par wanderer » ven. 26 août 2005, 16:56
bon, puisque je semble être le seul du forum à m'être rendu là bas, je me lance dans un récit rapide.
Le thème de cette année était « nous sommes venus l’adorer », le titre est un verset de l’Evangile de Mathieu qui parle des rois mages qui sont à Cologne dans la cathédrale merveilleuse qui s’y trouve. L’adoration avait deux sens, d’abord, cette idée d’un pèlerinage de catholiques venant de toute la Terre pour adorer le Christ, cette idée de voyage avec des gens qui venait de loin pour Jésus, comme les mages et puis ce point culminant de l’adoration que constitue l’adoration eucharistique alors que nous sommes en plein dans l’année de l’eucharistie et que cette année a donc été marquée par plusieurs événements comme la lettre encyclique de Jean-Paul II Ecclesia de Eucharistia, la multiplication des lieux d’adoration ou encore les JMJ. Pour moi, c’était un thème très intéressant, je trouve que l’idée est en soi très belle, j’ai prié pour que nous soyons nombreux parce que je pense que ça peut être un signe pour le monde de voir tant de jeunes réunis autour du saint Père pour prier et adorer. Je suis parti avec les frères de saint Jean de Souvigny. Notre groupe était restreint puisque nous tenions dans quatre voitures.
Pour nous, il y a eu deux étapes, la première nous a amené à Rüdesheim le long du Rhin. C'est dans cette ville que sont conservées les précieuses reliques de Sainte Hildegarde dont je n'ai malheureusement pas pu découvrir encore la spiritualité. Le temps s'est partagé entre prière, enseignement, visite et amitié. Je dois dire que l'accueil a été chaleureux et que nous devons remercier les organisateurs. Surtout, ce fut un temps d'adoration. l'adoration a constitué la clé de voute de ces JMJ et je suis heureux car pour ma part, j'avais du mal à adorer et j'y suis entré pendant ce voyage. c'est un fruit spirituel dont je rends grâce à Dieu. Les adorations ont toujours eu lieu dans un silence édifiant et dans un profond respect. En revenche, les messes devant les évêques étaient célébrées dans un climat franchement peu respectueux, ne favorisant pas du tout la prière. Les chants sacrés ont laissé la place aux guitares électriques et bien souvent, même des moments où l'on doit demander pitié au Seigneur comme le Kyrie étaient dans ce même climat festif et hors de propos pendant le saint sacrifice de la messe. Ca m'a fait mal au coeur et même parfois, je n'ai pas eu la force de le supporter et je suis parti en plein milieu. J'essaie de vous retranscrire avec ma pauvre mémoire l'homélie de l'évêque pakistanais qui m'a beaucoup ému, c'était étrange ce jour avec ce témoignage qui m'a boulversé d'un côté et puis une liturgie défigurée de l'autre.
« Chers frères et sœurs, je voudrais vous témoigner ma joie dans le cœur du Christ de faire partie d’une Eglise persécutée. Nous vivons dans un monde où nous avons parfois des raisons d’avoir peur devant la menace terroriste. Je peux vous dire ce que c’est que de vivre dans un état islamiste et je viens témoigner du sang des martyrs.
Je voudrais vous raconter plusieurs petites histoires. La première, c’est celle de cet esclave qui servait son maître. Un jour, le maître eu pitié de lui et lui rendit sa liberté et l’esclave n’en voulut pas et dit au contraire à son maître : « que vais-je faire tout seul ? Dans ma solitude, je serai encore plus asservi que le plus petit des esclaves. » Nous sommes tous esclaves en ce monde et la liberté porte le nom de Jésus Christ. Vous êtes libres si vous dites oui à Dieu quand Il vous invite à Le suivre. Nous sommes opprimés de toute part, par la violence, par le terrorisme, par la culture de mort et nous nous sentons acculés, mais les esclaves ne sont pas ceux que l’on croit. Je veux dire solennellement que je me sens le plus libre des hommes en tant que je participe à l’œuvre de Jésus Christ.
