Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

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Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Cinci » mer. 17 oct. 2018, 4:50

"RCF, la meilleure radio du monde"

Moi aussi, j'écoute RCF. C'est vrai qu'il y a de très bonnes émissions, notamment historiques. Je n'ai rien trouvé d'équivalent ailleurs. Il y a aussi d'excellents débats sur des questions de fond. L'information est très honnêtement donnée. Il m'arrive de me tourner vers cette station pour arriver à démêler des sujets traités de manière manifestement tendancieuses sur d'autres stations.

Malheureusement, il y a aussi des catastrophes. C'est une radio très inégale qui, à mon avis, peut réellement troubler les esprits. Ainsi, cette nuit, je suis tombée sur la rediffusion d'une émission traitant de sujets d'actualité : "Le Temps de le dire", animée par Anne Kerléo. A été abordée la dernière catéchèse du pape, où il a évoqué la question de l'IVG et parlé de "tueurs à gages". Voici ce que j'ai entendu :

- le propos du pape était très violent (!? on n'a pas parlé de la violence de l'acte),
- comme souvent dans l'Eglise, le pape a méprisé les femmes (?!),
- les médecins avorteurs aident les femmes en difficulté (!!) ; ce sont de braves gens, insultés par le pape,
- l'embryon n'est pas vraiment un être humain, on ne peut pas mettre l'avortement au niveau d'un infanticide, et ce n'est pas bien de culpabiliser ainsi des femmes en difficulté,
- tout le monde se fiche pas mal d' "Humanae Vitae" et des limites posées par le magistère en matière de contraception (gros rires).

C'est la contradiction quoi !

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Cinci » lun. 15 oct. 2018, 1:09

Oui, je suis d'accord avec le schéma d'ensemble.

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Carhaix » dim. 14 oct. 2018, 13:36

@Cinci.

Je pense qu'on est d'accord, mais on le dit différemment. Et la différence de sensibilité entre français et québécois fait qu'on ne se comprend pas. Tant pis.

Ceci étant, les nationalistes kurdes persécutent les chrétiens qui vivent sur leur territoire. Il y a eu plusieurs papiers dans la presse sur le sujet récemment. Et je me souviens d'avoir lu que ces pratiques ne datent pas d'hier. Je me demande si ce n'était pas déjà le cas à l'époque du génocide arménien. Donc le persécuté peut aussi se muer en persécuteur.

Quant au nationalisme turc, il serait plutôt un panationalisme, car il dépasse largement les seules frontières de la Turquie, et il se double de la question de la restauration du sultanat et de l'empire ottoman. Je pense que ça va bien au-delà d'un simple nationalisme. Atatürk était nationaliste. La Turquie héritière d'Atatürk, et son régime militaire et laïc, la Turquie d'avant Erdogan était nationaliste. Avec Erdogan, qui a donc combattu le régime nationaliste qui l'a précédé, c'est autre chose. Ça va bien au-delà.

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Cinci » dim. 14 oct. 2018, 9:46

Bonjour,
Carhaix a écrit :
Je vais essayer de prendre le problème différemment. Peut-être est-ce lié à l'histoire propre de nos pays respectifs ?
Pas vraiment. Il existe juste des gens qui éprouvent un blocage mental à la vue du mot nationalisme. Plusieurs font une fixation négative tant sur le concept d'une préférence que sur celui de l'indépendance. La question "nationale" est une affaire souillée dans leur esprit et peu importe de quelle manière l'on pourrait s'évertuer à vouloir leur présenter la chose.

Tel que je le comprends, il y a deux sens très différents à nationalisme : un sens, disons, positif servant pour les peuples soumis à des puissances : on parle ainsi de nationalistes basques, bretons, corses, irlandais, et c'est peut-être dans ce sens où vous entendez le nationalisme québécois ? Supposition de ma part. Et puis il y a le nationalisme dans le sens d'exaltation de la nation, à la limite du fascisme, et dans un contexte de guerre civile, dans une période historique bien précise. Je pense aux nationalistes espagnols durant la guerre d'Espagne, qui formèrent les troupes du franquisme
Oui, c'est à peu près cela.

