Définition du schisme

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Re: Définition du schisme

par Cinci » mer. 05 avr. 2017, 4:14

archi :
Merci pour votre travail. J'en étais justement arrivé, dans mes réflexions, à définir exactement le schisme comme une atteinte à la charité, et je suis content de voir que Saint Thomas et le IVe Concile du Latran vont dans ce sens.
Oui, c'est gentil à vous. Ça fait plaisir.

Personnellement, je me demande depuis longtemps comment il se fait que plusieurs communions (Orthodoxe, Orthodoxe orientale, assyrienne en plus de la catholique) qui ont conservé un enseignement et une pratique orthodoxes, puissent être depuis si longtemps en rupture de communion entre elles, et manifestement incapables de se réconcilier, malgré la réalisation tardive que bien des querelles étaient surtout des querelles de vocabulaire et de personne, et pas de réelles différences de foi.

De mémoire, c'est un sujet que le cardinal Journet aura bien traité dans son grand ouvrage sur l'Église. C'est vrai que ces Églises sont incapables de s'entendre entre elles. Il semblerait qu'elles soient souvent déchirées par les deux tendances contraires, étant à la fois travaillé par une aspiration souterraine à l'unité et l'aspiration à conserver une franche indépendance

Re: Définition du schisme

par Cinci » mer. 05 avr. 2017, 3:55

Bonjour archi,
Reste que cela tranche avec le principe que vous énoncez avant, qui fait de l'obéissance au pape le seul et unique critère de la communion et du schisme.
Je ne suis pas sûr. Il me semble que j'aurais évoqué le magistère. Et le magistère comprendrait bien l'ensemble des évêques.

Après tout, le pape peut aussi faillir à sa mission de "présider à la charité" (St Irénée, la plus ancienne définition de la primauté de l'évêque de Rome) et porter atteinte à celle-ci. Rappelons que comme l'a rappelé ces jours-ci l'excellent blog du Fr Hunwicke (pour ceux qui connaissent), le Grand Schisme d'Occident fut causé par le comportement du pape Urbain VI, qui a répondu aux "dubia" de quelques-uns des cardinaux qui l'avaient élu en les emprisonnant et en supervisant de près leur torture quotidienne, dont je crois un seul a réchappé. De sorte que les cardinaux restants se sont empressés de refaire l'élection. La charité était bien loin...
Certes! Le comportement d'un évêque peut toujours se révéler plus ou moins défaillant.

Re: Définition du schisme

par prodigal » mar. 04 avr. 2017, 16:55

En effet, Cinci, je dois nuancer mes propos. Une volonté sincère se manifeste par des actes. Donc, celui qui veut éviter un schisme ne peut pas se contenter de dire que le jour où l'Eglise dira la même chose que lui il se ralliera avec joie à l'Eglise. Ce ne serait pas une volonté sincère, mais au contraire une confirmation du caractère schismatique de sa position.
D'une manière générale, celui qui pense que l'Eglise est schismatique se dénonce ainsi lui-même comme schismatique.
Mais je pense qu'il vaut mieux retarder au maximum l'accusation de schisme, et laisser sa chance à l'éventuel aspirant à l'égarement. Dans un couple, un désaccord et même un adultère ne justifient pas un divorce. Il me semble qu'on peut faire une analogie.

Re: Définition du schisme

par Cinci » mar. 04 avr. 2017, 14:48

Prodigal :

Encore cette condition [créer une nouvelle fondation en outrepassant les règles, passant outre l'interdit du pape] me paraît-elle nécessaire, mais non suffisante, car la volonté d'unité peut être sincère et profonde chez ceux qui se sont égarés en commettant l'acte auquel je fais allusion
Mais quelqu'un pourrait peut-être tempérer votre remarque. faisant valoir que l'on peut bien pécher gravement en pensant "bien faire" or que le péché reste le péché. La conscience erronée ne pouvant justifier le péché ou justifier le schisme en l'occurence. Les fidèles comme les prêtres ou les évêques auraient plutôt le devoir de se laisser instruire ou de veiller justement à ce que leur propre conscience soit mieux éclairée.

