Bonjour à tous,
Je remercie chacun pour son intervention mais, comme elles sont nombreuses, je répondrai d'abord à Invité.
Merci, cher Invité, d’apporter votre contribution basée sur des connaissances manifestement profondes.
Invité a écrit : ↑lun. 21 déc. 2020, 22:14
En réalité, vous interprétez le sens de ce verset comme si Dieu insufflait une âme à l'homme.
Non, certainement pas. Bien au contraire, ce serait un dualisme qui n’aurait aucun fondement biblique et serait incompatible avec la foi de l’Église.
Si vous avez lu mes réponses à d’autres intervenants, vous pourrez constater combien j’insiste pour rejeter une telle approche que nous sommes d’accord d’écarter.
Ce n’est pas sur ce point que nous sommes en désaccord.
Comment répéter avec des mots différents que nous ne sommes pas une addition d’un peu d’esprit et d’un peu de corps, mais le produit d’une union entre de la vie spirituelle divine et de la vie corporelle ? Notre âme en est le produit avec une nature unique mais une double vie : spirituelle et corporelle.
Invité a écrit : ↑lun. 21 déc. 2020, 22:14
[ni ce récit ni le reste du pentateuque ne soutient pareille conception dans la mesure où la foi en une âme immortelle n'existait pas. La vie humaine se terminait avec la mort physique et l'espérance d'une continuité dans un au-delà n'éffleurait même pas les pensées des rédacteurs bibliques.
Votre interprétation s'élève donc au-delà des mots du texte et de son sens. Vous lui prêtez une dimension qu'il ne comporte pas.
Il me semble que les «
mots » du texte et «
son sens » indiquent une approche qui ne tient compte ni de l’imprécision des «
mots », ni de l’imprécision du «
sens » d’un texte.
Sauf à croire à un prétendu sens littéral unique et clair, il est inévitable que toute interprétation, comme tous les enseignements de l’Église, implique toujours d’aller «
au-delà » d’une signification particulière des mots d’un texte ou d’un sens particulier (tel le sens littéral perçu par un lecteur selon ses propres repères).
Il est évident que la théologie, l’exégèse et les dogmes se dégagent de manière de plus en plus fine selon des progrès influencés par la philosophie et les sciences humaines. Cela vaut pour l’âme immortelle comme pour la Trinité et tous les sujets théologiques utilisant des concepts affinés par d’innombrables réflexions. Vous le savez.
La notion d’âme que nous utilisons, et a fortiori celle d’une âme immortelle, est effectivement le produit d’une longue histoire philosophique et théologique.
Mais, dire que «
La vie humaine se terminait avec la mort physique et l'espérance d'une continuité dans un au-delà n'éffleurait même pas les pensées des rédacteurs bibliques » me semble, par contre, non fondé.
Je crois (impossible d'utiliser ici un autre mot) que la mort et l’au-delà de la mort ont toujours été une question présente pour tout être conscient capable de partager la vie de Dieu, même si c’est, évidemment et comme toujours, dans les limites du langage et de la culture de chaque époque.
Sur quelles constatations ou preuves vous basez-vous pour affirmer que chez les Sumériens ou les Égyptiens du troisième millénaire, par exemple, aucun au-delà n’était imaginé ou espéré, au moins confusément ?
Chez les Hébreux, le shéol a exprimé la question de l’au-delà avec certes une absence profonde de réponse précise. Mais, je ne vois pas ce qui vous incite pour autant à croire que les anciens pensaient à un néant total après la mort comme le pensent aujourd’hui des athées.
Donc, même s’il est exact que le concept d’âme immortelle est plus récent que le récit de la Genèse, il ne faut pas, pour autant, en déduire que la réalité que nous exprimons aujourd’hui avec nos mots actuels était ignorée totalement par un rédacteur de l’antiquité et ne pouvait être présente dans un écrit de manière implicite.
