Vos questions sur la Somme théologique de St Thomas

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Re: Vos questions sur la Somme théologique de St Thomas

par prodigal » ven. 04 janv. 2019, 11:52

Alexandre. a écrit :
ven. 04 janv. 2019, 1:11
Alexandre
Tout le monde aura compris que ce texte est complètement contraire au sacrifice du Christ.
Ah non, en ce qui me concerne je ne l'ai pas compris. Que voulez-vous dire?

Re: Vos questions sur la Somme théologique de St Thomas

par Alexandre. » ven. 04 janv. 2019, 1:11

1. Dieu aime tous les hommes et même toutes ses créatures, en ce sens qu’il veut du bien à toutes. Mais il ne veut pas tout bien à toutes. Donc, en tant qu’il ne veut pas pour certains ce bien qu’est la vie éternelle, on dit qu’il les a en haine ou qu’il les réprouve.
Ce texte ne me semble pas présenter de difficulté particulière : Tous les hommes ne sont pas destinés à obtenir tout le bien que Dieu peut faire, certains sont donc exclus du don de la vie éternelle. On dit qu'ils sont réprouvés.

Cette interprétation est corroborée par l'introduction de Saint Thomas :
Aussi, puisque les hommes sont ordonnés à la vie éternelle par la providence divine, il appartient également à la providence de permettre que certains manquent cette fin, et c’est cela qu’on appelle réprouver.
Tout le monde aura compris que ce texte est complètement contraire au sacrifice du Christ.

Re: Vos questions sur la Somme théologique de St Thomas

par Trinité » jeu. 03 janv. 2019, 23:56

prodigal a écrit :
lun. 31 déc. 2018, 12:18
Ne pas vouloir est équivoque, au moins en français (j'ignore ce qu'il en est du texte original et de ses différentes traductions). "Ne pas vouloir" peut en effet signifier "refuser fermement", c'est-à-dire vouloir et décider que non. Dieu étant infiniment bon ne me paraît pas suspect de vouloir fermement la damnation du pécheur, ce qui serait d'ailleurs incompatible avec la liberté reconnue à celui-ci.

Mais "ne pas vouloir" signifie aussi, tout simplement, "ne pas décider fermement", ne pas être voulant, si l'on veut. Dieu étant omniscient, si quelque chose ne se produit pas c'est qu'il ne l'a pas voulu, soit au premier sens, soit au second.

La vie éternelle du pécheur n'a pas été voulue par Dieu, sinon rien ne pourrait l'empêcher d'être. C'est le second sens de "ne pas vouloir" qui doit être pris en considération.
Tout à fait Prodigal, je le reçois également comme cela!
Il m'étonnerait beaucoup que Dieu ne veuille pas la vie éternelle pour tous les hommes!
C'est la conséquence du refus de Dieu dans le cadre du libre arbitre qui entraine l'homme dans la damnation, ce à quoi à mon avis, veut faire référence ce texte (sans doute mal traduit...)

Meilleurs voeux cher Prodigal et bravo pour vos interventions judicieuses! :)

Re: Vos questions sur la Somme théologique de St Thomas

par Ictus2b » jeu. 03 janv. 2019, 16:16

prodigal a écrit :
lun. 31 déc. 2018, 12:18
Ne pas vouloir est équivoque, au moins en français (j'ignore ce qu'il en est du texte original et de ses différentes traductions). "Ne pas vouloir" peut en effet signifier "refuser fermement", c'est-à-dire vouloir et décider que non. Dieu étant infiniment bon ne me paraît pas suspect de vouloir fermement la damnation du pécheur, ce qui serait d'ailleurs incompatible avec la liberté reconnue à celui-ci.

Mais "ne pas vouloir" signifie aussi, tout simplement, "ne pas décider fermement", ne pas être voulant, si l'on veut. Dieu étant omniscient, si quelque chose ne se produit pas c'est qu'il ne l'a pas voulu, soit au premier sens, soit au second.

