Invité a écrit : ↑sam. 12 sept. 2020, 7:40
Je ne partage absolument pas les réponses qui ont pu être développées plus haut. La solution est pourtant fort simple : nous sommes face à une composition littéraire. Dieu est Amour et ne peut avoir déclenché un déluge pour châtier les fautes de l'humanité.
Cela n'exclut pas pour autant qu'une catastrophe naturelle majeure ait pu se produire, que les auteurs du récit ont interprété à tort comme un châtiment divin. Or, nous savons par le témoignage du Christ, que Dieu est totalement étranger aux catastrophes (Lc 13,1-5). Voilà la seule réponse catholique et raisonnable. Le reste tient d'une lecture littérale erronée de la Bible...
Bonjour Invité,
Vous écrivez que le récit du déluge est «
une composition littéraire ». Bien sûr.
Mais, faut-il, pour autant, rejeter «
absolument » les réponses développées plus haut ?
N’oublions pas qu’une composition littéraire s’écrit dans un contexte, dans une culture. Vous le savez.
Vous écrivez que «
Dieu est amour », et que les auteurs du récit biblique ont interprété le déluge «
comme un châtiment divin », ce qui est vrai, mais vous pensez que c’est «
à tort » et vous rejetez l’idée d’un déluge «
pour châtier les fautes de l'humanité ».
N’oublions pas que les mots «
châtiment » ou «
faute » sont eux-mêmes imprégnés de sens symboliques à interpréter dans leur contexte. N’enfermons pas les mots dans la caricature négative que nous pouvons en avoir.
Le croyant (et a fortiori l’auteur inspiré des textes bibliques) fait toujours une lecture interprétée des événements, selon la foi qu’il partage.
Comme vous l’écrivez avec justesse, «
Cela n'exclut pas pour autant qu'une catastrophe naturelle majeure ait pu se produire ».
Mais, prétendre déduire de l’Évangile que «
Dieu est totalement étranger aux catastrophes » et, en plus que c’est «
la seule réponse catholique et raisonnable » me semble devoir être nuancé.
Certes, Dieu est toujours «
étranger » au mal sous toutes ses formes et dans toutes ses variantes puisque le mal est dysharmonie avec Dieu.
Le mal ne provient que du péché de l’humain depuis les origines. L’humain avait reçu la possibilité de gouverner le monde en harmonie avec Dieu et nous savons ce qu’il en a fait.
La possibilité du péché et de tout le mal qui peut en résulter est une conséquence de la liberté de l’humain. Cette liberté est essentielle pour que l’humain soit un être vivant capable de partager la vie d'amour de son Créateur.
Toutes les catastrophes et les souffrances sont mystérieusement des effets du choix originel de l’humanité.
Le respect de cette liberté par Dieu est un profond mystère car Dieu nous paraît simultanément Celui qui peut intervenir et Celui qui peut laisser faire. La limite entre les deux possibilités est pour nous insondable.
Dieu peut tout, mais ne fait pas tout.
En présence d’une catastrophe naturelle, la lecture des Anciens était plutôt de penser que Dieu «
fait » la catastrophe alors que nous pensons plutôt que Dieu «
laisse faire » la catastrophe.
Mais, dans les deux cas, c’est une lecture humaine qui ne peut prétendre enfermer l’action de Dieu dans les causalités physiques et qui se transforme aisément en révolte contre Dieu.
N’enfermons pas la compréhension des événements dans nos interprétations personnelles actuelles.
L’Écriture est plutôt une invitation à essayer de comprendre en quoi, aujourd’hui encore, le mot «
châtiment » peut encore avoir du sens pour montrer que tout mal, et donc toute catastrophe, est bien causée fondamentalement par le péché de l’humain.
Il nous faut seulement éviter d’en donner une interprétation caricaturale.
S’il faut, en effet, éviter «
une lecture littérale erronée de la Bible », cela s’applique aussi aux mots et aux modes d’expression utilisés auxquels il faut aussi éviter de donner une signification «
littérale erronée » pour en déduire, de manière injustifiée, que les auteurs du récit biblique auraient «
interprété à tort ».
Ce n’est pas le cas. Mais, la compréhension de la Parole de Dieu demande toujours un effort pour la comprendre, dans l’Église et conformément à la Tradition de la foi, en harmonie avec des textes inspirés hier dans un contexte différent, de manière authentique et non «
à tort ».