par etienne lorant » mar. 13 oct. 2009, 12:49
Voici la suite du feuilleton - en pleine crise budgétaire, c'est tout de même l'Eglise qui pose problème !
Albert II à genoux devant le pape : shocking ?
L'attitude de soumission totale du roi Albert II devant le pape en a choqué plus d'un. Même s'il s'agissait d'un acte privé.
Martial DUMONT
Un homme genou à terre et échine courbée baisant l'anneau papal. En retrait, une femme voilée. Albert et Paola ont été reçus en audience privée par le pape Benoît XVI dans le cadre de la canonisation du père Damien, dimanche.
L'image publique du roi des Belges en position de soumission totale a de quoi interpeller.
De même que celle de la reine dont le voile est aussi une forme de soumission ancestrale au sacré et au pouvoir de l'Église. Une tradition qui date de Mathusalem. Du temps où la femme, tentatrice, coquette et pouvant faire dévier le bon catholique du droit chemin, se devait de n'apparaître à l'église ou devant l'autorité ecclésiastique que voilée d'humilité et de rédemption.
Les partisans de la laïcité complète de l'État hurlent. Certains, comme le politologue Pierre Verjans, tempèrent cependant.
« Moi, ça ne me choque pas. Parce qu'il s'agit d'un acte privé. Le roi a le droit, comme n'importe quel Belge, de gérer sa conscience comme il l'entend. » Et puis, soutient-il, crier au complot et argumenter que le geste du roi porte atteinte à la séparation entre Église et État, c'est oublier que la Belgique n'est justement pas, contrairement à la France, un état laïque. Jamais aucun texte n'a été écrit dans ce sens. Que du contraire. Depuis sa création, notre pays a toujours été étroitement lié au catholicisme. La piété extrême de Baudouin en témoigne bien. La couronne est liée à l'histoire catholique. Même si, depuis quelques années, les milieux laïques insistent pour que, dans les faits, les signes ostentatoires d'appartenance religieuse de nos représentants officiels en public disparaissent. Mais c'est tout récent. L'abandon de l'obligation d'assister au Te Deum ne date que de 1999 avec l'avènement du gouvernement arc-en-ciel.
Pareil pour la place laissée au primat de Belgique dans l'appareil de l'État : auparavant, le cardinal Danneels avait une voiture immatriculée « A », signe distinctif des hauts représentants du pays. Ce n'est plus le cas désormais.
Le pape, pas un vrai chef d'État
Ce qui frappe dans l'image d'Albert II dans la position de Vercingétorix devant César après la défaite d'Alésia, c'est qu'on assiste à la soumission d'un chef d'État... envers un autre chef d'État, en l'occurrence celui du Vatican. On imagine mal Nicolas Sarkozy se mettre dans une telle position d'infériorité face à Benoît XVI.
Mais là encore Pierre Verjans nuance.« Ça me fait toujours bien rire quand on dit que le pape agit politiquement. On ne peut pas dire que le Vatican est un État en tant que tel. Ce n'est pas une puissance diplomatique. Et quand le pape prend des positions soi-disant politiques dans un pays qu'il visite, il ne le fait jamais vraiment en tant que chef d'État mais comme autorité morale. Donc, on ne peut pas dire non plus que l'attitude du roi est celle d'un chef d'État en représentation officielle chez un autre. Il s'agit d'un geste privé à l'égard du chef de l'Église. » Et c'est pour cela sans doute aussi que cette photo donnera du grain à moudre à ceux qui critiquent un déplacement officiel à 50 000 euros pour aller rendre un hommage soumis et purement privé au souverain pontif...
J
Voici la suite du feuilleton - en pleine crise budgétaire, c'est tout de même l'Eglise qui pose problème !
Albert II à genoux devant le pape : shocking ?
L'attitude de soumission totale du roi Albert II devant le pape en a choqué plus d'un. Même s'il s'agissait d'un acte privé.
Martial DUMONT
Un homme genou à terre et échine courbée baisant l'anneau papal. En retrait, une femme voilée. Albert et Paola ont été reçus en audience privée par le pape Benoît XVI dans le cadre de la canonisation du père Damien, dimanche.
L'image publique du roi des Belges en position de soumission totale a de quoi interpeller.
De même que celle de la reine dont le voile est aussi une forme de soumission ancestrale au sacré et au pouvoir de l'Église. Une tradition qui date de Mathusalem. Du temps où la femme, tentatrice, coquette et pouvant faire dévier le bon catholique du droit chemin, se devait de n'apparaître à l'église ou devant l'autorité ecclésiastique que voilée d'humilité et de rédemption.
Les partisans de la laïcité complète de l'État hurlent. Certains, comme le politologue Pierre Verjans, tempèrent cependant.
« Moi, ça ne me choque pas. Parce qu'il s'agit d'un acte privé. Le roi a le droit, comme n'importe quel Belge, de gérer sa conscience comme il l'entend. » Et puis, soutient-il, crier au complot et argumenter que le geste du roi porte atteinte à la séparation entre Église et État, c'est oublier que la Belgique n'est justement pas, contrairement à la France, un état laïque. Jamais aucun texte n'a été écrit dans ce sens. Que du contraire. Depuis sa création, notre pays a toujours été étroitement lié au catholicisme. La piété extrême de Baudouin en témoigne bien. La couronne est liée à l'histoire catholique. Même si, depuis quelques années, les milieux laïques insistent pour que, dans les faits, les signes ostentatoires d'appartenance religieuse de nos représentants officiels en public disparaissent. Mais c'est tout récent. L'abandon de l'obligation d'assister au Te Deum ne date que de 1999 avec l'avènement du gouvernement arc-en-ciel.
Pareil pour la place laissée au primat de Belgique dans l'appareil de l'État : auparavant, le cardinal Danneels avait une voiture immatriculée « A », signe distinctif des hauts représentants du pays. Ce n'est plus le cas désormais.
Le pape, pas un vrai chef d'État
Ce qui frappe dans l'image d'Albert II dans la position de Vercingétorix devant César après la défaite d'Alésia, c'est qu'on assiste à la soumission d'un chef d'État... envers un autre chef d'État, en l'occurrence celui du Vatican. On imagine mal Nicolas Sarkozy se mettre dans une telle position d'infériorité face à Benoît XVI.
Mais là encore Pierre Verjans nuance.« Ça me fait toujours bien rire quand on dit que le pape agit politiquement. On ne peut pas dire que le Vatican est un État en tant que tel. Ce n'est pas une puissance diplomatique. Et quand le pape prend des positions soi-disant politiques dans un pays qu'il visite, il ne le fait jamais vraiment en tant que chef d'État mais comme autorité morale. Donc, on ne peut pas dire non plus que l'attitude du roi est celle d'un chef d'État en représentation officielle chez un autre. Il s'agit d'un geste privé à l'égard du chef de l'Église. » Et c'est pour cela sans doute aussi que cette photo donnera du grain à moudre à ceux qui critiquent un déplacement officiel à 50 000 euros pour aller rendre un hommage soumis et purement privé au souverain pontif...
J