En gros ...

Il serait normal de ne pas mettre sur le même pied le nationalisme des Grecs de l'an 1827 et le nationalisme de l'Italie fasciste de 1933. Les premiers cherchent à fuir une tyrannie, se doter d'un État moderne, pour instaurer la démocratie, pour participer au concert des nations, mais les seconds sont déjà dotés d'un État au départ, recherchent une politique de puissance (non pas la démocratie), tout en ne croyant pas du tout à la démocratie, cherchant à rompre avec le concert des nations, etc.

Le nationalisme des Kurdes resterait un phénomène bien différent du nationalisme d'un Erdogan en Turquie (une puissance régionale) à titre d'exemple. Il serait absurde de renvoyer dos à dos les uns et les autres.

Quand on négligerait d'établir certaines distinctions pourtant nécessaires, il se produit souvent des contresens, le genre de contresens à vous en faire prendre à la fin des nationalistes juifs pré-1948 pour des nazis, ou les sentiments d'un nationaliste indien à la Gandhi (recherchant la partition de l'Inde d'avec l'empire britannique; "Damn It !") pour les sentiments d'un xénophobes, les sentiments du frileux "qui n'aimerait pas le monde" à la limite.

On oublie de préciser que certains sont collectivement bafoués pour vrai dans leurs droits et chez eux. Ça nous change le portrait d'une situation.

Tout cela pour dire ...

La presse française (entre autres) pourrait avoir tendance à s'imaginer flairant le gibier de l'extrême-droite ('intolérance, proto-fascisme, etc.) entendant "vaguement" parler d'un mec élu au Québec, qui manifestant une propension à vouloir abaisser le seuil d'admission de nouveaux arrivants au pays ("Damn It !")

Le billet (toujours dans la presse française écrite ou parlée et ciblant la clientèle européenne française) va "faire silence" sur le fait que le multiculturalisme en place est un des leviers de la mécanique d'oppression de la minorité canadienne française dans le Canada contemporain. Il aurait fallu expliquer plutôt que c'est la réalité d'un rapport de force politique oppressif anglos contra francos qui expliquera bien cette velléité de freiner un peu le rythme des admissions par ici, non pas une attirance spéciale envers les régimes autoritaires.

Le "faire silence" ne résulte pas autant d'une manoeuvre concertée impliquant vint-cinq complices dans l'ombre autant qu'il résulte juste du fait que l'on s'imagine mal a priori comment il pourrait se faire que le multi soit chose néfaste.

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par BCB » sam. 13 oct. 2018, 11:09

"RCF, la meilleure radio du monde"

Moi aussi, j'écoute RCF. C'est vrai qu'il y a de très bonnes émissions, notamment historiques. Je n'ai rien trouvé d'équivalent ailleurs. Il y a aussi d'excellents débats sur des questions de fond. L'information est très honnêtement donnée. Il m'arrive de me tourner vers cette station pour arriver à démêler des sujets traités de manière manifestement tendancieuses sur d'autres stations.

Malheureusement, il y a aussi des catastrophes. C'est une radio très inégale qui, à mon avis, peut réellement troubler les esprits. Ainsi, cette nuit, je suis tombée sur la rediffusion d'une émission traitant de sujets d'actualité : "Le Temps de le dire", animée par Anne Kerléo. A été abordée la dernière catéchèse du pape, où il a évoqué la question de l'IVG et parlé de "tueurs à gages". Voici ce que j'ai entendu :

- le propos du pape était très violent (!? on n'a pas parlé de la violence de l'acte),
- comme souvent dans l'Eglise, le pape a méprisé les femmes (?!),
- les médecins avorteurs aident les femmes en difficulté (!!) ; ce sont de braves gens, insultés par le pape,
- l'embryon n'est pas vraiment un être humain, on ne peut pas mettre l'avortement au niveau d'un infanticide, et ce n'est pas bien de culpabiliser ainsi des femmes en difficulté,
- tout le monde se fiche pas mal d' "Humanae Vitae" et des limites posées par le magistère en matière de contraception (gros rires).

