par Sapin » mar. 22 avr. 2008, 4:53
Voici, et de manière assez succincte, le contenu de l'enseignement du magistère sur la nécessité d'appartenir à l'Église pour avoir le Salut. On semble reconnaître qu'il y a possibilité d'autres voies, mais on ne dit rien sur la forme et l'interprétation.
De la nécessité d’appartenir à l’Église
L’appartenance à l’Église est pour tous les hommes d’une nécessité de salut. De Fide.
Alors, ceci étant dit, voici maintenant le développement :
Le 4e concile du Latran (1215 a défini, dans le Caput Firmiter : «Il n’y a pa qu’une seule Église, L’Église universelle des fidèles, hors de laquelle absolument personne ne peut être sauvé» (extra quam nullus omnino salvatur) (D 430). Le concile de Florence (D 714) a enseigné la même doctrine, ainsi que les papes Innocent III (D 423), boniface VIII, dans la bulle Unam sanctam (D 468), Clément VI (D570 b), Benoît XIV (D 1473), Pie IX (D 1647, 1677), Léon XIII (D1955), Pie XII, dans l’encyclique Mystici Corporis (D 2286, 2288). Pie IX a déclaré, contre l’indifférentisme religieux moderne : «Tenendum quippe ex fide est, extra apostolicam Romanam Ecclesiam salvum fieri neminem posse, hanc esse unicam salutis arcam, hanc qui non fuerit ingressus, diluvio periturum; sed tamen pro certo pariter habendum est, qui verae regionis ignorantia laborent, si ea sit invincibilis, nulla ipsos obstringi hujusce rei culpa ante oculos Domini » (D 1647). La dernière phrase laisse ouverte la possibilité, pour les ignorants, d’obtenir le salut, tout en n’appartenant pas en fait (actu) à l’Église, mais ne se prononce pas sur la manière ni sur la forme de cette possibilité. (cf : D 1677 : 796).
La nécessité d’appartenir à l’Église est non seulement une nécessité de précepte, mais aussi une nécessité de moyen, comme le montre clairement la comparaison avec l’arche, le moyen de salut devant le déluge. Mais cette nécessité de moyen n’est pas absolue, elle est hypothétique. Dans des circonstances particulières, notamment dans le cas d’ignorance invincible ou d’impossibilité, l’appartenance actuelle à l’Église peut être remplacée par le désir (votum). Ce désir n’a pas besoin d’être explicite, mais peut être inclus dans la disposition morale à remplir fidèlement la volonté de Dieu (votum implicitum). De cette manière, ceux qui se trouvent en fait hors de l’Église catholique peuvent obtenir leur salut.
Le Christ a ordonné d’appartenir à l’Église, en fondant l’Église comme un institut de salut pour tous les hommes. Il a muni les apôtres de son autorité, leur a donné l’ordre d’enseigner et de baptiser et a fait dépendre le salut éternel de l’acceptation de sa doctrine et de la réception du baptême (cf : Luc, X, 16 : Matthieu, X 46 : SVIII, 17; XXVIII, 19 : Marc, XVI, 15). Ceux qui, par une ignorance non coupable, ne connaissent pas la véritable Église du Christ, mais sont pourtant prêtes à obéir en tout aux exigences de la volonté divine, ne seront pas rejetés, c’est ce qui résulte de la justice divine et du dogme, clairement attesté dans la sainte Écriture, de la volonté salvifique universelle de Dieu (I Tim., II, 4). Les apôtres enseignent la nécessité d’appartenir à l’Église pour être sauvé, en prêchant la foi au Christ et à son Évangile comme une condition du salut. Saint Pierre confesse devant le sanhédrin : «le salut ne se trouve en aucun autre » (Actes, IV, 12) (cf : Galates, I, 8; tite, III, 10 : II Jean, 10-11).
