par Valentin » dim. 23 sept. 2018, 12:17
Kerniou, vous écrivez :
Kerniou a écrit : ↑mar. 17 juil. 2018, 18:20
je n'accorde aucune confiance à ce membre actif du parti communiste russe, responsable du KGB qui retourne sa veste ; A quel moment est-il sincère ? Quand ment-il ?
Peu de gens sont capables de répondre à cette question : les proches du président, ses (rares) amis intimes savent ce qui relève de la mise en scène politique et ce qui est le reflet d'une foi sincère.
Pour ma part, je crois qu'il y a un peu des deux chez Poutine. On sent chez cet homme issu d'un milieu très modeste une certaine intégrité, une fidélité à un code de l'honneur acquis dans la rue, au judo, et au cours de sa formation militaire. Certaines choses pour lui sont non-négociables. On a donc là un homme de conviction, ayant conservé un sens du sacré (d'une Réalité supérieure), et qui plus est doté d'une intelligence politique certaine et d'une grande force de caractère : c'est par ces deux derniers éléments surtout, je crois, que Poutine se distingue de nos politiciens professionnels, bureaucrates et autres technocrates occidentaux.
Mais en même temps, il n'a rien fait pour démonter le système oligarchique mafieux qui gangrène la Russie depuis la chute de l'Union soviétique. Il en a certes dégagé quelques uns, comme Khodorkovski ; mais pour les remplacer aussitôt par d'autres, plus dociles.
Il est clair que Poutine dépend d'un système qu'on peut qualifier de féodal : il distribue à ces oligarques, qui sont ses vassaux, des terres, des titres, des revenus gaziers et pétroliers, en échange de leur soutien. Cette clique au pouvoir capte des revenus démentiels (des centaines de milliards d'euros) au dépens évidemment du peuple russe.
(D'un autre côté, la corruption en Russie n'est pas apparue avec Poutine... il n'est que le continuateur d'un système préexistant qui remonte au temps des tsars)
Maintenant, en ce qui concerne la place de l’Église et plus généralement de la Foi orthodoxe en Russie, elle est je crois à double tranchant également, à l'image de Poutine. D'un côté, le soutien affiché du président à l’Église relève d'un calcul politique qu'on peut qualifier de "populiste" (même si je n'aime pas ce terme) ; mais de l'autre côté, l'Orthodoxie fait partie des références idéologiques de Poutine, qui est pourrait-on dire un politique conservateur, tendance "traditionaliste". Je pense donc qu'il utilise vraisemblablement l'Orthodoxie comme un levier politique, mais tout en y étant sincèrement attaché !
Qu'un "chrétien convaincu" serve avec autant de zèle et pendant des années un Etat- parti qui persécute l'Eglise et les fidèles interroge ...
Quand le même homme prône l'appartenance de son pays et la sienne à l'Eglise orthodoxe, des questions se posent ...
La réponse à cette question est assez simple. En fait, elle est indissociable de ce phénomène (pas si) étonnant qu'est la renaissance de l'Orthodoxie en Russie après la chute de l'URSS. On aurait pu croire que 70 ans de communisme éradiqueraient toute trace de christianisme. Mais il n'en est rien. Le peuple russe était paysan à 90 % en 1917, et profondément religieux ; les bolchéviques, les libéraux et autres idéologues qui s'agitaient dans les villes ne représentaient qu'une toute petite partie de la population. C'est d'ailleurs encore le cas aujourd'hui : la collectivisation, l'endoctrinement communiste n'ont pas suffi, en seulement trois générations, à créer l'homme nouveau dont rêvaient les bolchéviques. Séparé du pouvoir bolchévique comme il l'était du pouvoir tsariste (et comme il l'est aujourd'hui du pouvoir poutinien), le peuple russe continue à vivre en quelque sorte "parallèlement" aux structures étatiques. Ce qui implique la transmission de valeurs, de savoirs et d'idées, de père en fils,
indépendamment du régime en place.
Concernant Poutine, il a commencé sa carrière à un moment où les persécutions appartenaient déjà au passé. Il était tout à fait possible dans les années 1970 et 1980 d'être chrétien en Russie, même si c'était difficile ! On peut parler à ce moment-là d'une attitude de "neutralité inamicale" de la part du pouvoir communiste. On ne persécutait pas, tout en gardant une attitude fondamentalement malveillante. Ce que les Soviétiques ne savaient pas, c'est que cet "armistice" portait déjà les germes du renouveau à venir...
