par Ave-Maria » dim. 20 janv. 2008, 3:11
Voici un article, tiré du Courrier International Hors Série : "Au nom de Dieu". Il nous explique pourquoi les Etats Unis défendent Israël, et ce d'un point de vue religieux. Pour ceux qui ont le courage d'aller jusqu'au bout, vous verrez qu'il s'agit d'un article très intéressant
, sur ce que certains appellent "le lobby juif", mais qui n'est rien d'autre qu'une "alliance religieuse" de circonstances beaucoup plus subtile....
L'auteur est Yossi Paritzky (Ancien ministre des Infrastructures et député de lancien parti laïc Shinouï)
ETATS UNIS. Les chrétiens fondamentalistes soutiennent l'Etat hébreu parce qu'ils voient en chaque juif un chrétien en puissance. Des exaltés ? Sans doute. Mais ils sont aux commandes à Washington.
J'ai récemment effectué un voyage dans le sud des Etats Unis, dans ces états que l'on appelle la Bible Belt, la « ceinture de la Bible ». Cette immense région s’étend de la Louisiane jusqu’au Nouveau Mexique ; elle est peuplée de fidèles des Eglises évangéliques, qui constituent l’épine dorsale de l’actuelle administration américaine. Là bas, d’immenses panneaux appellent à soutenir Israël, tandis que la radio et la télévision de ces néo-chrétiens diffusent des programmes où des prêcheurs habillés en hommes d’affaires et aux coupes de cheveux tendance appellent en même temps leurs auditeurs à croire en Jésus et à soutenir l’Etat des juifs. Et, en effet, on peut parler ici d’une vague d’amour débordante pour nous qui vivons en Terre Sainte.
A priori, rien de mal à cela. Sauf qu’une fois que l’on gratte la surface de cet amour, on découvre que ce sentiment dépend d’un petit quelque chose qui n’a rien d’anodin. Ce petit quelque chose, c’est la croyance fondamentaliste chrétienne en la seconde révélation de Jésus, qui devrait évidemment se dérouler à Jérusalem à la suite de l’Armageddon (la guerre de Gog et Magog). En d’autres termes, l’existence de l’état juif est pour ces croyants une preuve éclatante de l’existence de Dieu et de la légitimité de l’Ancienne Alliance, par laquelle Il a promis à Abraham que le pays d’Israël serait légué à sa descendance.
C’est également la raison pour laquelle ces chrétiens intégristes ne sont pas d’accord pour un retrait, si infime soit-il, de l’Etat d’Israël en deçà des frontières bibliques qu’ils considèrent comme une promesse divine. Voilà pourquoi les intégristes israéliens, qui sacralisent chaque borne, et chaque tombe, sont couvés et réclamés pour faire des conférences dans les églises et les temples sudistes américains. Américains ou israéliens, chrétiens ou juifs, ces fondamentalistes considèrent la Bible comme un manuel exclusif indiquant comment œuvrer sur le terrain politique et diplomatique.
Mais, chez les fondamentalistes chrétiens, il est également question d’une Nouvelle Alliance, à laquelle ils croient de toutes leurs forces et selon laquelle Jésus se révélera à nouveau à ses fidèles après une guerre apocalyptique. Il nous posera alors, à nous juifs, l’ultimatum suivant : soit le choisir comme Messie et avoir droit à la vie éternelle, soit le renier, comme nous le fîmes il y a deux milles ans, et être condamnés à l’enfer éternel. Nous juifs d’Israël, sommes dès lors considérés par ces chrétiens exaltés comme des chrétiens potentiels, comme un peuple à qui pourrait être imposé à tout moment un choix crucial : la possibilité ultime de se repentir et de proclamer sa foi en Jésus, au terme de la guerre la plus atroce jamais menée à la surface de la Terre. De toute évidence, les musulmans ne sont pas dignes de rédemption et sont d’ores et déjà condamnés à la mort et à l’enfer éternel, tandis que nous, juifs, pouvons encore espérer le salut éternel dans le jardin d’Eden.
Il fut un temps où je croyais sincèrement que, s’il existait une alliance entre les Etats-Unis et l’Etat d’Israël, c’était une alliance entre des démocraties occidentales défendant un système de valeurs éclairées et libérales, les premiers partout dans le monde, le second au Moyen Orient. Mais il faut croire que la situation a changé. L’alliance israélo-américaine est désormais fondée sur un pacte entre fondamentalistes, pas entre démocrates. Il s’agit d’un pacte entre ceux qui sacralisent la Terre et ceux qui sacralisent Jésus, une alliance entre ceux qui commémorent Rahab, la prostituée de Jéricho, et ceux qui attendent la révélation messianique dans une transe extatique.
