par Héraclius » ven. 04 nov. 2016, 21:28
Ce qui est certain, c'est qu'historiquement, le théisme philosophique a eu tendance à supporter l'idée d'un Beau objectif, là où l'athéisme l'a souvent rejeté comme une construction sociale.
Lorsqu'on lit la Bible, les descriptions du Temple (le temple matériel, mais aussi le Temple immatériel de l'Apocalypse), l'usage de la poésie, on voit Dieu user assez explicitement d'une certain forme de beauté.
L'Eglise a bien sûr usée elle-même de la Beauté, et en premier lieu dans la Liturgie. La Beauté a une sorte de lien avec la nature du Don ; l'art est une forme de don, et la liturgie est ce qui ordonne la vie humaine en lui donnant pour fin le don, l'offrande de beauté issue des surplus de la production humaine, vers Dieu, l'Origine. La beauté est sacrficielle.
La philosophie classique a bien sûr largement théorisée l'existence des transcendantaux, comme le Vrai, le Bien ou l'Un, et le Beau a souvent fait partie de cette liste. Ces transcendantaux ont leur fondation en Dieu, et le Beau ne fait pas exception. Je crois que le beau que nous expérimentons est analogiquement relié au Beau Véritable, c'est à dire Dieu. L'idée du Beau est intrinsèquement lié à l'idée d'un Créateur intelligent fondation de toute réalité, sur le plan historique, philosophique et religieux.
Le Beau est aussi une glorification de la matière, du Monde Créé (et Dieu vit que cela était bon), rendue capable de rendre les réalités spirituelles. Ce n'est pas un hasard si le protestantisme a largement rejeté l'usage du Beau : la conception protestante de la Création voit cette dernière comme complètement défigurée par la Chute (l'homme en premier, bien sûr) ; la conception catholique, elle, maintient que malgré la Chute, le monde porte toujours la marque du Créateur, l'homme n'a pas éteint totalement sa ressemblance à Dieu, l'univers est toujours ontologiquement bon malgré la privation, le néant du mal.
Je crois pour touts ces raisons que l'usage chrétien de l'art "contemporain" est très dangereux. L'art contemporain a pour fondement l'idée que le Beau n'existe pas ; une de ses dimensions est d'être une longue ironie sur la croyance dans le Beau et un instrument de rupture avec l'art passé. Prenons l'architecture : le déconstructivisme, le "courant" architectural qui se propose de construire des bâtiments sans aucun respect des proportions et des règles classiques, a pour origine le rejet de toute forme d'objectivité en art. Le nom lui-même de ce courant le lie - et cest un lien conscient - avec la philosophie postmoderne "nihiliste".
On commence par nier le Beau, puis le Bien, puis le Vrai ; l'art qui déconstruit, qui a pour objective de nier sa valeur propre, a son origine direct dans la sécularisation de notre civilisation et l'athéisme philosophique.
Héraclius -
Ce qui est certain, c'est qu'historiquement, le théisme philosophique a eu tendance à supporter l'idée d'un Beau objectif, là où l'athéisme l'a souvent rejeté comme une construction sociale.
Lorsqu'on lit la Bible, les descriptions du Temple (le temple matériel, mais aussi le Temple immatériel de l'Apocalypse), l'usage de la poésie, on voit Dieu user assez explicitement d'une certain forme de beauté.
L'Eglise a bien sûr usée elle-même de la Beauté, et en premier lieu dans la Liturgie. La Beauté a une sorte de lien avec la nature du Don ; l'art est une forme de don, et la liturgie est ce qui ordonne la vie humaine en lui donnant pour fin le don, l'offrande de beauté issue des surplus de la production humaine, vers Dieu, l'Origine. La beauté est sacrficielle.
La philosophie classique a bien sûr largement théorisée l'existence des transcendantaux, comme le Vrai, le Bien ou l'Un, et le Beau a souvent fait partie de cette liste. Ces transcendantaux ont leur fondation en Dieu, et le Beau ne fait pas exception. Je crois que le beau que nous expérimentons est analogiquement relié au Beau Véritable, c'est à dire Dieu. L'idée du Beau est intrinsèquement lié à l'idée d'un Créateur intelligent fondation de toute réalité, sur le plan historique, philosophique et religieux.
Le Beau est aussi une glorification de la matière, du Monde Créé (et Dieu vit que cela était bon), rendue capable de rendre les réalités spirituelles. Ce n'est pas un hasard si le protestantisme a largement rejeté l'usage du Beau : la conception protestante de la Création voit cette dernière comme complètement défigurée par la Chute (l'homme en premier, bien sûr) ; la conception catholique, elle, maintient que malgré la Chute, le monde porte toujours la marque du Créateur, l'homme n'a pas éteint totalement sa ressemblance à Dieu, l'univers est toujours ontologiquement bon malgré la privation, le néant du mal.
Je crois pour touts ces raisons que l'usage chrétien de l'art "contemporain" est très dangereux. L'art contemporain a pour fondement l'idée que le Beau n'existe pas ; une de ses dimensions est d'être une longue ironie sur la croyance dans le Beau et un instrument de rupture avec l'art passé. Prenons l'architecture : le déconstructivisme, le "courant" architectural qui se propose de construire des bâtiments sans aucun respect des proportions et des règles classiques, a pour origine le rejet de toute forme d'objectivité en art. Le nom lui-même de ce courant le lie - et cest un lien conscient - avec la philosophie postmoderne "nihiliste".
On commence par nier le Beau, puis le Bien, puis le Vrai ; l'art qui déconstruit, qui a pour objective de nier sa valeur propre, a son origine direct dans la sécularisation de notre civilisation et l'athéisme philosophique.
Héraclius -