Sinistré, j'ai vite changé de station pour mettre un peu de musique. J'en suis encore tout secoué ...
Pourtant, ce n'était rien de bien différent de ce qu'on a pu entendre ailleurs, mais justement... "Si le sel s'affadit, avec quoi le salera-t-on ? ...Il n'est plus bon qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens".

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Carhaix » jeu. 11 oct. 2018, 9:59

Bonjour Cinci.

Je vais essayer de prendre le problème différemment. Peut-être est-ce lié à l'histoire propre de nos pays respectifs ?

Tel que je le comprends, il y a deux sens très différents à nationalisme : un sens, disons, positif servant pour les peuples soumis à des puissances : on parle ainsi de nationalistes basques, bretons, corses, irlandais, et c'est peut-être dans ce sens où vous entendez le nationalisme québécois ? Supposition de ma part. Et puis il y a le nationalisme dans le sens d'exaltation de la nation, à la limite du fascisme, et dans un contexte de guerre civile, dans une période historique bien précise. Je pense aux nationalistes espagnols durant la guerre d'Espagne, qui formèrent les troupes du franquisme. Et dans ce sens-là, mis à part les ligues d'extrême droite des années 30-40, je ne crois pas qu'on ait jamais parlé de nationalistes en France. Même Le Pen, me semble-t-il, n'a jamais été qualifié de nationaliste.

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Cinci » jeu. 11 oct. 2018, 9:17

Carhaix,

J'entends très bien votre propos. Sauf que je critique justement cet usage dont vous parler. Et c'est une critique qui m'est propre. La chose n'a rien à voir avec le fait d'être Français, Belge, Canadien ou secrétaire de la ligue des pays francophones en Afrique . Je suis en désaccord total avec cette manie relativement récente (rien de neutre, très orientée) et qui consiste à vouloir limiter la palette de sens dont un terme serait porteur. Pourquoi vouloir réduire le champ d'expressivité d'un mot ? Pourquoi si ce n'est que de vouloir forcer les gens à porter des oeillères ? Si ce n'est une forme de censure ?

Je ne m'élèverais pas gratuitement contre cet usage qui se sera développé en France. Je ne le ferais pas par caprice. C'est parce que je pense que cette "troncature" ne permet pas bien de saisir le réel. Ça gêne tant et aussi bien la compréhension d'autrui qu'une compréhension de la dynamique historique, puis compris et même s'agissant de la dynamique ancienne du fascisme en Europe.

Ce que je dis du sort fait au nationalisme pourrait valoir à propos de la religion,

Imaginez :

"La religion c'est mal, la religion est la source du problème dans le monde et donc à partir de maintenant il faudra écrire religion en pensant fraude, illégalité, escroquerie et violence. Nous réserverons le terme religion pour signifier banditisme. Il y avait des ligueurs catholiques au XVIe siècle qui auront commis des massacres. La religion c'est mal, mais la spiritualité c'est bien. Les gens spirituels sont des gens de bon goût, bien élevés, polis, ouverts d'esprit, pacifiques, désireux aussi de faire du bien aux autres. Sur l'île de Laputa, l'usage est de dire religion en pensant Tartuffe."

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Cinci » jeu. 11 oct. 2018, 7:56

Fée Violine :
Peut-être pas sur ce sujet précis, mais ce que je voulais dire, c'est que RCF parle de beaucoup de sujets qu'on n'entend pas trop ailleurs, de pays qui ne sont pas à la mode, de gens qui font des choses, le tout de façon humaine. Bref, des émissions qui nourrissent à la fois l'esprit et l'âme.
Merci.

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Bassmeg » mer. 10 oct. 2018, 20:56

Oui, vous avez entièrement raison. Internet nous a rendu paresseux, et nous allons volontiers vers la facilité. Il est évident qu'un journal gratuit en ligne sera un ramassis d'âneries.
Je n' irais pas jusque là. Internet a peut etre rendu certaines et certains un peu paresseux en ce qui concerne la vérification des sources, certes. Mais pas tous. Pour d' autres, c' est au contraire le plus formidable outil de vérification de faits jamais inventé.