Un jour, des chrétiens étaient réunis pour prier dans une église de ma paroisse, des terroristes sont arrivés avec des mitraillettes et ils ont tirés à l’aveugle. On m’a appelé et je suis tout de suite venu. Les gens pleuraient et hurlaient, j’entends encore leurs cris à l’heure où je vous parle. J’ai marché dans du sang, j’ai vu des enfants déchirés en deux par les balles et le sang des martyrs couler sur mes mains. A-t-on encore conscience qu’aujourd’hui des gens meurent dans les pires atrocités pour le nom de Jésus Christ ? Ce sang, je l’ai eu dans mes mains et je viens ici en témoigner. Nous avons à témoigner de Jésus Christ et nous aurons toujours à en témoigner, mais combien cette nécessité s’impose-t-elle à nous comme une évidence quand dans un pays comme le mien, Satan se sert du terrorisme pour entraver le règne de Dieu qui est en Jésus Christ ? Le lendemain du carnage, nous nous sommes réunis pour prier pour le repos de l’âme des morts, il y avait une foule colossale pour les accompagner et je me demandais comment j’allais faire mon sermon parce que Dieu nous invite à pardonner et que les gens qui étaient là n’avait pas envie de pardonner mais de se venger. Or ce jour, comme une grâce providentielle, m’est arrivé un fax de Jean-Paul II. Aujourd’hui encore, je regarde ce mot comme un miracle car c’était le jour de repos du secrétaire du pape et je ne sais même pas comment le pape a été au courant de ce qui nous est arrivé. Le pape nous a témoigné sa profonde tristesse, il a eu des mots très forts. Il nous a aussi invité à la prière, au pardon et à la paix. J’ai lu ce message pendant mon sermon et les gens ont été apaisés. »
J’arrête ici parce que ma mémoire flanche un peu et que j’ai peur de déformer, il a encore raconté qu’il avait été tenu en joue par deux pistolets sur chaque tempe et que ça lui avait rappelé la croix du Christ, qu’il croyait dans le pouvoir de la croix et qu’il n’avait pas eu peur à ce moment là grâce à la croix, qu’il avait au contraire été heureux. J’ai mal raconté et ça paraît fade comme je l’ai présenté, mais c’était vraiment bouleversant comme discours et j’ai versé beaucoup de larmes parce que cet homme m’a touché, tout simplement.
Devant l'évêque du diocèse, rebelotte, un sermon magnifique, qui plus est devant une relique de la croix du Seigneur, et toujours le même mauvais goût. ce n'est pas du tout un détail que ces chants parce que la sainte messe doit être un temps de prière, on ne peut pas saisir tout ce qui se passe dans une telle agitation, le Christ se donne par amour pour nous et cela demande un grand respect, une prière fervente et de laméditation. Avoir une messe comme ça a, à mon avis réduit les fruits de l'adoration pour certains pèlerins et c'est dommage car à mon avis, l'adoration est une porte ouverte sur l'Eucharistie.
Nous avons également visité de nombreux lieux de culte, parlé avec des religieux, chanté les heures liturgiques quand c'était possible et ce genre de choses.
Nous avons ensuite fait route vers Cologne et sommes arrivés très tard sur place. A ce moment là, un prêtre nous annonce que le frère Roger a été assassiné par une femme démente. Frère Roger est ce prêtre protestant qui s’est converti au catholicisme et a fondé la communauté de Taizé, sans que je sache ce qu’il a fait en premier. Personne ne le connaissait en personne dans notre groupe, mais nous étions alors au festival saint jean et il y avait encore du monde malgré l’heure tardive. J’ai vu des gens s’effondrer sur place à cette annonce. Pendant que j’essayais de soulager la peine d’un garçon qui priait la vierge Marie en pleurant, d'autres faisaient les imbéciles, ce n'est pas parce qu'on est catholique qu'on est intelligent. Ca peut paraître idiot, mais j’avais peur ce soir là, je savais juste qu’il avait été tué, ni où, ni par qui ni pourquoi. J’ai tout de suite pensé aux attentats ou à un geste islamiste. C’est seulement le lendemain que j’ai appris ce qui s’était passé.