Le degré de culpabilité du schismatique pourrait peut-être varier - Il pourrait y en avoir de moins coupables que d'autres, ça? - mais probablement que le péché de schisme serait là quand même.

Je suis d'accord qu'il faudrait au moins que le refus soit bien appuyé, consistant, durable, raisonné. Il faut que ce soit autre chose qu'un simple mouvement passionnel.

Parmi les schismatiques, on pourrait peut-être compter des hommes comme Mgr Gaillot (qui ne formule pas le souhait de rompre avec l'Église ou le catholicisme), un père jésuite comme André Myre que je connais assez (lequel ne veut pas congédier la foi catholique ou l'Église en tant que tels) mais qui ne cesse plus de parler en mal de l'autorité dans l'Église, refuse d'avoir des contacts avec tous les ecclésiastiques qui ne penseront pas comme lui, déclare ouvertement qu'il ne participe plus d'aucune eucharistie, à l'exception de celle qu'il va célébrer lui-même entre amis, disciples ou admirateurs. Il accepte l'Église catholique ... mais pas ceux qui la dirigent.

La vive sympathie que l'on pourrait éprouver pour ces bonshommes ou même l'intérêt que l'on pourrait prendre à écouter nombre de leurs discours n'entrent pas en ligne de compte, mais le simple fait de se disjoindre totalement de la communion réelle avec les confrères et/ou plusieurs des enseignements de l'Église (existence du diable, enfer, morale sexuelle, euthanasie, célibat des prêtres, immaculée conception de Marie, etc.)

Re: Définition du schisme

par Cinci » mar. 04 avr. 2017, 13:41

Salut Prodigal,

Une nouvelle fondation? Le schisme serait alors consommé complètement? Assurément. C'est une bonne remarque. Mais il doit bien arriver que certains aient pu faire schisme sur la seule base d'un refus de communion.


Dans le droit canon :

Can. 751 - On appelle hérésie la négation obstinée, après la réception du baptême, d'une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité; apostasie, le rejet total de la foi chrétienne; schisme, le refus de soumission au Pontife Suprême ou de communion avec les membres de l'Église qui lui sont soumis.



Can. 752 - Ce n'est pas vraiment un assentiment de foi, mais néanmoins une soumission religieuse de l'intelligence et de la volonté qu'il faut accorder à une doctrine que le Pontife Suprême ou le Collège des Évêques énonce en matière de foi ou de moeurs, même s'ils n'ont pas l'intention de la proclamer par un acte décisif; les fidèles veilleront donc à éviter ce qui ne concorde pas avec cette doctrine.



Can. 753 - Les Évêques qui sont en communion avec le chef du Collège et ses membres, séparément ou réunis en conférences des Évêques ou en conciles particuliers, bien qu'ils ne jouissent pas de l'infaillibilité quand ils enseignent, sont les authentiques docteurs et maîtres de la foi des fidèles confiés à leurs soins; à ce magistère authentique de leurs Évêques, les fidèles sont tenus d'adhérer avec une révérence religieuse de l'esprit.

Re: Définition du schisme

par prodigal » lun. 03 avr. 2017, 22:36

Je suis d'accord avec vous. Le mot "schisme" ne doit pas être employé à la légère, et ce serait le cas s'il désignait une simple bouderie valant désobéissance. Autrement dit, on n'est pas schismatique pour le simple fait de s'opposer au pape pourvu qu'on le fasse dans les formes.
Mais d'ailleurs tout le monde est d'accord sur ce point.
La question qui se pose est alors, me semble-t-il, celle des critères. Je trouve que les critères ne doivent pas être seulement négatifs (refus, rejet). Il me semble que pour qu'il y ait schisme il faut qu'il y ait un acte fondateur d'une nouvelle confession, comme par exemple l'ordination d'évêques contre la volonté clairement explicitée de Rome. Encore cette condition me paraît-elle nécessaire, mais non suffisante, car la volonté d'unité peut être sincère et profonde chez ceux qui se sont égarés en commettant l'acte auquel je fais allusion (de façon lourdement transparente, je le reconnais). Mais alors encore faut-il faire les preuves de son désir d'unité et de réconciliation.

