par Cinci » ven. 06 avr. 2018, 16:12
Suliko a écrit :
A la lecture de ces deux phrases, j'ai tout simplement fait un bond sur ma chaise ! Ah bon ? Pas de crise de la foi dans le clergé, y compris les évêques ? Alors expliquez-moi pourquoi ces derniers ne font rien contre, au hasard : [...]
Bonjour Suliko,
Merci de réagir même avec retard.
Si je me souviens bien, je pense avoir écrit cette phrase en songeant à une hypothétique révolte ouverte et franche du clergé contre des articles fondamentaux du credo. C'est dans ce sens-là que je n'y voyais pas de "grave crise doctrinale" dans notre Église. On ne voit pas la moitié des évêques, par exemple, protester contre le dogme de la Trinité ou réfuter le dogme de l'Immaculée conception. Et si Rome tient bon dans sa volonté de conserver le célibat des prêtres ou de réserver le sacerdoce aux hommes, on ne verra pas non plus une vague d'évèques préférant démissionner plutôt que d'obéir et de se ranger.
Le mouvement de protestation traditionaliste se limite toujours qu'à un très petit nombre d'individus par surcroît. Et j'ajoute que cette grogne traditionaliste est également un phénomène purement régional et non pas universel. L'Église de Pologne n'éprouve aucun problème avec de soi-disant "tradis", l'Église catholique des États-Unis se porte très bien et ne subit aucun préjudice du fait d'une révolte traditionaliste, les traditionalistes comptent pour zéro au Canada, l'Église catholique prospère en Afrique, il fait beaucoup meilleur d'être catholique en Angleterre aujourd'hui qu'il y a cent ans, etc.
Je dis qu'il n'y a pas de grave crise doctrinale du genre à paralyser ou perturber sérieusement le fonctionnement de l'Église à l'échelle internationale.
Mais ...
Je n'ai pas dit que, dans nos pays riches occidentaux, la foi chrétienne ne se refroidirait pas, ne faiblirait pas ou qu'il n'y aurait pas de moins en moins de fidèles. Non, c'est sûr ! Le diagnostic est incontournable : nous sommes bien dans l'ère post-chrétienne et à l'heure du développement d'une résistance immuno-divine. Ça, c'est le fait du grand public et celui de la masse des intelligents. C'est la culture occidentale d'aujourd'hui qui achève de divorcer d'avec le christianisme.
L'Église catholique se retrouve comme à devoir naviguer dans un tel contexte. Et alors l'incrédulité de 90% de la population à l'égard de certaines choses (l'enfer, le jeûne, la confession, la Présence réelle, etc.) qui font partie de l'enseignement de l'Église exerce un effet démobilisateur sur beaucoup de membres de l'Église; clergé compris.
L'incrédulité de la masse c'est ce que Claude Pollin appelait la "persécution de coton". Une persécution qui ne dit pas son nom, inconsciente à la limite, qui s'exerce au nom de la vertu et dans un cadre de tolérance, et où les souffrances sont surtout infligés à l'amour-propre du fidèle. Ce dernier risque juste de passer pour un zozo, un dadais, un grand naïf ou un idiot. C'est l'exposition à la moquerie, à la bouderie, au dédain ...
Le souci d'éviter la persécution de coton et son inconfort entraîne juste un malaise pour les intéressés, le souci de faire profil bas, de se faire discret. Le croyant peut en venir à ne plus croire lui-même en l'enfer et tout. Sauf que cette incroyance discrète ne va pas se traduire par un affrontement doctrinal dans l'Église. Par "affrontement doctrinal" pensez au schisme qui s'est produit chez les Anglicans à propos du "droit" d'ordonner des pasteurs féminins/féministes, homosexuelles, etc. L'Église catholique n'en est pas arrivé au point où la moitié des évêques à Rome défierait ouvertement le Pape à propos de semblables questions et sur des points plus importants encore.
[quote][b]Suliko a écrit :[/b]
A la lecture de ces deux phrases, j'ai tout simplement fait un bond sur ma chaise ! Ah bon ? Pas de crise de la foi dans le clergé, y compris les évêques ? Alors expliquez-moi pourquoi ces derniers ne font rien contre, au hasard : [...]
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Bonjour Suliko,
Merci de réagir même avec retard.
Si je me souviens bien, je pense avoir écrit cette phrase en songeant à une hypothétique révolte ouverte et franche du clergé contre des articles fondamentaux du credo. C'est dans ce sens-là que je n'y voyais pas de "grave crise doctrinale" dans notre Église. On ne voit pas la moitié des évêques, par exemple, protester contre le dogme de la Trinité ou réfuter le dogme de l'Immaculée conception. Et si Rome tient bon dans sa volonté de conserver le célibat des prêtres ou de réserver le sacerdoce aux hommes, on ne verra pas non plus une vague d'évèques préférant démissionner plutôt que d'obéir et de se ranger.
Le mouvement de protestation traditionaliste se limite toujours qu'à un très petit nombre d'individus par surcroît. Et j'ajoute que cette grogne traditionaliste est également un phénomène purement régional et non pas universel. L'Église de Pologne n'éprouve aucun problème avec de soi-disant "tradis", l'Église catholique des États-Unis se porte très bien et ne subit aucun préjudice du fait d'une révolte traditionaliste, les traditionalistes comptent pour zéro au Canada, l'Église catholique prospère en Afrique, il fait beaucoup meilleur d'être catholique en Angleterre aujourd'hui qu'il y a cent ans, etc.
Je dis qu'il n'y a pas de grave crise doctrinale du genre à paralyser ou perturber sérieusement le fonctionnement de l'Église à l'échelle internationale.
Mais ...
Je n'ai pas dit que, dans nos pays riches occidentaux, la foi chrétienne ne se refroidirait pas, ne faiblirait pas ou qu'il n'y aurait pas de moins en moins de fidèles. Non, c'est sûr ! Le diagnostic est incontournable : nous sommes bien dans l'ère post-chrétienne et à l'heure du développement d'une résistance immuno-divine. Ça, c'est le fait du grand public et celui de la masse des intelligents. C'est la culture occidentale d'aujourd'hui qui achève de divorcer d'avec le christianisme.
L'Église catholique se retrouve comme à devoir naviguer dans un tel contexte. Et alors l'incrédulité de 90% de la population à l'égard de certaines choses (l'enfer, le jeûne, la confession, la Présence réelle, etc.) qui font partie de l'enseignement de l'Église exerce un effet démobilisateur sur beaucoup de membres de l'Église; clergé compris.
L'incrédulité de la masse c'est ce que Claude Pollin appelait la "persécution de coton". Une persécution qui ne dit pas son nom, inconsciente à la limite, qui s'exerce au nom de la vertu et dans un cadre de tolérance, et où les souffrances sont surtout infligés à l'amour-propre du fidèle. Ce dernier risque juste de passer pour un zozo, un dadais, un grand naïf ou un idiot. C'est l'exposition à la moquerie, à la bouderie, au dédain ...
Le souci d'éviter la persécution de coton et son inconfort entraîne juste un malaise pour les intéressés, le souci de faire profil bas, de se faire discret. Le croyant peut en venir à ne plus croire lui-même en l'enfer et tout. Sauf que cette incroyance discrète ne va pas se traduire par un affrontement doctrinal dans l'Église. Par "affrontement doctrinal" pensez au schisme qui s'est produit chez les Anglicans à propos du "droit" d'ordonner des pasteurs féminins/féministes, homosexuelles, etc. L'Église catholique n'en est pas arrivé au point où la moitié des évêques à Rome défierait ouvertement le Pape à propos de semblables questions et sur des points plus importants encore.