par Guillaume C. » jeu. 25 févr. 2016, 18:28
Pourquoi l’Eglise catholique n’ordonne-t-elle pas de femmes prêtres ?
La réponse du P Sagadou, prêtre du Burkina Faso, à une question d'un internaute. Publié en 2012
Pourquoi ne pas se poser cette question ? Il semble que chez certaines personnes la revendication du sacerdoce féminin trouve sa source dans la doctrine des droits de l’homme.
L’idée de l’égalité fait que toute distinction entre les hommes est perçue comme une injustice, voire un crime contre les droits fondamentaux de la personne. On en vient alors, sous l’influence du mouvement féministe et de la culture démocratique, à poser la question du sacerdoce en termes de "pouvoirs" et de "rapports de forces". Derrière le refus de l’Eglise catholique d’ordonner des femmes prêtres, on veut voir la volonté farouche de la part du clergé de garder le pouvoir. Les quelques lignes qui suivent apporteront-elles un éclairage suffisant sur cette question ? C’est ce que nous espérons.
Jamais dans l’histoire aucune femme n’a été ordonnée prêtre catholique. Selon le code de droit canonique de 1983, "seul un homme baptisé reçoit validement l’ordination sacrée". Et pourquoi donc ? Eh bien, parce que, affirme Jean-Paul II : "l'ordination sacerdotale, par laquelle est transmise la charge, confiée par le Christ à ses Apôtres, d'enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles, a toujours été, dans l'Église catholique depuis l'origine, exclusivement réservée à des hommes".
Jésus était un homme et il n’a appelé que des hommes auprès de lui parmi les douze apôtres. Nous voici donc devant une première réponse qui trouve son fondement dans la Tradition de l’Eglise Catholique. Ensuite, deuxième élément, l’Eglise considère que quand le prêtre célèbre, il agit "en la personne du Christ", lequel était un homme. Beaucoup critiquent cet argument en disant que la femme peut aussi "agir en la personne du Christ". Enfin, troisième élément, l’Eglise considère qu’elle ne doit pas s’écarter de ce qui vient de Jésus et des apôtres. Elle veut donc rester fidèle à cette tradition.
Faut-il penser que l’Eglise est misogyne ?
Faut-il penser que l’Eglise verse dans la discrimination ? Pas du tout ! Puisque, hormis les ministères ordonnés (évêque, prêtre, diacre), toutes les fonctions dans l’Eglise Catholique sont ouvertes aux femmes. D’ailleurs, en matière de transmission de la foi, d’animation paroissiale et liturgique, l’apport des femmes est considérable aujourd’hui partout dans l’Eglise. Pour rendre compte de la place de la femme dans l’Eglise, les analyses purement sociologiques ne suffisent pas. Tout récemment, dans son livre intitulé Lumière du monde, le Pape Benoît XVI a abordé cette question en ces termes : L’Eglise n’a "en aucune manière le pouvoir d’ordonner des femmes.
Nous ne disons pas : nous ne voulons pas, mais : nous ne pouvons pas. Le Seigneur a donné à l’Eglise une forme, avec les Douze Apôtres puis, à leur suite, les évêques et les presbytres, les prêtres. Ce n’est pas nous qui avons donné cette forme à l’Eglise". Pour le Pape, "les femmes occupent tant de grandes fonctions significatives dans l’Eglise que l’on ne peut pas parler de discrimination. Ce serait le cas si la prêtrise était une sorte de pouvoir, mais en réalité elle doit être entièrement consacrée au service".
Les femmes ont le plus marqué l'image de l'Eglise
Le Pape considère même que dans l’histoire de l’Eglise, les femmes ont plus marqué l’image de l’Eglise que les hommes. A suivre l’enseignement de l’Eglise, la décision de ne pas ordonner des femmes au ministère presbytéral est claire. Cela n’empêche pas de signaler que, malgré tout, cette question est toujours débattue dans l’opinion publique ainsi qu’à l’intérieur de l’Eglise. Pour le théologien Jean Rigal, "Dans le cas de l’ordination, quand l’Eglise voit le Christ appeler des apôtres et ceux-ci se choisir des successeurs, ce qu’elle regarde avant tout, ce n’est pas le sexe des personnes appelées, c’est la volonté du Christ que des ouvriers soient incessamment envoyés travailler à sa moisson".
Pour d’autres, le fait que Dieu se soit fait "homme" ne signifie pas qu’il est devenu "masculin" physiologiquement. N’a-t-il pas "revêtu notre humanité", homme et femme ? C’est peut-être quand nous aurons dépassé les catégories du masculin et du féminin pour Dieu que nous serons plus à l’aise avec nos représentations terrestres. Au IV° siècle, un Père de l’Eglise nommé Grégoire de Naziance, confessait : "Un même créateur pour l’homme et la femme, pour tous deux la même argile, la même image, la même loi, la même mort et la même résurrection".
Selon la tradition de l’Eglise, le Christ est le seul prêtre de la foi chrétienne. Depuis les premiers temps de l’Eglise jusqu’à aujourd’hui, évêques, prêtres et diacres sont les "ministres", c’est-à-dire les serviteurs, de cet unique prêtre. Autour donc de l’ordination, l’enjeu n’est pas de "pouvoir", mais de "service".
