par VexillumRegis » sam. 25 juin 2005, 15:09
[align=justify]Bonjour Christian,
Christian a écrit :Je ne la connaissais pas. Se peut-il que le Père ait sacrifié Son Fils et que ce prix ne soit pas suffisant ? Le Rédempteur ne le serait qu’à moitié ? Vous m’ouvrez là une perspective assez vertigineuse.
Colossiens I, 24 : "
Maintenant je suis plein de joie dans mes souffrances pour vous, et ce qui manque aux souffrances du Christ en ma propre chair, je l'achève pour son corps, qui est l'Eglise."
Il est vrai que ce verset peut prêter à confusion. J'ai trouvé deux commentaires qui, à mon avis, l'éclairent bien et dissipent toute ambiguïté.
S. Thomas d'Aquin,
Commentaire de la lettre de saint Paul aux Colossiens :
Un autre fruit de ces labeurs est que ce qui manque aux souffrances du Christ, je l’achève en ma propre chair pour son corps qui est l'Église. Ces paroles, entendues superficiellement, pourraient recevoir ce mauvais sens que la Passion du Christ ne suffirait pas pour la rédemption et qu’il a fallu la compléter par les souffrances des saints. Ce serait hérétique : le sang du Christ suffit au salut même d’un grand nombre de mondes. Il est lui-même une victime de propitiation pour nos péchés, dit saint Jean, non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier (I Jean, X 2). Il faut comprendre la pensée de l’Apôtre : le Christ, et l’Eglise forment une seule personne mystique, dont la tête est le Christ, et le corps tous les justes. Chacun des justes est comme un membre pour ce chef. Vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part (I Corinthiens XII, 27). Dieu donc a déterminé, dans son décret de prédestination, la somme de mérites que doit acquérir l’Eglise entière, chefs et membres; de même qu’il a prédestiné le nombre des élus. Les souffrances des saints martyrs sont parmi les principaux de ces mérites, Les mérites de la tête, le Christ, sont infinis; mais les saints apportent une portion limitée, chacun selon sa mesure. Ainsi s’expliquent les paroles de l’Apôtre ce qui manque à la Passion du Christ, c’est-à-dire de l’Eglise entière dont le Christ est la tête, je l’achève, j’ajoute ma mesure, dans ma chair, en souffrant moi-même, ou encore en passant par les souffrances qui manquent à ma chair. Il manquait au Christ, comme il avait souffert dans son propre corps, de souffrir en Paul, l’un de ses membres, et en tous les autres... je l’achève pour son corps l’Église qui devait être rachetée par le Christ. Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier, après l’avoir purifiée dans l’eau baptismale, avec la parole, pour la faire paraître devant lui, cette Eglise, glorieuse, sans tache, sans ride, ni rien de semblable, mais sainte et immaculée (Ephésiens V, 26). Tous les saints souffrent ainsi pour l’Eglise qui reçoit de leur vie une nouvelle force. La Glose fait ce commentaire : il manque des souffrances parce que le trésor de l’Église n’est pas encore plein; il ne le sera qu’à la fin des temps. Ce trésor, c’est comme un vase ou une maison où l’on accumule les richesses.[/align]
[align=center]____________________[/align]
[align=justify]Annotations d'une traduction de la Septante disponibles
ici :
1° que signifient ici les afflictions de Christ ? Par ses souffrances, Christ a vaincu le péché, le monde, la mort ; par ses souffrances, il a été consommé, il a atteint la perfection (Hébreux 2.10 ; 5.9) pour lui-même, comme homme, et pour tous ses rachetés, auxquels il a frayé le chemin de la gloire.
Maintenant ceux-ci le suivent dans la voie où il a marché ; (Romains 8.17 ; 2Corinthiens 1.5) mais cette communion de ses souffrances (Philippiens 3.10) n'est plus une imitation extérieure ; il demeure, et vit en eux ; ils sont son corps, dont il est la tête ; et comme son Esprit lutte, prie, soupire, s'attriste en eux, (Romains 8.25,26 ; Ephésiens 4.30) lui-même souffre en son corps qui est sur la terre, il est persécuté dans ses membres ; (Actes 9.4,5) ceux-ci portent son opprobre ; (Hébreux 11.26) ils sont participants de l'affliction et de la patience du Christ (Apocalypse 1.9) ; bien plus, ils sont faits une même plante avec lui dans sa mort, ils meurent avec lui (Romains 6.5-8 ; 2 Corinthiens 5.14,15) , ils portent toujours, partout, en leur corps la mort du Seigneur Jésus. (2 Corinthiens 4.10) Ainsi les souffrances des fidèles sont bien les afflictions de Christ, mais ses afflictions dans son corps, qui est l'Eglise.
