Dieu connu par le sage

Règles du forum
Forum de discussions entre chrétiens sur les questions de théologie dogmatique

Répondre


Cette question vous permet de vous prémunir contre les soumissions automatisées et intensives effectuées par des robots malveillants.
Émoticônes
:?: :!: :arrow: :nule: :coeur: :) ;) :( :mal: :D :-D :oops: :cool: :/ :oui: :> :diable: <: :s :hypocrite: :p :amoureux: :clown: :rire: :-[ :sonne: :ciao: :zut: :siffle: :saint: :roule: :incertain: :clap: :fleur: :-@ :non: :cry: :bomb: :exclamation: :dormir: :wow: :boxe: :furieux: :toast: :dance: :flash:
Plus d’émoticônes

Le BBCode est activé
La balise [img] est activée
La balise [flash] est désactivée
La balise [url] est activée
Les émoticônes sont activées

Relecture du sujet
   

Agrandir Relecture du sujet : Dieu connu par le sage

par Métazét » dim. 23 juil. 2006, 21:10

C'est simple, Christophe, votre phrase était en réponse à mon argument suivant lequel, le fait de ne pas sauver l'homme mort en état de péché mortel pouvait être considéré comme un châtiment divin. J'ai donc pensé - légitimement - qu'elle entendait réfuter l'idée suivant laquelle l'Enfer éternel est bien un châtiment divin.

Or, si l'Enfer éternel pour l'homme en état de péché mortel n'est pas un châtiment divin, on ne voit pas pourquoi, précisément, il serait éternel. En effet, Dieu étant tout puissant pourrait, s'il le voulait, venir le repêcher.

Si, en fin de compte il ne le fait pas, alors c'est qu'il le laisse, volontairement, à son sort, donc qu'il lui impose, par défaut de venir le repêcher, l'Enfer éternel. Or, quelle différence profonde, au niveau de l'intention et des faits, entre imposer volontairement à quelqu'un quelque chose qui lui est désagréable, à cause de quelque chose que ce quelqu'un a mal fait ; ou, toujours volontairement, le laisser subir quelque chose de désagréable, à cause de quelque chose que ce quelqu'un a mal fait ? Dans les faits et dans l'intention, cela revient au même. Seul le moyen change.

Reprenons mon exemple du grand-père. Supposons que cela soit par virement automatique que tous les mois il verse 100 euros à son petit-fils. Supposons que le mois où ce dernier a mal travaillé à l'école, il se trouve qu'un bogue dans le service informatique de la banque du grand-père empêche la transaction. Si le grand-père se borne à ne pas chercher à donner les 100 euros coûte que coûte (en signalant le bogue à la banque, en lui donnant les 100 euros de sa poche, etc.) alors, dans l'intention et dans les faits, il aura punit son petit-fils malgré tout. Il y aura eu châtiment.

Bien cordialement,

Mikaël

par Christophe » dim. 23 juil. 2006, 20:10

[align=justify]Mikaël,
Métazét a écrit :Si j'en crois votre vision des choses, cela voudrait dire qu'après la mort, un homme mort en état de péché mortel et qui se rendrait compte, à ce moment-là, que l'Enfer n'est pas ce qu'il voulait, pourrait encore être sauvé en demandant pardon à Dieu, en acceptant cet amour miséricordieux divin. Car en effet, on ne peut pas parler d'acte pleinement libre s'il n'est pas en toute connaissance de cause. L'ignorance, avant la mort, de ce que c'est l'Enfer, fait que l'acte de persister dans le pêché est moins libre que l'acte de regret qui suit la mort, lorsque cet homme est en Enfer. Or, si, comme vous le dites, c'est par respect de la liberté humaine - et non par châtiment - que Dieu ne sauve pas l'homme mort en état de péché mortel, alors c'est une nouvelle fois respecter la liberté humaine que de le tirer de là et de l'accepter en son sein s'il n'aime pas l'Enfer et regrette ses erreurs.

Pourtant, je ne crois pas que ce soit là ce qu'enseigne votre religion...
Voilà ce qu'enseigne l'Eglise catholique et auquel j'adhère sans réserve :
" S’il veut que « tous parviennent au repentir » (2 P 3,9), Dieu a toutefois créé l’homme libre et responsable, et il respecte ses décisions. C’est donc l’homme lui-même qui, en pleine autonomie, s’exclut volontairement de la communion avec Dieu, si, jusqu’au moment de sa mort, il persiste dans le péché mortel, refusant l’amour miséricordieux de Dieu. "
" Nous ne pouvons pas être unis à Dieu à moins de choisir librement de l’aimer. Mais nous ne pouvons pas aimer Dieu si nous péchons gravement contre Lui, contre notre prochain ou contre nous-mêmes : " Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un homicide ; or vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui " (1 Jn 3, 15). Notre Seigneur nous avertit que nous serons séparés de Lui si nous omettons de rencontrer les besoins graves des pauvres et des petits qui sont ses frères (cf. Mt 25, 31-46). Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de Lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot " enfer ". "

Je me demande bien de quelle façon vous déduisez de l'unique phrase de mon cru ("C'est surtout un refus pour Dieu de sauver l'homme contre son gré, au mépris de sa liberté") - qui n'est jamais qu'une reformulation des textes catéchétiques - une contradiction avec l'enseignement de la sainte Eglise catholique. Merci d'instruire plus rigoureusement votre procés en hérésie.

Quant à la "vision des choses" que vous m'attribuez, sachez qu'elle n'est pas la mienne.


Cordialement
Christophe[/align]

par Métazét » dim. 23 juil. 2006, 19:06

Salut Christophe,
Christophe a écrit :Salut Mikaël
Métazét a écrit :On peut quand même considérer que Dieu inflige à l'homme son refus de le sauver. Ce n'est pas alors un châtiment au sens positif du terme, mais un châtiment négatif par un refus, venant de Dieu, de sauver l'homme qui n'aurait pas suivi ses commandements.
C'est surtout un refus pour Dieu de sauver l'homme contre son gré, au mépris de sa liberté.

Bien à vous
Christophe
Si j'en crois votre vision des choses, cela voudrait dire qu'après la mort, un homme mort en état de péché mortel et qui se rendrait compte, à ce moment-là, que l'Enfer n'est pas ce qu'il voulait, pourrait encore être sauvé en demandant pardon à Dieu, en acceptant cet amour miséricordieux divin. Car en effet, on ne peut pas parler d'acte pleinement libre s'il n'est pas en toute connaissance de cause. L'ignorance, avant la mort, de ce que c'est l'Enfer, fait que l'acte de persister dans le pêché est moins libre que l'acte de regret qui suit la mort, lorsque cet homme est en Enfer. Or, si, comme vous le dites, c'est par respect de la liberté humaine - et non par châtiment - que Dieu ne sauve pas l'homme mort en état de péché mortel, alors c'est une nouvelle fois respecter la liberté humaine que de le tirer de là et de l'accepter en son sein s'il n'aime pas l'Enfer et regrette ses erreurs.

