Bonjour,
J'ai pensé qu'Il serait bon de remonter ce fil.
C'est une affirmation de p. cristian lu dans un fil qui m'a rappelé soudainement l'existence de ce fil, ainsi que le livre de René Guitton,
Ces chrétiens qu'on assassine. J'avais acheté ce bouquin suite à une rencontre avec Massimo Introvigne lors d'une journée complète de conférences organisée par l'Aide à l'Église en détresse. Il y avait là des chrétiens de Syrie qui témoignait un peu de leur vécu dans le contexte de la guerre civile, les menaces, les vexations et tout.
La déclaration :
Je vous vois glosser à longueur de pages sur la nature de l'Islam. Je pense que ce n'est pas du tout la question. Nous sommes en face d'une idéologie mortifère qui se réclame de l'Islam et qui, comme un cancer, fait des émules chez nos propres concitoyens.
Je n'aime pas parler du "padamalgame", car le seul fait d'en parler suppose qu'un rapprochement est possible entre cette religion (avec toutes ses variantes) et les crimes abominables qui sont commis en son nom. Pour moi il n'y en a aucun.
Tiré du fil sur l'assassinat d'un prêtre français dans une église normande, p. 9, le 29 juillet 2016
Je suis toujours estomaqué que l'on puisse affirmer sans broncher l'absence totale de rapport entre la religion et le comportement des musulmans par rapport aux chrétiens. Si ce rapport est inexistant, alors les musulmans se convertissant au christianisme ne changeraient probablement pas de comportement non plus à l'égard de leurs nouveaux frères. La religion compterait pour rien. Est-ce bien sûr?
Le Pakistan ...
Dans cette zone de passage de la vallée de l'Indus, on cultive soigneusement l'identité musulmane de cette république islamique. Certes, ici comme ailleurs, la Constitution garantit la liberté de conscience et de culte, ainsi que la faculté, pour les religions non musulmanes, de disposer de structures propres et officiellement reconnues par les pouvoirs publics. Mais d'autres articles atténuent singulièrement ces dispositions libérales, rappellent que l'islam est le fondement de la législation pakistanaise et que tous les citoyens sont tenus de vivre selon ses principes.
Les membres de ces minorités religieuses sont traités comme des citoyens de seconde zone, et se voient contraints de souscrire à des principes contraires à leurs convictions.
A cette première forme de discrimination officielle s'en ajoute une autre : l'existence d'une loi antiblasphème visant les atteintes à l'islam et qui constitue une véritable arme de guerre contre les chrétiens. Cette loi de 1988 stipule que toute personne soupçonnée de blasphème contre la religion musulmane peut être emprisonnée sur le simple témoignage d'un citoyen. Le texte est à dessein très flou, et donc utilisé de manière aléatoire par les magistrats. Ils peuvent donc juger tous ceux qui, par des paroles et par des écrits, des gestes ou des représentations visibles, avec des insinuations directes ou indirectes, insultent le nom sacré du Prophète. Et, en cas de blasphème contre le Prophète, cette loi prévoit la peine capitale.
Le texte s'applique indistinctement à tous les citoyens, quelle que soit sa religion. Une simple querelle entre voisins, ou un différent commercial, peut virer au cauchemar si le protagoniste musulman prétend que son interlocuteur a attaqué l'islam en terme injurieux. Les tribunaux pakistanais sont connus pour systématiquement apporter crédit aux accusations les plus fantaisistes portées à leur connaissance.
En avril 2001, le directeur chrétien d'une école supérieure privée fut arrêté au motif qu'il aurait tenu des propos blasphématoires contre le Prophète. En fait son accusateur était l'un de ses concurrents, furieux du succès rencontré par l'établissement de l'accusé. En 2004, un chrétien décéda à l'hôpital de Lahore où il avait été transféré depuis la prison de la ville. Il y croupissait depuis des mois. Son crime? Le bibliothécaire d'une mosquée voisine de son domicile affirmait qu'il avait déversé des ordures sur une dalle de marbre ornée des versets du Coran. De tels exemples sont légions.
En 2005, un chrétien fut arrêté à la suite d'un différent financier avec un voisin musulman. Ayant obtenu gain de cause à la surprise générale, il ne put savourer sa modeste victoire. Le bruit commença à circuler dans son voisinage qu'il avait brûlé des pages du Coran. Plusieurs centaines d'extrémistes musulmans envahirent alors les rues du village, molestant les chrétiens et incendiant les maisons. L'infortuné réussit à prendre la fuite cependant que ses deux frères étaient arrêtés et torturés. Cette loi antiblasphème a suscité bien des drames. En 1998, Mgr Joseph, évêque de Faisalabad, désespéré par l'iniquité des jugements portés contre les chrétiens, se tira une balle dans la tête devant le tribunal qui, un mois auparavant, avait condamné à mort pour blasphème un de ses coreligionnaires.
Après la publication, en avril 2003, d'un rapport de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, recommandant au Pakistan d'abolir les mesures discriminatoires à l'encontre des chrétiens, les Églises locales ont repris leur combat en faveur d'une abrogation de la loi antiblasphème [...]
Dans un premier temps, le président Moucharraf a fait savoir qu'il était favorable à une modification, voire à une abrogation de la loi. En fait, le secrétaire d'État aux minorités dissipa vite les illusions. Recevant des représentants des communautés chrétiennnes et hindouistes, il leur expliqua que les conditions n'étaient pas réunies pour envisager une abrogation pure et simple du texte. L'opinion publique pakistanaise ne l'aurait pas compris. Cela nécessitait une concertation entre toutes les parties intéressées. La réflexion est toujours à l'étude ...