Pour en revenir au sujet, je ne peux pas lire un journal incluant de la pub sans penser qu il a perdu son impartialité. Et à ma connaissance, seul l' hebomadaire satirique paraissant le mercredi (pour ne pas le citer) est indépendant de ce coté-là. Quand Libé ou le Figaro publie une pleine page de pub pour , mettons, EDF, on ne doit pas s' attendre à trouver à la page d' après un article d'investigation plein de révélations fracassantes sur EDF. C' est évident. On ne mord pas la main qui nous nourrit, par principe.

C' est un gros probleme du marché de l'information.

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Fée Violine » mer. 10 oct. 2018, 17:05

Cinci a écrit :
lun. 08 oct. 2018, 13:27
Pour avoir les bonnes infos sur les sujets importants, moi j'écoute RCF, la meilleure radio du monde !
Et cette meilleure radio du monde aurait-elle eu "quelque chose" à signaler justement ? à propos du changement de gouverne à l'Assemblée nationale du Québec ?

Oui? Non? Pas vraiment ? Aucune idée ?
Peut-être pas sur ce sujet précis, mais ce que je voulais dire, c'est que RCF parle de beaucoup de sujets qu'on n'entend pas trop ailleurs, de pays qui ne sont pas à la mode, de gens qui font des choses, le tout de façon humaine. Bref, des émissions qui nourrissent à la fois l'esprit et l'âme.

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Carhaix » mer. 10 oct. 2018, 14:48

Cinci a écrit :
mer. 10 oct. 2018, 10:49
mais en France, patriotisme et nationalisme ne sont pas du tout la même chose.
... et cette classification restrictive ne présente rien de rigoureux pour la raison en réalité, pour peu que cette distinction puisse servir de convention pratique chez vous.




Et de Gaulle n'a jamais été d'extrême droite.
Le Général, d'extrême droite ? Ce n'est pas ce que je pense. Et je ne l'ai jamais dit non plus.


Dans les années 30, il y avait des ligues nationalistes, et elles étaient justement d'extrême droite. Pour dire les choses clairement, ça allait de pair avec l'antisémitisme, l'envie d'en découdre militairement avec les voisins, et exalter de façon un peu folle l'identité nationale, et aussi avec une certaine idée de l'homme.
Oui, et ce n'est qu'un épisode historique parmi d'autres. Mais ce n'est pas l'épisode parisien qui va nous autoriser à déterminer ensuite que les nationalistes irlandais seraient des fascistes.


De Gaulle était modéré vis à vis de ces questions. Il n'a jamais exalté la nation de façon exagérée, et n'avait rien à voir avec Doriot.
Bien sûr qu'il n'avait rien à voir avec Doriot. Le mari d'Yvonne possédait un point de vue nuancé; je ne dirais pas le contraire.

Et le nationalisme se marie très bien, par ailleurs, avec de l'intelligence, une largeur de vue, une souplesse, une capacité à évoluer entre des partis pour former un grand rassemblement bénéfique, utile, éclairé, progressiste voire, etc. Il ne nécessite pas d'être bas du front pour être nationaliste; ni agressif ni haineux.


Vous parlez de ses faits et gestes, hé bien justement, il a prouvé, me semble-t-il, en 1940, puis sur la question algérienne, qu'il n'était pas un nationaliste. Il fut d'ailleurs sauvagement combattu par l'extrême droite qui voyait en lui son principal ennemi.
On peut avoir à coeur la défense des intérêts nationaux et vouloir travailler en vue de ce qui serait le mieux pour la grande collectivité ethno-française en premier ("Blancs, culture gréco-latine, etc."), et avoir pour ennemis des extrémistes de droite. L'un n'empêche pas l'autre.