Pourtant, je ne crois pas que ce soit là ce qu'enseigne votre religion...

Bien à vous,

Mikaël

par Christophe » dim. 23 juil. 2006, 18:51

Salut Mikaël
Métazét a écrit :On peut quand même considérer que Dieu inflige à l'homme son refus de le sauver. Ce n'est pas alors un châtiment au sens positif du terme, mais un châtiment négatif par un refus, venant de Dieu, de sauver l'homme qui n'aurait pas suivi ses commandements.
C'est surtout un refus pour Dieu de sauver l'homme contre son gré, au mépris de sa liberté.

Bien à vous
Christophe

par Métazét » dim. 23 juil. 2006, 18:33

On peut quand même considérer que Dieu inflige à l'homme son refus de le sauver. Ce n'est pas alors un châtiment au sens positif du terme, mais un châtiment négatif par un refus, venant de Dieu, de sauver l'homme qui n'aurait pas suivi ses commandements.

C'est comme si, par exemple, un grand-père donnait tous les mois 100 euros à son petit-fils. Or il s'avère que ce petit-fils, un certain mois, a eu des résultats lamentables à l'école. En conséquence de quoi, le grand-père peut alors refuser de lui donner ce mois là ses 100 euros. Puisque le fait de recevoir 100 euros de son grand-père tous les mois était la situation normale, et que ce mois-là il ne les a pas eu, on peut bien parler de châtiment de la part de son grand-père.

Bien cordialement,

Mikaël

par Christophe » dim. 23 juil. 2006, 18:17

Popeye a écrit :La seconde approche aboutit aux pires divagations doctrinales. Systématisant ce postulat faux que Dieu n’est qu’Amour, il en vient, pour maintenir la cohérence de son discours, à une négation expresse de toutes les vérités de foi qui contredisent sa thèse. Si Dieu n’est qu’Amour, il faut nier les peines de sens (négation de la Justice Divine). Et quant à la peine de dam, affirmer qu’elle n’est pas un châtiment que Dieu inflige mais uniquement le corrolaire de l’obstination dans la faute, ce qui est contraire à la foi catholique.
FAUX EN DIABLE
Compendium du Catéchisme de l'Eglise catholique a écrit :213. Comment concilier l’existence de l’enfer et l’infinie bonté de Dieu?

1036-1037

S’il veut que « tous parviennent au repentir » (2 P 3,9), Dieu a toutefois créé l’homme libre et responsable, et il respecte ses décisions. C’est donc l’homme lui-même qui, en pleine autonomie, s’exclut volontairement de la communion avec Dieu, si, jusqu’au moment de sa mort, il persiste dans le péché mortel, refusant l’amour miséricordieux de Dieu.
Catéchisme de l'Eglise catholique a écrit :IV. L’enfer

1033 Nous ne pouvons pas être unis à Dieu à moins de choisir librement de l’aimer. Mais nous ne pouvons pas aimer Dieu si nous péchons gravement contre Lui, contre notre prochain ou contre nous-mêmes : " Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un homicide ; or vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui " (1 Jn 3, 15). Notre Seigneur nous avertit que nous serons séparés de Lui si nous omettons de rencontrer les besoins graves des pauvres et des petits qui sont ses frères (cf. Mt 25, 31-46). Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de Lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot " enfer ".

Re: les limbes

par marchenoir » mar. 02 mai 2006, 17:40

popeye a écrit :

Bonjour Marchenoir.

Je vous remercie de m'avoir posé cette question. Vous comprendrez aisément, et je ne doute pas instant que vous êtes le premier à l'admettre, qu'on ne peut jouer de Vatican II contre la Tradition qui le précède ni de la Tradition contre Vatican II : Vatican II s'insère harmonieusement dans la Tradition, pour autant qu'on ait pas de Vatican II une lecture progressiste-moderniste-hérétique appelant en retour des réactions intégristes-schismatiques. La position relative aux Limbes est suffisament étayée par des preuves d'autorité pour être hors de conteste. Comment donc concilier ce fait dogmatiquement certain (les Limbes) d'avec le dogme de la volonté divine salvifique universelle ? De la même manière qu'on concilie cette volonté salvifique universelle et le fait de l'Enfer et des damnés.



I - Volonté salvifique universelle et volonté de damner les damnés :

C'est effectivement dans la première épître à Timothée qu'est formulée explicitement le fait de la volonté salvifique universelle. Mais nonobstant que Dieu veuille le salut de tous les hommes, tous ne seront pourtant pas sauvés.

Tout d'abord, il est de foi divine et catholique que les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel sont damnés : « Par la présente Constitution qui doit rester à jamais en vigueur, et de notre autorité apostolique, nous définissons ce qui suit : … Nous définissons encore ce qui suit : d’après la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent coupables de péché mortel actuel descendent aussitôt après leur mort en Enfer pour y subir les peines infernales ; et néanmoins, au Jour du Jugement, tous les hommes comparaîtront avec leur corps devant le tribunal du Christ, pour rendre compte de leurs actes personnels, afin que chacun soit récompensé en son corps suivant qu’il aura fait le bien ou le mal ». Portée ex cathedra par le Souverain Pontife Benoît XII, la Constitution Benedictus Deus engage l’infaillibilité de l’Église. Peut-être alors quelqu'un rétorquera que la définition n'évoque qu'un cas hypothétique : "si", alors... Sauf qu'il s'agit bien plus que d'une hypothèse : il est de foi qu'il y a et aura des damnés.

Il nous est encore formellement révélé qu'il y a et aura des damnés : 1° le diable et ses anges d'une part (Mt XXV 41) ; 2° beaucoup d'hommes de l'autre. Que la majeure partie des hommes soit damnée, c’est formellement révélé : Celui qui garde sa vie la perd (Mt X 38-39), raison pourquoi « large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et beaucoup s’y engouffrent, alors qu'étroite est la porte et resséré le chemin qui mène à la vie, et peu sont ceux qui le trouvent. » (Mt VII 13-14). « Il y aura beaucoup d’appelés mais peu d’élus. » (Mt XXII 14). La multitude des élus (Ap VII 9) est donc proportionnellement faible sinon infime face à l’énorme masse de perdition. Quant à ceux qui, après avoir pris le mauvais chemin, se sont repentis : Soit ce repentir a été efficace, et ils sont morts en état de grâce, ayant reçu le grand don de la persévérance finale, auquel cas ils font partie du « peu » ayant trouvé la voie du salut. Soit ils n’ont pas tenu, ayant bati sur le sable (Mt VII 24-27), de sorte qu’au final ils se sont engouffrés avec la multitude dans la voie de la perdition sempiternelle.