La vie éternelle du pécheur n'a pas été voulue par Dieu, sinon rien ne pourrait l'empêcher d'être. C'est le second sens de "ne pas vouloir" qui doit être pris en considération.
Bonjour et bonne année Prodigal,

Je vous remercie pour votre réponse. Je ne vous snobe pas, mais je me laisse de temps d'approfondir la question avant de vous répondre à mon tour.

Au hasard d'une promenade sur le forum, je suis tombé sur un fil fascinant sur les enfants mort sans baptême. Il est question de la doctrine de St Thomas, qui porterait sur la double prédestination. De sorte que je me demande si mon malaise ne vient pas de là.

A bientôt !

Re: Vos questions sur la Somme théologique de St Thomas

par prodigal » lun. 31 déc. 2018, 12:18

Ne pas vouloir est équivoque, au moins en français (j'ignore ce qu'il en est du texte original et de ses différentes traductions). "Ne pas vouloir" peut en effet signifier "refuser fermement", c'est-à-dire vouloir et décider que non. Dieu étant infiniment bon ne me paraît pas suspect de vouloir fermement la damnation du pécheur, ce qui serait d'ailleurs incompatible avec la liberté reconnue à celui-ci.

Mais "ne pas vouloir" signifie aussi, tout simplement, "ne pas décider fermement", ne pas être voulant, si l'on veut. Dieu étant omniscient, si quelque chose ne se produit pas c'est qu'il ne l'a pas voulu, soit au premier sens, soit au second.

La vie éternelle du pécheur n'a pas été voulue par Dieu, sinon rien ne pourrait l'empêcher d'être. C'est le second sens de "ne pas vouloir" qui doit être pris en considération.

Re: Vos questions sur la Somme théologique de St Thomas

par Ictus2b » lun. 31 déc. 2018, 11:49

J'entends tout à fait. C'est assez clair, et le magistère l'enseigne.

Mais quid de ça :
1. Dieu aime tous les hommes et même toutes ses créatures, en ce sens qu’il veut du bien à toutes. Mais il ne veut pas tout bien à toutes. Donc, en tant qu’il ne veut pas pour certains ce bien qu’est la vie éternelle, on dit qu’il les a en haine ou qu’il les réprouve.
Là je bute. Et mon immersion dans le Denzinger ne m'a pas aidé quant à savoir si le magistère valide ou non. Merci pour votre aide en tous cas !

Re: Vos questions sur la Somme théologique de St Thomas

par prodigal » lun. 31 déc. 2018, 11:19

Il me semble que ce que ce texte affirme avant tout, c'est l'existence du libre arbitre, comme cause de la faute, lorsque faute il y a.
Dieu ne produit pas la faute chez le pécheur, celui-ci n'est pécheur que parce qu'il est l'auteur de la faute, donc responsable.

Questions sur un développement de la Somme Théologique de St Thomas

par Ictus2b » dim. 30 déc. 2018, 22:20

Bonjour à tous,

Je n'arrive pas à saisir la substance de la thèse de St Thomas concernant la réprobation divine. Voici le raisonnement (texte disponible sur le site de l'Institut Docteur Angélique.
Dieu réprouve certains. On a dit en effet plus haut que la prédestination est une part de la providence. Or il appartient à la providence de permettre quelque défaillance dans les choses qui lui sont soumises, comme on l’a dit précédemment. Aussi, puisque les hommes sont ordonnés à la vie éternelle par la providence divine, il appartient également à la providence de permettre que certains manquent cette fin, et c’est cela qu’on appelle réprouver.

Donc, de même que la prédestination est une part de la providence à l’égard de ceux qui sont ordonnés par Dieu au salut éternel, la réprobation à son tour est une part de la providence à l’égard de ceux qui manquent cette fin. D’où l’on voit que la réprobation ne désigne pas une simple prescience ; elle y ajoute quelque chose selon la considération de la raison, comme on l’a dit plus haut de la providence. Car de même que la prédestination inclut la volonté de conférer la grâce et la gloire, ainsi la réprobation inclut la volonté de permettre que tel homme tombe dans la faute, et d’infliger la peine de damnation pour cette faute.