A Cologne, il y avait énormément de monde et des activités pour tout le monde: catéchèse, prière, adoration, concerts, visites... Malheureusement, il était très dur de profiter de tout à cause du monde colossal et du temps que nous passions à attendre dans les transports en commun, dans les trains pour ceux qui ne logeaient pas à Cologne même, devant les stands pour la nourriture qui étaient souvent vides quand au bout de deux heures de patience on arrivait enfin devant le serveur. Je ne vais peut-être pas rentrer dans le détail à Cologne, juste remercier la communauté du chemin neuf pour la belle liturgie qu'ils ont proposée et pour leur choeur. Encore une fois, ce qui était central, c'était l'adoration eucharistique. Les lieux d'adoration étaient tous formidables et c'est vraiment ça que je veux retenir. Il y a eu aussi un chemin de croix dans la ville avec certainement des milliers de personnes, mais en raison du mauvais temps, notre groupe a choisi de le faire à l'écart et à l'abri. Il y a eu aussi tous les discours du pape. Nous n'avons pas tous pu les écouter, mais je vous mettrai en fin de message les liens vers les plus importants. Ils étaient tous très justes à mon avis et j'espère que les jeunes du monde entier les ont écouté avec attention et ont été touchés. N'hésitez pas à les diffuser autour de vous et surtout celui qui demande aux jeunes d'apprendre le CEC parce que l'Eglise meurt de ne pas connaître sa doctrine. C'est très important, nous ne pouvons pas annoncer le Christ ou l'Eglise si nous ne les connaissons ni l'un ni l'autre. Pourtant, le monde en a bien besoin.
Après cinq jours à Cologne, départ pour le marinfeld, un immense champ dans lequel devait se dérouler la messe de clôture. Nous avons mis beaucoup de temps pour y arriver et pour nous placer. Des gens avaient piqué les places les mieux placées sans tenir compte des numéros tant et si bien que nous nous sommes retrouvés tout au fond en raison de notre arrivée tardive. Vous auriez vu cette foule venue pour adorer le Christ, c’est très beau et très émouvant à voir. On comprend ce que veut dire le fait que l’Eglise est aussi une assemblée convoquée par le Seigneur. Ca m’a fait plaisir de voir ça, tout simplement. Avec la pluie des jours précédents, il y avait une sacrée gadoue et il a fallu faire un petit campement. Les scouts nous ont bien aidés à faire un logement de fortune. Nous avons encore subi la pénurie de nourriture et pendant que certains se baffraient, nous n’avions presque rien à manger. Ensuite, il y a eu la veillée de prière avec le pape qui a été un moment très fort pour moi. Le saint Père a prononcé un beau discours que nous écoutions avec la radio pour avoir la traduction. Pour le coup, les chants m’ont paru très acceptables, certains étaient même très beaux. Malheureusement, tout le monde ne l’a pas suivie et il y avait pas mal de gens qui préféraient marcher dans les allées que de prier. Avec quelques personnes du groupe, nous étions avec notre petit livre du pèlerin et nous chantions. A la fin, tous ceux qui avaient pris la peine de suivre cette belle prière se sont retrouvés dans la tente consacrée à l’adoration. Il y avait un monde considérable et je n’ai pas pu retenir mes larmes devant un tel spectacle, des milliers de jeunes à genoux dans un silence édifiant preuve que l’adoration silencieuse des dix jours a quand même porté un peu de fruit. J’y suis resté une grosse demi-heure. Le prêtre qui nous suivait toute la nuit. Ca, ce sont des moments qui marquent, croyez moi. J’espère que ce n’était pas un péché, mais je n’ai pas pu me retenir de prendre une photo tellement c’était touchant.