Comment lors concilier volonté salvique universelle et damnation du grand nombre ? Que Dieu veuille damner ceux qu'Il damne, c'est un fait théologiquement certain. La raison en est que la damnation (peines de damn et de sens) consistant en le prononcé de peines sempiternelles, a Dieu pour Auteur. Or l'activité ad extra de Dieu est libre, comme chacun sait. Donc cet agir ressort du Vouloir Divin. Comment donc concilier ce vouloir d'avec la volonté salvifique universelle ?

La réponse traditionnelle des grands scolastiques est invariable sur le fond, encore que de réelles divergences apparaissent dans l'explicitation. Cette réponse invariable consiste à distinguer dans l'ordre des vouloirs divins : volonté antécédente et volonté conséquente : de volonté antécédente, Dieu veut le salut de toutes ses créatures spirituelles ; de volonté conséquente, Il ne veut le salut que de celles qui de facto sont sauvées. La divergence n'apparait que quant à la question de la prédestination à la grâce ante ou post praevisa merita ? Vous noterez au passage que même à opter pour une prédestination à la grâce post praevisa merita, tous, fussent-ils jésuites, confessent une prédestination à la gloire ante praevisa merita.

Vous remarquerez que cette réponse, invariable quant au fond, suppose que le Vouloir soit formellement en Dieu. Les scolastiques latins l'admettent, nottament en raison du schème psychologique trinitaire d'Augustin. Sur ce point, S.Thomas n'est que le témoin d'une tradition qu'il reçoit : « Selon S.Jean Damascène, ce texte (I Tm II 3-4) se comprend de la volonté antécédente, non de la volonté conséquente. Cette distinction ne se prend pas du côté de la volonté divine elle-même, dans laquelle il n’y a ni avant ni après, mais du côté des choses voulues. Pour le comprendre il faut considérer que toute chose, selon qu’elle est bonne et dans cette mesure, est voulue par Dieu. Or quelque chose peut être à première vue bon ou mauvais considéré en soi-même, alors que dans sa connexion à autre chose, ce qui est une considération conséquente, on voit les choses à l’inverse. Ainsi, qu’un homme vive est bon, tuer un homme est mauvais, si l’on considère la chose en elle-même. Mais si on ajoute à cela, pour un homme déterminé, que cet homme est un assassin ou qu’il est un danger pour la collectivité, de ce point de vue il est bon que cet homme soit mis à mort, et mauvais qu’il vive. Aussi pourra-t-on dire d’un juge épris de justice que de volonté antécédente il veut que tout homme vive, mais que de volonté conséquente il veut que l’assassin soit pendu. Semblablement, Dieu veut que quelques uns soient damnés, comme sa Justice l’exige. Cependant, même ce que nous voulons antécédemment nous ne le voulons pas purement et simplement, mais sous un certain aspect. Car la volonté se rapporte aux choses telles qu’elles sont en elles-mêmes, et en elles mêmes elles sont particularisées. C’est pourquoi nous voulons purement et simplement une chose quand nous la voulons en tenant compte de toutes les circonstances particulières, ce qui est vouloir de volonté conséquente. On peut donc dire que le juge épris de justice veut purement et simplement que l’assassin soit pendu, mais que sous un certain aspect il voudrais qu’il vive, en tant qu’il est un homme ; ce qu’on peut appeler une vélléité plutôt qu’une volonté absolue. Cela fait bien voir que tout ce que Dieu veut absolument se réalise, bien que ce qu’il veut de volonté antécédente ne se réalise pas. » (Ia Q.19 a.6 sol.1 ; à propos de I Tm II 3-4, « Dieu notre Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité »).

Mais on peut s'interroger : si Dieu est formellement intellection et volition, est Il simple. Dit autrement, la simplicité divine n'oblige t'elle pas à réduire l'intelligence et la volonté divines à des perfections mixtes ? Ce débat théologique, qui ressort de la théologie métaphysique ou théologie naturelle, est d'extrême importance : c'est la question des Noms et des Attributs divins. Vous comprendrez aisément que si Dieu est formellement Intelligent et Volontaire, la question qui nous occupe ici est réglée : distinction dans l'ordre des vouloirs divins, entre volonté antécédente et conséquente. A l'inverse, la question se doit d'être traitée à frais nouveau si la simplicité divine exclut que Dieu soit formellement intellection et volition. Car dans cette hypothèse, qui n'est pas le propre des nominalistes puisque des réalistes la soutiennent, Dieu n'est dit Intelligent ou Volontaire que par manière impropre de parler, la Déité Sursimpissime étant au delà de l'intellection et du vouloir, et n'est dite "intelligente" ou "volontaire" qu'équivalemment, à raison de ses effets ; leur contingence manifestant la liberté de la Cause (ils n'ont aucune nécessité absolue, ni par soi ni par autrui), et leur intelligibilité l'intelligence ordonnatrice de leur Cause. Dans cette dernière hypothèse, on parlera toujours de volonté antécédente et de volonté conséquente, mais ces mots auront une autre portée : impossibilité de passer de l'ordre d'exécution à l'ordre d'intention, et en corollaire, interprétation différente de la doctrine de la préscience et de la prédestination contenue dans l'Ecriture (in Rm VIII 28-30). S.Thomas écrit certes que la distinction des vouloirs divins en antécédents et conséquents "ne se prend pas du côté de la volonté divine elle-même, dans laquelle il n’y a ni avant ni après, mais du côté des choses voulues." Mais ces choses voulues sont -d'après lui et d'autres-, en Dieu avant que d'être en elles mêmes, comme objets d'intellection et de vouloir, d'où sa distinction entre l'ordre providentiel (d'intention) et l'ordre gouvernemental (d'exécution) [distinction de la Providence Divine et du Gouvernement Divin sur les créatures] : un seul acte de Volonté Divine, lequel est Dieu, ordonnant les objets à vouloir selon l'avant et l'après ; objets qu'Il précontient "virtuellement" ou qu'au contraire, dans la seconde hypothèse, sa Simplicité exclut.