Re: Définition du schisme

par archi » lun. 03 avr. 2017, 21:28

Bonjour,
Cinci a écrit :
lun. 03 avr. 2017, 14:52
Les critères du schisme : refus de recevoir les sacrements et résistance à l'autorité hiérarchique.

On est vraiment et proprement schismatique qu'en se séparant du pontife romain et de l'ensemble des membres de l'Église; on ne l'est pas par la rupture avec un évêque particulier, le rejet de son autorité, la disjonction d'avec les membres de son diocèse : car le vrai schisme est formellement une séparation d'avec l'Église universelle.

La conception traditionnelle

En commentant le « qu'ils soient un comme nous sommes un » (Jean XVII, 22), le quatrième concile de Latran définit l'unité de l'Église comme « une union de charité dans la grâce, unio caritatis in gratia ». La charité qui unit l'Église, c'est bien la charité théologale, pour autant, précisons-le, qu'elle est sacramentelle et orientée.

Le schisme est un péché contre la charité théologale.

C'est le péché qui détruit la charité en tant qu'elle fait l'unité de l'Église : « Le péché de schisme, dit saint Thomas, est un péché spécial : il sépare de l'unité que fait la charité quand elle rassemble, non seulement des personnes privées par un lien de dilection spirituelle, mais l'Église entière dans l'unité de l'Esprit Saint. »
(...)
Merci pour votre travail. J'en étais justement arrivé, dans mes réflexions, à définir exactement le schisme comme une atteinte à la charité, et je suis content de voir que Saint Thomas et le IVe Concile du Latran vont dans ce sens. Personnellement, je me demande depuis longtemps comment il se fait que plusieurs communions (Orthodoxe, Orthodoxe orientale, assyrienne en plus de la catholique) qui ont conservé un enseignement et une pratique orthodoxes, puissent être depuis si longtemps en rupture de communion entre elles, et manifestement incapables de se réconcilier, malgré la réalisation tardive que bien des querelles étaient surtout des querelles de vocabulaire et de personne, et pas de réelles différences de foi.

Reste que cela tranche avec le principe que vous énoncez avant, qui fait de l'obéissance au pape le seul et unique critère de la communion et du schisme. Après tout, le pape peut aussi faillir à sa mission de "présider à la charité" (St Irénée, la plus ancienne définition de la primauté de l'évêque de Rome) et porter atteinte à celle-ci. Rappelons que comme l'a rappelé ces jours-ci l'excellent blog du Fr Hunwicke (pour ceux qui connaissent), le Grand Schisme d'Occident fut causé par le comportement du pape Urbain VI, qui a répondu aux "dubia" de quelques-uns des cardinaux qui l'avaient élu en les emprisonnant et en supervisant de près leur torture quotidienne, dont je crois un seul a réchappé. De sorte que les cardinaux restants se sont empressés de refaire l'élection. La charité était bien loin...

Heureusement, on ne torture plus les opposants au pape, mais à part cela, n'y a-t-il pas un petit peu de ça derrière les débats actuels? Les schismatiques sont-ils bien où on le pense?

In Xto,
archi.

Re: Définition du schisme

par Cinci » lun. 03 avr. 2017, 16:48

Suliko,

A part ça, les deux observations de vous que j'ai soulignés plus haut sont deux observations que je ne recevrais pas comme de l'argent comptant. Il me semble que vous forcez le trait.

Re: Définition du schisme

par Cinci » lun. 03 avr. 2017, 16:14

Suliko :

Et puis honnêtement, je ne saurais vous cacher qu'il me semble vain de chercher à me convaincre que ma position est au minimum semi-schismatique, alors même que pour l'épiscopat actuel, ces notions de schisme et d'hérésie n'ont plus guère de sens. Ne sommes nous pas à une époque où les clercs tolèrent, voire même organisent, moults célébrations œcuméniques entre protestants et catholiques, et n'enseignent plus du tout que le catholicisme et la seule vraie religion ?
Cette remarque est intéressante. Car vous démontrez ici, je pense, votre refus intime de prêtez foi au magistère vivant de l'Église catholique à quelque part. Vous êtes "scandalisée" par des choses que vous ne comprenez pas ou n'acceptez pas*.