La théologie et l’enseignement de l’Église n’ont jamais cessé de relire, à la lumière de l’Évangile, le sens des textes plus anciens, bien au-delà ce que leurs auteurs pouvaient imaginer.
Il est évident qu’en réfléchissant aujourd’hui à la réalité concrète de la création, nous le faisons en tenant compte de nos connaissances technologiques et scientifiques actuelles bien au-delà du sens que les auteurs originaires pouvaient donner à leur propre texte inspiré parce que nos mots sont différents et que nos connaissances sont bien plus étendues.
Invité a écrit : ↑lun. 21 déc. 2020, 22:14
Dieu façonne l'homme à partir de la matière (image du potier qu'on retrouve plus loin dans la Bible) et lui donne la vie (image du souffle). Il n'est ni question d'une âme ni de l'Esprit-Saint. Voilà le sens de ce verset.
Pourquoi croyez-vous pouvoir limiter ainsi le sens d’un texte ?
Nous sommes bien sûr d’accord de constater que «
Dieu façonne l'homme à partir de la matière (image du potier qu'on retrouve plus loin dans la Bible) et lui donne la vie (image du souffle) », mais pourquoi ajouter aussitôt, par une interprétation restrictive, que «
Il n'est ni question d’une âme ni de l’Esprit-Saint » ?
Contrairement à ce que affirmez, beaucoup de traducteurs de la Bible utilisent le mot «
âme » dans le premier chapitre de la Genèse et ils le font non seulement pour la création de l’adam qui devint ainsi une «
âme vivante », mais en utilisant même aussi ce mot pour les animaux.
L’âme, c’est la personne. L’Église, confrontée à la question de l’âme immortelle, a confirmé que le mot est adéquat, même s’il est bien certain que l’auteur du récit de la Genèse en avait une perception intellectuelle différente et moins subtile que celle dont nous avons hérité par un affinement de milliers d’années tant du langage lui-même que de la philosophie et de la théologie.
Dans une note de 17 mai 1979, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a précisé que «
L’Eglise affirme la survivance et la subsistance après la mort d’un élément spirituel qui est doué de conscience et de volonté en sorte que le « moi » humain, bien que manquant pour un temps de ce complément qu'est son corps, subsiste. Pour désigner cet élément, l’Eglise emploie le mot « âme », consacré par l’usage de l’Ecriture et de la Tradition. Sans ignorer que ce terme prend dans la Bible plusieurs sens, elle estime néanmoins qu’il n’existe aucune raison sérieuse de le rejeter et considère même qu’un outil verbal est absolument indispensable pour soutenir la foi des chrétiens. ».
De même que le concept d’âme, il est évident que le livre de la Genèse ne parle expressément ni de la Trinité, ni de l’Esprit Saint. Cela n’empêche pas l’Église d’en retrouver la trace bien au-delà de ce que l’auteur humain pouvait en penser lui-même.
Lorsqu’Abraham rencontre trois hommes près du chêne de Mambré, il ne pense pas avec le concept de Trinité. L’auteur du texte non plus. Et pourtant…
De même, pour le «
souffle » qui fait l’adam vivant. C’est bien sûr notre foi qui nous permet de comprendre aujourd’hui ce langage bien au-delà du sens de l’auteur primitif.
L’Église n’est pas limitée, dans sa compréhension des textes sacrés, par le sens que leurs auteurs humains pouvaient en avoir.
Invité a écrit : ↑lun. 21 déc. 2020, 22:14
Toutes les théories que vous développez sont nécessairement fausses puisque vous faites totalement abstraction de la manière de pensée de son auteur qui n'est ni celle du temps de Jésus ni la nôtre.
Il me semble que ma réflexion cherche, au contraire, à comprendre ce récit ancien dans son contexte d’origine qui, à mon avis, est bien le contexte sumérien de Ur, en Chaldée, à l’époque d’Abraham, ce que beaucoup refusent de considérer à tort en niant l’ancienneté de ce récit en préférant imaginer une invention durant le premier millénaire.