Pour résumer synthétiquement, soit Dieu est formellement intellection et volition, et il existe un ordre d'intention en Dieu, préalable à l'ordre d'exécution. Soit la Simplicité divine s'oppose à ce que Dieu soit formellement intellection et volition, et Dieu n'est qu'équivalemment, en sa suréminence, ce que sont l'intelligence et la volonté. Auquel cas, à proprement parler, il n'y a pas d'ordre d'intention : les "possibles" ne préexistent pas en Dieu Sursimplissime : il n'y a qu'un ordre d'exécution. Cette hypothèse a ma préférence, mais elle ne peut être soutenue que pour autant qu'elle respecte le donné révélé, et notamment Rm VIII 28-30, qui affirme la prescience et la prédestination. Comment, si l'ordre d'intention est nié au nom de la Simplicité Divine ? J'avoue n'avoir pas encore la réponse, et y travaille, entre autres choses. En tout état de cause, une distinction de la volonté divine en antécédente et conséquente, à tout le moins dans l'ordre d'exécution, même à supposer que le vouloir n'est qu'équivalemment en Dieu.



II -Volonté salvifique universelle et volonté de limber les limbés :

1° Réponse à l'objection tirée de Gaudium et Spes :

Oui, le Christ est mort "pour tous", "pour nous tous", "en rançon pour tous" :

Cela signifie que le Sacrifice expiatoire de la Croix est à même de sauver TOUS les hommes, pour autant que les hommes y coopèrent. Or tous n'y coopèrent pas, d'où la damnation du grand nombre. Pour ce qui est des adultes, vous me direz que c'est Justice, vu qu'ils se sont librement détournés de la grâce. Mais pour les bambins morts sans Baptême ?

Je vous engage à relire votre citation de Gaudium et Spes : "nous devons tenir que l'Esprit-Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au Mystère Pascal."

La possibilité, pas la nécessité.

Un foetus avorté ou un bambin mort sans baptême avait la possibilité de recevoir le Baptême s'il eût vécu assez longtemps pour le recevoir. La possibilité était réelle. Le texte de Gaudium et Spes n'affirme aucunement ce que votre question sous-entendait, savoir l'offre d'une grâce actuelle de conversion. Il n'affirme que l'offre d'une possibilité. Cette réponse n'est pas seulement conforme à la lettre de Vatican II. Elle est encore conforme à l'esprit de la Tradition, l'existence des limbés étant de foi, comme cela ressort des documents cités. Le véritable problème du Concile de Vatican II, ce n'est pas le Concile, mais l'exégèse défectueuse sinon fautive que beaucoup en font. D'où, en retour, les clameurs intégristes.

2° Réponse à l'objection tirée de Lumen Gentium :

Le Christ est le Chef de tous les hommes, qu'ils soient au Ciel ou en Enfer, en vie où à venir. Il est le Chef de tous les hommes, car en Lui repose la plénitude, et qu'Il est Seigneur. De surcroît, et d'une manière particulière, il est encore Chef des élus à un titre spécial, en tant qu'il est le nouvel Adam, Chef de son corps mystique.

Quant à dire que ceux qui n'ont pas encore reçus l'Evangile sont ordonnées au Peuple de Dieu, cela signifie au moins trois choses : D'une, que Tous les hommes sont, de volonté antécédente, appelés au salut. De deux, que l'infidèle négatif, c'est-à-dire l'infidèle dont la non-reception de l'Evangile n'est pas imputable à péché, peut, s'il vit conformément à la Loi naturelle, être sauvé. Ce point ressort de l'Ecriture : "Sans la foi, il est IMPOSSIBLE de plaire à Dieu. Car celui qui s'aproche de Dieu doit croire qu'Il existe et qu'Il se fait le rémunérateur de ceux qui Le cherchent." (Hb XI 6). Cet infidèle négatif, en tant qu'il est en état de grâce, est dit appartenir à l'Eglise par l'âme mais non par le corps. En ceci, il est évidemment ordonné à l'Eglise, Peuple de Dieu. De trois, l'infidèle positif, c'est-à-dire l'infidèle dont la non-reception de l'Evangile est imputable à péché (mortel), de même que l'infidèle négatif qui vit dans le péché mortel (ex. luxure), s'ordonne doublement au Peuple de Dieu : - D'une part, tant qu'il est sur terre, il a la possibilité d'intégrer l'Eglise, soit quant à l'âme (infidèle négatif), soit quant à l'âme et le corps (infidèle positif) ; possibilité en laquelle consiste son ordonnancement au Peuple de Dieu. - D'autre part, après sa mort, l'infidèle positif ou négatif mort en état de péché mortel est ordonné à l'Eglise triomphante comme l'inférieur au supérieur, le damné manifestant aux yeux des élus la rigueur de la Justice divine en raison des tourments sempiternels qui l'accablent.









En espérant avoir répondu à vos interrogations.



Catholiquement. :!:

Popeye
Bonsoir Popeye.

Merci beaucoup pour votre réponse. Mon peu de familiarité avec les concepts théologiques ne me permet pas d'y réagir dans l'immédiat mais je suis certain qu'elle me fera progresser dans la question.

Cordialement.

marchenoir.

les limbes

par marchenoir » lun. 01 mai 2006, 22:25

popeye a écrit : 2) Le problème théologique des Limbes :

1° C’est par le baptême que se remet tant la tache que la peine éternelle du péché originel :

« Si quelqu’un affirme que ce péché d’Adam - (péché) qui est un par son origine et (qui), transmis par propagation héréditaire et non par imitation, est propre à chacun -, est enlevé par les forces de la nature humaine ou par un autre remède que le mérite de l’unique médiateur NSJC qui nous a réconciliés avec Dieu dans son sang, “devenu pour nous justice, sanctification et rédemption” (I Cor I 30) ; ou s’il nie que ce mérite de Jésus-Christ soit appliqué aussi bien aux adultes qu’aux enfants par le sacrement (du baptême) conféré selon la forme et l’usage de l’Église, qu’il soit anathème. Car “il n’est pas d’autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel nous devons être sauvés” (Ac IV 12). D’où cette parole : “Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde” (Jn I 19), et celle-ci : “Vous tous, qui avez été baptisés, vous avez revêtu le Christ.” (Ga III 27).» (Concile Œcuménique de Trente, décret sur le péché originel, canon 3, Dz 1513).

