par Cinci » ven. 01 juin 2018, 16:11
Nouveauté de ce livre
Quelle est donc la nouveauté de ce livre ? D'entrée de jeu, Corsini livre au lecteur sa méthode et la découverte qu'il croit avoir faite. La méthode est simple et claire. "Ce que j'ai tenté est une lecture continue qui s'efforce en tenant constamment compte des liens internes du texte et de son recours délibéré à l'Ancien Testament, de retrouver dans le livre le développement d'une ligne cohérente et unifiée" (p.23)
"L'Apocalypse décrit certes, la venue de Jésus-Christ, mais il ne s'agit pas de la venue qui aura lieu à la fin des temps. Il s'agit de celle qui s'est réalisée progressivement au long de l'histoire depuis la création du monde et qui a culminé dans l'événement ("kairos") de la présence historique de Jésus, de sa mort et de sa résurrection".
C'est la position révolutionnaire de l'auteur. La couverture du volume le résume en termes plus nerveux encore :
"L'Apocalypse ne prédit pas des catastrophes à venir, elle ne fait pas rêver d'un monde meilleur, elle dit la profondeur de l'histoire que nous vivons maintenant : la victoire acquise, préfigurée dans la résurrection du Christ et anticipée dans la Cité céleste. La révélation de Jésus-Christ que transmet saint Jean ne concerne pas la fin des temps, mais la fin du temps de la première économie du salut. Elle ne parle pas du retour du Christ ni de la Cité futur, mais du Christ qui est là, de la Jérusalem céleste qui est là, maintenant".
Cette interprétation estompe l'attente de la fin au profit du présent du mystère du Christ. Plus exactement encore, Corsini se sépare non seulement de ceux qui lisent dans l'Apocalypse une attente fiévreuse de la seconde venue du Christ, mais aussi de ceux qui, valorisant l'eschatologie réalisée, perçoivent dans les visions le déroulement de la vie ecclésiale actuelle. Selon Corsini, les visions de l'Apocalypse, l;es catastrophes cosmiques sont toutes à comprendre en liaison avec l'événement, le kairos du Christ. Les "mille ans" par exemple ne visent pas une situation future, ni même (comme chez Prigent) le temps de l'Église : ils désignent le temps de l'économie ancienne terminée avec la venue du Christ.
En conséquence, l'Apocalypse n'est plus à lire selon le genre apocalyptique tout orienté vers le futur. C'est plutôt une lecture des signes opérés jadis par YHWH, une prophétie (ainsi que Jean l'affirme lui-même à plusieurs reprises : 1,3; 19,20; 22, 7-9) qui relit toute l'histoire du monde à partir du mystère de "l'Agneau immolé et debout" (5,6) ou encore de cet "Agneau égorgé depuis la création du monde" (13,8) , dont Corsini rappelle si souvent la figure. C'est cette dimension christologique qui fait la cohérence et l'unité de l'Apocalypse. Celle-ci est révélation de Jésus-Christ, non pas seulement au sens où elle nous vient par Jésus-Christ (et surtout pas au sens où, par Jésus-Christ nous serait dévoilé des choses secrètes futures), mais au sens d'une révélation de Jésus-Christ sur Jésus-Christ, au sujet de Jésus-Christ. Ce livre concerne la manifestation de Jésus-Christ tout au long de l'histoire de l'humanité, perçue comme histoire du salut. Ce qui nous est donné à lire, c'est donc une méditation sur l'histoire humaine, en relation unique avec le mystère du Christ qui est "l'accomplissement du mystère de Dieu" (10.7) et sous l'éclairage de la parole divine révélée dans les Écritures.
Tiré de J.-P. Michaud, "Sur l'Apocalypse de Jean, un ouvrage important", Science et Esprit, XXXVII, 1985, p.246
[b]Nouveauté de ce livre
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Quelle est donc la nouveauté de ce livre ? D'entrée de jeu, Corsini livre au lecteur sa méthode et la découverte qu'il croit avoir faite. La méthode est simple et claire. "Ce que j'ai tenté est une lecture continue qui s'efforce en tenant constamment compte des liens internes du texte et de son recours délibéré à l'Ancien Testament, de retrouver dans le livre le développement d'une ligne cohérente et unifiée" (p.23)
"L'Apocalypse décrit certes, la venue de Jésus-Christ, mais il ne s'agit pas de la venue qui aura lieu à la fin des temps. Il s'agit de celle qui s'est réalisée progressivement au long de l'histoire depuis la création du monde et qui a culminé dans l'événement ("kairos") de la présence historique de Jésus, de sa mort et de sa résurrection".
C'est la position révolutionnaire de l'auteur. La couverture du volume le résume en termes plus nerveux encore :
"L'Apocalypse ne prédit pas des catastrophes à venir, elle ne fait pas rêver d'un monde meilleur, elle dit la profondeur de l'histoire que nous vivons [i]maintenant[/i] : la victoire acquise, préfigurée dans la résurrection du Christ et anticipée dans la Cité céleste. La révélation de Jésus-Christ que transmet saint Jean ne concerne pas la [i]fin des temps[/i], mais la fin [i]du[/i] temps de la première économie du salut. Elle ne parle pas du retour du Christ ni de la Cité futur, mais du Christ qui est là, de la Jérusalem céleste qui est là, [i]maintenant[/i]".
Cette interprétation estompe l'attente de la fin au profit du présent du mystère du Christ. Plus exactement encore, Corsini se sépare non seulement de ceux qui lisent dans l'Apocalypse une attente fiévreuse de la seconde venue du Christ, mais aussi de ceux qui, valorisant l'eschatologie réalisée, perçoivent dans les visions le déroulement de la vie ecclésiale actuelle. Selon Corsini, les visions de l'Apocalypse, l;es catastrophes cosmiques sont toutes à comprendre en liaison avec l'événement, le kairos du Christ. Les "mille ans" par exemple ne visent pas une situation future, ni même (comme chez Prigent) le temps de l'Église : ils désignent le temps de l'économie ancienne terminée avec la venue du Christ.
En conséquence, l'Apocalypse n'est plus à lire selon le genre apocalyptique tout orienté vers le futur. C'est plutôt une lecture des signes opérés jadis par YHWH, une prophétie (ainsi que Jean l'affirme lui-même à plusieurs reprises : 1,3; 19,20; 22, 7-9) qui relit toute l'histoire du monde à partir du mystère de "l'Agneau immolé et debout" (5,6) ou encore de cet "Agneau égorgé depuis la création du monde" (13,8) , dont Corsini rappelle si souvent la figure. C'est cette dimension christologique qui fait la cohérence et l'unité de l'Apocalypse. Celle-ci est révélation de Jésus-Christ, non pas seulement au sens où elle nous vient par Jésus-Christ (et surtout pas au sens où, par Jésus-Christ nous serait dévoilé des choses secrètes futures), mais au sens d'une révélation de Jésus-Christ [i]sur[/i] Jésus-Christ, [i]au sujet[/i] de Jésus-Christ. Ce livre concerne la manifestation de Jésus-Christ tout au long de l'histoire de l'humanité, perçue comme histoire du salut. Ce qui nous est donné à lire, c'est donc une méditation sur l'histoire humaine, en relation unique avec le mystère du Christ qui est "l'accomplissement du mystère de Dieu" (10.7) et sous l'éclairage de la parole divine révélée dans les Écritures.
Tiré de [b]J.-P. Michaud[/b], "Sur l'Apocalypse de Jean, un ouvrage important", [i]Science et Esprit[/i], XXXVII, 1985, p.246