Bonjour,
Je répondrais qu'il s'agit d'une
autopunition, une irrésolution et qui est finalement une acceptation définitive de ne pas sortir de soi-même, une volonté de se conserver soi-même. "Qui veut sauver sa vie la perdra".
- Je ne suis pas libre? Je suis enchaîné? Dieu dirait que ma condition serait mauvaise? ou qu'elle pourrait être meilleure? Non, qu'importe! Tant pis si je suis esclave aux yeux du Père, du Fils, du Saint Esprit, parce que moi
je veux sauver mes oignons d'Égypte soit mes idées, mes goûts, mes idéaux, mes satisfactions charnelles, mon sens de la justice à moi, mes détestations, ma raison qui est la meilleure, ma conviction que Dieu est un monstre à quelque part et l'assassin de ma personnalité, etc.
Il y a la condition d'esclave/ il y a la condition d'enfant de Dieu et puis libre de la liberté qui est celle de Dieu.
Les réprouvés en enfer sont des esclaves, rabougris, ratatinés, enchaînés à leur petit moi, incapables d'atteindre à Dieu, dans l'impossibilité de connaître la félicité, la paix comme seul Jésus pourrait la donner. C'est le refus d'accepter le mode de fonctionnement qui est celui du Père.
Car enfin, il est radicalement inconcevable que l'homme choisisse l'enfer de son plein gré, sachant qu'il sera destiné à une éternité de manque d'amour et de souffrances indescriptibles! Cela peut se faire sur terre, parce que l'homme ne connaît pas Dieu, certes, mais cela semble invraisemblable à partir du moment où l'homme possède la pleine connaissance de Dieu,
L'homme ne se trouve pas placé devant un choix qui serait tel l'exercice du libre-arbitre le plus commun : voyons, mais où vais- je aller ce soir? J'ai le choix entre un souper de cinq services chez Fouquet ou une gamelle à l'Armée du salut en compagnie de clochards puants et violents.
Plutôt
L'individu accepte ou non de
perdre des éléments qui lui sembleraient pourtant "fort désirables" d'un point de vue naturel. Il faut accepter de
perdre, comme de
se perdre ou
perdre sa vie afin de pouvoir entrer en Dieu. Pour jouir de la liberté qui est celle de Dieu.
Cette opération se réalise sans que la personne ait pu encore voir Dieu véritablement par-dessus le marché. C'est comme exécuter un saut dans le vide ...
Donc le candidat à l'enfer ou celui qui vient d'y obtenir sa mutation est celui qui est tenu par une frousse de "tous les diables", une peur bleu ... une peur horrible
de la perte, une incapacité radicale de desserer les doigts et de laisser filer ses richesses. Le candidat refuse d'être "vu" par Dieu, de devoir s'abaisser*.
Il est hautement envisageable ou très plausible au contraire que certains êtres intelligents puissent refuser de perdre ce qu'ils sont, ce qui leur serait plus précieux que la prunelle de leurs yeux.
Dans le cas de Satan ...
Le personnage peut se concevoir comme un riche, un super riche en terme de dons reçus de la part de Dieu lui-même. On a affaire à un riche qui a reçu une pléthore de talents dit naturels (...
qui émanent de Dieu en fait). Le personnage est tombé amoureux de "sa" personne et de "ses" talents. Il est bien partant à l'idée de jouir du premier rang. La révolte se fait jour à l'instant où il peut être question que le premier se fasse le serviteur de ceux au dernier rang, des plus déshérités qui auront moins reçus de la part de Dieu au départ. Notre riche refuse de s'abaisser, de se concevoir dans le fond comme aussi "pauvre que le plus pauvre" et pas meilleur en soi que les êtres apparemment plus imparfaits que lui. Bref, Satan préfère son sens de la justice à lui et trouve que le plan de Dieu ne lui convient pas.
Il est plus difficile à un riche d'entrer dans le royaume ...
les prostituées vous précéderont ... etc. Il est plus difficile de "décoller de soi" quand on aurait pu passer toute sa vie à pouvoir se complaire en soi.
L'enfer ne vient donc consacrer qu'une chose : une orientation fondamentale dans laquelle la personne aura décidé de s'enferrer elle-même, une aliénation d'avec les autres qui paraît au sujet comme préférable encore à la soumission à l'ordonnancement divin.
Comment et pourquoi un ange de lumière s'est-il détourné de Dieu? Pourquoi l'homme pourrait-il choisir lui aussi de s'en détourner??
Parce que l'ange de lumière n'a jamais vu Dieu. Pour cela, il lui aurait fallu accepter d'entrer dans la foi. L'Ange aurait dû accepter le principe même de devoir se perdre en un "autre qui serait vraiment autre", un inconnu pratiquement et qui pourrait lui demander de faire des trucs qu'il n'aimerait pas naturellement faire et pour le seul amour de cet autre.
Réponse :
Non serviam!
Le anges qui ont accepté de s'abaisser à l'inverse, de s'effacer pour le seul service de cet autre, de se tenir eux-mêmes pour du néant et pour le seul amour de Dieu : ils sont entrés dans la lumière et ont été illuminés par l'amour de Dieu. Ils sont devenus nos anges, les saints anges, les anges de Dieu.
Petit développement en extra :
On dira par exemple que Marie est la reine des saints anges. Parce que Marie (pauvre créature) était infiniment plus petite que n'importe quel ange et dotée en rien des facultés supérieures que des anges peuvent posséder. Et pourtant? C'est elle qui a réussi la performance que le plus grand des anges n'aura pas été à même de réaliser soit de s'effacer au service de Dieu, pour le seul amour de Dieu, dans la foi, sans avoir vu Dieu. Marie c'est le contre-diable. L'antidote au poison du serpent de la Genèse.
Je vous salue Marie, pleine de grâce
Le Seigneur est avec vous
vous êtes bénie entre toutes les femmes
et Jésus le fruit de tes entrailles
est béni.
Sainte Marie, mère de Dieu
priez pour nous,
pauvres
et pécheurs
maintenant et à l'heure de notre mort
Amen
Elle est dissipatrice de l'orgueil spirituel. C'est fondamental.
Marie, refuge des pécheurs
reine de tous les saints
rassemble-nous tous un jour
pour la Pâque éternelle
dans la communion du Père,
avec Jésus, le Fils
dans l'Esprit
Amen
La Trinité Sainte réalise l'Église en passant par Marie ("Femme, voici ton fils"; "Jean, voilà ta mère")
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* Voir l'histoire de Zachée. Tout est là! Voir Dieu, être vu par Dieu ... la découverte du regard aimant de Dieu.