Donc, à partir du moment où vous jugeriez nos évêques actuels incompétents et incapables de bien s'acquitter de leur tâche, vous pourrez remplir à leur place la fonction de censeur et pour vous même en premier. C'est vous qui pourrez dicter ce qui est bien ou mal, correct ou incorrect, et en vous réclamant de la Tradition bien entendu. C'est vous qui récupérerez des éléments du passé plus ou moins lointain et ordonnerez ceux-ci de telle sorte qu'il en faudrait annuler l'orientation actuelle du magistère. Vous voulez agir comme si vous étiez ordonnée évêque sous le pontificat de Grégoire XVI ou Pie X, mais alors que vous n'êtes ni ordonnée évêque ni ne vivez en 1834 ou 1907; ou comme si vous étiez mandatés par ceux-là d'une manière posthume.

Quoi qu'Il en soit, Suliko, je ne dirais pas que les notions de schismes et d'hérésies n'ont plus de sens en 2017.

Parce que nos évêques n'ont pas ces mots à la bouche constamment, s'adressant à des journalistes ou aux membres du parti socialiste, mais il n'en signifie aucunement que la réalité cachée sous le vocable s'est évanouie dans la nature. Remarquez aussi que je ne décrète pas que vous auriez fait schisme. Je ne le pense pas. Pas encore. Non, vous voulez demeurer catholique. Sauf vous embarquez sur une voie qui pourrait déboucher sur le schisme. Je parlerais plutôt de tentation.

____
* Ici je ne jette la pierre à personne. Je dis ce que je comprend. Et je peux comprendre également que tout ne soit pas très clair, que l'Église peut fort bien se contredire par rapport à des positions plus anciennes; c'est une chose qui peut arriver.

Re: Définition du schisme

par Cinci » lun. 03 avr. 2017, 14:52

Les critères du schisme : refus de recevoir les sacrements et résistance à l'autorité hiérarchique.

On est vraiment et proprement schismatique qu'en se séparant du pontife romain et de l'ensemble des membres de l'Église; on ne l'est pas par la rupture avec un évêque particulier, le rejet de son autorité, la disjonction d'avec les membres de son diocèse : car le vrai schisme est formellement une séparation d'avec l'Église universelle.

La conception traditionnelle

En commentant le « qu'ils soient un comme nous sommes un » (Jean XVII, 22), le quatrième concile de Latran définit l'unité de l'Église comme « une union de charité dans la grâce, unio caritatis in gratia ». La charité qui unit l'Église, c'est bien la charité théologale, pour autant, précisons-le, qu'elle est sacramentelle et orientée.



Le schisme est un péché contre la charité théologale.

C'est le péché qui détruit la charité en tant qu'elle fait l'unité de l'Église : « Le péché de schisme, dit saint Thomas, est un péché spécial : il sépare de l'unité que fait la charité quand elle rassemble, non seulement des personnes privées par un lien de dilection spirituelle, mais l'Église entière dans l'unité de l'Esprit Saint. »