Solutions :

1. Dieu aime tous les hommes et même toutes ses créatures, en ce sens qu’il veut du bien à toutes. Mais il ne veut pas tout bien à toutes. Donc, en tant qu’il ne veut pas pour certains ce bien qu’est la vie éternelle, on dit qu’il les a en haine ou qu’il les réprouve.

2. Au point de vue de la causalité, la réprobation n’est pas comparable à la prédestination. Car la prédestination est cause aussi bien de ce qu’attendent les prédestinés dans l’autre vie, qui est la gloire, que de ce qu’ils reçoivent en celle-ci, qui est la grâce. La réprobation n’est pas cause de ce qui lui correspond dans le présent, à savoir la faute ; elle est cause du délaissement par Dieu . Mais elle est cause de la sanction future, à savoir la peine éternelle. La faute, elle, provient du libre arbitre chez celui qui est réprouvé et que la grâce délaisse. Et ainsi se vérifie le mot du prophète : “ Ta perdition vient de toi, Israël. ”

3. La réprobation de Dieu ne diminue en rien le pouvoir d’agir des réprouvés. Aussi, lorsque l’on dit que le réprouvé ne peut obtenir la grâce, il faut l’entendre d’une impossibilité non pas absolue, mais conditionnée ; comme on a dit plus haut que, s’il est nécessaire que le prédestiné soit sauvé, c’est d’une nécessité conditionnée, qui ne supprime pas le libre arbitre. Aussi, bien que l’homme réprouvé par Dieu ne puisse obtenir la grâce, cependant, le fait qu’il tombe dans tel péché ou dans un autre, cela provient de son libre arbitre, et c’est donc à juste titre qu’il en est jugé coupable.
Le magistère a une position sur la question ?

Que dit vraiment St Thomas ? Que Dieu laisse des hommes se damner ?

Merci d'avance pour vos éclairages !

Fraternellement

Re: Peut-on baptiser "au nom du Christ" ? Questions sur St Thomas

par gerardh » jeu. 03 mars 2016, 11:16

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Bonjour,

Dans Matthieu, il est écrit de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Dans les Actes il est écrit de baptiser au nom du Christ (ou de Jésus Christ).

Le mieux n'est-il pas de faire les deux ?


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Re: Peut-on baptiser "au nom du Christ" ? Questions sur St Thomas

par Héraclius » jeu. 03 mars 2016, 10:22

Enfait je ne crois pas que dire "les apôtres baptisaient au nom du Christ" signifie qu'ils baptisaient au nom du Christ. :p

C'est à dire que la formule peut aussi bien désigner le modus operandi que l'intention mise derrière. C'est à dire soit "baptisaient [en utilisant le] nom du Christ" ou "baptisaient [en temps que serviteurs] du Christ". Si je dit "ouvrez la porte au nom du Christ !", c'est plus clair, parce qu'on se rend compte tout de suite que le modus operandi ne peut pas être le nom du Christ Lui-même.

J'aurais donc tendance à penser qu'ils baptisaient [i.e. au nom de la Trinité] au nom du Christ [en son nom, "à sa place", pour sa gloire].

Pour Nicolas : je crois que Saint Thomas pense que Nicolas cite le cas des Actes des Apôtres comme une anecdote "il se trouve qu'on a pu baptiser au nom du Christ" plus que comme une recommandation sur les temps présent. Ce qui est relativement bacal, puisque la dernière phrase tend à indiquer le contraire. Il faudrait lire la lettre de Nicolas en entier.

Vos questions sur la Somme théologique de St Thomas

par Théodore » jeu. 03 mars 2016, 1:52

Peut-on baptiser "au nom du Christ? Je sais bien que la réponse est non.

