par cmoi » jeu. 13 juin 2019, 16:31
Ah Carolus ! Si votre remarque traite d’un autre sujet, elle n’en est pas moins encore au cœur du mystère et m’interpelle.
Je suppose que vous conviendrez volontiers que le sang versé lors de sa flagellation ou de son couronnement d’épines, ou encore celui qu’il sua à Gethsémani, a autant droit à ce titre que celui qu’il versa sur la Croix ou en la portant.
Ce sang, ainsi nommé pour la puissance de son symbole, est-il magique pour avoir un tel pouvoir, à moins qu’il ne se rattache à une personne, en laquelle il participait de sa vie ?
N’est-il pas l’expression de sa souffrance, en ce qu’il s’en sépara et ne contribua plus à la nourrir et la maintenir en vie, jusqu’en ce moment extrême où celle-ci se perdit (ici-bas) ?
Chacun sait qu’un crucifié meurt d’asphyxie, non d’hémorragie, mais que plusieurs causes d’affaiblissement peuvent concourir à un décès. Ce n’est donc pas pour cela, en ce qu’il fut celui qui provoqua sa mort, que celui versé sur la croix fut retenu comme la cause ou l’objet de notre rédemption.
A moins de jouer à un concours sordide et presque superstitieux de la dernière goutte versée, pour obtenir un total exact et suffisant de celui qui en lui circulait, et sachant qu’une fois en dehors de son corps, Il ne put en éprouver la moindre douleur sensible.
Une prise de sang n’est pas douloureuse, la séparation en soi du corps et du sang ne l’est par conséquent pas. Elle provoque un affaiblissement général, une perte de conscience.
Sa souffrance ne lui venait-elle pas aussi plus de sa chair, de sa pensée, de son cœur, ou encore plus de ses nerfs, lesquels informèrent son cerveau de tout ce qui était en train de mettre en danger sa vie, et de cette défense que ce dernier mis en branle (sensations pénibles pour alerte maximale) ? Sans compter la douleur morale, psychosomatique, affective, etc…
Pour le dire crûment, parler de sang me semble réducteur ou que symbolique. Je dirai que ce n’est plus trop de notre époque, mais d’un langage désuet.
Certes, son sang versé attestait de sa souffrance, et en tant que tel méritait d’être présenté devant le trône céleste pour notre rachat : et nos mots, pour augustes et solennels qu’ils soient, à le dire ainsi me semblent plus proches du blasphème (par la recherche un peu orgueilleuse de justesse et de beauté pour en restituer l’idée et témoigner d’une communion, d’une compréhension, d’un assentiment dans la foi) que de se contenter d’en mesurer l’effort antérieur et de s’en affliger, de compatir, d’entrer dans ce sacrifice et sa démarche, d’en comprendre la grandeur et de chercher en quoi et comment nous pouvons nous y associer.
Cette rédemption qui nous est acquise « par son sang », ne l’est qu’à condition que nous nous y associons, c’est-à-dire que nous entrions dans une démarche personnelle qui fasse autant défaut au mal, et en cela la foi suffit, quelle que soit la souffrance qu’elle traverse en ce qu’elle nous a fait choisir la vérité et nous y tenir quoi qu’il nous en coûte, non ? Avec l’aide de la grâce, bien sûr…
Il nous a montré la voie.
Bien sûr, il y a l’eucharistie, à cause de quoi ce symbole fut retenu. Et je n’entends pas y déroger ni me refuser à en aborder le sens qui au contraire me semble militer pour une interprétation qui ne soit pas littérale, tout en conservant sa donnée physique (liquide), en ce qu’elle a d’authentique et tout ce qui y est associé (la souffrance notamment, pour certains l’âme, l’aliment).
Quand il se dit que le Christ, par sa mort a vaincu le mal (la mort, le péché) il est clair que ce n’est pas par une parabole, par une exhortation ou un miracle, un exorcisme, une conversion, un baptême, une prophétie, une violence, une blessure supportée avec stoïcisme, mais par l’attitude intérieure autant qu’extérieure, totale, qui fut la sienne au sein de souffrances extrêmes - et de par ce qu’il était, il nous ouvrait une brèche dans laquelle nous pouvions nous engouffrer. Le sang versé n’en fut que la conséquence physiologique, l’évoquer n’est qu’une façon imagée de dire la chose primordiale et qui a été retenue au détriment d’autres en raison de l’eucharistie, par sympathie.
Je crois nécessaire de dire cela, de ne pas se contenter d’un raccourci qui à la longue, à force d’être répété, perd de sa substance.
A propos du livre d’Esher, plusieurs échanges récents auxquels je participais tournaient autour du thème de la vérité historique de certains textes bibliques, ou de leur romance. Le thème du sang versé semble ici conçu pour résister à cette idée de romance, mais en même temps il contient le risque d’y tomber par sa tournure qui est fréquemment utilisée dans un sens imagé, et peut faire oublier ce que cela cache d’essentiel.
Je ne doute pas que tel était votre propos : ne pas l’oublier. Mais pour ma part, j’avais besoin de poser ces précisions qui, je l’avoue, me font me désintéresser complétement de toute curiosité à l’égard de ce sang versé. Aurais-je été là, à le respirer, le voir couler, le recueillir, que cela ne m’aurait probablement pas aidé à franchir la barrière des apparences. Moins que ses paroles et son attitude.
