par Cinci » lun. 19 mars 2018, 14:16
Bonjour,
Sur le psaume 50 qui donne la tonalité liturgique à la semaine du dimanche 18 au samedi 24 mars 2018 ...
Thème :
supplication d'un pécheur qui demande son pardon
Confession des péchés :
Je le reconnais,
j'ai fait le mal.
le mal en moi est trop profond,
vient de trop loin !
Demande de pardon :
purifie-moi,
lave-moi,
rends-moi les chants,
la danse,
enlève tous mes péchés,
recrée moi
Promesse d'action de grâce :
Je serai apôtre,`
je t'acclamerai,
je te louerai,
je changerai de vie,
je t'offrirai un sacrifice
d'action de grâce.
Première lecture avec Israël :
Ce péché du roi David (2 Samuel 11,12) qui fit tuer Urie pour prendre sa femme Bethsabée, ainsi que le repentir admirable de David, sont restés comme symbole du mal et du pardon. Mais en arrière-plan de ce psaume, il y a aussi la tragique destruction de Jérusalem qui inaugura la déportation à Babylone : le retentissement du péché est collectif ... et la conversion a aussi un retentissement collectif ("... relève les murs de Jérusalem").
Le cri de repentir qui s'exprime ici est d'une pureté admirable : ce pécheur n'est malheureux que de son péché ... et ce péché n'est que l'offense de Dieu. Rien de morbide, au fond, car Israël a une conception très positive du péché. Le pécheur n'est pas laissé seul à son remords, il est "devant quelqu'un" qui l'aime. Tout part de l'amour. Vingt verbes à l'Impératif s'adressent à Dieu ... et chacun de ces verbes indique que Dieu va agir sur le pénitent pour effacer, laver, absoudre, purifier, rendre la joie, renouveler, etc.
Deuxième lecture avec Jésus :
Lorsque Jésus voulut faire comprendre la merveille du pardon de Dieu, il inventa la parabole du Père de l'enfant prodigue, et, spontanément, il utilisa des expressions de ce psaume 50 : "J'ai péché contre le ciel et contre toi " ... ET, comme le psalmiste, il a exprimé le pardon par des "chants de fête et des danses" ...
En instituant le baptême pour la rémission des péchés, Jésus reprenait le grand symbole de la purification :"Lave-moi, que je sois blanc plus que la neige".
Quand Jésus pardonna à Marie-Madeleine, la pécheresse, il en fit aussitôt une apôtre , comme il est dit en ce psaume : "J'enseignerai tes chemins aux pécheurs." C'est elle, l'ancienne prostituée, qui fut la première témoin de la résurrection et envoyée en mission aux frères (Jean 20,17) Et quand l'Esprit Saint a recrée les disciples par son souffle de pentecôte, nous les voyons aussi "délier leur langue, et chanter les louanges de Dieu". Enfin, Jésus a approuvé le scribe qui, à la suite de ce psaume, affirmait "qu'aimer Dieu et le prochain vaut mieux que tous les sacrifices". (Marc 12,33)
Troisième lecture avec notre temps :
Les racines profondes du mal. La psychologie moderne a mis en évidence combien l'homme pouvait être marqué par des déterminismes venant de conditionnements corporels, d'influences sociales, d'habitudes inscrites dans les réflexes profonds. Le psalmiste, déjà, se sentait écrasé par le poids des déterminismes : très conscient du mal qu'il avait fait, il se sentait incapable d'effectuer le redressement pourtant désiré, c'est pourquoi il demandait l'intervention de Dieu. La racine du péché, il la trouvait dans sa condition humaine, avant même toute culpabilité personnelle : "Je suis né dans la faute, j'étais pécheur dès le sein de ma mère."
Pourtant, ce n'est pas un fatalisme. "Oui, je connais mon péché ... ce qui est mal, je l'ai fait ..." C'est un homme responsable, qui ne cherche aucunement à se justifier. Il n'y a pas pire ennemi de la dignité humaine qu'une certaine attitude d'auto-justification. C'est souvent une démission. Donne-nous, Seigneur, de voir clair en nous ! Aide-nous à prendre conscience du mal que nous faisons : nos agressivités inconscientes, nos réflexes dominateurs inavoués, nos égoïsmes tranquilles et camouflés, nos lâchetés cachées.
On édulcore la réalité quand on en reste au simple niveau de la "transgression" d'une loi ou de la faute subjective. David, lui, savait qu'en portant la main sur Urie, en séduisant sa femme ... ce n'était pas seulement des "erreurs", des "bavures", suscitant remords ou honte. C'était Dieu qu'il avait atteint : "contre Toi, et toi seul, j'ai péché." Le péché s'évalue par rapport au Dieu transcendant; le mal essentiel doit se peser en référence à une infidélité à un amour. Je bafoue l'amour de Celui qui m'aime.
Le pardon, lui aussi, est donc une question d'amour. "Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta tendresse, efface mon péché." André Frossard écrit à ce propos : "Notre religion, notre Dieu, c'est celui des recommencements radieux : pouvoir nous est donné de renaître." Et le psalmiste a tout un vocabulaire abondant pour dire ce renouveau. Il va jusqu'à parler de "création nouvelle". Le pardon n'est pas seulement un oubli du passé, un lessivage même puissant, c'est un être neuf qui en sort. Mystère émouvant, mille fois répété par la Bible. Rien de morbide ou obsessionnel dans le péché selon Dieu. Il aboutit, de fait, à une joie indicible, et à l'action de grâce.
Tiré de :
Noël Quesson, 50 psaumes pour tous les jours, Droguet & Ardant, pp. 120-127
Bonjour,
Sur le [b]psaume 50[/b] qui donne la tonalité liturgique à la semaine du dimanche 18 au samedi 24 mars 2018 ...
