricher, faire reculer la forêt, construire des chemins, bâtir des tas de facilités pour rendre la pays habitable, etc. On parlait d'une entreprise nationale et religieuse à la fois. La Nouvelle-France était une entreprise royale.
L'idée réductrice selon laquelle "tout le monde serait un migrant" ou un descendant de migrant procède du discours de propagande ressortant du multiculturalisme. Et c'est justement cela le problème avec nos Macron ou nos Trudeau de ce monde et aussi avec celui découlant d'une bonne partie de l'opinion publique en France gagnée depuis des lustres à l'anti-nationalisme, à la détestation de bien des choses.
Mais ce qui a à voir ...
Si un phénomène peut ressembler à celui de nos migrants d'aujourd'hui dans l'histoire du Canada : ce serait plutôt de l'histoire de l'immigration des Irlandais vers les années 1830. Avec ça l'on se retrouve en pays de connaissance, c'est à dire dans une logique de financiers anglais et de maîtres "atlantistes" déjà aux commandes d'un immense empire. On parlera de capitalistes (libéraux) responsables de la misère des Irlandais en Irlande, et opérateurs ensuite d'une urgente nécessité de transborder des masses d'Irlandais dans la vallée du Saint-Laurent (porte d'entrée de l'Amérique britannique).
La stratégie anglaise consistait à dépeupler une partie de l'Irlande afin de mieux assurer la main-mise sur ce pays déjà conquis d'une part; de l'autre, avec les Irlandais déplacés, l'on espère parvenir à mettre en minorité les Canadiens chez eux, les angliciser, les dénationalisés. Et beaucoup d'Irlandais sont morts en mer parce que les navires affrétés par les armateurs anglais étaient aussi des coques de noix pourries. Le gouvernement britannique de l'époque n'aura jamais demandé l'avis des Canadiens, savoir s'ils pouvaient être intéressés à recevoir chez eux des immigrants anglophones et à une époque, en plus, où une sévère crise économique touchait le Canada (que les Canadiens étaient de plus en plus à l'étroit sur leurs terres et cela à cause des politiques impériales britanniques aussi, celles interdisant l'ouverture de nouvelles terres pour le peuplement en taillant sur le domaine de la Couronne).
Le phénomène de l'immigration irlandaise au Canada aurait pu ressembler au XIXe siècle au phénomène de nos migrants dans Europe du XXIe siècle, et la chose a provoqué certainement des troubles anciennement. Il en est résulté les fameuses rébellions de 1838-1839 au Canada, puis ensuite la destruction du Parlement canadien incendié par des militants anglais de l'empire britannique, etc. La question des migrants irlandais de l'époque intervenait pour attiser le feu sur le plan politique intérieur, de la même façon qu'elle pourrait bien intervenir dans l'Allemagne de Merkel ou la France de Macron.