Le cas des pécheurs

Tout péché mortel détruit la charité quant à tous ses effets possibles; soit, et il faut en conclure que les pécheurs sont incapables en raison des seules ressources qui subsistent encore en eux, de produire l'unité de l'Église. Cependant, tout péché ne détruit pas la charité d'une unique manière : l'adultère la détruit en tant qu'il s'attaque aux biens du mariage, et l'homicide à la vie du prochain; mais, à regarder la visée de leur acte, ex parte operis, ni l'adultère ni l'homicide ne s'attaquent directement à l'unité ecclésiastique. Ils ne refusent pas d'appartenir à cette unité. Ils peuvent même fort bien, en vertu de l'incohérence inhérente à tout péché, ne vouloir lui nuire en rien. C'est ce qui explique leur condition. S'ils sont incapables de figurer dans la trame de l'unité en raison des seules valeurs chrétiennes qui subsistent encore en eux, ils restent capables néanmoins d'y figurer absolument parlant, simpliciter, en raison d'un secours extrinsèque qui continue de leur arriver. Car la charité sacramentelle et orientée, qui réside premièrement et immédiatement dans les membres justes, continue, sous la motion de l'Esprit Saint et du Christ, de déborder sur eux en considération des valeurs chrétiennes qui subsistent en eux et de leur volonté non reniée d'appartenir à l'Église pour les pénétrer de son influence formatrice instrumentale et les faire encore conspirer, dans une certaine mesure, au vrai bien de l'Église.

Ainsi, des pécheurs sont dans la trame de l'unité de l'Église, non en raison de leur péché, mais en raison du débordement en eux de la charité des justes auxquels ils restent liés.

Mais ces pécheurs peuvent encore pécher. Ils peuvent offenser la charité sacramentelle et orientée en tant même qu'elle fait l'unité de l'Église, en tant même que, sous la motion de l'Esprit Saint et du Christ, elle agit premièrement dans les justes et extensivement dans les pécheurs pour former l'Église. A ce moment, l'influence de cette charité qui débordait en eux les abandonne. Ils se disjoignent de l'unité de charité, de l'unité de communion. Voilà le péché de schisme.


Schisme indirect

Il est indirect si la volonté se porte directement et comme à son objet, non vers le refus de communion, mais vers une chose qui, voulue ainsi, recherchée ou poursuivie dans ces conditions, entraîne la rupture de la communion : cela serait le cas par exemple d'une église locale qui voudrait changer les rites des sacrements sans consulter l'Église universelle et son chef … A la limite on aurait le cas du schismatique malgré lui, moins chimérique qu'on ne pense : de l'homme qui ne veut pas se séparer de l'unité mais qui fait des choses telles ou de telle manière, et qui s'obstine à les faire de telle sorte que la rupture de l'unité s'ensuive fatalement : cas type, au moins au point de vue psychologique, celui de Döllinger, qui protesta toujours de sa volonté de rester dans l'unité et ne voulut jamais accepter l'étiquette de vieux-catholique.


L'unité de communion résulte d'une motion divine à la fois informatrice, vivificatrice et progressante.

Cette motion divine souverainement libre, dont résulte l'unité de communion, est à la fois informatrice et vivificatrice. Elle a pour effet de donner à l'Église son âme crée, la forme inhérente se son être et de son agir; de provoquer cette âme à l'action, en la faisant passer sans cesse de l'acte premier à l'acte second; en sorte que, l'Esprit du Christ souffle non seulement dans l'Église pour verser en elle des dons permanents, mais encore à travers elle pour promouvoir leur éclosion.

Et tout n'est pas dit. C'est une motion qu'on pourrait encore appeler progressante, en ce sens qu'elle engage l'Église dans un mouvement de progrès et de croissance historique. En effet, tout en lui conférant son identité essentielle, en raison de laquelle elle ne cesse d'être le corps du Christ et la maison de Dieu, elle la fait avancer dans le temps, lui traçant un itinéraire pareil à celui du Christ voyageur, lui demandant de croître depuis la Pentecôte jusqu'à la Parousie, et d'accomplir à chaque âge de sa vie une tâche historique fixée d'avance et mystérieuse : c'est quand l'Église voyagère sera parvenue au terme de son pélerinage que sa destinée se révélera comme pleinement conforme à celle du Christ voyageur.

