par Carhaix » jeu. 16 août 2018, 22:45
Cinci a écrit : ↑jeu. 16 août 2018, 13:16
D'après Alcuin, dans la Catena aurea, le fait de s'asseoir (et en effet, le texte ne dit pas qu'il s'agenouille, mais seulement qu'il se baisse), ou de se baisser, est un signe d'humilité, rappelant que Dieu s'est abaissé devant les hommes en s'incarnant sur la terre, et c'est l'une des réponses réservée aux docteurs de la Loi, qui a ici tout son sens, puisque le centre de la question disputée est le péché et la Loi.
Je n'ai pas vu le commentaire d'Alcuin.
Mais "Dieu s'abaisse devant les hommes en s'incarnant sur la terre" livré en guise de réponse intelligible et recevable et comme ce que Jésus aurait dû vouloir "balancer" aux docteurs de la Loi de Moïse de l'époque ? Non, je ne le croirais pas. La notion de kénose divine n'aurait tout simplement voulu rien dire à l'époque.
Non
Une constante des Évangiles reste l'autorité avec laquelle s'exprimait Jésus, et de quelle façon la foule s'en trouvait surprise, étonnée, déstabilisée.
Il y a tout simplement que Jésus peut enchérir du côté de la sainteté ("Que celui qui est sans péché ...") et alors même qu'il connait également la ruse et la mauvaise conscience de ses ennemis. Car ces derniers sont bien plus intéressés à lui porter un "sale coup" qu'à se préoccuper réellement de théologie ou d'un quelconque point litigieux ancien de la doctrine à solutionner.
L'autorité se dégageant de la personnalité de Jésus vient éteindre le feu du côté des enragés,. Ces derniers déjà engagés à vouloir le perdre. Mais, percés à jour dans leur vilaine entreprise, la laideur du plan ressort face à la sainteté réelle du personnage qui se trouve face à eux. Et c'est cela qui ôte l'envie de poursuivre la manoeuvre criminelle devant témoins, au moins provisoirement.
Vous savez bien qu'il y a plusieurs degrés d'interprétation de l'Écriture. Vous décrivez le sens littéral. Mais le spectateur de la scène, ce n'est pas seulement le docteur de la Loi, mais c'est tout lecteur et auditeur de l'Évangile. Donc ce que fait Jésus est à la fois en direction des docteurs de la Loi (qui au demeurant ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas, et ne comprennent pas nécessairement la vraie portée de l'action du Christ) et en direction du lecteur de l'Évangile (vous et moi).
Vous trouverez facilement ce que dit Alcuin tel que c'est retranscrit dans la Catena aurea de saint Thomas d'Aquin (on peut la consulter en ligne). C'est le sens allégorique. Et en développant cette idée, on peut établir un parallèle avec la Table de Moïse. Dans l'Ancien Testament, Dieu ne s'abaisse pas, il reste en haut, Moïse doit monter sur la montagne pour aller à sa rencontre, et recevoir la Loi, gravée par Dieu dans la pierre. Ici, Dieu vient à la rencontre des hommes, c'est lui qui vient à eux, en s'incarnant dans la chair, sur la terre. Et il vient transmettre une nouvelle Loi, qui n'est plus une loi de pierre mais une loi de chair, qui est la Miséricorde.
La scène se passe dans la cour du Temple. Les docteurs de la Loi sont les représentants de la Loi de Moïse, gravée dans la pierre. Dans l'Écriture, la terre représente à la fois l'homme et la chair. La loi de Moïse condamne l'humanité pécheresse. Les docteurs exigent du Christ une réponse. Va-t-il condamner la femme adultère que la Loi de Moïse condamne. À qui s'adressent-ils ? Au Christ, qui est Dieu, et qui est lui-même l'auteur de la Loi. Que répond-il ? Il s'abaisse sur la terre : c'est à dire, la réponse de Dieu est qu'il s'incarne sur la terre, dans la chair. Et il écrit sur la terre. Qu'écrit-il ? La nouvelle Loi. La Loi de l'Évangile, de la Miséricorde de Dieu. Puis prenant la parole, il dit : "je ne te condamne pas". Cela veut dire que la Loi véritable de Dieu ne condamne pas l'homme, car Dieu est amour et miséricorde.
Il me semble que le raisonnement se tient parfaitement. C'est le sens allégorique de ce passage de l'Évangile.