A cette alliance viennent se joindre depuis peu les fondamentalistes iraniens, qui rêvent de liquider l’Etat d’Israël grâce à l’arme nucléaire. Lorsque je demande à ces chrétiens américains quelle est leur position sur l’Iran, nombreux sont ceux qui me répondent que c’est le début de la guerre de Gog et Magog. Pour eux, la bombe atomique qui sera larguée sur Israël sera annonciatrice de la venue du Messie. Dès lors, non seulement ces Américains ne s’opposent absolument pas à l’utilisation d’une telle bombe, mais ils croient en outre que les Iraniens sont une sorte d’agent au service du Très Haut, à qui aurait été confiée la mission de déclencher la guerre apocalyptique, une guerre dont l’issue ne fait aucun doute.
Libre à nous, évidemment, de regarder ça de haut. Mais nous ferions bien de nous rappeler que ces croyants ne sont pas seulement très nombreux. Ils sont tout simplement la pierre d’angle de la maison Bush ; ce sont eux qui dictent la politique américaine, y compris la politique étrangère. Et de fait, il apparaît clairement, à propos du conflit du Moyen Orient, que Washington privilégie une politique attentiste. Après tout, si ce conflit correspond à un dessin divin et que son issue ne fait pas mystère, à quoi bon intervenir ?
Mais pourquoi donc nous laissons-nous entraîner dans cette folie politique ? La ministre des Affaires Etrangères, Tzipi Lvni, avait raison lorsqu’elle disait que le conflit auquel nous sommes confrontés oppose des fondamentalistes et des modérés. Le problème, c’est que cela fait très longtemps que nous ne sommes plus dans le camp des modérés mais bien dans celui des fanatiques et des fondamentalistes. Chaque jour qui passe qui nous voit ne rien faire, et nous abstenir de proposer des initiatives politiques neuves et courageuses nous rapproche de la rédemption des chrétiens. Alors, préparons nous à la venue du Messie. Mais lequel ? Ca dépend à qui nous posons la question.
- Pièces jointes
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- 2003. Bush en prière, entre Colin Powell et Donald Rumsfeld. Chaque réunion de cabinet de la Maison-Blanche commence de la même façon.
Voici un article, tiré du Courrier International Hors Série : "Au nom de Dieu". Il nous explique pourquoi les Etats Unis défendent Israël, et ce d'un point de vue religieux. Pour ceux qui ont le courage d'aller jusqu'au bout, vous verrez qu'il s'agit d'un article très intéressant :oui: , sur ce que certains appellent "le lobby juif", mais qui n'est rien d'autre qu'une "alliance religieuse" de circonstances beaucoup plus subtile....
L'auteur est Yossi Paritzky (Ancien ministre des Infrastructures et député de lancien parti laïc Shinouï)
ETATS UNIS. Les chrétiens fondamentalistes soutiennent l'Etat hébreu parce qu'ils voient en chaque juif un chrétien en puissance. Des exaltés ? Sans doute. Mais ils sont aux commandes à Washington.
J'ai récemment effectué un voyage dans le sud des Etats Unis, dans ces états que l'on appelle la Bible Belt, la « ceinture de la Bible ». Cette immense région s’étend de la Louisiane jusqu’au Nouveau Mexique ; elle est peuplée de fidèles des Eglises évangéliques, qui constituent l’épine dorsale de l’actuelle administration américaine. Là bas, d’immenses panneaux appellent à soutenir Israël, tandis que la radio et la télévision de ces néo-chrétiens diffusent des programmes où des prêcheurs habillés en hommes d’affaires et aux coupes de cheveux tendance appellent en même temps leurs auditeurs à croire en Jésus et à soutenir l’Etat des juifs. Et, en effet, on peut parler ici d’une vague d’amour débordante pour nous qui vivons en Terre Sainte.
A priori, rien de mal à cela. Sauf qu’une fois que l’on gratte la surface de cet amour, on découvre que ce sentiment dépend d’un petit quelque chose qui n’a rien d’anodin. Ce petit quelque chose, c’est la croyance fondamentaliste chrétienne en la seconde révélation de Jésus, qui devrait évidemment se dérouler à Jérusalem à la suite de l’Armageddon (la guerre de Gog et Magog). En d’autres termes, l’existence de l’état juif est pour ces croyants une preuve éclatante de l’existence de Dieu et de la légitimité de l’Ancienne Alliance, par laquelle Il a promis à Abraham que le pays d’Israël serait légué à sa descendance.
