par Carhaix » lun. 25 nov. 2019, 0:09
Suroît a écrit : ↑dim. 24 nov. 2019, 23:40
Bonjour,
Cataleya a écrit : ↑dim. 24 nov. 2019, 6:59
Je suis tout de même intriguée par la différence considérable entre les deux versets...
J'imagine qu'il y a énormément de versions différentes, avec différents vocabulaire?
Cela voudrait dire qu'il y aurait des bibles plus fidèle que d autres par rapport au traductions des originaux ?
Je vous remercie d'avance de vos lumières
Avec toute ma gratitude,
Cataleya
Je ne suis pas spécialiste de la traduction, mais les introductions fixent souvent les principes de traduction adoptés.
Je crois que tout n'est pas nécessairement lié à une question de "fidélité" au texte original dans le choix des sources, question parfois polémique. En effet, il peut aussi s'agir de choix de méthode dans la traduction, en plus des choix éditoriaux.
Certaines traduction vont beaucoup plus insister sur l'aspect littéral dans le passage d'une langue à une autre, avec pour conséquence la tentative de traduire mot pour mot quand cela est possible. Sur des traductions à partir des langues anciennes, ça donne parfois des tournures un peu plus rude et des expressions pas toujours familières. D'autres méthodes vont beaucoup plus insister sur une logique d'équivalence, où ce qui importe est avant tout la traduction du message global d'un texte donné, de son sens, en considérant plus la situation ou autres choses de ce genre. D'autres refuseront de traduire certains mots, quand ils estiment qu'il n'y a pas d'équivalent précis et fiable dans la langue d'arrivée, etc. Selon la méthode privilégiée (mais je crois que les traducteurs jonglent parfois avec ces différentes méthodes), il est clair qu'on peut trouver des écarts importants à l'arrivée, voire très importants. Notamment dans des textes de poésie comme les psaumes, par exemple.
Pour certains, on est plus fidèle à l'original en restituant le sens global d'un texte, quitte à prendre plus de liberté avec la littéralité du texte original, et pour d'autres, c'est un peu l'inverse, par exemple. Ces divergences existent pour toute traduction, et pas seulement la Bible.
Mais il y a aussi les choix de traduction guidés par les maisons d'édition, et qui considèrent un facteur moins directement lié au texte, puisqu'il s'agit de prendre en compte le type de public auquel la traduction en question va s'adresser. Ainsi il peut y avoir des bibles plus particulièrement adressée à un public dont la langue parlée au quotidien est plus "populaire" (je n'aime pas trop ce genre de dénomination trop générale, mais c'est pour se faire comprendre). La traduction insistera donc plus sur des expressions qui entrent dans le cadre d'une parole quotidienne parlée par tout le monde aujourd'hui (c'est par exemple le choix qui a guidé les traducteurs catholiques de la
Bible des peuples, par exemple). D'autres vont insister beaucoup plus sur le style littéraire, avec un niveau de langage plus soutenu et un vocabulaire qui n'est plus toujours le nôtre aujourd'hui. Tout cela peut faire de grandes différences à l'arrivée, tant dans la traduction des expressions que dans les autres domaines.
Je crois que pour un catholique, il y a de toute façon la Bible de Jérusalem, qui semble être une référence de premier choix (et qui se trouve très facilement partout dans le monde), me semble-t-il, mais ce n'est peut-être pas le cas pour tous.
Le "texte original" n'existe pas, Suroît. C'est un fantasme moderne que de vouloir y accéder, comme s'il existait une version "vraie" tombée du Ciel, et gravée par le doigt de Dieu dans le marbre.
Un exemple particulièrement frappant : le début de la Genèse est un montage, comme le montre l'exégèse, à partir de trois sources différentes au moins, réalisé pour les besoins du Temple à une époque relativement récente. Parler de texte "original" n'a strictement aucun sens.
Et tous les livres de la Bible ont connu une dispersion et une recomposition des sources qui existent dans des traditions parallèles, pas toujours convergentes d'ailleurs.
L'obsession de retrouver le "texte original" est une pure illusion.
Ce qui rend le texte vrai, c'est - on y revient sans cesse - uniquement la décision de l'Église, à un moment donné, de désigner un corpus de textes comme étant inspiré, révélé, et représentant la "Parole de Dieu". Mais le texte en lui-même n'est jamais, à aucun moment, tombé du Ciel ainsi constitué. Il est le résultat d'une élaboration multiple et complexe.
