par Suliko » mer. 22 mars 2017, 22:25
Je ne saurais dire. Je ne connais pas suffisamment ses idées. Mais c'est tout de même ce pape qui a rompu avec la politique défensive et que d'autres nommeraient "politique réactionnaire", pour ouvrir le champ de la collaboration de l'Église avec le gouvernement républicain en place. Il reconnaissait qu'il fallait "faire avec". Même si l'idéal de Léon XIII aurait été une monarchie catholique (cf. l'empire catholique d'Autriche, etc.), il reste qu'il acceptait le compromis politique.
Mais vous confondez beaucoup de choses qui ne sont pas liées ! Vous, vous parlez des divers types de pouvoir (monarchie, république, démocratie, etc...), tandis que je fais allusion à autre chose : la condamnation, par l'Eglise, de la séparation de l'Eglise et de l'Etat (et ce, peu importe la nature de l'Etat : monarchie, république ou autre). Or, je le répète, Léon XIII était évidemment opposé à une telle séparation. Il ne voulait pas collaborer avec la république française anticléricale, mais essayer de la transformer radicalement de l'intérieur, par la pression des catholiques. C'est une question de tactique dans laquelle il ne faut surtout pas voir un certain libéralisme politique, et encore moins une opposition avec les enseignements des papes précédents ! Lisez par exemple ces extraits de son encyclique "Immortale Dei" :
Mais, quelle que soit la forme de gouvernement, tous les chefs d'Etat doivent absolument avoir le regard fixé sur Dieu, souverain Modérateur du monde, et, dans l'accomplissement de leur mandat, le prendre pour modèle et règle.
Les sociétés politiques ne peuvent sans crime se conduire comme si Dieu n'existait en aucune manière, ou se passer de la religion comme étrangère et inutile, ou en admettre une indifféremment selon leur bon plaisir. En honorant la Divinité, elles doivent suivre strictement les règles et le mode suivant lesquels Dieu lui-même a déclaré vouloir être honoré. Les chefs d'Etat doivent donc tenir pour saint le nom de Dieu et mettre au nombre de leurs principaux devoirs celui de favoriser la religion, de la protéger de leur bienveillance, de la couvrir de l'autorité tutélaire des lois, et ne rien statuer ou décider qui soit contraire à son intégrité.
De cette sorte, on le voit, l'Etat n'est autre chose que la multitude maîtresse et se gouvernant elle-même; et dès lors que le peuple est censé la source de tout droit et de tout pouvoir, il s'ensuit que l'Etat ne se croit lié à aucune obligation envers Dieu, ne professe officiellement aucune religion, n'est pas tenu de rechercher quelle est la seule vraie entre toutes, ni d'en préférer une aux autres, ni d'en favoriser une principalement; mais qu'il doit leur attribuer à toutes l'égalité en droit, à cette fin seulement de les empêcher de troubler l'ordre public. Par conséquent, chacun sera libre de se faire juge de toute question religieuse, chacun sera libre d'embrasser la religion qu'il préfère, ou de n'en suivre aucune si aucune ne lui agrée. De là découlent nécessairement la liberté sans frein de toute conscience, la liberté absolue d'adorer ou de ne pas adorer Dieu, la licence sans bornes et de penser et de publier ses pensées. (Ce paragraphe est évidemment décrit comme condamnable par Léon XIII).
Ainsi, dans cette situation politique que plusieurs favorisent aujourd'hui, il y a tendance des idées et des volontés à chasser tout à fait l'Eglise de la société, ou à la tenir assujettie et enchaînée à l'Etat. La plupart des mesures prises par les gouvernements s'inspirent de ce dessein. Les lois, l'administration publique, l'éducation sans religion, la spoliation et la destruction des Ordres religieux, la suppression du pouvoir temporel des Pontifes romains, tout tend à ce but: frapper au coeur les institutions chrétiennes, réduire à rien la liberté de l'Eglise catholique et à néant ses autres droits.
La simple raison naturelle démontre combien cette façon d'entendre le gouvernement civil s'éloigne de la vérité.
Au sujet de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ce Pontife [=Grégoire XVI] s'exprime en ces termes : " Nous ne pouvons pas attendre pour l'Eglise et l'Etat des résultats meilleurs des tendances de ceux qui prétendent séparer l'Eglise de l'Etat et rompre la concorde mutuelle entre le sacerdoce et l'empire. C'est qu'en effet, les fauteurs d'une liberté effrénée redoutent cette concorde, qui a toujours été si favorable et salutaire aux intérêts religieux et civils. " De la même manière, Pie IX, chaque fois que l'occasion s'en présenta, a condamné les fausses opinions les plus en vogue, et ensuite il en fit faire un recueil, afin que, dans un tel déluge d'erreurs, les catholiques eussent une direction sûre.
De ces décisions des Souverains Pontifes, il faut absolument admettre que l'origine de la puissance publique doit s'attribuer à Dieu, et non à la multitude; que le droit à l'émeute répugne à la raison ; que ne tenir aucun compte des devoirs de la religion, ou traiter de la même manière les différentes religions, n'est permis ni aux individus, ni aux sociétés; que la liberté illimitée de penser et d'émettre en public ses pensées ne doit nullement être rangée parmi les droits des citoyens, ni parmi les choses dignes de faveur et de protection.