Il arrive aussi que les extrémistes de droite se révèlent être des impérialistes bien plus que des nationalistes ! Au Québec, dans les années 1930, le fameux Adrien Arcand était admirateur et promoteur de l'empire britannique et ne voulait rien savoir d'un enfermement dans sa propre nation ethno-culturelle d'origine. Il ne parlait jamais d'aimer d'un amour fou-désordonné les francophones, ses compatriotes, au point de devoir léser des anglos, des saxons, des Américains, des Hollandais, des Suédois et plus; exception faite "des nègres et des youpins" dans son cas. Arcand était internationaliste. Il n'aurait pas voulu jouer petit bras. Il se serait bien mal entendu avec un De Gaulle qui l'aurait sûrement taxer de fou.

Écoutez ...

Vous avez de la difficulté à sortir de votre réduction conceptuelle du nationalisme et qui consiste seulement à vouloir ramener le phénomène à l'imitation des ligueurs fascisants des années 1930. Vous vous comportez sur la question comme ces individus qui seraient incapables d'envisager le socialisme autrement que sous la forme du marxisme soviétique.

Je dis que l'attitude réductrice n'a pas de sens en histoire. La réduction n'en ferait qu'appauvrir la réalité, masquant le fait que sous le vocable socialisme pouvait prospérer toutes sortes de système, d'utopies généreuses, de l'anarchisme digne de artistes surréalistes et allergiques à la propagande moscovite en passant par les réformistes chrétiens dont Lénine pouvait bien se moquer.

Des exemples ...

On pourrait parler des nationalistes italiens du XIXe siècle et qui travaillaient à l'unification de l'Italie. Et le comte Cavour, un fasciste ? Non. Un libéral pur jus. On peut parler de nationalistes qui aspirent à instaurer chez eux la démocratie, le suffrage universel, le progrès social et qui souhaitent échapper à l'oppression impériale, un peu comme les nationalistes grecs auront bien voulu se défaire de l'emprise du grand Turc, etc. La différence entre patriotes grecs et nationalistes grecs en 1827 ? Elle est nulle.

Essayez d'appliquer votre réduction conceptuelle du nationalisme au seul cas de figure fascisant de l'an 34 chez Hitler et sa maîtresse Eva Braun, et vous ne comprendrez rien au cas de la Catalogne en Espagne. La différence entre un mouvement nationaliste catalan et un mouvement patriotique catalan ? Elle est nulle. C'est nulle de chez nulle. Mais l'on ne voit personne dans la Catalogne de l'an 2000 qui fasse promotion de fascisme. Les indépendantistes catalans sont les fans numéro 1 de toutes ces bonnes valeurs progressistes qui sont tant prisées à Bruxelles, chez Mélenchon ou bien chez le pape François ("ouverture, accueil de l'étranger ... l'amour de l'autre, etc.")
Cinci, on ne se comprend pas. Je ne vous parle pas de MA conception, ni de "classification", mais du vocabulaire EN USAGE en France.

Et en France, on n'utilise pas le mot "nationaliste" dans le sens où vous l'employez. Ou plutôt, oui, effectivement on l'emploie pour les indépendantistes irlandais, mais aussi corses, bretons, basques, et dans ce cas on ne parle pas de fascisme, en effet. Jamais à l'échelle du pays, et certainement pas concernant le gaullisme. Je n'ai jamais entendu que le gaullisme ou le général lui-même étaient "nationaliste".

C'est une question d'usage.

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par zelie » mer. 10 oct. 2018, 14:26

Carhaix a dit :
Avez-vous entendu parler des élections au Québec ? C'est un sujet énorme, puisque le courant nationaliste, qualifié localement d'extrême droite, a gagné les élections, obtenant la majorité absolue, et le poste de Premier ministre.
Rien quasiment dans la presse !

Autre sujet largement étouffé par les journaux : la privatisation des Aéroports de Paris, et de la Française des jeux, laquelle sera reprise apparemment par Goldman Sachs !
Silence...
Un journal, pour être informatif, doit être libre.
Les journaux étant privés, ils sont soumis à une exigence de rentabilité. Un journal peut juteux financièrement est un journal mort. Donc ne sera un sujet "énorme" qu'un sujet vendeur, pas un sujet humanitaire. C'est pas une question de dissimulation ou de morale: le but est ailleurs.
Idem pour le journaliste qui s'étonne de ne pas reconnaître le Québec dans les journaux; ne sera développé que ce qui fait vendre, même si cela bâtit une fausse image ou monte des faux scandales; le reste est évacué. Comment un journaliste peu-il encore s'étonner de cela?


