29.06.2010
USA : la Cour suprême déclare la guerre au Vatican
afp091007coursupremecroixmanif8[1].jpgMystère d'iniquité ! Le crime des prêtres pédophiles devient l'arme de l'Occident contre l'Eglise catholique :
À son horreur propre (humaine et métaphysique), le crime des prêtres pédophiles ajoute ceci : être l'arme de la société d'aujourd'hui contre l'Eglise catholique, sur le plan financier, juridique et même géopolitique.
La semaine dernière, la Belgique bourgeoise s'en prenait à ses évêques (et au nonce du pape) avec des méthodes dignes de la police vietnamienne. Objectif : présenter tout évêque comme suspect par définition, et l'Eglise comme une « association de malfaiteurs » (sic).
Hier, aux Etats-Unis, la Cour suprême a ouvert la porte à la prétention du cabinet d'avocats Anderson qui veut prendre des millions de dollars au Vatican, considérant l'Etat pontifical, non comme un Etat (immunisé contre les poursuites judiciaires), mais comme « l'employeur » des prêtres pédophiles.
Anderson ne cache pas son objectif : ruiner l'Eglise romaine et la faire ainsi disparaître. C'est une question de conviction et de conscience, précise l'avocat, qui se réclame d'un néoprotestantisme hostile à la Prostituée de Babylone. Au passage, il y trouverait le moyen de devenir encore plus multimilliardaire. (Il l'est déjà, grâce aux affaires de pédophilie).
A-t-il une chance de parvenir à ses fins judiciaires ? Oui, quand on connaît les raisonnements de la justice américaine.
Oui aussi, quand on connaît l'idéologie occidentale. Pour l'ultralibéralisme, une Eglise n'est qu'une entreprise religieuse privée, elle ne saurait être un Etat (d'ailleurs les Etats eux-mêmes ne sont que des bugs perturbant le libre-échange). Si l'Eglise n'est qu'une multinationale, son PDG est civilement responsable des conséquences de la pédophilie de certains prêtres, comme le PDG de BP est civilement responsable de la pollution du golfe du Mexique. Voilà le raisonnement libéral, et je me demande une fois de plus comment on peut se vouloir libéral et catholique.
Je signale aussi qu'Obama a tenté de dissuader la Cour suprême de rendre cet arrêt [1]. Il n'a pas été entendu par les neuf juges, dont la majorité furent nommés par Reagan, Ford et Bush [1]. La Cour suprême est ultralibérale. Elle a suivi son tropisme : à bas tous les Etats, et a fortiori à bas le Vatican qui est n'est même pas un Etat véritable.
Que va-t-il se passer maintenant ? Dieu le sait. Peut-être Anderson aura-t-il gain de cause. Peut-être un juge calviniste approuvé par la Cour suprême, saisira-t-il l'occasion de réussir ce dont John Knox avait rêvé : ruiner « Rome », et cela au moment où l'Eglise catholique (en grande difficulté financière) lutte pour se réorganiser et évangéliser l'Occident matérialiste mercantile.
Obstacle à l'évangélisation au XXIe siècle, la monstruosité de la pédophilie de prêtres et la coupable inertie d'évêques (notamment aux USA) prennent une envergure historique. Mystère d'iniquité.
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[1] Saisie par le Saint-Siège, la Cour suprême avait demandé l'avis de l'administration Obama quant à l'opportunité ou non de lever l'immunité du Vatican. L'administration avait alors demandé (printemps 2010) à la Cour suprême de statuer que le Vatican disposait de l'immunité dans cette affaire, et que ses hauts responsables, y compris le pape, ne pouvaient être interrogés.
[2] Six juges nommés par Reagan, Ford et Bush : John G. Roberts, John P. Stevens, Antonin Scalia, Anthony Kennedy, Clarence Thomas, Samuel Alito. Trois juges nommés par Clinton et Obama : Ruth Bader Ginsburg, Stephen Breyer, Sonia Sotomayor.
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Source : blog Patrice de Plunket (jounaliste)