Pour ce qui est des adultes, le sacrement baptismal peut être suppléé par un baptême de désir (cf. CEC 1257-1260). C’est le cas du baptême de sang des catéchumènes. C’est encore le cas du désir implicite du baptême de l’infidèle négatif (celui dont l’infidélité n’est pas imputable à péché à raison d’ignorance invincible), pour autant qu’il croit que Dieu existe et qu’il se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent (Hb XI 6), et pour autant qu’il ne soit pas par ailleurs en état de péché mortel. La question se pose de savoir si les touts-petits enfants sont capables d’un tel désir implicite. Le désir implicite de l’infidèle négatif qui croit en un Dieu rémunérateur et qui vit selon la loi naturelle est implicite en ce sens que s’il connaissait l’obligation du baptême pour son salut, il le désirerait, son infidélité n’étant pas la conséquence d’un refus fautif de la foi chrétienne et ses œuvres témoignant qu’il vit dans la crainte et dans l ’amour de Dieu. En tant que les petits enfants non-baptisés n’ont pas d’autre péché que le péché originel, il sont exempts de tout péché actuel. Doit-on lors, en considération de cette absence de péché actuel, étendre aux infans ce qui vient d’être dit de l’infidèle négatif qui vit vertueusement ? Peut-on dire que s’il connaissait l’obligation du baptème, il s’y soumettrait ? Pour que ce faire se puisse, il faudrait que le petit enfant soit capable d’un « acte humain », terme qui en théologie morale désigne l’acte accompli avec l’advertance suffisante de la raison et de la volonté pour être imputable à mérite ou démérite. Or précisément cette circonstance fait défaut chez les petits, privés de l’usage de la raison. Un tout petit est moralement irresponsable parce qu’il n’a pas le discernement suffisant pour apprécier les conséquences de ses actes. Mais du fait même, s’il ne peut démériter (péché actuel), il ne peut pas plus mériter (désir implicite). Et c’est pourquoi on ne peut pas appliquer aux infans la doctrine du baptême de désir : ils n’ont pas l’âge de raison, requis entre autres choses pour la communion. Et c’est pourquoi, ils « descendent immédiatement en Enfer » (Dz 858, 926, 1306 précités), c’est-à-dire aux Limbes, pour y subir à tout le moins la peine de damn (Dz 780 précité).

« Quiconque dit que le Seigneur a dit “Dans la maison de mon Père il y a plusieurs demeures” (Jn XIV 2) pour signifier qu’il y a dans le Royaume des cieux un certain lieu, se trouvant au milieu ou ailleurs, où vivent bienheureux les petits enfants qui ont quitté cette vie sans le baptême, (baptême) sans lequel ils ne peuvent pas entrer dans le Royaume des cieux qui est la vie éternelle, qu’il soit anathème. Car le Seigneur a dit : “À moins de renaître d’eau et d’Esprit Saint, nul n’entre dans le Royaume des cieux” (Jn III 5). Quel catholique doutera que sera un compagnon du diable celui qui n’aura pas mérité d’être cohéritier du Christ ? En effet, celui qui ne sera pas à droite sera sans nul doute à gauche. » (XVème Concile de Carthage, canon 3’, Dz 224).

« Que les petits enfants puissent, même sans la grâce du baptême, jouir des récompenses de la vie éternelle, cela est stupide au plus au point… » (Innocent I, lettre « Inter ceteras Ecclesiæ Romanæ » aux pères du Concile de Milève, Dz 219).

«Si quelqu’un nie que les tout-petits, qui viennent de naître de leur mère doive être baptisés, même s’ils viennent de parents baptisés, ou s’il dit qu’ils sont certes baptisés pour la rémission des péchés, mais qu’ils ne portent rien du originel venant d’Adam qu’il est nécessaire d’expier par le bain de la régénération pour obtenir la vie éternelle, d’où il suit que pour eux la forme (formule)du baptême pour la rémission des péchés n’a pas un sens vrai mais faux, qu’il soit anathème. Car on ne peut pas comprendre autrement ce que dit l’Apôtre : “Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui” (Rm V 12), si ce n’est comme l’a toujours compris l’Église catholique répandue en tous lieux. C’est en effet à cause de cette règle de foi venant de la Tradition des Apôtres “que même les tout-petits, qui n’ont pas encore pu commettre aucun péché par eux-mêmes, sont pourtant vraiment baptisés pour la rémission des péchés, afin que soit purifié en eux par la regénération ce qui est contracté par la génération” (XVème Concile de Carthage, canon 2, Dz 223) ; en effet, “nul, s’il ne renaît de l’eau et de l’Esprit Saint, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu” (Jn III 5). » (Concile Œcuménique de Trente, décret sur le péché originel, canon 4, Dz 1514).

De sorte que la seule espérance « de salut » dont il puisse raisonnablement être question au numéro 1261 du CEC, c’est que les petits morts sans baptême ne subissent pas les peines de sens, soient sauvés des peines de sens, contrairement à l’opinion des augustiniens. L’équité humaine autant que le Magistère (« Pœna originalis peccati est carentia visionis Dei, actualis vero pœna peccati est gehennæ# perpetuæ cruciatus », Dz 780) donnent à penser qu’en fait de peines ils ne connaissent que celle du damn. Mais rien n’est sur, la Vindicte divine pouvant se déchaîner sur eux aussi puisqu’ils sont privés de l’exigible, d’où la théologie terrible de Grégoire de Rimini, surnommé plaisamment par ses contradicteurs « le bourreau des enfants », parce qu’il multipliait à l’excès les peines de sens frappant afflictivement les limbés. De là à nier toute peine de sens, il y a de la marge. Car cette négation suppose implicitement la thèse dominicaine de la possibilité d’une béatitude purement naturelle pour les limbés, thèse difficilement conciliable avec cette autre thèse reçue dans l’ordre des précheurs d’un désir naturel inefficace de voir Dieu. Nous ne pouvons donc, en conformité à l’enseignement catéchétique (CEC 1261), qu’espérer en la Miséricorde du Dieu de Merci exonérant des peines de sens les petits enfants morts sans baptême. Mais rien n’est sur, et c’est pourquoi « D’autant plus pressant est .. l’appel de l’Église à ne pas empêcher les petits enfants de venir au Christ par le don du saint Baptême. » (id.).

2° En conclusion :

1) Parce qu’il est de foi divine et catholique (dogme de foi) que le péché originel avec lequel nous naissons tous est un péché mortel, est théologiquement certain que ceux qui meurent marqués de la seule tache du péché originel sont exclus de la vie divine et béatifiante, hors le Ciel, hors le Paradis, en Enfer, où ils subissent la PEINE du dam, laquelle est privation de la vision de Dieu. Cette vérité théologiquement certaine étant l’objet d’un enseignement ordinaire et constant du magistère de l’Église, ressort du canon 750 §2 du NCIC. Qui la nierait se retrouverait donc dans la position de celui qui rejette les vérités de la doctrine catholique, et ne serait donc plus en pleine communion avec l’Église catholique. 