Pour la privatisation d'ADP, le Monde, Investir, le Figaro, Le Revenu, Capital, l'Opinion, la Tribune, Les Echos, Europe 1 et Alternatives Economiques en parlent et se trouvent à la moindre recherche sur internet. Je vous la refais pas pour la Française des Jeux, c'est la même, à ceci près que la main-mise par Goldman et Sachs ou d'autres est repoussé aux calendes grecques par la nécessité d'une loi encadrant la régulation des Jeux, et le fait que le pactole hebdomadairement touché par l'Etat restera inchangé après la privatisation. (Nulle part il n'est question de Goldman et Sachs au passage... ).

https://www.liberation.fr/france/2018/0 ... es_1678723

Quant au Québec... C'est bien moins brûlant que ce qu'il se passe en Roumanie, à nos portes, qui inquiète pas mal l'Europe, mais ça par contre, on le cache bien. Et cette fois, c'est par pure politique. Mais tout le monde s'en fiche un peu...

https://blogs.mediapart.fr/fabien-escal ... democratie

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Cinci » mer. 10 oct. 2018, 11:12

En complément ... Vous aurez ici l'observation d'un jeune professeur universitaire de tempérament conservateur ... sociologue ... qui ne rechignerait pas à se dire nationaliste ...



Je tire une leçon générale de ce détestable épisode. Souvent, en lisant les journaux étrangers qui se penchent sur le Québec, je ne le reconnais pas du tout. Si des journalistes français parlant notre langue se permettent de délirer autant quand ils parlent du Québec, en plaquant sur nous une grille d’analyse qui n’a rien à voir avec la réalité, qu’est-ce qui me dit qu’ils ne font pas systématiquement la même chose en parlant d’autres pays ?

https://www.journaldequebec.com/2018/10 ... rnationale

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Cinci » mer. 10 oct. 2018, 10:49

mais en France, patriotisme et nationalisme ne sont pas du tout la même chose.
... et cette classification restrictive ne présente rien de rigoureux pour la raison en réalité, pour peu que cette distinction puisse servir de convention pratique chez vous.




Et de Gaulle n'a jamais été d'extrême droite.
Le Général, d'extrême droite ? Ce n'est pas ce que je pense. Et je ne l'ai jamais dit non plus.


Dans les années 30, il y avait des ligues nationalistes, et elles étaient justement d'extrême droite. Pour dire les choses clairement, ça allait de pair avec l'antisémitisme, l'envie d'en découdre militairement avec les voisins, et exalter de façon un peu folle l'identité nationale, et aussi avec une certaine idée de l'homme.
Oui, et ce n'est qu'un épisode historique parmi d'autres. Mais ce n'est pas l'épisode parisien qui va nous autoriser à déterminer ensuite que les nationalistes irlandais seraient des fascistes.


De Gaulle était modéré vis à vis de ces questions. Il n'a jamais exalté la nation de façon exagérée, et n'avait rien à voir avec Doriot.
Bien sûr qu'il n'avait rien à voir avec Doriot. Le mari d'Yvonne possédait un point de vue nuancé; je ne dirais pas le contraire.

Et le nationalisme se marie très bien, par ailleurs, avec de l'intelligence, une largeur de vue, une souplesse, une capacité à évoluer entre des partis pour former un grand rassemblement bénéfique, utile, éclairé, progressiste voire, etc. Il ne nécessite pas d'être bas du front pour être nationaliste; ni agressif ni haineux.


Vous parlez de ses faits et gestes, hé bien justement, il a prouvé, me semble-t-il, en 1940, puis sur la question algérienne, qu'il n'était pas un nationaliste. Il fut d'ailleurs sauvagement combattu par l'extrême droite qui voyait en lui son principal ennemi.
On peut avoir à coeur la défense des intérêts nationaux et vouloir travailler en vue de ce qui serait le mieux pour la grande collectivité ethno-française en premier ("Blancs, culture gréco-latine, etc."), et avoir pour ennemis des extrémistes de droite. L'un n'empêche pas l'autre.