[quote=Suroît post_id=411817 time=1574631628 user_id=17415]
Bonjour,
[quote=Cataleya post_id=411772 time=1574571586 user_id=17437]
Je suis tout de même intriguée par la différence considérable entre les deux versets...
J'imagine qu'il y a énormément de versions différentes, avec différents vocabulaire?
Cela voudrait dire qu'il y aurait des bibles plus fidèle que d autres par rapport au traductions des originaux ?
Je vous remercie d'avance de vos lumières
Avec toute ma gratitude,
Cataleya
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Je ne suis pas spécialiste de la traduction, mais les introductions fixent souvent les principes de traduction adoptés.
Je crois que tout n'est pas nécessairement lié à une question de "fidélité" au texte original dans le choix des sources, question parfois polémique. En effet, il peut aussi s'agir de choix de méthode dans la traduction, en plus des choix éditoriaux.
Certaines traduction vont beaucoup plus insister sur l'aspect littéral dans le passage d'une langue à une autre, avec pour conséquence la tentative de traduire mot pour mot quand cela est possible. Sur des traductions à partir des langues anciennes, ça donne parfois des tournures un peu plus rude et des expressions pas toujours familières. D'autres méthodes vont beaucoup plus insister sur une logique d'équivalence, où ce qui importe est avant tout la traduction du message global d'un texte donné, de son sens, en considérant plus la situation ou autres choses de ce genre. D'autres refuseront de traduire certains mots, quand ils estiment qu'il n'y a pas d'équivalent précis et fiable dans la langue d'arrivée, etc. Selon la méthode privilégiée (mais je crois que les traducteurs jonglent parfois avec ces différentes méthodes), il est clair qu'on peut trouver des écarts importants à l'arrivée, voire très importants. Notamment dans des textes de poésie comme les psaumes, par exemple.
Pour certains, on est plus fidèle à l'original en restituant le sens global d'un texte, quitte à prendre plus de liberté avec la littéralité du texte original, et pour d'autres, c'est un peu l'inverse, par exemple. Ces divergences existent pour toute traduction, et pas seulement la Bible.
Mais il y a aussi les choix de traduction guidés par les maisons d'édition, et qui considèrent un facteur moins directement lié au texte, puisqu'il s'agit de prendre en compte le type de public auquel la traduction en question va s'adresser. Ainsi il peut y avoir des bibles plus particulièrement adressée à un public dont la langue parlée au quotidien est plus "populaire" (je n'aime pas trop ce genre de dénomination trop générale, mais c'est pour se faire comprendre). La traduction insistera donc plus sur des expressions qui entrent dans le cadre d'une parole quotidienne parlée par tout le monde aujourd'hui (c'est par exemple le choix qui a guidé les traducteurs catholiques de la [i]Bible des peuples[/i], par exemple). D'autres vont insister beaucoup plus sur le style littéraire, avec un niveau de langage plus soutenu et un vocabulaire qui n'est plus toujours le nôtre aujourd'hui. Tout cela peut faire de grandes différences à l'arrivée, tant dans la traduction des expressions que dans les autres domaines.
Je crois que pour un catholique, il y a de toute façon la Bible de Jérusalem, qui semble être une référence de premier choix (et qui se trouve très facilement partout dans le monde), me semble-t-il, mais ce n'est peut-être pas le cas pour tous.
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Le "texte original" n'existe pas, Suroît. C'est un fantasme moderne que de vouloir y accéder, comme s'il existait une version "vraie" tombée du Ciel, et gravée par le doigt de Dieu dans le marbre.
Un exemple particulièrement frappant : le début de la Genèse est un montage, comme le montre l'exégèse, à partir de trois sources différentes au moins, réalisé pour les besoins du Temple à une époque relativement récente. Parler de texte "original" n'a strictement aucun sens.
Et tous les livres de la Bible ont connu une dispersion et une recomposition des sources qui existent dans des traditions parallèles, pas toujours convergentes d'ailleurs.
L'obsession de retrouver le "texte original" est une pure illusion.
Ce qui rend le texte vrai, c'est - on y revient sans cesse - uniquement la décision de l'Église, à un moment donné, de désigner un corpus de textes comme étant inspiré, révélé, et représentant la "Parole de Dieu". Mais le texte en lui-même n'est jamais, à aucun moment, tombé du Ciel ainsi constitué. Il est le résultat d'une élaboration multiple et complexe.