C’est la conviction unanime des Pères qu’en dehors de l’Église le salut n’est pas possible. Ce principe a été utilisé non seulement relativement aux païens, mais aussi par rapport aux hérétiques et aux schismatiques. Saint Irénée enseigne que «n’ont pas part à l’action de l’Esprit tous ceux qui ne se hâtent pas vers l’Église; ils se privent bien plutôt de la vie par leur mauvaise doctrine et leur mauvaise conduite. Car où est l’Église, là est aussi l’Esprit de Dieu, là est l’Église avec toutes les grâces ». (Ad. Haer., III. 24,I) Orignène déclare formellement : «hors de l’Église personne n’est sauvé» (extra ecclesiam nemo salvatur ; In lib Jesu nave hom. , III, 5); Saint Jérôme, saint Augustin, saint Fulgence, voient dans l’arche de Noé et dans la maison de Rahab (Josué, II, 18), des figures de la nécessité d’entrer dans l’Église pour être sauvé. Cette croyance de la primitive Église a dicté son zèle missionnaire, sas disposition au martyre et sa lutte contre l’hérésie.
Les Pères mettent au premier plan la nécessité de l’appartenance à l’Église : il est dès lors compréhensible que leur pensée sur la possiblité du salut pour ceux qui sont hors de l’Église, paraisse hésitante. Saint Ambroise et saint Augustin accordent le salut aux catéchumènes qui sortent de cette vie avant d’avoir reçu le baptême, en raison de leur désir du baptême, de leur foi et de la conversion de leur cœur (S. Ambroise, De obitu Val. 51 ; S. Augustin De bapt., IV, 22,29). Gennade de Marseille, par contre, le leur refuse, sauf dans le cas du martyre (de eccl. Dogm., 74). Saint augustin distingue aussi, non pas dans les termes, mais dans le fait, entre hérétiques matériels et hérétiques formels. Il ne range pas les premiers parmi les hérétiques proprement dits (Ep. 43, 1,1). A ce qu’il semble, il juge leur position, en face du problème du salut, autre que celle des hérétiques proprement dits.
Saint Thomas enseigne, avec la Tradition, la nécessité générale pour être sasuvé d’entrer dans L’Église (Exp. Symb. A. 9). D’autre part, il admet la justification extra-sacramentelle, en raison du votum baptismi, et ainsi la possiblité sans appartenir actuellement à l’Église, en raison du votum Ecclesiae. Mais encore là, saint Thomas se défend bien de définir les conditions et la forme de ce votum Ecclesiae. (S. Th., III, 68,2).
Bibliographie : La Foi Catholique, textes doctrinaux du magistère de l’Église
Gervais Dumeige, éditions de l’Orante, Paris, 1975.
Synthèse Dogmatique
J.-H. Nicolas, op, Éditions Beauchesne, Paris, 1985.
J. Danielou, Rahab, figure de l’Église, Ir 22 (1949)
pp. 26 à 45
Devant le reproche d’intolérance, l’Église condamne la tolérance dogmatique qui reconnaît à toutes les religions, la même légitimité et la même valeur, en effet, la vérité est unique et elle passe par l’Église catholique. Des théologiens de l’Inde ont été souvent et encore dernièrement, rappelés à l’ordre par Rome après avoir publiés des ouvrages qui laissent sous entendre que Dieu manifeste son Salut à travers les différentes religions comme l’hindouisme et le bouddhisme. Ils ont ainsi cherché à rendre légitime des pratiques comme le yoga, la méditation transcendantale et autres pratiques religieuses, voulant les incorporer à la doctrine catholique puisque faisant parti du mystère du Salut. Voilà pourquoi, en cherchant à vouloir interpréter le «connu de lui» nous risquons irrémédiablement de tomber dans l’hérésie, et le relativisme. Je crois l’Église plutôt sage à vouloir accueillir le mystère de Dieu et à l’enseigner plutôt que de s’aventurer dans des domaines de sa Souveraineté comme en témoigne ce passage de Matthieu :
« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Pour ce qui est du jour et de l'heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais seul le Père. »
(Matthieu 24, 35-36)
Voici, et de manière assez succincte, le contenu de l'enseignement du magistère sur la nécessité d'appartenir à l'Église pour avoir le Salut. On semble reconnaître qu'il y a possibilité d'autres voies, mais on ne dit rien sur la forme et l'interprétation.