Beaucoup négligent ainsi de considérer le développement considérable du langage déjà atteint à la fin du troisième millénaire avant Jésus-Christ (avec les formidables découvertes qui le prouvent) et la finesse des réflexions qu’il permettait déjà par rapport à Dieu ou à une vie au-delà des réalités terrestres.
Mais, votre réflexion me semble surtout ambiguë en ce qu’elle semble opposer le fait inévitable que nous réfléchissons avec notre manière de penser et le fait que le sens que l’auteur d’un récit a exprimé selon sa propre manière de penser n’exclut pas d’y retrouver des traces de réalités qui n’ont été comprises que plus tard.
Il est évident que l’auteur du récit biblique de la création ne connaissait ni les dinosaures, ni toutes nos découvertes scientifiques, ni les dogmes de l’Église concernant l’âme immortelle, la Trinité ou le péché originel.
Mais, et c’est ici que nous semblons diverger, cela n’empêchait pas une parole écrite, que nous croyons inspirée, de révéler des éléments essentiels pour notre foi concernant notre nature et notre vocation.
S’il fallait écarter tout ce qui dépasse la manière de penser des auteurs bibliques dans leur contexte historique, notre foi serait aussi pauvre que fossilisée dans une compréhension antique dépassée par les développement ultérieurs du langage et des connaissances.
Invité a écrit : ↑lun. 21 déc. 2020, 22:14
Vous ôtez donc à ce récit la signification que l'auteur a voulu lui donner pour le conduire vers un nouveau mode de pensée. Ça ne tient pas et il en résulte des hypothèses qui se heurtent non seulement au sens du récit lui-même mais aux sciences.
Il ne s’agit pas d’ôter quoi que ce soit de la signification originaire d’un récit, mais l’Évangile et l’actualisation constante de la foi nous invite en effet sans cesse à en enrichir la compréhension avec nos nouveaux modes de pensée à chaque époque.
Cela ne peut pas heurter «
le » sens d’un récit qu’il faut toujours respecter, mais cela peut heurter «
un » sens au nom duquel on peut être tenté de limiter a priori tant ce que l’auteur primitif a voulu dire que ce que son texte peut exprimer au-delà de ce qu’il voulait expressément et consciemment exprimer.
Le respect des acquis actuels de la science autant que des enseignements de l’Église sont, très certainement des bases dont on ne peut s’écarter. Votre reproche, à cet égard, n’est pas justifié de manière précise, mais soyez le bienvenu sur chaque détail de la réflexion dont je confirme volontiers qu’elle doit, en effet, respecter une triple cohérence : avec le sens du texte pour l’auteur primitif, avec l’enseignement officiel de l’Église et avec les acquis des sciences.
Je ne pense pas m’en être écarté, mais je suis ouvert à toute correction qui serait justifiée.
En fait, chacun doit se confronter aux mêmes constats : nous sommes des âmes immortelles à la différence de toute autre créature terrestre, cela implique nécessairement un commencement dans l’histoire et il me semble que cela ne laisse que deux alternatives : soit une création physiquement instantanée sans évolution, ni préhumains, soit une création spirituelle non pas «
dans » mais «
avec » du corporel issu de l’évolution d’une espèce biologique préhumaine que la science nous décrit plus ou moins précisément.
Car, une chose est certaine : il est impossible que l’âme humaine soit devenue progressivement immortelle. Cela ne peut être qu’un fait instantané dans l’histoire concrète.
Si vous avez une autre alternative à proposer, je serais très heureux d’en prendre connaissance.
Mais, si c’est la réalité même d’une âme immortelle que vous mettez en doute, alors, effectivement, vous allez vous retrouver dans la mouvance antispéciste, sans possibilité de distinguer objectivement les humains des animaux et dès lors d’admettre une création historique.
C’est l’incarnation du Christ qui peut seule convaincre de ce qu’a pu être notre propre création.