Dans ce sens, mais dans ce sens seul, il reste, il manque aux afflictions de Christ quelque chose qui peut être accompli, achevé ; c'est tout ce que l'Eglise doit souffrir jusqu'à ce qu'elle soit consommée avec son Chef : et voilà les souffrances auxquelles Paul eut, durant tout son ministère, une si large part. (1 Corinthiens 4.9 et suivants) Mais :
2° comment un chrétien peut-il souffrir pour l'Eglise ou pour le corps de Christ ? Cela ne signifie point qu'il souffre à sa place, dans un sens d'expiation ; car Christ, et Christ seul a tout accompli ; nul ne peut racheter son frère de la mort. Mais il n'en est pas moins vrai que les souffrances, les renoncements, les victoires de chaque membre de l'Eglise contribuent puissamment au bien de tout le corps, par la communion qui existe entre les membres. Quel affermissement pour la foi de tous dans la constance d'un seul martyr ! Les triomphes que ces généreux confesseurs ont remportés en défendant la vérité profitent encore à l'Eglise après des siècles. Il en est de même de l'influence bénie du membre le plus obscur de l'Eglise, souffrant en vrai chrétien. Combien plus de l'œuvre d'un saint Paul ! (Comparer 2 Corinthiens 1.6, note.)
Aussi comprenons-nous qu'il se réjouisse de ses souffrances pour ses frères, d'abord parce qu'il aimait ces frères, et ensuite parce qu'il avait le sentiment qu'il souffrait avec son Sauveur, portant les afflictions de Christ, lui étant rendu semblable.
Le CEC explique très brièvement ce verset aux paragraphes 307, 618 et 1508.
En espérant vous avoir été utile...
Fraternellement en Jésus-Christ,
- VR -[/align]
[align=justify]Bonjour Christian,
[quote="Christian"]Je ne la connaissais pas. Se peut-il que le Père ait sacrifié Son Fils et que ce prix ne soit pas suffisant ? Le Rédempteur ne le serait qu’à moitié ? Vous m’ouvrez là une perspective assez vertigineuse.[/quote]
[b]Colossiens I, 24[/b] : "[color=darkblue][b]Maintenant je suis plein de joie dans mes souffrances pour vous, et ce qui manque aux souffrances du Christ en ma propre chair, je l'achève pour son corps, qui est l'Eglise[/b][/color]."
Il est vrai que ce verset peut prêter à confusion. J'ai trouvé deux commentaires qui, à mon avis, l'éclairent bien et dissipent toute ambiguïté.
[b]S. Thomas d'Aquin[/b], [url=http://www.jesusmarie.com/thomas_d_aquin_commentaire_lettre_colossiens.html][color=red][b]Commentaire de la lettre de saint Paul aux Colossiens[/b][/color][/url] :
[color=darkblue]Un autre fruit de ces labeurs est que ce qui manque aux souffrances du Christ, je l’achève en ma propre chair pour son corps qui est l'Église. [u]Ces paroles, entendues superficiellement, pourraient recevoir ce mauvais sens que la Passion du Christ ne suffirait pas pour la rédemption et qu’il a fallu la compléter par les souffrances des saints. Ce serait hérétique : le sang du Christ suffit au salut même d’un grand nombre de mondes[/u]. [i]Il est lui-même une victime de propitiation pour nos péchés, dit saint Jean, non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier[/i] [b](I Jean, X 2)[/b]. Il faut comprendre la pensée de l’Apôtre : le Christ, et l’Eglise forment une seule personne mystique, dont la tête est le Christ, et le corps tous les justes. Chacun des justes est comme un membre pour ce chef. [i]Vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part[/i] [b](I Corinthiens XII, 27)[/b]. Dieu donc a déterminé, dans son décret de prédestination, la somme de mérites que doit acquérir l’Eglise entière, chefs et membres; de même qu’il a prédestiné le nombre des élus. Les souffrances des saints martyrs sont parmi les principaux de ces mérites, Les mérites de la tête, le Christ, sont infinis; mais les saints apportent une portion limitée, chacun selon sa mesure. Ainsi s’expliquent les paroles de l’Apôtre ce qui manque à la Passion du Christ, c’est-à-dire de l’Eglise entière dont le Christ est la tête, je l’achève, j’ajoute ma mesure, dans ma chair, en souffrant moi-même, ou encore en passant par les souffrances qui manquent à ma chair. Il manquait au