On n'est membre de l'Église, d'une manière complète et en acte achevé, que si l'on est participant de son ample et mystérieuse communion, que si l'on est entraîné – directement comme les membres justes, ou indirectement comme les pécheurs non schismatiques – à la fois dans le courant de sa vie spirituelle et dans le progrès de sa croissance historique. Au point que, d'une part, on devient incapable d'être et d'agir autrement que comme partie du tout : même les actes d'amour les plus secrets des justes se reversent sur toute l'Église, même les fautes les plus secrètes des chrétiens pécheurs entravent l'élan de toute l'Église; et que, d'autre part, on devient incapable de refuser l'Église du présent pour celle du passé, de se disjoindre de l'unité divine sous sa forme historique contemporaine, pour lui préférer des formes historiques imaginaires ou déjà révolues.

Source : card. Charles Journet, L'Église du Verbe incarné. Sa structure interne et son unité catholique, p. 1368

Re: Définition du schisme

par Cinci » lun. 03 avr. 2017, 9:08

Des nouvelles de Quanta cura :
... l'article "Magistère ecclésiastique" du Dictionnaire de droit canonique (1957) donne un résumé de la doctrine commune sur l'assentiment religieux et en fait remonter le vocabulaire à Quanta cura :

Si le Pontife romain ne parle pas ex cathedra, ou s'il se sert du ministère d'une Congrégation ou d'un office de sa Curie, l'adhésion est également requise, mais à un degré moindre, qui n'engage pas la foi. Toutefois, cette adhésion comporte l'obligation de l'assentiment interne et de l'obéissance révérentielle, tels sont les termes employés par les auteurs. Ils sont fondés sur un passage de l'encyclique Quanta cura du 8 décembre 1864 [...] Il convient d'étendre les mêmes obligations, servatis servandis, aux directives doctrinales données par les évêques.

F, Claeys-Bouaert, Dictionnaire de droit canonique, 1957 in A.-M. Aubry, Obéir ou assentir?, p.84
... et nous ne pouvons passer sous silence l'audace de ceux qui, ne supportant pas la saine doctrine, prétendent que : "Quant à ces jugements et à ces décrets du Siège apostolique dont l'objet regarde manifestement le bien général de l'Église, ses droits et sa discipline, on peut, du moment qu'ils ne touchent pas aux dogmes relatifs à la foi et aux moeurs, leur refuser l'assentiment et l'obéissance, sans péché et sans aucun détriment pour la profession de la foi catholique". A quel point cela est contraire au dogme catholique sur le plein pouvoir, divinement conféré par le Christ Notre Seigneur lui-même au Pontife Romain, de paître, de régir et de gouverner l'Église universelle, il n'est personne qui ne le voie et ne le comprenne clairement et distinctement. (Pie IX, Lettre encyc. Quanta cura, 8 déc. 1864)

Re: Définition du schisme

par Cinci » lun. 03 avr. 2017, 8:14

Le magistère vivant :

... selon l'économie divine, cette instruction se fait du Christ aux Apôtres, des Apôtres aux disciples. Le mode ordinaire de la prédication chrétienne est une transmission d'homme à homme et comme "de la main à la main"*. Une telle manière, conforme aux conditions de l'enseignement naturel parmi les hommes, suppose des maîtres humains pour transmettre à chaque époque le dépôt de la révélation. C'est un magistère vivant, parce qu'il s'exerce par les actes conscients et libres des maîtres vivants qui le détiennent. (Louis-Marie de Blignères, "Magistère et sens de l'Église", Sede Sapientae, 1989 cf. *Trente, Dect, De libris et de traditionibus recipiendis, sess. IV : "... quasi per manus traditae"

Re: Définition du schisme

par Cinci » lun. 03 avr. 2017, 7:55

Des commentaires intéressants dont celui d'un des principaux artisans de Lumen Gentium (Mgr Gérard Philips) :

" ... les fidèles doivent répondre à l'enseignement authentique de leur évêque par un assentiment intellectuel d'ordre religieux, c'est à dire qu'ils doivent s'y attacher pour des motifs de foi, non pour des motifs scientifiques que leur pasteur pourrait faire valoir. [...] Puisque nous ne sommes pas placés devant une définition infaillible, personne ne peut prétendre nous imposer un assentiment intellectuel inconditionné [...] L'obligation de se soumettre se mesure exactement d'après le degré de l'exercice du magistère. Dans le cas d'un jugement absolu et définitif aucune hésitation n'est plus permise. Mais s'Il se limite à une déclaration authentique sans aller jusqu'à la définition ou s'Il se contente d'un conseil de prudence, nous serons tenus, en observant les proportions, à l'assentiment, à la docilité, à l'attention bienveillante."