C’est également la raison pour laquelle ces chrétiens intégristes ne sont pas d’accord pour un retrait, si infime soit-il, de l’Etat d’Israël en deçà des frontières bibliques qu’ils considèrent comme une promesse divine. Voilà pourquoi les intégristes israéliens, qui sacralisent chaque borne, et chaque tombe, sont couvés et réclamés pour faire des conférences dans les églises et les temples sudistes américains. Américains ou israéliens, chrétiens ou juifs, ces fondamentalistes considèrent la Bible comme un manuel exclusif indiquant comment œuvrer sur le terrain politique et diplomatique.
Mais, chez les fondamentalistes chrétiens, il est également question d’une Nouvelle Alliance, à laquelle ils croient de toutes leurs forces et selon laquelle Jésus se révélera à nouveau à ses fidèles après une guerre apocalyptique. Il nous posera alors, à nous juifs, l’ultimatum suivant : soit le choisir comme Messie et avoir droit à la vie éternelle, soit le renier, comme nous le fîmes il y a deux milles ans, et être condamnés à l’enfer éternel. Nous juifs d’Israël, sommes dès lors considérés par ces chrétiens exaltés comme des chrétiens potentiels, comme un peuple à qui pourrait être imposé à tout moment un choix crucial : la possibilité ultime de se repentir et de proclamer sa foi en Jésus, au terme de la guerre la plus atroce jamais menée à la surface de la Terre. De toute évidence, les musulmans ne sont pas dignes de rédemption et sont d’ores et déjà condamnés à la mort et à l’enfer éternel, tandis que nous, juifs, pouvons encore espérer le salut éternel dans le jardin d’Eden.
Il fut un temps où je croyais sincèrement que, s’il existait une alliance entre les Etats-Unis et l’Etat d’Israël, c’était une alliance entre des démocraties occidentales défendant un système de valeurs éclairées et libérales, les premiers partout dans le monde, le second au Moyen Orient. Mais il faut croire que la situation a changé. L’alliance israélo-américaine est désormais fondée sur un pacte entre fondamentalistes, pas entre démocrates. Il s’agit d’un pacte entre ceux qui sacralisent la Terre et ceux qui sacralisent Jésus, une alliance entre ceux qui commémorent Rahab, la prostituée de Jéricho, et ceux qui attendent la révélation messianique dans une transe extatique.
A cette alliance viennent se joindre depuis peu les fondamentalistes iraniens, qui rêvent de liquider l’Etat d’Israël grâce à l’arme nucléaire. Lorsque je demande à ces chrétiens américains quelle est leur position sur l’Iran, nombreux sont ceux qui me répondent que c’est le début de la guerre de Gog et Magog. Pour eux, la bombe atomique qui sera larguée sur Israël sera annonciatrice de la venue du Messie. Dès lors, non seulement ces Américains ne s’opposent absolument pas à l’utilisation d’une telle bombe, mais ils croient en outre que les Iraniens sont une sorte d’agent au service du Très Haut, à qui aurait été confiée la mission de déclencher la guerre apocalyptique, une guerre dont l’issue ne fait aucun doute.
Libre à nous, évidemment, de regarder ça de haut. Mais nous ferions bien de nous rappeler que ces croyants ne sont pas seulement très nombreux. Ils sont tout simplement la pierre d’angle de la maison Bush ; ce sont eux qui dictent la politique américaine, y compris la politique étrangère. Et de fait, il apparaît clairement, à propos du conflit du Moyen Orient, que Washington privilégie une politique attentiste. Après tout, si ce conflit correspond à un dessin divin et que son issue ne fait pas mystère, à quoi bon intervenir ?
Mais pourquoi donc nous laissons-nous entraîner dans cette folie politique ? La ministre des Affaires Etrangères, Tzipi Lvni, avait raison lorsqu’elle disait que le conflit auquel nous sommes confrontés oppose des fondamentalistes et des modérés. Le problème, c’est que cela fait très longtemps que nous ne sommes plus dans le camp des modérés mais bien dans celui des fanatiques et des fondamentalistes. Chaque jour qui passe qui nous voit ne rien faire, et nous abstenir de proposer des initiatives politiques neuves et courageuses nous rapproche de la rédemption des chrétiens. Alors, préparons nous à la venue du Messie. Mais lequel ? Ca dépend à qui nous posons la question.