Mai 2012 ; P. Jean-Paul Sagadou, assomptionniste, 2012, article paru dans le quotidien burkinabè l’Observateur Paalga
http://www.croire.com/Definitions/Etape ... es-pretres
[b]Pourquoi l’Eglise catholique n’ordonne-t-elle pas de femmes prêtres ? [/b]
La réponse du P Sagadou, prêtre du Burkina Faso, à une question d'un internaute. Publié en 2012
Pourquoi ne pas se poser cette question ? Il semble que chez certaines personnes la revendication du sacerdoce féminin trouve sa source dans la doctrine des droits de l’homme.
L’idée de l’égalité fait que toute distinction entre les hommes est perçue comme une injustice, voire un crime contre les droits fondamentaux de la personne. On en vient alors, sous l’influence du mouvement féministe et de la culture démocratique, à poser la question du sacerdoce en termes de "pouvoirs" et de "rapports de forces". Derrière le refus de l’Eglise catholique d’ordonner des femmes prêtres, on veut voir la volonté farouche de la part du clergé de garder le pouvoir. Les quelques lignes qui suivent apporteront-elles un éclairage suffisant sur cette question ? C’est ce que nous espérons.
Jamais dans l’histoire aucune femme n’a été ordonnée prêtre catholique. Selon le code de droit canonique de 1983, "seul un homme baptisé reçoit validement l’ordination sacrée". Et pourquoi donc ? Eh bien, parce que, affirme Jean-Paul II : "l'ordination sacerdotale, par laquelle est transmise la charge, confiée par le Christ à ses Apôtres, d'enseigner, de sanctifier et de gouverner les fidèles, a toujours été, dans l'Église catholique depuis l'origine, exclusivement réservée à des hommes".
Jésus était un homme et il n’a appelé que des hommes auprès de lui parmi les douze apôtres. Nous voici donc devant une première réponse qui trouve son fondement dans la Tradition de l’Eglise Catholique. Ensuite, deuxième élément, l’Eglise considère que quand le prêtre célèbre, il agit "en la personne du Christ", lequel était un homme. Beaucoup critiquent cet argument en disant que la femme peut aussi "agir en la personne du Christ". Enfin, troisième élément, l’Eglise considère qu’elle ne doit pas s’écarter de ce qui vient de Jésus et des apôtres. Elle veut donc rester fidèle à cette tradition.
[b]Faut-il penser que l’Eglise est misogyne ?[/b]
Faut-il penser que l’Eglise verse dans la discrimination ? Pas du tout ! Puisque, hormis les ministères ordonnés (évêque, prêtre, diacre), toutes les fonctions dans l’Eglise Catholique sont ouvertes aux femmes. D’ailleurs, en matière de transmission de la foi, d’animation paroissiale et liturgique, l’apport des femmes est considérable aujourd’hui partout dans l’Eglise. Pour rendre compte de la place de la femme dans l’Eglise, les analyses purement sociologiques ne suffisent pas. Tout récemment, dans son livre intitulé Lumière du monde, le Pape Benoît XVI a abordé cette question en ces termes : L’Eglise n’a "en aucune manière le pouvoir d’ordonner des femmes.
Nous ne disons pas : nous ne voulons pas, mais : nous ne pouvons pas. Le Seigneur a donné à l’Eglise une forme, avec les Douze Apôtres puis, à leur suite, les évêques et les presbytres, les prêtres. Ce n’est pas nous qui avons donné cette forme à l’Eglise". Pour le Pape, "les femmes occupent tant de grandes fonctions significatives dans l’Eglise que l’on ne peut pas parler de discrimination. Ce serait le cas si la prêtrise était une sorte de pouvoir, mais en réalité elle doit être entièrement consacrée au service".
[b]Les femmes ont le plus marqué l'image de l'Eglise[/b]
Le Pape considère même que dans l’histoire de l’Eglise, les femmes ont plus marqué l’image de l’Eglise que les hommes. A suivre l’enseignement de l’Eglise, la décision de ne pas ordonner des femmes au ministère presbytéral est claire. Cela n’empêche pas de signaler que, malgré tout, cette question est toujours débattue dans l’opinion publique ainsi qu’à l’intérieur de l’Eglise. Pour le théologien Jean Rigal, "Dans le cas de l’ordination, quand l’Eglise voit le Christ appeler des apôtres et ceux-ci se choisir des successeurs, ce qu’elle regarde avant tout, ce n’est pas le sexe des personnes appelées, c’est la volonté du Christ que des ouvriers soient incessamment envoyés travailler à sa moisson".
Pour d’autres, le fait que Dieu se soit fait "homme" ne signifie pas qu’il est devenu "masculin" physiologiquement. N’a-t-il pas "revêtu notre humanité", homme et femme ? C’est peut-être quand nous aurons dépassé les catégories du masculin et du féminin pour Dieu que nous serons plus à l’aise avec nos représentations terrestres. Au IV° siècle, un Père de l’Eglise nommé Grégoire de Naziance, confessait : "Un même créateur pour l’homme et la femme, pour tous deux la même argile, la même image, la même loi, la même mort et la même résurrection".
Selon la tradition de l’Eglise, le Christ est le seul prêtre de la foi chrétienne. Depuis les premiers temps de l’Eglise jusqu’à aujourd’hui, évêques, prêtres et diacres sont les "ministres", c’est-à-dire les serviteurs, de cet unique prêtre. Autour donc de l’ordination, l’enjeu n’est pas de "pouvoir", mais de "service".
Mai 2012 ; P. Jean-Paul Sagadou, assomptionniste, 2012, article paru dans le quotidien burkinabè l’Observateur Paalga
http://www.croire.com/Definitions/Etapes-de-la-vie/Ordination/Pourquoi-l-Eglise-catholique-n-ordonne-t-elle-pas-de-femmes-pretres