Le lendemain qui était donc le dernier jour, c’était la messe de clôture. Avant, il y a eu les laudes, mais elles ne ressemblaient guère à celles dont nous avions l’habitude ! De toute façon, vu le rangement à faire, la queue de 20 minutes pour aller aux toilettes pour le pipi du matin, il fallait une grosse volonté pour suivre la prière, surtout qu’en dormant à la belle étoile comme nous avions tous fait, la nuit avait été courte pour beaucoup à mon avis. Enfin, j’ai essayé de le faire. Ensuite, ça a été la messe et on a encore innové dans le mauvais goût. Le texte de la messe était moitié en allemand, moitié en latin. La plupart du temps, la foule répondait dans un mélange des deux langues selon ce qui était écrit sur le livre du pèlerin, ça, ça allait. Les prières d’intercessions étaient vraiment belles et l’homélie du pape aussi à mon avis. Elle a été assez applaudie, malgré une certaine sévérité du propos. Par contre, la musique a été encore une fois d’un total mauvais goût. L’idée était que nous venions de toute la Terre alors qu’il fallait faire un mélange des chants de toute la Terre pour prier ensemble. L’idée ne me semble pas du tout viciée, dans les rues de Cologne, il était si beau d’entendre les chants des croyants du monde entier, ça aurait pu être très beau, j’aime bien entendre les chants en toutes les langues, la façon dont on dit Seigneur aussi, ça m’amuse de voir comment ça sonne dans chaque langue. Dans le métro, c’était agréable d’entendre les prières ainsi. Bon, il y avait aussi ceux qui chantaient des chants pas très sacrés, mais bon… Une autre chose dont je n’ai pas parlé sur Cologne est le matraquage intellectuel dont les catholiques ont été victimes. Publicité des lobbies homosexuels, des lobbies en faveur du préservatif. Prosélytisme de certaines sectes qui distribuaient des tracts. Je crois que les évangéliques ont aussi essayé d’attirer à eux quelques brebis, mais elles ont eu peu de résultat car Cologne est profondément catholique. Pour en revenir à la musique, si l’idée me semblait bonne, elle a été mise en place d’une manière déplorable, on a mélangé le chant grégorien à la musique populaire irlandaise dans le gloria pour un résultat franchement médiocre, pareil avec les chants asiatiques qui à mon avis n’ont même pas plu aux asiatiques car ils ont été européanisés et même parfois popisés si on peut dire. Enfin bon, il n’y a rien à ajouter à part que c’est bien triste. Je savais avant de venir qu’il y aurait ce genre de choses, peut-être pas à ce point, je le reconnais. Ca m’a objectivement gêné par moments et c’était mal venu. Je sais que je suis loin d’être le seul à avoir été gêné dans ma prière par les choix musicaux des organisateurs et je pense qu’il aurait fallu penser en premier à l’utilité spirituelle des fidèles plutôt qu’au côté grand spectacle. La messe est un moment magique pour moi, vraiment un temps privilégié, mais pour monter vers Dieu alors qu’Il vient à nous, je crois qu’il faut un certain calme pendant la liturgie. La messe et la croix, c’est la même chose, je crois qu’au pied de la croix, on aurait joué une autre musique…
Voilà pour le récit de mon expérience à Cologne. Une expérience mitigée donc. Une expérience dont les quelques égarements liturgiques ne me font surtout pas oublier ce qui était bon, mais un pèlerinage dont les bons fruits ne me font pas totalement oublier ce qui était moins bon…
bon, puisque je semble être le seul du forum à m'être rendu là bas, je me lance dans un récit rapide.
Le thème de cette année était « nous sommes venus l’adorer », le titre est un verset de l’Evangile de Mathieu qui parle des rois mages qui sont à Cologne dans la cathédrale merveilleuse qui s’y trouve. L’adoration avait deux sens, d’abord, cette idée d’un pèlerinage de catholiques venant de toute la Terre pour adorer le Christ, cette idée de voyage avec des gens qui venait de loin pour Jésus, comme les mages et puis ce point culminant de l’adoration que constitue l’adoration eucharistique alors que nous sommes en plein dans l’année de l’eucharistie et que cette année a donc été marquée par plusieurs événements comme la lettre encyclique de Jean-Paul II Ecclesia de Eucharistia, la multiplication des lieux d’adoration ou encore les JMJ. Pour moi, c’était un thème très intéressant, je trouve que l’idée est en soi très belle, j’ai prié pour que nous soyons nombreux parce que je pense que ça peut être un signe pour le monde de voir tant de jeunes réunis autour du saint Père pour prier et adorer. Je suis parti avec les frères de saint Jean de Souvigny. Notre groupe était restreint puisque nous tenions dans quatre voitures.
Pour nous, il y a eu deux étapes, la première nous a amené à Rüdesheim le long du Rhin. C'est dans cette ville que sont conservées les précieuses reliques de Sainte Hildegarde dont je n'ai malheureusement pas pu découvrir encore la spiritualité. Le temps s'est partagé entre prière, enseignement, visite et amitié. Je dois dire que l'accueil a été chaleureux et que nous devons remercier les organisateurs. Surtout, ce fut un temps d'adoration. l'adoration a constitué la clé de voute de ces JMJ et je suis heureux car pour ma part, j'avais du mal à adorer et j'y suis entré pendant ce voyage. c'est un fruit spirituel dont je rends grâce à Dieu. Les adorations ont toujours eu lieu dans un silence édifiant et dans un profond respect. En revenche, les messes devant les évêques étaient célébrées dans un climat franchement peu respectueux, ne favorisant pas du tout la prière. Les chants sacrés ont laissé la place aux guitares électriques et bien souvent, même des moments où l'on doit demander pitié au Seigneur comme le Kyrie étaient dans ce même climat festif et hors de propos pendant le saint sacrifice de la messe. Ca m'a fait mal au coeur et même parfois, je n'ai pas eu la force de le supporter et je suis parti en plein milieu. J'essaie de vous retranscrire avec ma pauvre mémoire l'homélie de l'évêque pakistanais qui m'a beaucoup ému, c'était étrange ce jour avec ce témoignage qui m'a boulversé d'un côté et puis une liturgie défigurée de l'autre.