2) Reste ouvert le débat quant à savoir s’ils subissent en outre la peine de sens, fut elle minime (« mitissima » pour parler comme S.Augustin). Si oui, les Limbes sont le premier cercle de l’Enfer, qui ne se distingue des suivants que par le faible degré des peines de sens. Si non, ce premier cercle diffère des suivants en ce que la peine de sens y est absente. Pour l’affirmative, les autorités suivantes : S.Augustin d’Hippone, S.Grégoire le Grand, S.Anselme de Cantorbéry, S.Robert Bellarmin… : ce n’est pas rien. Pour la négative, S.Thomas d’Aquin. Ceux que la question interesse se reporteront au DTC, article Limbes, qu’il compléteront par l’article volonté de Dieu, col. 3373-3374. Cela évitera peut-être des censures excessives. Car jusqu’à preuve du contraire, même l’opinion de Grégoire de Rimini, multipliant les peines de sens sur les petits morts sans baptème en un déchainement de Vindicte divine, reste théologiquement soutenable, quelque soit le nombre actuel de ses partisans. Je m’empresse de dire que cette opinion n’est pas mienne, que je la juge excessive, mais qu’il m’est interdit par la discipline ecclesiastique et la justice de censurer une opinion théologiquement possible. Qu’à défaut d’une précision magistérielle qui peut toujours venir ou d’une démonstration théologique de son caractère erroné, la censurer privativement est interdit, la censure doctrinale supposant une preuve de raison ou d’autorité.

3) La sensibilité contemporaine se heurtant jusqu’à l’idée d’une peine de damn frappant les petits-enfants morts sans baptème, des contemporains s’essayent à les baptiser d’office. Certains, en se fondant sur la doctrine de l’intercession des saints, s’imaginent qu’à espérer et désirer le baptème pour les petits morts sans baptème, ceux-ci seraient miraculeusement baptisés par le Christ au moment de leur mort. Doctrine ridicule à plus d’un titre, et notamment aux suivants que l’intercession n’a rien d’automatique et que la tradition catholique va nettement à l’encontre de cette doctrine. On ne peut certes pas écarter que l’intercession fervente d’un saint puisse obtenir du Ciel le miracle espéré. Mais il faut nier que cela soit automatique et vaille pour tous les petits dès que confiés à l’intercession de Notre-Dame ou de quiconque. En effet, l’Église enseignant que les enfants morts sans baptème n’héritent pas du Royaume de Dieu, ce serait une interprétation impie que de dire de tous les bambins qu’étant implicitement baptisés, aucun ne mourrait sans baptème. Impie, puisque l’Église, enseignant que les petits morts sans baptème n’héritent pas du Royaume, enseigne du fait même l’existence de petits morts sans baptème, de sorte qu’ici l’exégèse en vient à nier la doctrine enseignée, vidant de tout contenu doctrinal l’enseignement magistériel. Cette remarque vaut également pour la théorie selon laquelle, étant purs de tout péché actuels, les bambins doivent, bien qu’incapables d’actes humains, être assimilés aux infidèles négatifs vertueux. À ce compte là, d’ailleurs, pourquoi les baptiser. La Tradition est fixée. Pour rendre raison de la Tradition, il faut qu’à tout le moins certains bambins meurent sans baptème donc soient damnés (peine de dam). Si cela révulse la sensibilité de certains de nos contemporains se revendiquant catholiques, qu’ils s’interrogent loyalement. Voudraient-ils voir leur sensibilité primer la volonté signifiée de Dieu ? Jugeront-ils Dieu à l’aune de leurs sentiments ? « Le vase dira-t-il du potier : “Il n’y entends rien” » (Is XXIX 16) ? Refuseront-ils de confesser que « la grâce de Dieu est pour ses élus » (prédestinés) (Sg IV 15) ? « Le potier n’est-il pas maître de son argile, pour faire de la même pâte des vases d’honneur et de déshonneur » (Rm IX 21) ?

Bonjour Popeye.

J'aimerais, sans malice aucune, savoir comment vous conciliez ce que vous nous avez exposé avec ce qui est annoncé dans :

Gaudium et Spes :
"En effet, puisque le Christ est mort pour tous (*) et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit-Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au Mystère Pascal. (22)
(*) Romains 8, 32 : Lui qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur?

Lumen gentium :
Enfin, quant à ceux qui n'ont pas encore reçu l'Evangile, sous des formes diverses, eux aussi sont ordonnés au peuple de Dieu (*) (18)
(*)Somme III, 8, 3, ad.1 : le Christ est la tête de tous les hommes.

1 timothée 2,3-2,6
Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s'est livré en rançon pour tous.

Comment l'Esprit-Saint offre-t-il aux enfants morts sans baptême la possibilité d'être associé au Mystère Pascal ?

Cordialement.

Marchenoir.

par nelly emont » ven. 14 avr. 2006, 17:30

Je rectifie ce que j'ai dit : c'est dans une plus grande connaissance de soi que l'on peut MESURER SON PECHE. Je voulais simplement mettre l'accent sur une différence de mentalité entre deux époques, et l'attention que porte la notre à notre fragilité, pour tenter d'expliquer (un peu) le passage d'un Dieu de Justice à un Dieu de miséricorde. L'erreur et le péché sont évidemment deux choses différentes et nulle intention de ma part de réduire le péché à une erreur. Le péché, c'est dire non, consciemment ou le plus consciemment possible.
Si Saint Augustin connaissait bien ou mesurait bien sa fragilité, saint Paul avait aussi avant lui expliqué qu'il ne comprenait pas toujours ce qu'il faisait et qu'il y avait bien des mystères en lui qu'ils ne s'expliquaient pas. Et tous les saints, avant tout le monde, et avec une finesse que ne connaissaient pas le commun des mortels avaient mis en avant ces zones d'inconscience que l'on ne maîtrise pas.
Ce que je veux dire simplement c'est que si les saints sont les phares de la conscience chrétienne (en tout cas, c'est ce qu'ils me semblent à moi) il demeure qu'ils ne sont pas forcément toujours compris. Et si je parle de psychanalyse, c'est parce qu'elle a forgé des instruments qui nous permettent cette meilleure connaissance de nous-mêmes qui nous fait dire que l'on a bien besoin de la miséricorde de Dieu.
Quant à l'idée d'un enfer vide, c'est celle de Lustiger : je ne pense pas qu'il soit vide et peutêtre que MG Lustiger non plus. C'est simplement pour signaler l'immensité de la miséricorde de Dieu dont nous ne connaissons pas toute l'étendue (peut-être...).