[quote=Cinci post_id=386098 time=1534418196 user_id=2512]
[quote]D'après Alcuin, dans la Catena aurea, le fait de s'asseoir (et en effet, le texte ne dit pas qu'il s'agenouille, mais seulement qu'il se baisse), ou de se baisser, est un signe d'humilité, [b]rappelant que Dieu s'est abaissé devant les hommes en s'incarnant sur la terre[/b], et c'est l'une des réponses réservée aux docteurs de la Loi, qui a ici tout son sens, puisque le centre de la question disputée est le péché et la Loi.
[/quote]
Je n'ai pas vu le commentaire d'Alcuin.
Mais "Dieu s'abaisse devant les hommes en s'incarnant sur la terre" livré en guise de réponse intelligible et recevable et comme ce que Jésus aurait dû vouloir "balancer" aux docteurs de la Loi de Moïse de l'époque ? Non, je ne le croirais pas. La notion de kénose divine n'aurait tout simplement voulu rien dire à l'époque.
Non
Une constante des Évangiles reste l'autorité avec laquelle s'exprimait Jésus, et de quelle façon la foule s'en trouvait surprise, étonnée, déstabilisée.
Il y a tout simplement que Jésus peut enchérir du côté de la sainteté ("Que celui qui est sans péché ...") et alors même qu'il connait également la ruse et la mauvaise conscience de ses ennemis. Car ces derniers sont bien plus intéressés à lui porter un "sale coup" qu'à se préoccuper réellement de théologie ou d'un quelconque point litigieux ancien de la doctrine à solutionner.
L'autorité se dégageant de la personnalité de Jésus vient éteindre le feu du côté des enragés,. Ces derniers déjà engagés à vouloir le perdre. Mais, percés à jour dans leur vilaine entreprise, la laideur du plan ressort face à la sainteté réelle du personnage qui se trouve face à eux. Et c'est cela qui ôte l'envie de poursuivre la manoeuvre criminelle devant témoins, au moins provisoirement.
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Vous savez bien qu'il y a plusieurs degrés d'interprétation de l'Écriture. Vous décrivez le sens littéral. Mais le spectateur de la scène, ce n'est pas seulement le docteur de la Loi, mais c'est tout lecteur et auditeur de l'Évangile. Donc ce que fait Jésus est à la fois en direction des docteurs de la Loi (qui au demeurant ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas, et ne comprennent pas nécessairement la vraie portée de l'action du Christ) et en direction du lecteur de l'Évangile (vous et moi).
Vous trouverez facilement ce que dit Alcuin tel que c'est retranscrit dans la Catena aurea de saint Thomas d'Aquin (on peut la consulter en ligne). C'est le sens allégorique. Et en développant cette idée, on peut établir un parallèle avec la Table de Moïse. Dans l'Ancien Testament, Dieu ne s'abaisse pas, il reste en haut, Moïse doit monter sur la montagne pour aller à sa rencontre, et recevoir la Loi, gravée par Dieu dans la pierre. Ici, Dieu vient à la rencontre des hommes, c'est lui qui vient à eux, en s'incarnant dans la chair, sur la terre. Et il vient transmettre une nouvelle Loi, qui n'est plus une loi de pierre mais une loi de chair, qui est la Miséricorde.
La scène se passe dans la cour du Temple. Les docteurs de la Loi sont les représentants de la Loi de Moïse, gravée dans la pierre. Dans l'Écriture, la terre représente à la fois l'homme et la chair. La loi de Moïse condamne l'humanité pécheresse. Les docteurs exigent du Christ une réponse. Va-t-il condamner la femme adultère que la Loi de Moïse condamne. À qui s'adressent-ils ? Au Christ, qui est Dieu, et qui est lui-même l'auteur de la Loi. Que répond-il ? Il s'abaisse sur la terre : c'est à dire, la réponse de Dieu est qu'il s'incarne sur la terre, dans la chair. Et il écrit sur la terre. Qu'écrit-il ? La nouvelle Loi. La Loi de l'Évangile, de la Miséricorde de Dieu. Puis prenant la parole, il dit : "je ne te condamne pas". Cela veut dire que la Loi véritable de Dieu ne condamne pas l'homme, car Dieu est amour et miséricorde.
Il me semble que le raisonnement se tient parfaitement. C'est le sens allégorique de ce passage de l'Évangile.