« Chers frères et sœurs, je voudrais vous témoigner ma joie dans le cœur du Christ de faire partie d’une Eglise persécutée. Nous vivons dans un monde où nous avons parfois des raisons d’avoir peur devant la menace terroriste. Je peux vous dire ce que c’est que de vivre dans un état islamiste et je viens témoigner du sang des martyrs.
Je voudrais vous raconter plusieurs petites histoires. La première, c’est celle de cet esclave qui servait son maître. Un jour, le maître eu pitié de lui et lui rendit sa liberté et l’esclave n’en voulut pas et dit au contraire à son maître : « que vais-je faire tout seul ? Dans ma solitude, je serai encore plus asservi que le plus petit des esclaves. » Nous sommes tous esclaves en ce monde et la liberté porte le nom de Jésus Christ. Vous êtes libres si vous dites oui à Dieu quand Il vous invite à Le suivre. Nous sommes opprimés de toute part, par la violence, par le terrorisme, par la culture de mort et nous nous sentons acculés, mais les esclaves ne sont pas ceux que l’on croit. Je veux dire solennellement que je me sens le plus libre des hommes en tant que je participe à l’œuvre de Jésus Christ.
Un jour, des chrétiens étaient réunis pour prier dans une église de ma paroisse, des terroristes sont arrivés avec des mitraillettes et ils ont tirés à l’aveugle. On m’a appelé et je suis tout de suite venu. Les gens pleuraient et hurlaient, j’entends encore leurs cris à l’heure où je vous parle. J’ai marché dans du sang, j’ai vu des enfants déchirés en deux par les balles et le sang des martyrs couler sur mes mains. A-t-on encore conscience qu’aujourd’hui des gens meurent dans les pires atrocités pour le nom de Jésus Christ ? Ce sang, je l’ai eu dans mes mains et je viens ici en témoigner. Nous avons à témoigner de Jésus Christ et nous aurons toujours à en témoigner, mais combien cette nécessité s’impose-t-elle à nous comme une évidence quand dans un pays comme le mien, Satan se sert du terrorisme pour entraver le règne de Dieu qui est en Jésus Christ ? Le lendemain du carnage, nous nous sommes réunis pour prier pour le repos de l’âme des morts, il y avait une foule colossale pour les accompagner et je me demandais comment j’allais faire mon sermon parce que Dieu nous invite à pardonner et que les gens qui étaient là n’avait pas envie de pardonner mais de se venger. Or ce jour, comme une grâce providentielle, m’est arrivé un fax de Jean-Paul II. Aujourd’hui encore, je regarde ce mot comme un miracle car c’était le jour de repos du secrétaire du pape et je ne sais même pas comment le pape a été au courant de ce qui nous est arrivé. Le pape nous a témoigné sa profonde tristesse, il a eu des mots très forts. Il nous a aussi invité à la prière, au pardon et à la paix. J’ai lu ce message pendant mon sermon et les gens ont été apaisés. »
J’arrête ici parce que ma mémoire flanche un peu et que j’ai peur de déformer, il a encore raconté qu’il avait été tenu en joue par deux pistolets sur chaque tempe et que ça lui avait rappelé la croix du Christ, qu’il croyait dans le pouvoir de la croix et qu’il n’avait pas eu peur à ce moment là grâce à la croix, qu’il avait au contraire été heureux. J’ai mal raconté et ça paraît fade comme je l’ai présenté, mais c’était vraiment bouleversant comme discours et j’ai versé beaucoup de larmes parce que cet homme m’a touché, tout simplement.