par laiglejo » ven. 14 avr. 2006, 17:05

C'est Josepha Ménendez qui disait "Si on savait où est Judas, on ne ferait plus d'efforts !"
- http://www.jesusmarie.com/josepha_menendez.html

A une époque où toutes les religions, y compris la notre, glissent vers le fondamentalisme, expression de nos peurs, je le déclare avec force, Je suis croyante, oui, mais en un Dieu infiniement miséricordieux qui embrasse toute l'humanité et non pas cette religion-ci ou cette religion-là, celui qui croit ou ne croit pas

Je sais que ce que je vais dire hérisserait le poil à plusd'un mais mon crédo, c'est "vous serez jugés sur l'amour". Aimer est notre libre choix et notre grandeur, qu'on soit catho, athée, musulman, etc....L'amour n'a pas de pré-jugés, ni de limites géographiques ou religieuses, il est tolérant et
n'a peur de rien, saute au-dessus de tous nos a-prioris et limites humaines

En ça, je me sens très proche de JeanPaul II qui disait "n'ayez pas peur !". Mais Jésus aune plus grande exigence avec les catholiques qui ont beaucoup reçus.


La miséricorde (preuve qu'elle s'étend à tous croyants et incroyants et que c'est l'amour qui l'emporte :
Puis elle vit les âmes par groupes : prêtres, religieux, religieuses ; elle vit des catholiques, des protestants, des païens. Les âmes des catholiques ont souffrir davantage que celles des protestants. Les païens en revanche ont un purgatoire encore plus doux, mais ils reçoivent aussi moins de secours et leur peine dure plus longtemps. Les catholiques en reçoivent davantage et sont plus vite délivrés.
Elle vit aussi beaucoup de religieux et de religieuses condamnés au purgatoire à cause de leur tiédeur et de leur manque de charité. Des enfants d six ans seulement peuvent avoir assez longtemps souffrir en purgatoire.
La merveilleuse harmonie qui existe entre l’amour et la justice divines en purgatoire fut révélée à Maria Simma. Chaque âme est punie selon la nature de ses fautes et le degré d’attachement au péché qu’elle a eu en le commettant.
L’intensité des souffrances n’est pas la même pour chaque âme.
QUELS SONT LES PECHES LES PLUS SEVEREMENT PUNIS EN PURGATOIRE ?

Les péchés contre la charité : médisance, calomnie, rancune ; les querelles provoquées par la cupidité et l’envie sont sévèrement punis dans l’autre monde. Voici, par exemple un vaurien ; il pourrait être un homme comme il faut s’il était traité avec bonté et charité. Prenons garde de tomber à bras raccourcis sur de telles gens, d’en rire : cela nuit gravement à notre âme. Que de fois des personnes isolées se plaignent qu’on les aide si peu, alors que dans le voisinage, à dix mètres à peine, il y a des jeunes gens. Mais il ne leur viendrait pas à l’idée d’aider leur vieux voisin démuni de secours à creuser un sentier dans l’épaisse couche de neige. Et pourtant, les œuvres de charité recevront la plus haute récompense dans l’éternité.
Que de fois on pèche par des paroles et des jugements dépourvus de charité ! On pourrait écrire tout un livre à ce sujet. Si nous suivions la consigne qu nous donne la Mère de Dieu : « Soyez charitable et bon pour tous », nous pourrions convertir la plupart des hommes et n’aurions pas à craindre le communisme. Une parole peut tuer, une parole peut guérir. L’amour couvre la multitude des péchés. Allons donc charitablement au-devant de nos ennemis surtout. Etre bons avec ceux qui leur font du bien, les païens le font aussi, dit le Christ. Mais faire u bien à ceux qui ont à notre égard des sentiments hostiles, voilà la vraie attitude chrétienne ; voilà ce que le Sauveur nous demande ; nous nous ferions ainsi de maint ennemi un ami, et nous pourrions nous épargner en grande partie le purgatoire.
http://www.jesusmarie.com/maria_simma.html

par jean_droit » ven. 14 avr. 2006, 16:23

Attention, Nelly, la tendance actuelle est de "nier" le pêché et cette tendance est de plus en plus répandue.
Les prêtres ne disent plus maintenant que "erreurs", "manquements" etc ...
Pour le premier novembre une partie du sermon que j'ai entenduu présupposait que tout le monde était "sauvé". Bien sûr c'était un discours de circonstance mais il ne faut pas déraper.
C'est assez amusant parce que les prières de la messe ne disent pas la même chanson.
On retrouve cette idée de diminution de la notion de pêché un peu partout.
Certains nient la Purgatoire, certains nient le Pêché Originel ...
D'une façon plus général on essaye de trouver des "bonnes raisons" à nos pêchés.
La plus répandue est de reporter le pêché sur la collectivité pour le supprimer pour le pêcheur.
"L'enfer existe, mais il est peut être vide" ?
Cela ne me semble pas du tout conforme à l'Evangile. Mais alors pas du tout.
Que voudrait dire alors Notre Seigneur avec les "beaucoup d'appelés et peu d'élus" etc ... etc ...
Il me semble que la Vérité de l'Evangile est plutôt :
"Nous sommes pêcheurs mais Notre Seigneur sauvera ceux qui Le suivent". ( Saint Paul je crois ).
Autre façon de le dire :
"Dieu juge et condamne, s'il le faut, mais avec Sa Miséricorde et Son Amour".