Il arrive aussi que les extrémistes de droite se révèlent être des impérialistes bien plus que des nationalistes ! Au Québec, dans les années 1930, le fameux Adrien Arcand était admirateur et promoteur de l'empire britannique et ne voulait rien savoir d'un enfermement dans sa propre nation ethno-culturelle d'origine. Il ne parlait jamais d'aimer d'un amour fou-désordonné les francophones, ses compatriotes, au point de devoir léser des anglos, des saxons, des Américains, des Hollandais, des Suédois et plus; exception faite "des nègres et des youpins" dans son cas. Arcand était internationaliste. Il n'aurait pas voulu jouer petit bras. Il se serait bien mal entendu avec un De Gaulle qui l'aurait sûrement taxer de fou.

Écoutez ...

Vous avez de la difficulté à sortir de votre réduction conceptuelle du nationalisme et qui consiste seulement à vouloir ramener le phénomène à l'imitation des ligueurs fascisants des années 1930. Vous vous comportez sur la question comme ces individus qui seraient incapables d'envisager le socialisme autrement que sous la forme du marxisme soviétique.

Je dis que l'attitude réductrice n'a pas de sens en histoire. La réduction n'en ferait qu'appauvrir la réalité, masquant le fait que sous le vocable socialisme pouvait prospérer toutes sortes de système, d'utopies généreuses, de l'anarchisme digne de artistes surréalistes et allergiques à la propagande moscovite en passant par les réformistes chrétiens dont Lénine pouvait bien se moquer.

Des exemples ...

On pourrait parler des nationalistes italiens du XIXe siècle et qui travaillaient à l'unification de l'Italie. Et le comte Cavour, un fasciste ? Non. Un libéral pur jus. On peut parler de nationalistes qui aspirent à instaurer chez eux la démocratie, le suffrage universel, le progrès social et qui souhaitent échapper à l'oppression impériale, un peu comme les nationalistes grecs auront bien voulu se défaire de l'emprise du grand Turc, etc. La différence entre patriotes grecs et nationalistes grecs en 1827 ? Elle est nulle.

Essayez d'appliquer votre réduction conceptuelle du nationalisme au seul cas de figure fascisant de l'an 34 chez Hitler et sa maîtresse Eva Braun, et vous ne comprendrez rien au cas de la Catalogne en Espagne. La différence entre un mouvement nationaliste catalan et un mouvement patriotique catalan ? Elle est nulle. C'est nulle de chez nulle. Mais l'on ne voit personne dans la Catalogne de l'an 2000 qui fasse promotion de fascisme. Les indépendantistes catalans sont les fans numéro 1 de toutes ces bonnes valeurs progressistes qui sont tant prisées à Bruxelles, chez Mélenchon ou bien chez le pape François ("ouverture, accueil de l'étranger ... l'amour de l'autre, etc.")

Re: Le silence hallucinant des médias sur des pans entiers de l'actualité

par Carhaix » mar. 09 oct. 2018, 20:18

Cinci a écrit :
mar. 09 oct. 2018, 19:19
Nationalisme, patriotisme ... Ce sont des des termes interchangeable tant qu'à moi. Et tout dépendra du contexte et de l'époque. Et puis c'est valable pour la France. Je ne vous tiens pas des propos qui n'auraient de valeur qu'au sein d'une tribu perdue d'Amérique.

:)



"


O.K. Vrai que de Gaulle n'aurait pas commis l'impair chez lui, jusqu'à devoir passer pour le général Alcazar, en ignorant le code de ses compatriotes et en choisissant mal ses mots. Techniquement, le bonhomme ne fait rien pour être identifié aux admirateurs des forces nationalistes de Franco, rien pour passer pour un réactionnaire. Mais j'ai pris l'exemple à dessein, parce que si l'homme politique fondateur de la Ve république ne tient pas à être identifié comme nationaliste, en revanche toute sa pensée politique et ses actions témoignent que s'il n'en avait pas l'air il en avait certainement la chanson !