De la Somme Théologique, Tertia Pars, question 66, article 6 :
Objections :

1. C'est vraisemblable, car notre baptême est un comme notre foi est une. Mais on lit dans les Actes (8, 12) : "Hommes et femmes étaient baptisés au nom de Jésus Christ." Donc maintenant encore on peut baptiser au nom du Christ.

2. Selon S. Ambroise : "En disant : le Christ, vous nommez aussi le Père qui l'a oint, et le Fils lui-même qui a été oint, et le Saint-Esprit en qui il a été oint." Mais on peut donner le baptême au nom de la Trinité. Donc aussi au nom du Christ.

3. Le pape Nicolas répondant à une consultation des Bulgares, dit : "Ceux qui ont été baptisés au nom de la sainte Trinité, ou même seulement au nom du Christ, comme on le lit dans les Actes des Apôtres, ne doivent pas être rebaptisés, car, comme dit S. Ambroise, c'est une seule et même chose." Or il faudrait les rebaptiser si, ayant été baptisés sous cette forme, ils n'avaient pas reçu le baptême. Le baptême peut donc être administré au nom du Christ avec cette formule : "je te baptise au nom du Christ."

Cependant : le pape Gélase II écrit à l'évêque Gaudentius : "Si ceux qui habitent dans le voisinage de Votre Dilection déclarent qu'ils ont été baptisés seulement au nom du Seigneur, sans aucune hésitation, quand ils viendront à la foi catholique, vous les baptiserez au nom de la Trinité." - Et Didyme dit : "Il peut arriver que quelqu'un ait l'esprit assez dérangé pour baptiser en omettant un des noms susdits " - c'est-à-dire d'une des trois Personnes, - " ce baptême sera invalide".

Conclusion :

On l'a dit ci-dessus, les sacrements tiennent leur efficacité de l'institution du Christ. C'est pourquoi, si l'on omet une des conditions posées par le Christ pour tel sacrement, celui-ci perd toute son efficacité, à moins d'une disposition spéciale du Christ, qui n'a pas lié sa puissance aux sacrements. Or le Christ a institué que le baptême serait donné sous l'invocation de la Trinité. Par conséquent, tout ce qui manque à la totalité de cette invocation ruine l'intégrité du baptême.

Qu'on n'objecte pas que le nom d'une Personne suppose le nom d'une autre, comme le nom du Père laisse entendre le nom du Fils; ni que celui qui ne désigne qu'une seule Personne peut avoir des trois une foi correcte. Car le sacrement requiert une forme sensible, aussi bien qu'une matière sensible; aussi l'intelligence de la Trinité ou la foi en elle ne suffisent-elles pas à la perfection du sacrement si la Trinité n'est pas exprimée de façon sensible par des mots. Aussi au baptême du Christ, qui fut à l'origine de l'institution de notre baptême, la Trinité s'est fait connaître à nos sens : le Père par la voix, le Fils en sa nature humaine, l'Esprit Saint par la colombe.

Solutions :

1. C'est par une révélation spéciale du Christ que, dans la primitive Église, les Apôtres baptisaient au nom du Christ, pour que ce nom, odieux aux juifs et aux païens, soit mis en honneur, du fait que le Saint-Esprit était donné au baptême à l'invocation de ce nom.

2. S. Ambroise nous explique pourquoi il convenait que cette dispense fût donnée dans la primitive Église : dans le nom du Christ on entend toute la Trinité. Et par là on gardait au moins dans son contenu intellectuel l'intégrité de la forme que Jésus avait donnée dans l’Évangile.

3. Le pape Nicolas s'appuie sur les deux autorités précédentes. Par conséquent sa réponse s'explique par les deux solutions ci-dessus.
Cela dit j'ai du mal à comprendre la réponse à la troisième objection. Si on peut concéder que cette formule fut autorisée aux apôtres par révélation spéciale, et que Ambroise limite son commentaire à cette exception apostolique, on ne voit pas du tout, en revanche, comment une telle exception serait applicable aux temps du pape Nicolas.

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