Ah Carolus ! Si votre remarque traite d’un autre sujet, elle n’en est pas moins encore au cœur du mystère et m’interpelle.
Je suppose que vous conviendrez volontiers que le sang versé lors de sa flagellation ou de son couronnement d’épines, ou encore celui qu’il sua à Gethsémani, a autant droit à ce titre que celui qu’il versa sur la Croix ou en la portant.
Ce sang, ainsi nommé pour la puissance de son symbole, est-il magique pour avoir un tel pouvoir, à moins qu’il ne se rattache à une personne, en laquelle il participait de sa vie ?
N’est-il pas l’expression de sa souffrance, en ce qu’il s’en sépara et ne contribua plus à la nourrir et la maintenir en vie, jusqu’en ce moment extrême où celle-ci se perdit (ici-bas) ?
Chacun sait qu’un crucifié meurt d’asphyxie, non d’hémorragie, mais que plusieurs causes d’affaiblissement peuvent concourir à un décès. Ce n’est donc pas pour cela, en ce qu’il fut celui qui provoqua sa mort, que celui versé sur la croix fut retenu comme la cause ou l’objet de notre rédemption.
A moins de jouer à un concours sordide et presque superstitieux de la dernière goutte versée, pour obtenir un total exact et suffisant de celui qui en lui circulait, et sachant qu’une fois en dehors de son corps, Il ne put en éprouver la moindre douleur sensible.
Une prise de sang n’est pas douloureuse, la séparation en soi du corps et du sang ne l’est par conséquent pas. Elle provoque un affaiblissement général, une perte de conscience.
Sa souffrance ne lui venait-elle pas aussi plus de sa chair, de sa pensée, de son cœur, ou encore plus de ses nerfs, lesquels informèrent son cerveau de tout ce qui était en train de mettre en danger sa vie, et de cette défense que ce dernier mis en branle (sensations pénibles pour alerte maximale) ? Sans compter la douleur morale, psychosomatique, affective, etc…
Pour le dire crûment, parler de sang me semble réducteur ou que symbolique. Je dirai que ce n’est plus trop de notre époque, mais d’un langage désuet.
Certes, son sang versé attestait de sa souffrance, et en tant que tel méritait d’être présenté devant le trône céleste pour notre rachat : et nos mots, pour augustes et solennels qu’ils soient, à le dire ainsi me semblent plus proches du blasphème (par la recherche un peu orgueilleuse de justesse et de beauté pour en restituer l’idée et témoigner d’une communion, d’une compréhension, d’un assentiment dans la foi) que de se contenter d’en mesurer l’effort antérieur et de s’en affliger, de compatir, d’entrer dans ce sacrifice et sa démarche, d’en comprendre la grandeur et de chercher en quoi et comment nous pouvons nous y associer.
Cette rédemption qui nous est acquise « par son sang », ne l’est qu’à condition que nous nous y associons, c’est-à-dire que nous entrions dans une démarche personnelle qui fasse autant défaut au mal, et en cela la foi suffit, quelle que soit la souffrance qu’elle traverse en ce qu’elle nous a fait choisir la vérité et nous y tenir quoi qu’il nous en coûte, non ? Avec l’aide de la grâce, bien sûr…
Il nous a montré la voie.
Bien sûr, il y a l’eucharistie, à cause de quoi ce symbole fut retenu. Et je n’entends pas y déroger ni me refuser à en aborder le sens qui au contraire me semble militer pour une interprétation qui ne soit pas littérale, tout en conservant sa donnée physique (liquide), en ce qu’elle a d’authentique et tout ce qui y est associé (la souffrance notamment, pour certains l’âme, l’aliment).
Quand il se dit que le Christ, par sa mort a vaincu le mal (la mort, le péché) il est clair que ce n’est pas par une parabole, par une exhortation ou un miracle, un exorcisme, une conversion, un baptême, une prophétie, une violence, une blessure supportée avec stoïcisme, mais par l’attitude intérieure autant qu’extérieure, totale, qui fut la sienne au sein de souffrances extrêmes - et de par ce qu’il était, il nous ouvrait une brèche dans laquelle nous pouvions nous engouffrer. Le sang versé n’en fut que la conséquence physiologique, l’évoquer n’est qu’une façon imagée de dire la chose primordiale et qui a été retenue au détriment d’autres en raison de l’eucharistie, par sympathie.
Je crois nécessaire de dire cela, de ne pas se contenter d’un raccourci qui à la longue, à force d’être répété, perd de sa substance.
A propos du livre d’Esher, plusieurs échanges récents auxquels je participais tournaient autour du thème de la vérité historique de certains textes bibliques, ou de leur romance. Le thème du sang versé semble ici conçu pour résister à cette idée de romance, mais en même temps il contient le risque d’y tomber par sa tournure qui est fréquemment utilisée dans un sens imagé, et peut faire oublier ce que cela cache d’essentiel.
Je ne doute pas que tel était votre propos : ne pas l’oublier. Mais pour ma part, j’avais besoin de poser ces précisions qui, je l’avoue, me font me désintéresser complétement de toute curiosité à l’égard de ce sang versé. Aurais-je été là, à le respirer, le voir couler, le recueillir, que cela ne m’aurait probablement pas aidé à franchir la barrière des apparences. Moins que ses paroles et son attitude.