[size=150]De la nécessité d’appartenir à l’Église[/size]
L’appartenance à l’Église est pour tous les hommes d’une nécessité de salut. [b]De Fide.[/b]
Alors, ceci étant dit, voici maintenant le développement :
Le 4e concile du Latran (1215 a défini, dans le Caput Firmiter : «Il n’y a pa qu’une seule Église, L’Église universelle des fidèles, hors de laquelle absolument personne ne peut être sauvé» (extra quam nullus omnino salvatur) (D 430). Le concile de Florence (D 714) a enseigné la même doctrine, ainsi que les papes Innocent III (D 423), boniface VIII, dans la bulle Unam sanctam (D 468), Clément VI (D570 b), Benoît XIV (D 1473), Pie IX (D 1647, 1677), Léon XIII (D1955), Pie XII, dans l’encyclique Mystici Corporis (D 2286, 2288). Pie IX a déclaré, contre l’indifférentisme religieux moderne : «Tenendum quippe ex fide est, extra apostolicam Romanam Ecclesiam salvum fieri neminem posse, hanc esse unicam salutis arcam, hanc qui non fuerit ingressus, diluvio periturum; sed tamen pro certo pariter habendum est, qui verae regionis ignorantia laborent, si ea sit invincibilis, nulla ipsos obstringi hujusce rei culpa ante oculos Domini » (D 1647). La dernière phrase laisse ouverte la possibilité, pour les ignorants, d’obtenir le salut, tout en n’appartenant pas en fait (actu) à l’Église, mais ne se prononce pas sur la manière ni sur la forme de cette possibilité. (cf : D 1677 : 796).
La nécessité d’appartenir à l’Église est non seulement une nécessité de précepte, mais aussi une nécessité de moyen, comme le montre clairement la comparaison avec l’arche, le moyen de salut devant le déluge. Mais cette nécessité de moyen n’est pas absolue, elle est hypothétique. Dans des circonstances particulières, notamment dans le cas d’ignorance invincible ou d’impossibilité, l’appartenance actuelle à l’Église peut être remplacée par le désir (votum). Ce désir n’a pas besoin d’être explicite, mais peut être inclus dans la disposition morale à remplir fidèlement la volonté de Dieu (votum implicitum). De cette manière, ceux qui se trouvent en fait hors de l’Église catholique peuvent obtenir leur salut.
Le Christ a ordonné d’appartenir à l’Église, en fondant l’Église comme un institut de salut pour tous les hommes. Il a muni les apôtres de son autorité, leur a donné l’ordre d’enseigner et de baptiser et a fait dépendre le salut éternel de l’acceptation de sa doctrine et de la réception du baptême (cf : Luc, X, 16 : Matthieu, X 46 : SVIII, 17; XXVIII, 19 : Marc, XVI, 15). Ceux qui, par une ignorance non coupable, ne connaissent pas la véritable Église du Christ, mais sont pourtant prêtes à obéir en tout aux exigences de la volonté divine, ne seront pas rejetés, c’est ce qui résulte de la justice divine et du dogme, clairement attesté dans la sainte Écriture, de la volonté salvifique universelle de Dieu (I Tim., II, 4). Les apôtres enseignent la nécessité d’appartenir à l’Église pour être sauvé, en prêchant la foi au Christ et à son Évangile comme une condition du salut. Saint Pierre confesse devant le sanhédrin : «le salut ne se trouve en aucun autre » (Actes, IV, 12) (cf : Galates, I, 8; tite, III, 10 : II Jean, 10-11).