Suliko
[quote]Je ne saurais dire. Je ne connais pas suffisamment ses idées. Mais c'est tout de même ce pape qui a rompu avec la politique défensive et que d'autres nommeraient "politique réactionnaire", pour ouvrir le champ de la collaboration de l'Église avec le gouvernement républicain en place. Il reconnaissait qu'il fallait "faire avec". Même si l'idéal de Léon XIII aurait été une monarchie catholique (cf. l'empire catholique d'Autriche, etc.), il reste qu'il acceptait le compromis politique. [/quote]Mais vous confondez beaucoup de choses qui ne sont pas liées ! Vous, vous parlez des divers types de pouvoir (monarchie, république, démocratie, etc...), tandis que je fais allusion à autre chose : la condamnation, par l'Eglise, de la séparation de l'Eglise et de l'Etat (et ce, peu importe la nature de l'Etat : monarchie, république ou autre). Or, je le répète, Léon XIII était évidemment opposé à une telle séparation. Il ne voulait pas collaborer avec la république française anticléricale, mais essayer de la transformer radicalement de l'intérieur, par la pression des catholiques. C'est une question de tactique dans laquelle il ne faut surtout pas voir un certain libéralisme politique, et encore moins une opposition avec les enseignements des papes précédents ! Lisez par exemple ces extraits de son encyclique "Immortale Dei" :
[i]Mais, quelle que soit la forme de gouvernement, tous les chefs d'Etat doivent absolument avoir le regard fixé sur Dieu, souverain Modérateur du monde, et, dans l'accomplissement de leur mandat, le prendre pour modèle et règle.[/i]
[i]Les sociétés politiques ne peuvent sans crime se conduire comme si Dieu n'existait en aucune manière, ou se passer de la religion comme étrangère et inutile, ou en admettre une indifféremment selon leur bon plaisir. En honorant la Divinité, elles doivent suivre strictement les règles et le mode suivant lesquels Dieu lui-même a déclaré vouloir être honoré. Les chefs d'Etat doivent donc tenir pour saint le nom de Dieu et mettre au nombre de leurs principaux devoirs celui de favoriser la religion, de la protéger de leur bienveillance, de la couvrir de l'autorité tutélaire des lois, et ne rien statuer ou décider qui soit contraire à son intégrité.[/i]
[i]De cette sorte, on le voit, l'Etat n'est autre chose que la multitude maîtresse et se gouvernant elle-même; et dès lors que le peuple est censé la source de tout droit et de tout pouvoir, il s'ensuit que l'Etat ne se croit lié à aucune obligation envers Dieu, ne professe officiellement aucune religion, n'est pas tenu de rechercher quelle est la seule vraie entre toutes, ni d'en préférer une aux autres, ni d'en favoriser une principalement; mais qu'il doit leur attribuer à toutes l'égalité en droit, à cette fin seulement de les empêcher de troubler l'ordre public. Par conséquent, chacun sera libre de se faire juge de toute question religieuse, chacun sera libre d'embrasser la religion qu'il préfère, ou de n'en suivre aucune si aucune ne lui agrée. De là découlent nécessairement la liberté sans frein de toute conscience, la liberté absolue d'adorer ou de ne pas adorer Dieu, la licence sans bornes et de penser et de publier ses pensées.[/i] (Ce paragraphe est évidemment décrit comme condamnable par Léon XIII).
[i]Ainsi, dans cette situation politique que plusieurs favorisent aujourd'hui, il y a tendance des idées et des volontés à chasser tout à fait l'Eglise de la société, ou à la tenir assujettie et enchaînée à l'Etat. La plupart des mesures prises par les gouvernements s'inspirent de ce dessein. Les lois, l'administration publique, l'éducation sans religion, la spoliation et la destruction des Ordres religieux, la suppression du pouvoir temporel des Pontifes romains, tout tend à ce but: frapper au coeur les institutions chrétiennes, réduire à rien la liberté de l'Eglise catholique et à néant ses autres droits.
La simple raison naturelle démontre combien cette façon d'entendre le gouvernement civil s'éloigne de la vérité. [/i]
[i]Au sujet de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, ce Pontife [=Grégoire XVI] s'exprime en ces termes : " Nous ne pouvons pas attendre pour l'Eglise et l'Etat des résultats meilleurs des tendances de ceux qui prétendent séparer l'Eglise de l'Etat et rompre la concorde mutuelle entre le sacerdoce et l'empire. C'est qu'en effet, les fauteurs d'une liberté effrénée redoutent cette concorde, qui a toujours été si favorable et salutaire aux intérêts religieux et civils. " De la même manière, Pie IX, chaque fois que l'occasion s'en présenta, a condamné les fausses opinions les plus en vogue, et ensuite il en fit faire un recueil, afin que, dans un tel déluge d'erreurs, les catholiques eussent une direction sûre.[/i]
[i]De ces décisions des Souverains Pontifes, il faut absolument admettre que l'origine de la puissance publique doit s'attribuer à Dieu, et non à la multitude; que le droit à l'émeute répugne à la raison ; que ne tenir aucun compte des devoirs de la religion, ou traiter de la même manière les différentes religions, n'est permis ni aux individus, ni aux sociétés; que la liberté illimitée de penser et d'émettre en public ses pensées ne doit nullement être rangée parmi les droits des citoyens, ni parmi les choses dignes de faveur et de protection.[/i]
Suliko