par Cinci » mer. 04 janv. 2017, 0:08
Pour répondre à la question même si débordant le sujet quelque peu
Papillon :
pourquoi alors tout ce camouflage, ces 'cachoteries', ces tentatives d'atténuation des gaffes ou dans certains cas des crimes commis par des membres du clergé de l'Eglise ?
Pour plusieurs raisons, j'imagine. Si c'est pour éviter le scandale qui pourrait troubler des chrétiens dont la foi ne serait déjà pas trop forte, il pouvait y avoir l'idée de ne pas détruire la carrière du serviteur de l'Église (supposant une faiblesse passagère), ou l'idée que les torts pouvaient être partagés entre le religieux et le plaignant (un truc pas clair), ou la crainte de donner trop d'emprise à des adversaires de l'Église, lesquels pourraient manipuler des jeunes ou les payer pour accuser faussement des prêtres.
A part ça, à une certaine époque pas si lointaine, la parole des enfants ne valaient rien, rien de rien, pas spécialement dans l'Église mais dans la société au grand complet. Freud au début du XXe siècle pouvait raconter que les enfants étaient des fabulateurs naturels, des petits sauvageons à dresser, des êtres encore pris par une sorte de sexualité multiforme n'ayant pas encore assimilée suffisamment certains tabous.
Il y a l'inertie des administrations, l'incrédulité. Il y a le fait aussi que les abuseurs savent souvent se rendre très utile dans une administration, se rendre très populaire auprès des supérieurs et autres. Il en coûte beaucoup de se priver ensuite du collaborateur pour une affaire ou une autre qui pourrait paraître équivoque. Ça, c'est bien humain. On rencontre cela dans tous les domaines : politique, sport, arts, police, armée, etc.
Il y a aussi le fait que la tradition de l'Église n'a jamais laissé la place tellement à l'idée que des juges civils devraient se mêler de régler des conflits entre catholiques dans des affaires impliquant le clergé. Le réflexe normal de l'Église catholique a toujours consisté à privilégier les ententes de bonne foi entre des personnes, à privilégier l'approche incitative au lieu de l'approche punitive. C'est l'approche catholique en matière politique, économique, syndicale, conjugale. C'est comme une tendance lourde de fond.
Je reconnais que la culture cléricale catholique a toujours eu tendance à accorder une prime à tous ceux qui sont en position d'autorité par rapport aux plus humbles. Le curé par rapport au laïc, le maire par rapport au citoyen, le patron par rapport aux ouvriers, le mari par rapport à sa femme, le riche par rapport au pauvre, le professeur par rapport à l'élève, etc. Les humbles ont à fournir pas mal plus d'efforts par rapport au patron, les humbles doivent prendre pas mal plus sur eux, les mauvais pauvres se rebelles, les bons pauvres encaissent, assument, souffent, ne disent rien, accumulent des mérites, doivent compter sur la prière pour fléchir l'attitude discutable du patron, du curé, etc. Il y a bien un certain non-dit, un certain atavisme.
Tout n'est pas nécessairement mauvais dans cette approche, l'esprit n'y est pas criminel à la base. Mais c'est vrai que l'approche peut souffrir d'une certaine limite. Et la limite c'est quand nous avons affaire à de vrais criminels, un pervers narcissique, des personnes qui sont réellement de mauvaise foi.
Pour répondre à la question même si débordant le sujet quelque peu
[quote]Papillon :
pourquoi alors tout ce camouflage, ces 'cachoteries', ces tentatives d'atténuation des gaffes ou dans certains cas des crimes commis par des membres du clergé de l'Eglise ?
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Pour plusieurs raisons, j'imagine. Si c'est pour éviter le scandale qui pourrait troubler des chrétiens dont la foi ne serait déjà pas trop forte, il pouvait y avoir l'idée de ne pas détruire la carrière du serviteur de l'Église (supposant une faiblesse passagère), ou l'idée que les torts pouvaient être partagés entre le religieux et le plaignant (un truc pas clair), ou la crainte de donner trop d'emprise à des adversaires de l'Église, lesquels pourraient manipuler des jeunes ou les payer pour accuser faussement des prêtres.
A part ça, à une certaine époque pas si lointaine, la parole des enfants ne valaient rien, rien de rien, pas spécialement dans l'Église mais dans la société au grand complet. Freud au début du XXe siècle pouvait raconter que les enfants étaient des fabulateurs naturels, des petits sauvageons à dresser, des êtres encore pris par une sorte de sexualité multiforme n'ayant pas encore assimilée suffisamment certains tabous.
Il y a l'inertie des administrations, l'incrédulité. Il y a le fait aussi que les abuseurs savent souvent se rendre très utile dans une administration, se rendre très populaire auprès des supérieurs et autres. Il en coûte beaucoup de se priver ensuite du collaborateur pour une affaire ou une autre qui pourrait paraître équivoque. Ça, c'est bien humain. On rencontre cela dans tous les domaines : politique, sport, arts, police, armée, etc.
Il y a aussi le fait que la tradition de l'Église n'a jamais laissé la place tellement à l'idée que des juges civils devraient se mêler de régler des conflits entre catholiques dans des affaires impliquant le clergé. Le réflexe normal de l'Église catholique a toujours consisté à privilégier les ententes de bonne foi entre des personnes, à privilégier l'approche incitative au lieu de l'approche punitive. C'est l'approche catholique en matière politique, économique, syndicale, conjugale. C'est comme une tendance lourde de fond.
Je reconnais que la culture cléricale catholique a toujours eu tendance à accorder une prime à tous ceux qui sont en position d'autorité par rapport aux plus humbles. Le curé par rapport au laïc, le maire par rapport au citoyen, le patron par rapport aux ouvriers, le mari par rapport à sa femme, le riche par rapport au pauvre, le professeur par rapport à l'élève, etc. Les humbles ont à fournir pas mal plus d'efforts par rapport au patron, les humbles doivent prendre pas mal plus sur eux, les mauvais pauvres se rebelles, les bons pauvres encaissent, assument, souffent, ne disent rien, accumulent des mérites, doivent compter sur la prière pour fléchir l'attitude discutable du patron, du curé, etc. Il y a bien un certain non-dit, un certain atavisme.
Tout n'est pas nécessairement mauvais dans cette approche, l'esprit n'y est pas criminel à la base. Mais c'est vrai que l'approche peut souffrir d'une certaine limite. Et la limite c'est quand nous avons affaire à de vrais criminels, un pervers narcissique, des personnes qui sont réellement de mauvaise foi.