G. Philips, L'Église et son mystère au IIe concile du Vatican. Histoire, texte et commentaires de la Constitution Lumen Gentium, 2 tomes, Paris, Desclée, 1967, p. 320


CEC 892 : L’assistance divine est encore donnée aux successeurs des apôtres, enseignant en communion avec le successeur de Pierre, et, d’une manière particulière, à l’évêque de Rome, Pasteur de toute l’Église, lorsque, sans arriver à une définition infaillible et sans se prononcer d’une " manière définitive ", ils proposent dans l’exercice du Magistère ordinaire un enseignement qui conduit à une meilleure intelligence de la Révélation en matière de foi et de mœurs. A cet enseignement ordinaire les fidèles doivent " donner l’assentiment religieux de leur esprit " (LG 25) qui, s’il se distingue de l’assentiment de la foi, le prolonge cependant.
Grégory Woimbée a propos de l'infaillibilité :

... Dieu seul est absolument infaillible. Donc l'infaillibilité d'une réalité crée ne peut venir que de Lui. L'humanité du Christ est crée et elle est infaillible. L'infaillibilité de son humanité n'a pas pour objet Dieu lui-même, mais la révélation. L'infaillibilité est conférée au collège des Apôtres et à Paul avec le charisme d'Inspiration. L'objet de cette infaillibilité apostolique n'est pas la révélation en elle-même, mais la tradition de la révélation advenue en Jésus-Christ sous la forme d'un dépôt authentique. Enfin, la garde du dépôt bénéficie du charisme d'assistance divine. L'infaillibilité est conférée comme don de l'Esprit Saint à l'Église en vertu de la promesse du Christ. Elle n'est pas la regula prima des vérités à croire, mais concerne la garde du dépôt révélé et son annonce fidèle. Ce schéma montre que l'infaillibilité est une notion analogique, non pas de simple proportionnalité, mais de rapport réel. Il y a un rapport réel entre l'infaillibilité de Dieu, celle du Christ et celle de l'Église. Le fondement de ce rapport est trinitaire, son expression est l'analogia fidei.

Quelle infaillibilité pour l'Église?, p. 24

Re: Définition du schisme

par Cinci » lun. 03 avr. 2017, 6:41

Littératures pertinentes :

Bertone, Tarcisio, "A propos de la réception des Documents du Magistère et du désaccord public", DC no 2153 (1997)
Ratzinger, Joseph, "Lettre du Préfet de la Congrégation pour la Doctrine et la Foi au P. Charles Curran du 25 juillet 1986", DC, no 1925 (1986)
Alberigo, Giuseppe, "Du bâton à la miséricorde. Le magistère catholique de 1830 à 1980", Lumière et Vie, 180 (1986),17-36