Le grand-père de Gaulle était l'un de ces croyants à la France immortelle, un pragmatique avec les communistes russes parce qu'il croyait (avec raison finalement) que l'idéologie soviétique passerait tandis que la nation russe resterait, un vis-à-vis accommodant avec les indépendantistes algériens parce qu'il trouvait assez naturel que l'Algérie revienne aux Algériens, un opposant à l'idée d'une reconfiguration de l'Europe ("les États-Unis d'Europe") devant attenter à la souveraineté de la France, de l'Allemagne et autres. Cet ancêtre pouvait ne pas "trop" s'offusquer à lire du Charles Maurras, ou bien du Maurice Barrès.

Sur Barrès ...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Barr%C3%A8s

(vous noterez la légende qui fait état de la "ligue des patriotes" à quelque part sous une des photos.Voyez qui sont concernés. Nationalistes, patriotes ... )

Quand je dis qu'un De Gaulle est un nationaliste, je me base sur sa carrière, sa pensée et ses discours pour le penser, non pas sur le fait qu'il aurait dû éviter de se voir coller une étiquette nationaliste infamante pour certains,et juste pour éviter de passer inutilement pour le général Alcazar.

Il n'est pas nécessaire de s'identifier ouvertement comme nationaliste pour l'être à quelque part. Bien des impérialistes ne diront pas qu'ils le sont et bien des tyrans pareillement. Je suis d'accord avec vous que si je dis nationaliste bien des Français pensent tout de suite à la ligue des chemises noires et à des bruits de bottes. Mais, déjà, développer un tel réflexe pavlovien est un tic réducteur, un peu comme si le mot religion devrait signifier Tartuffe. En tant qu'historien il serait une tare de raisonner mécaniquement ainsi cf. religion/Tartuffe; nationalisme/extrême-droite. On appauvrit la richesse et la profondeur du réel en voulant s'en tenir à de telles idées toutes faites.
Mais je crois toujours que vous faites une confusion. En France, du moins, je ne sais pas au Québec, mais en France, patriotisme et nationalisme ne sont pas du tout la même chose. Et de Gaulle n'a jamais été d'extrême droite. Dans les années 30, il y avait des ligues nationalistes, et elles étaient justement d'extrême droite. Pour dire les choses clairement, ça allait de pair avec l'antisémitisme, l'envie d'en découdre militairement avec les voisins, et exalter de façon un peu folle l'identité nationale, et aussi avec une certaine idée de l'homme. De Gaulle était modéré vis à vis de ces questions. Il n'a jamais exalté la nation de façon exagérée, et n'avait rien à voir avec Doriot. Vous parlez de ses faits et gestes, hé bien justement, il a prouvé, me semble-t-il, en 1940, puis sur la question algérienne, qu'il n'était pas un nationaliste. Il fut d'ailleurs sauvagement combattu par l'extrême droite qui voyait en lui son principal ennemi.
En revanche, il était patriote, c'est à dire qu'il souhaitait l'indépendance de la France, et qu'il travaillait pour son rayonnement.
Quant à ses lectures, je crois que Mitterrand avait les mêmes. ^^ Ce n'est pas parce qu'on lit Maurras qu'on est nationaliste. C'est plus complexe que cela. D'ailleurs Maurras était surtout un monarchiste, je crois. Et de Gaulle n'était pas fondamentalement opposé à une restauration de la monarchie, à condition qu'elle soit libérale, constitutionnelle, démocrate-chrétienne, et que le trône revienne aux Orléans. À dix mille lieues du nationalisme, donc.
Quand on étudie le parcours idéologique de de Gaulle, on voit qu'il était surtout attiré par la démocratie chrétienne. C'était un pur centriste. Et c'est bien parce qu'il y a eu le gaullisme en France que la démocratie chrétienne n'a pas pu s'installer comme en Italie et en Allemagne.

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