par Charles » ven. 14 avr. 2006, 16:21

nelly emont a écrit :Avant l'on pensait que seule une bonne et sainte volonté devait guider les hommes, devait les guider bien, et de la force de cette volonté personne ne doutait. Ce qui fait que dans un tel régime, on peut comprendre l'importance de la Justice : si tu n'as pas fait le bien, c'est que tu ne le voulais pas, par conséquent tu es pleinement responsable, et tu iras en enfer... On peut trouver quelques exemples chez la Comtesse de Ségur. Depuis plus d'un siècle, on est revenu sur cette perception de l'homme. Et en particulier en découvrant tout ce qu'il y a d'inconscient chez lui, de non voulu, de blessures qui le rendent complètement obscur à lui -même.
Je ne crois pas : c'est plutôt la découverte chez des non chrétiens de ce que l'Eglise savait depuis au moins saint Augustin. Ses Confessions abordent et traitent très profondément la question que vous venez de soulever. (Je dois y aller, je donne la réf à mon retour)

par nelly emont » ven. 14 avr. 2006, 15:56

Tout ce qui a été écrit est très juste. Il fut un temps où l'on vivait dans la terreur de la justice de Dieu. On comptait ses péchés, les analysait de la manière la plus culpabilisante qui soit et l'on oubliait qu'il était miséricorde. Aujourd'hui, la balanche semble pencher dans l'autre sens. On pense plus à la miséricorde qu'au jugement. Cela veut-il dire qu'il n'existe pas ? Bien sûre que non. Ce serait nier toute l'Ecriture que de le prétendre. Mais je répète la phrase de Monseigneur Lustiger : l'enfer existe, mais il est peut être vide. QUi dit bien qu'il y a une justice, puisque l'enfer existe . Mais peut-être est-il vide, non parce que la justice a disparu, mais peut-être parce que l'âme face à Dieu ne peut résister à son amour ?
Et puis pour le passage de la Justice à la Miséricorde, on peut souligner ceci, dont chacun fera ce qu'il voudra. Notre siècle, ou le siècle passé, comme je l'ai lu ailleurs a été l'un des plus horribles. Mais en même temps, il a découvert toutes les complexités de l'âme de l'homme. Avant l'on pensait que seule une bonne et sainte volonté devait guider les hommes, devait les guider bien, et de la force de cette volonté personne ne doutait. Ce qui fait que dans un tel régime, on peut comprendre l'importance de la Justice : si tu n'as pas fait le bien, c'est que tu ne le voulais pas, par conséquent tu es pleinement responsable, et tu iras en enfer... On peut trouver quelques exemples chez la Comtesse de Ségur. Depuis plus d'un siècle, on est revenu sur cette perception de l'homme. Et en particulier en découvrant tout ce qu'il y a d'inconscient chez lui, de non voulu, de blessures qui le rendent complètement obscur à lui -même. Et l'on est infiniment plus attentif à toutes ces obscurités qui l'encombrent et qui, parfois, le rendent irresponsable dans la mesure même où il n'est pas capable de mesurer les causes et les conséquences de ses actes. La responsabilité a t-elle disparu ? Bien sûr que non. Mais elle s'est en quelque sorte "déplacée" : il n'y a pas de responsabilité assumée sans connaissance de soi. Et qui dit connaissance de soi, dit aussi une plus grande attention à toutes nos faiblesses et à tous nos péchés. Et parallèllement un plus grand besoin d'un Dieu d'amour. Cette découverte de la fragilité humaine demande plus de miséricorde que de justice. Dieu m'aime malgré tout. Serai-je jugée ? Oui. Mais dans l'amour que Dieu a pour moi, c'est-à-dire dans cette connaissance qu'il a de moi, de mes faiblesses et de mes péchés, de mes efforts, de mes échecs, de mes oui, de mes non. Etc.... La justice ne nous tombera pas dessus comme la misère sur le pauvre monde, mais elle s'exercera dans l'amour et la miséricorde, ce qu'elle a d'ailleurs toujours fait, mais ce dont, peut-être nous ne pouvions pleinement prendre conscience, embarrassé dans une vision de l'homme qui voulait que tout pour lui soit clair et net. Et l'on peut préférer cette image de Dieu : Dieu est d'abord amour, à cette autre : Dieu est d'abord justicier (car les visions proposées par Popeye sont plus celles d'un justicier).

par Christian » ven. 14 avr. 2006, 14:10

Salut MB,
Bref : que faire ?

Lire ce qu’enseigne l’Eglise, et comme en toutes circonstances, exercer son discernement.

On vantait la foi du charbonnier. Sans doute sera-t-il sauvé. Il a suivi le règlement, il a toujours été couvert par sa hiérarchie de confesseurs et de prêcheurs, on ne pourra rien lui reprocher. Mais je me demande si la joie dans le Ciel n’est pas plus grande à la réception d’un autre qui a pris des risques, toujours dans le respect de ses frères humains, mais pas toujours selon la lettre de la loi.

On verra
(cela au moins est sûr).

Tibi

Christian

par MB » ven. 14 avr. 2006, 13:37

Bonjour

Je continue sur la lancée de Christian (coucou !), en regrettant un peu que Popeye ne puisse pas répondre. Il a un crédit de 15 jours, ça laisse le temps de réfléchir ! A nous de profiter de ce délai pour éviter de poser des questions basses.

- première chose : quoiqu'on en dise, Popeye rend service à tout le monde en rappelant des références, en les étayant ; peut-être faudrait-il, après avoir présenté l'argumentation, la résumer ; non pas faire un sommaire de la thèse défendue, mais bien un résumé de l'argumentation.

- deuxième chose : comme le dit Christian, on est trop systématique en enfermant Dieu dans des mécanismes de justice. Si en effet Dieu jugeait en toute justice, personne ne serait sauvé. Michelet était scandalisé par le chistianisme, en ce que celui-ci niait toute juste rétribution : ce qui choquait l'historien, c'était précisément la grâce, c'était la gratuité, qu'il assimilait à l'arbitraire.

- conséquence : je serai dubitatif si l'on me dit que Dieu agit pour obéir à son système avant toute chose. Le point peut être résumé de manière simple - Dieu cherche-t-il le salut de l'homme ou la sauvegarde du système thomiste ?

- enfin : comment se guider dans l'Ecriture ? on peut tout lui faire dire, comme l'a rappelé Christian. Je connais un ami laïcard qui est la caricature du bouffeur de curés. A l'appui de tout ce qu'il raconte de méchant contre le christianisme, il cite des Ecritures ; il sort des citations des Pères, des Docteurs et autres, et il le fait intelligemment (en fait, il est comme Popeye mais dans l'autre sens). Ce qu'il dit, jugé d'un certain point de vue, est partiellement vrai (l'historien confirme). Quand je lui sors des citations ou des faits prouvant le contraire, il me reproche de pêcher ce qui m'arrange ; je lui réponds que lui fait de même. Comment s'en sortir ?
On pourra répondre : il faut se fier au magistère de l'Eglise et à la Tradition. Oui, sauf que l'on peut trouver des contradictions au niveau théorique (droits de l'homme d'abord condamnés, maintenant revendiqués ; torture recommandée - Ad extirpandam, années 1250 - dont je cherche encore le texte -, aujourd'hui condamnée ; coitus interruptus autrefois condamné, aujourd'hui admis ; théologiens condamnés, ceux du début du 20ème siècle, réhabilités à Vatican II, etc, etc.). Bref : que faire ?

Cordialement
MB

Haut