Devant l'évêque du diocèse, rebelotte, un sermon magnifique, qui plus est devant une relique de la croix du Seigneur, et toujours le même mauvais goût. ce n'est pas du tout un détail que ces chants parce que la sainte messe doit être un temps de prière, on ne peut pas saisir tout ce qui se passe dans une telle agitation, le Christ se donne par amour pour nous et cela demande un grand respect, une prière fervente et de laméditation. Avoir une messe comme ça a, à mon avis réduit les fruits de l'adoration pour certains pèlerins et c'est dommage car à mon avis, l'adoration est une porte ouverte sur l'Eucharistie.
Nous avons également visité de nombreux lieux de culte, parlé avec des religieux, chanté les heures liturgiques quand c'était possible et ce genre de choses.
Nous avons ensuite fait route vers Cologne et sommes arrivés très tard sur place. A ce moment là, un prêtre nous annonce que le frère Roger a été assassiné par une femme démente. Frère Roger est ce prêtre protestant qui s’est converti au catholicisme et a fondé la communauté de Taizé, sans que je sache ce qu’il a fait en premier. Personne ne le connaissait en personne dans notre groupe, mais nous étions alors au festival saint jean et il y avait encore du monde malgré l’heure tardive. J’ai vu des gens s’effondrer sur place à cette annonce. Pendant que j’essayais de soulager la peine d’un garçon qui priait la vierge Marie en pleurant, d'autres faisaient les imbéciles, ce n'est pas parce qu'on est catholique qu'on est intelligent. Ca peut paraître idiot, mais j’avais peur ce soir là, je savais juste qu’il avait été tué, ni où, ni par qui ni pourquoi. J’ai tout de suite pensé aux attentats ou à un geste islamiste. C’est seulement le lendemain que j’ai appris ce qui s’était passé.
A Cologne, il y avait énormément de monde et des activités pour tout le monde: catéchèse, prière, adoration, concerts, visites... Malheureusement, il était très dur de profiter de tout à cause du monde colossal et du temps que nous passions à attendre dans les transports en commun, dans les trains pour ceux qui ne logeaient pas à Cologne même, devant les stands pour la nourriture qui étaient souvent vides quand au bout de deux heures de patience on arrivait enfin devant le serveur. Je ne vais peut-être pas rentrer dans le détail à Cologne, juste remercier la communauté du chemin neuf pour la belle liturgie qu'ils ont proposée et pour leur choeur. Encore une fois, ce qui était central, c'était l'adoration eucharistique. Les lieux d'adoration étaient tous formidables et c'est vraiment ça que je veux retenir. Il y a eu aussi un chemin de croix dans la ville avec certainement des milliers de personnes, mais en raison du mauvais temps, notre groupe a choisi de le faire à l'écart et à l'abri. Il y a eu aussi tous les discours du pape. Nous n'avons pas tous pu les écouter, mais je vous mettrai en fin de message les liens vers les plus importants. Ils étaient tous très justes à mon avis et j'espère que les jeunes du monde entier les ont écouté avec attention et ont été touchés. N'hésitez pas à les diffuser autour de vous et surtout celui qui demande aux jeunes d'apprendre le CEC parce que l'Eglise meurt de ne pas connaître sa doctrine. C'est très important, nous ne pouvons pas annoncer le Christ ou l'Eglise si nous ne les connaissons ni l'un ni l'autre. Pourtant, le monde en a bien besoin.
Après cinq jours à Cologne, départ pour le marinfeld, un immense champ dans lequel devait se dérouler la messe de clôture. Nous avons mis beaucoup de temps pour y arriver et pour nous placer. Des gens avaient piqué les places les mieux placées sans tenir compte des numéros tant et si bien que nous nous sommes retrouvés tout au fond en raison de notre arrivée tardive. Vous auriez vu cette foule venue pour adorer le Christ, c’est très beau et très émouvant à voir. On comprend ce que veut dire le fait que l’Eglise est aussi une assemblée convoquée par le Seigneur. Ca m’a fait plaisir de voir ça, tout simplement. Avec la pluie des jours précédents, il y avait une sacrée gadoue et il a fallu faire un petit campement. Les scouts nous ont bien aidés à faire un logement de fortune. Nous avons encore subi la pénurie de nourriture et pendant que certains se baffraient, nous n’avions presque rien à manger. Ensuite, il y a eu la veillée de prière avec le pape qui a été un moment très fort pour moi. Le saint Père a prononcé un beau discours que nous écoutions avec la radio pour avoir la traduction. Pour le coup, les chants m’ont paru très acceptables, certains étaient même très beaux. Malheureusement, tout le monde ne l’a pas suivie et il y avait pas mal de gens qui préféraient marcher dans les allées que de prier. Avec quelques personnes du groupe, nous étions avec notre petit livre du pèlerin et nous chantions. A la fin, tous ceux qui avaient pris la peine de suivre cette belle prière se sont retrouvés dans la tente consacrée à l’adoration. Il y avait un monde considérable et je n’ai pas pu retenir mes larmes devant un tel spectacle, des milliers de jeunes à genoux dans un silence édifiant preuve que l’adoration silencieuse des dix jours a quand même porté un peu de fruit. J’y suis resté une grosse demi-heure. Le prêtre qui nous suivait toute la nuit. Ca, ce sont des moments qui marquent, croyez moi. J’espère que ce n’était pas un péché, mais je n’ai pas pu me retenir de prendre une photo tellement c’était touchant.