Depuis, rien n'a changé. Et la loi antiblasphème est toujours utilisée contre les chrétiens. Le successeur de Mgr Joseph, Mgr Coutts de Faisalabad, que je rencontrai à Rome en 2010, me répétait la longue litanie des malheurs et attaques dont les chrétiens du Pakistan sont victimes et combien leur avenir est chaque jour plus menacé. Les dérives de la loi antiblasphème autorise tous les excès de moins en moins condamnés par la police, quand les agresseurs ne jugent pas eux-mêmes, selon leur propre instinct, donnant ainsi sur-le-champ, la mort aux prétendus blasphémateurs.
[...]
Il faut sans doute être "fou" pour être chrétien au Pakistan! L'hypothèse d'une folie chrétienne a d'ailleurs été inventée en Afghanisan voisin, dans une affaire singulière : la conversion au christianisme d'un Afghan. Vivant dans un camp de réfugiés au Pakistan, Abdul Rhaman s'était converti au christianisme, avant de séjourner pendant neuf ans en Allemagne. Revenu en Afghanistan en 2002, il fut arrêté quatre ans plus tard, à la suite d'une dénonciation de sa femme et ses deux filles. Elles témoignèrent qu'il avait renié l'islam. Condamné à mort, il fut gracié par le président Hamid Karzaï, à la demande du pape Benoit XVI,
Mais, soucieux de ne pas mécontenter les dignitaires religieux musulmans, Hamid Karzaï crut bon de devoir ajouter pour justifier son geste : "L'homme souffre de désordres psychologiques graves, déclara-t-il, ce qui explique sa conversion au christianisme." Le "fou" fut libéré et vit depuis en Italie.
Irak
La chute de Saddam Hussein s'est traduite par une aggravation sans précédent de la situation des chrétiens d'Irak. [...] à partir de mars 2003, et en quelques années, leur nombre a diminué de moitié, passant de 800 000 à 400 000, et tout laisse penser que cet exode n'en est qu'à ses débuts. Pourtant, au même titre que leurs concitoyens musulmans, les chrétiens auraient eu de quoi se réjouir de la fin de la dictature sanglante. A tout le moins, pouvaient-ils espérer que la levée de l'embargo imposé par la communauté internationale leur permettrait de connaître une amélioration de leurs conditions de vie.
Marginalisés au sein du nouvel Irak [...] les chrétiens se sont repliés dans des quartiers où leurs institutions sont protégées par des miliciens chrétiens armés. Cela n'a pas ralenti la fuite massive des habitants chrétiens de Bagdad [...] Depuis 2004, les violences antichrétiennes visant les chrétiens en tant que groupe sont innombrables.
C'est dire l'ampleur d'un phénomène qui suscite l'embarras chaque fois que l'on tente de l'aborder en public avec des chrétiens irakiens. Questionner les chrétiens à ce sujet, c'est remuer un couteau dans une plaie à vif. Il leur est pénible de reconnaître qu'ils n'ont plus d'avenir sur la terre de leurs ancêtres où leurs familles vivaient déjà, bien avant l'arrivée de l'islam.
Et combien d'autres meurtres, persécutions, conversions forcées à l'islam sous la menace d'égorgement? Combien d'échanges entre la mort ou la vie, conditionnés au don d'une fille ou d'une soeur en épouse à un musulman?
Turquie
Fortement critiqué pour son attitude discriminatoire en matière de gestion de biens immobiliers des cultes non musulmans, le régime turc a adopté le 28 février 2008, une nouvelle loi d'Inspiration plus libérale afin de satisfaire aux exigences formulés par l'Union européenne. Désormais les fondations gérant les biens des cultes non musulmans peuvent recevoir des donations et procéder à l'achat de nouvelles propriétés.
Le Vatican s'est félicité de l'adoption de cette nouvelle loi, confirmant le spectaculaire rapprochement opéré entre le Saint-Siège et le régime d'Ankara depuis la visite pastorale en novembre 2006, de Benoit XVI. L'on a assisté à un flot de déclarations montrant que le Vatican était favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.
Une attitude encouragée par le cardinal Sergio Sebastiani, président de la Congrégation pour les affaires économiques du Saint-Siège et ancien nonce à Ankara. Il s'est félicité de la victoire de l'AKP aux élections législatives et a demandé à la Commission de Bruxelles de prêter une grande attention aux progrès que la Turquie est en train d'accomplir sur le chemin d'une pleine démocratisation, en particulier sur la question des droits de l'homme, y compris la liberté religieuse.
Si les voies de la diplomatie vaticane sont impénétrables, on peut néanmoins décrypter certains objectifs. Rome souhaite utiliser sa position pour contribuer à l'amélioration du sort des chrétiens de Turquie, une amélioration qui relève du voeu pieux. L'on voit mal comment l'adoption de quelques mesures législatives pourraient contribuer à redynamiser des groupes touchés de plein fouet par l'émigration massive de leurs membres, par leur acculturation du fait de la politique assimilatrice encouragée par le régime, et par la victoire triomphante d'un islamisme plus radical, qui fait tache d'huile dans la région et dans le reste du monde.
Source : René Guitton, Ces chrétiens qu'on assassine