Christ, comme il avait souffert dans son propre corps, de souffrir en Paul, l’un de ses membres, et en tous les autres... je l’achève pour son corps l’Église qui devait être rachetée par le Christ. [i]Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier, après l’avoir purifiée dans l’eau baptismale, avec la parole, pour la faire paraître devant lui, cette Eglise, glorieuse, sans tache, sans ride, ni rien de semblable, mais sainte et immaculée[/i] [b](Ephésiens V, 26)[/b]. Tous les saints souffrent ainsi pour l’Eglise qui reçoit de leur vie une nouvelle force. La Glose fait ce commentaire : il manque des souffrances parce que le trésor de l’Église n’est pas encore plein; il ne le sera qu’à la fin des temps. Ce trésor, c’est comme un vase ou une maison où l’on accumule les richesses.[/color][/align]
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[align=justify]Annotations d'une traduction de la Septante disponibles [url=http://epelorient.free.fr/nta/Colossiens/Colossiens_nta_3.html][color=red][b]ici[/b][/color][/url] :
[color=darkblue][b]1°[/b] que signifient ici les afflictions de Christ ? Par ses souffrances, Christ a vaincu le péché, le monde, la mort ; par ses souffrances, [i]il a été consommé[/i], il a atteint la perfection [b](Hébreux 2.10 ; 5.9)[/b] pour lui-même, comme homme, et pour tous ses rachetés, auxquels il a frayé le chemin de la gloire.
Maintenant ceux-ci le suivent dans la voie où il a marché ; [b](Romains 8.17 ; 2Corinthiens 1.5)[/b] mais cette [i]communion de ses souffrances[/i] [b](Philippiens 3.10)[/b] n'est plus une imitation extérieure ; il demeure, et vit en eux ; ils sont son corps, dont il est la tête ; et comme son Esprit lutte, prie, soupire, s'attriste en eux, [b](Romains 8.25,26 ; Ephésiens 4.30)[/b] lui-même souffre en son corps qui est sur la terre, il est persécuté dans ses membres ; [b](Actes 9.4,5)[/b] ceux-ci portent son opprobre ; [b](Hébreux 11.26)[/b] ils sont [i]participants de l'affliction et de la patience du Christ[/i] [b](Apocalypse 1.9)[/b] ; bien plus, [i]ils sont faits une même plante avec lui dans sa mort, ils meurent avec lui [/i] [b](Romains 6.5-8 ; 2 Corinthiens 5.14,15)[/b] , ils [i]portent toujours, partout, en leur corps la mort du Seigneur Jésus[/i]. [b](2 Corinthiens 4.10)[/b] Ainsi les souffrances des fidèles sont bien les afflictions de Christ, mais ses afflictions dans son corps, qui est l'Eglise.
Dans ce sens, mais dans ce sens seul, il reste, il manque aux afflictions de Christ quelque chose qui peut être accompli, achevé ; c'est tout ce que l'Eglise doit souffrir jusqu'à ce qu'elle soit consommée avec son Chef : et voilà les souffrances auxquelles Paul eut, durant tout son ministère, une si large part. [b](1 Corinthiens 4.9 et suivants)[/b] Mais :
[b]2°[/b] comment un chrétien peut-il souffrir pour l'Eglise ou pour le corps de Christ ? [u]Cela ne signifie point qu'il souffre à sa place, dans un sens d'expiation ; car Christ, et Christ seul a tout accompli ; nul ne peut racheter son frère de la mort[/u]. Mais il n'en est pas moins vrai que les souffrances, les renoncements, les victoires de chaque membre de l'Eglise contribuent puissamment au bien de tout le corps, par la communion qui existe entre les membres. Quel affermissement pour la foi de tous dans la constance d'un seul martyr ! Les triomphes que ces généreux confesseurs ont remportés en défendant la vérité profitent encore à l'Eglise après des siècles. Il en est de même de l'influence bénie du membre le plus obscur de l'Eglise, souffrant en vrai chrétien. Combien plus de l'œuvre d'un saint Paul ! [b](Comparer 2 Corinthiens 1.6, note.)[/b]
Aussi comprenons-nous qu'il se réjouisse de ses souffrances pour ses frères, d'abord parce qu'il aimait ces frères, et ensuite parce qu'il avait le sentiment qu'il souffrait avec son Sauveur, portant [i]les afflictions de Christ[/i], lui étant rendu semblable.[/color]
Le CEC explique très brièvement ce verset aux paragraphes 307, 618 et 1508.
En espérant vous avoir été utile...
Fraternellement en Jésus-Christ,
- VR -[/align]