Kerniou, vous écrivez :
[quote=Kerniou post_id=385040 time=1531844454 user_id=2719]
je n'accorde aucune confiance à ce membre actif du parti communiste russe, responsable du KGB qui retourne sa veste ; A quel moment est-il sincère ? Quand ment-il ?[/quote]
Peu de gens sont capables de répondre à cette question : les proches du président, ses (rares) amis intimes savent ce qui relève de la mise en scène politique et ce qui est le reflet d'une foi sincère.
Pour ma part, je crois qu'il y a un peu des deux chez Poutine. On sent chez cet homme issu d'un milieu très modeste une certaine intégrité, une fidélité à un code de l'honneur acquis dans la rue, au judo, et au cours de sa formation militaire. Certaines choses pour lui sont non-négociables. On a donc là un homme de conviction, ayant conservé un sens du sacré (d'une Réalité supérieure), et qui plus est doté d'une intelligence politique certaine et d'une grande force de caractère : c'est par ces deux derniers éléments surtout, je crois, que Poutine se distingue de nos politiciens professionnels, bureaucrates et autres technocrates occidentaux.
Mais en même temps, il n'a rien fait pour démonter le système oligarchique mafieux qui gangrène la Russie depuis la chute de l'Union soviétique. Il en a certes dégagé quelques uns, comme Khodorkovski ; mais pour les remplacer aussitôt par d'autres, plus dociles.
Il est clair que Poutine dépend d'un système qu'on peut qualifier de féodal : il distribue à ces oligarques, qui sont ses vassaux, des terres, des titres, des revenus gaziers et pétroliers, en échange de leur soutien. Cette clique au pouvoir capte des revenus démentiels (des centaines de milliards d'euros) au dépens évidemment du peuple russe.
(D'un autre côté, la corruption en Russie n'est pas apparue avec Poutine... il n'est que le continuateur d'un système préexistant qui remonte au temps des tsars)
Maintenant, en ce qui concerne la place de l’Église et plus généralement de la Foi orthodoxe en Russie, elle est je crois à double tranchant également, à l'image de Poutine. D'un côté, le soutien affiché du président à l’Église relève d'un calcul politique qu'on peut qualifier de "populiste" (même si je n'aime pas ce terme) ; mais de l'autre côté, l'Orthodoxie fait partie des références idéologiques de Poutine, qui est pourrait-on dire un politique conservateur, tendance "traditionaliste". Je pense donc qu'il utilise vraisemblablement l'Orthodoxie comme un levier politique, mais tout en y étant sincèrement attaché !
[quote]Qu'un "chrétien convaincu" serve avec autant de zèle et pendant des années un Etat- parti qui persécute l'Eglise et les fidèles interroge ...
Quand le même homme prône l'appartenance de son pays et la sienne à l'Eglise orthodoxe, des questions se posent ... [/quote]
La réponse à cette question est assez simple. En fait, elle est indissociable de ce phénomène (pas si) étonnant qu'est la renaissance de l'Orthodoxie en Russie après la chute de l'URSS. On aurait pu croire que 70 ans de communisme éradiqueraient toute trace de christianisme. Mais il n'en est rien. Le peuple russe était paysan à 90 % en 1917, et profondément religieux ; les bolchéviques, les libéraux et autres idéologues qui s'agitaient dans les villes ne représentaient qu'une toute petite partie de la population. C'est d'ailleurs encore le cas aujourd'hui : la collectivisation, l'endoctrinement communiste n'ont pas suffi, en seulement trois générations, à créer l'homme nouveau dont rêvaient les bolchéviques. Séparé du pouvoir bolchévique comme il l'était du pouvoir tsariste (et comme il l'est aujourd'hui du pouvoir poutinien), le peuple russe continue à vivre en quelque sorte "parallèlement" aux structures étatiques. Ce qui implique la transmission de valeurs, de savoirs et d'idées, de père en fils, [i][u]indépendamment du régime en place[/u][/i].
Concernant Poutine, il a commencé sa carrière à un moment où les persécutions appartenaient déjà au passé. Il était tout à fait possible dans les années 1970 et 1980 d'être chrétien en Russie, même si c'était difficile ! On peut parler à ce moment-là d'une attitude de "neutralité inamicale" de la part du pouvoir communiste. On ne persécutait pas, tout en gardant une attitude fondamentalement malveillante. Ce que les Soviétiques ne savaient pas, c'est que cet "armistice" portait déjà les germes du renouveau à venir...