Blignères, Louis-Marie de, "Magistère et sens de l'Église", Sedes Sapientae, 29 (1989) p, 27-43
idem, "L'obéissance du jugement", Sedes Sapientae, 126, (2013) p. 45-74
Bonino, Serge-Thomas, "Indipensable docilité" in Bruno Le Pivain (dir.), L'Église, servante de la vérité. Regard sur le magistère, Préface du cardinal Georges Cottier, Genève, Ad Solem (Kephas), 2006, pp. 317-332
Bouyer, Louis, La décomposition du catholicisme, Aubier-Montaigne, 1968
Colombo, Carlo, "L'obéissance au magistère ordinaire" in Collectif, Le problème de l'obéissance, Paris, Apostolat des Éditions, 1969, pp. 141-169
Hoffmann, Joseph, "Comprendre l'assentiment religieux de la volonté et de l'intelligence", Revue d'ethique et de théologie morale "Le supplément", no 216, mars 2001, p. 49
Journet, Charles, Maritain, Jacques, Correspondance Journet-Maritain, vol. 1 (1920-1929), Fribourg Suisse, Éditions Universitaires, 1996
Labourdette, Michel, Foi catholique et problèmes modernes. Avertissements et directives du Souverain Pontife, Tournai, Desclée, 1953
Levada, William, "Désaccord public et enseignements de la religion", DC no 1926 (1986), 900-901
Lucien, Bernard, L'infaillibilité du magistère ordinaire et universel de l'Église, Nice, 1984; Les degrés d'autorité du magistère. La question de l'infaillibilité. Développements récents, Débats actuels, Feucherolles, La Nef, 2007
Perrin, Luc, L'Affaire Lefebvre, Postface d'Émile Poulat, Paris, Cerf, 1989
Sarah, Robert, Dieu ou rien. Entretien sur la foi (avec Nicolas Diat),Fayard, 2015
Servigny, Gérald de, "La soumission religieuse de la volonté et de l'intelligence au magistère authentique" in Bruno Le Pivain, op. cit, p. 349
Sesboüé, Bernard, "A propos du Motu proprio de Jean-Paul II Ad tuendam fidem, Études, 3894 (octobre 1998)
Woimbée, Grégory, Quelle infaillibilité pour l'Église? De iure veritatis, Paris, Téqui (Questions disputées), 2009

Re: Définition du schisme

par Cinci » lun. 03 avr. 2017, 5:48

Dans la conclusion de l'ouvrage, certaines observations ressortent qu'il vaut la peine de recevoir sans doute.

La soumission religieuse est un acte du fidèle, impéré par la foi théologale, élicité par la docilité surnaturelle, par lequel son intelligence juge probable une doctrine proposée par le magistère simplement authentique normatif. [...] Cette adhésion probable répond à la doctrine proposée par le magistère que la foi du fidèle reconnaît (dans le même acte) comme quotidiennement assisté par son chef, le Christ. Cette assistance est essentiellement relative à la proximité de l'enseignement avec le dépôt révélé.

  • L'autorité dans l'Église ne porte pas le titre de Haut Commandement - l'Église n'est pas une caserne et son unité n'est pas l'unité opérationnelle d'une armée en campagne. Elle porte celui de Magistère, car l'unité de l'Église, comme rassemblement des croyants (congregatio fidelium), selon la définition chère à saint Thomas, repose avant tout sur l'unité d'une même foi s'épanouissant en communion des fidèles dans la charité. Le rapport du chrétien à l'autorité ecclésiale n'est donc pas celui, tout d'obéissance, du soldat à l'officier, ni celui, tout en chicane, du plaideur au juge, mais celui, si profondément conforme à la nature humaine, du disciple au maître (magister). Aussi le chrétien se doit-il de cultiver avec soin les vertus nécessaires au disciple, à commencer par la docilité, attitude spirituelle fondamentale qui consiste à savoir se laisser enseigner, à savoir profiter de l'enseignement des maîtres.
La reconnaissance d'un type d'enseignement probable (fruit de la docilité du fidèle) à certains types d'enseignements du magistère authentique (en l'occurence non infaillible) permet d'intégrer le caractère historique et relatif du progrès doctrinal : tout n'est pas donné tout de suite dans une clarté solaire, l'objet révélé passe par des états de présentation magistérielle où sont inextricablement mêlées vérités divines et humaines, parole de Dieu et pensée de l'homme.

Le tri, sous l'assistance permanente du Maître divin, le Christ, demande du temps, la correspondance des instruments humains qui ont à déclarer le vrai, la docilité des fidèles qui ont à l'accueillir.

L'analyse théologique des cas complexes, qui impliquent développement historique, faillibilité des instruments ecclésiaux, probabilité de l'adhésion intellectuelle des fidèles, doit permettre, selon nous, de dénouer les situations critiques - nous visons la réception de l'enseignement magistériel et, en particulier, l'interprétation de certains textes de Vatican II - qui scandalisent les fidèles, nuisent à l'unité du corps ecclésial, et partant réduisent son rayonnement apostolique.

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