Le lendemain qui était donc le dernier jour, c’était la messe de clôture. Avant, il y a eu les laudes, mais elles ne ressemblaient guère à celles dont nous avions l’habitude ! De toute façon, vu le rangement à faire, la queue de 20 minutes pour aller aux toilettes pour le pipi du matin, il fallait une grosse volonté pour suivre la prière, surtout qu’en dormant à la belle étoile comme nous avions tous fait, la nuit avait été courte pour beaucoup à mon avis. Enfin, j’ai essayé de le faire. Ensuite, ça a été la messe et on a encore innové dans le mauvais goût. Le texte de la messe était moitié en allemand, moitié en latin. La plupart du temps, la foule répondait dans un mélange des deux langues selon ce qui était écrit sur le livre du pèlerin, ça, ça allait. Les prières d’intercessions étaient vraiment belles et l’homélie du pape aussi à mon avis. Elle a été assez applaudie, malgré une certaine sévérité du propos. Par contre, la musique a été encore une fois d’un total mauvais goût. L’idée était que nous venions de toute la Terre alors qu’il fallait faire un mélange des chants de toute la Terre pour prier ensemble. L’idée ne me semble pas du tout viciée, dans les rues de Cologne, il était si beau d’entendre les chants des croyants du monde entier, ça aurait pu être très beau, j’aime bien entendre les chants en toutes les langues, la façon dont on dit Seigneur aussi, ça m’amuse de voir comment ça sonne dans chaque langue. Dans le métro, c’était agréable d’entendre les prières ainsi. Bon, il y avait aussi ceux qui chantaient des chants pas très sacrés, mais bon… Une autre chose dont je n’ai pas parlé sur Cologne est le matraquage intellectuel dont les catholiques ont été victimes. Publicité des lobbies homosexuels, des lobbies en faveur du préservatif. Prosélytisme de certaines sectes qui distribuaient des tracts. Je crois que les évangéliques ont aussi essayé d’attirer à eux quelques brebis, mais elles ont eu peu de résultat car Cologne est profondément catholique. Pour en revenir à la musique, si l’idée me semblait bonne, elle a été mise en place d’une manière déplorable, on a mélangé le chant grégorien à la musique populaire irlandaise dans le gloria pour un résultat franchement médiocre, pareil avec les chants asiatiques qui à mon avis n’ont même pas plu aux asiatiques car ils ont été européanisés et même parfois popisés si on peut dire. Enfin bon, il n’y a rien à ajouter à part que c’est bien triste. Je savais avant de venir qu’il y aurait ce genre de choses, peut-être pas à ce point, je le reconnais. Ca m’a objectivement gêné par moments et c’était mal venu. Je sais que je suis loin d’être le seul à avoir été gêné dans ma prière par les choix musicaux des organisateurs et je pense qu’il aurait fallu penser en premier à l’utilité spirituelle des fidèles plutôt qu’au côté grand spectacle. La messe est un moment magique pour moi, vraiment un temps privilégié, mais pour monter vers Dieu alors qu’Il vient à nous, je crois qu’il faut un certain calme pendant la liturgie. La messe et la croix, c’est la même chose, je crois qu’au pied de la croix, on aurait joué une autre musique…
Voilà pour le récit de mon expérience à Cologne. Une expérience mitigée donc. Une expérience dont les quelques égarements liturgiques ne me font surtout pas oublier ce qui était bon, mais un pèlerinage dont les bons fruits ne me font pas totalement oublier ce qui était moins bon…