Thème :
supplication d'un pécheur qui demande son pardon
Confession des péchés :
Je le reconnais,
j'ai fait le mal.
le mal en moi est trop profond,
vient de trop loin !
Demande de pardon :
purifie-moi,
lave-moi,
rends-moi les chants,
la danse,
enlève tous mes péchés,
recrée moi
Promesse d'action de grâce :
Je serai apôtre,`
je t'acclamerai,
je te louerai,
je changerai de vie,
je t'offrirai un sacrifice
d'action de grâce.
[b]Première lecture avec Israël :
[/b]
Ce péché du roi David (2 Samuel 11,12) qui fit tuer Urie pour prendre sa femme Bethsabée, ainsi que le repentir admirable de David, sont restés comme symbole du mal et du pardon. Mais en arrière-plan de ce psaume, il y a aussi la tragique destruction de Jérusalem qui inaugura la déportation à Babylone : le retentissement du péché est collectif ... et la conversion a aussi un retentissement collectif ("... relève les murs de Jérusalem").
Le cri de repentir qui s'exprime ici est d'une pureté admirable : ce pécheur n'est malheureux que de son péché ... et ce péché n'est que l'offense de Dieu. Rien de morbide, au fond, car Israël a une conception très positive du péché. Le pécheur n'est pas laissé seul à son remords, il est "devant quelqu'un" qui l'aime. Tout part de l'amour. Vingt verbes à l'Impératif s'adressent à Dieu ... et chacun de ces verbes indique que Dieu va agir sur le pénitent pour effacer, laver, absoudre, purifier, rendre la joie, renouveler, etc.
[b]Deuxième lecture avec Jésus :
[/b]Lorsque Jésus voulut faire comprendre la merveille du pardon de Dieu, il inventa la parabole du Père de l'enfant prodigue, et, spontanément, il utilisa des expressions de ce psaume 50 : "J'ai péché contre le ciel et contre toi " ... ET, comme le psalmiste, il a exprimé le pardon par des "chants de fête et des danses" ...
En instituant le baptême pour la rémission des péchés, Jésus reprenait le grand symbole de la purification :"Lave-moi, que je sois blanc plus que la neige".
Quand Jésus pardonna à Marie-Madeleine, la pécheresse, il en fit aussitôt une apôtre , comme il est dit en ce psaume : "J'enseignerai tes chemins aux pécheurs." C'est elle, l'ancienne prostituée, qui fut la première témoin de la résurrection et envoyée en mission aux frères (Jean 20,17) Et quand l'Esprit Saint a recrée les disciples par son souffle de pentecôte, nous les voyons aussi "délier leur langue, et chanter les louanges de Dieu". Enfin, Jésus a approuvé le scribe qui, à la suite de ce psaume, affirmait "qu'aimer Dieu et le prochain vaut mieux que tous les sacrifices". (Marc 12,33)
[b]Troisième lecture avec notre temps :
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[i]Les racines profondes du mal.[/i] La psychologie moderne a mis en évidence combien l'homme pouvait être marqué par des déterminismes venant de conditionnements corporels, d'influences sociales, d'habitudes inscrites dans les réflexes profonds. Le psalmiste, déjà, se sentait écrasé par le poids des déterminismes : très conscient du mal qu'il avait fait, il se sentait incapable d'effectuer le redressement pourtant désiré, c'est pourquoi il demandait l'intervention de Dieu. La racine du péché, il la trouvait dans sa condition humaine, avant même toute culpabilité personnelle : "Je suis né dans la faute, j'étais pécheur dès le sein de ma mère."
Pourtant, ce n'est pas un fatalisme. "Oui, je connais mon péché ... ce qui est mal, je l'ai fait ..." C'est un homme responsable, qui ne cherche aucunement à se justifier. Il n'y a pas pire ennemi de la dignité humaine qu'une certaine attitude d'auto-justification. C'est souvent une démission. Donne-nous, Seigneur, de voir clair en nous ! Aide-nous à prendre conscience du mal que nous faisons : nos agressivités inconscientes, nos réflexes dominateurs inavoués, nos égoïsmes tranquilles et camouflés, nos lâchetés cachées.
On édulcore la réalité quand on en reste au simple niveau de la "transgression" d'une loi ou de la faute subjective. David, lui, savait qu'en portant la main sur Urie, en séduisant sa femme ... ce n'était pas seulement des "erreurs", des "bavures", suscitant remords ou honte. C'était [i]Dieu[/i] qu'il avait atteint : "contre [i]Toi[/i], et toi seul, j'ai péché." Le péché s'évalue par rapport au Dieu transcendant; le mal essentiel doit se peser en référence à une infidélité à un amour. Je bafoue l'amour de Celui qui m'aime.
Le pardon, lui aussi, est donc une question d'amour. "Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta tendresse, efface mon péché." André Frossard écrit à ce propos : "Notre religion, notre Dieu, c'est celui des recommencements radieux : pouvoir nous est donné de renaître." Et le psalmiste a tout un vocabulaire abondant pour dire ce renouveau. Il va jusqu'à parler de "création nouvelle". Le pardon n'est pas seulement un oubli du passé, un lessivage même puissant, [i]c'est un être neuf qui en sort[/i]. Mystère émouvant, mille fois répété par la Bible. Rien de morbide ou obsessionnel dans le péché selon Dieu. Il aboutit, de fait, à une joie indicible, et à l'action de grâce.
Tiré de :
Noël Quesson, [i]50 psaumes pour tous les jours[/i], Droguet & Ardant, pp. 120-127