C’est la conviction unanime des Pères qu’en dehors de l’Église le salut n’est pas possible. Ce principe a été utilisé non seulement relativement aux païens, mais aussi par rapport aux hérétiques et aux schismatiques. Saint Irénée enseigne que «n’ont pas part à l’action de l’Esprit tous ceux qui ne se hâtent pas vers l’Église; ils se privent bien plutôt de la vie par leur mauvaise doctrine et leur mauvaise conduite. Car où est l’Église, là est aussi l’Esprit de Dieu, là est l’Église avec toutes les grâces ». (Ad. Haer., III. 24,I) Orignène déclare formellement : «hors de l’Église personne n’est sauvé» (extra ecclesiam nemo salvatur ; In lib Jesu nave hom. , III, 5); Saint Jérôme, saint Augustin, saint Fulgence, voient dans l’arche de Noé et dans la maison de Rahab (Josué, II, 18), des figures de la nécessité d’entrer dans l’Église pour être sauvé. Cette croyance de la primitive Église a dicté son zèle missionnaire, sas disposition au martyre et sa lutte contre l’hérésie.
Les Pères mettent au premier plan la nécessité de l’appartenance à l’Église : il est dès lors compréhensible que leur pensée sur la possiblité du salut pour ceux qui sont hors de l’Église, paraisse hésitante. Saint Ambroise et saint Augustin accordent le salut aux catéchumènes qui sortent de cette vie avant d’avoir reçu le baptême, en raison de leur désir du baptême, de leur foi et de la conversion de leur cœur (S. Ambroise, De obitu Val. 51 ; S. Augustin De bapt., IV, 22,29). Gennade de Marseille, par contre, le leur refuse, sauf dans le cas du martyre (de eccl. Dogm., 74). Saint augustin distingue aussi, non pas dans les termes, mais dans le fait, entre hérétiques matériels et hérétiques formels. Il ne range pas les premiers parmi les hérétiques proprement dits (Ep. 43, 1,1). A ce qu’il semble, il juge leur position, en face du problème du salut, autre que celle des hérétiques proprement dits.
Saint Thomas enseigne, avec la Tradition, la nécessité générale pour être sasuvé d’entrer dans L’Église (Exp. Symb. A. 9). D’autre part, il admet la justification extra-sacramentelle, en raison du votum baptismi, et ainsi la possiblité sans appartenir actuellement à l’Église, en raison du votum Ecclesiae. Mais encore là, saint Thomas se défend bien de définir les conditions et la forme de ce votum Ecclesiae. (S. Th., III, 68,2).
[size=85][i]Bibliographie : La Foi Catholique, textes doctrinaux du magistère de l’Église
Gervais Dumeige, éditions de l’Orante, Paris, 1975.
Synthèse Dogmatique
J.-H. Nicolas, op, Éditions Beauchesne, Paris, 1985.
J. Danielou, Rahab, figure de l’Église, Ir 22 (1949)
pp. 26 à 45[/i][/size]
Devant le reproche d’intolérance, l’Église condamne la tolérance dogmatique qui reconnaît à toutes les religions, la même légitimité et la même valeur, en effet, la vérité est unique et elle passe par l’Église catholique. Des théologiens de l’Inde ont été souvent et encore dernièrement, rappelés à l’ordre par Rome après avoir publiés des ouvrages qui laissent sous entendre que Dieu manifeste son Salut à travers les différentes religions comme l’hindouisme et le bouddhisme. Ils ont ainsi cherché à rendre légitime des pratiques comme le yoga, la méditation transcendantale et autres pratiques religieuses, voulant les incorporer à la doctrine catholique puisque faisant parti du mystère du Salut. Voilà pourquoi, en cherchant à vouloir interpréter le «connu de lui» nous risquons irrémédiablement de tomber dans l’hérésie, et le relativisme. Je crois l’Église plutôt sage à vouloir accueillir le mystère de Dieu et à l’enseigner plutôt que de s’aventurer dans des domaines de sa Souveraineté comme en témoigne ce passage de Matthieu :
[i]« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Pour ce qui est du jour et de l'heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, [u]mais seul le Père[/u]. »
(Matthieu 24, 35-36)[/i]