par Cinci » mer. 21 févr. 2018, 18:05
Salut Trinité,
C'est vrai qu'il peut y avoir un air de parenté entre la récitation du chapelet et la définition du terme rabâcher si on s'arrête juste à l'idée d'une répétition. Il faut quand même se demander si c'est vrai que Matthieu condamnerait comme une impiété le simple fait de pouvoir redire, répéter ou ressasser mentalement une prière liturgique ou un petit texte composé (telle une formule consacrée par la tradition). Personnellement, il m'apparaît peu vraisemblable que la disposition intérieure du rédacteur de l'Évangile susdit eût été de nous faire une défense "pharisienne" de l'utilisation répétée d'une prière de l'Église. "Pas question de répéter !"; "Défense d'employer deux fois la même formule !"; "Un vrai chrétien est un chrétien qui innove chaque fois et ne fait qu'exprimer spontanément ce que Dieu lui met au coeur de dire" et etc.
Toute la vie spirituelle de l'Ancien Israël, de tous les bonshommes de la Bible était imprégnée de répétition, de répétition et de re-répétition. La prière d'Israël n'est qu'une répétition. "Écoute Ô Israël, le Seigneur est le seul Seigneur ..." C'est Dieu lui-même qui incite les fidèles à se souvenir, à se remémorer.
Il serait incroyable qu'un Matthieu qui s'adresse à des Juifs du premier siècle notamment soit aussi un type qui s'amène pour condamner l'emploi répété d'une prière liturgique quelconque ou d'une prière de l'Église.
Le but de la répétition et dans ce que l'Église fait ou recommande : c'est de nous changer, nous. Et c'est à cela que la prière chrétienne sert, non pas de persuader Dieu-le-Père de ceci ou cela. Comme dans le Schéma Israël : nous sommes "pris" à devoir re-re-répéter tout le temps mais parce que nous sommes des pécheurs justement et non pas des saints anges du Royaume des Cieux. Nous sommes des êtres humains limités, fragiles et faits de chair. De là, cette nécessité de reprendre les formules, les phrases, pour les goûter, les laisser descendre en nous, les incorporer. C'est la même raison pourquoi il faudrait relire tant de fois les mêmes histoires de la Bible ou réentendre des sermons assez semblables.
Pour moi, ce que Matthieu critique tient plutôt à l'ignorance de Dieu qui serait celle du païen de son temps, celle du type méconnaissant aussi bien l'identité réelle que la nature de Dieu, et qui se figurerait Dieu comme "une sorte de génie plus ou moins bon à redouter, qui pourrait ne pas savoir notre vrai besoin ou se trouver dans des dispositions fermées ou hostiles". Aussi, je pense que Matthieu fait-il écho à la parole évangélique où il est dit que notre Père sait ce qui est bon pour nous, qu'il ne remettrait pas un serpent à celui qui lui demande du pain, etc. La critique de Matthieu porte non pas sur le fait d'une redite des mêmes paroles d'une prière liturgique, mais bien sur la disposition intérieure de l'orant. Matthieu recommande ni plus ni moins à ses frères de ne pas se comporter comme des païens, c'est-à-dire comme des personnes étrangères à notre foi, des personnes qui doutent, qui ne sont pas vraiment convaincues. Les païens de l'époque avaient des raisons de s'inquiéter de l'efficacité de leurs prières. Un fidèle qui récite un Je vous salut Marie ne doute pas que ces paroles sont entendues et qu'elles plaisent aux intéressés. Comme j'ai dit plus haut, c'est pour
nous que nous les répétons, non pas pour modifier quoi que ce soit du côté des dispositions divines.
Salut Trinité,
C'est vrai qu'il peut y avoir un air de parenté entre la récitation du chapelet et la définition du terme rabâcher si on s'arrête juste à l'idée d'une répétition. Il faut quand même se demander si c'est vrai que Matthieu condamnerait comme une impiété le simple fait de pouvoir redire, répéter ou ressasser mentalement une prière liturgique ou un petit texte composé (telle une formule consacrée par la tradition). Personnellement, il m'apparaît peu vraisemblable que la disposition intérieure du rédacteur de l'Évangile susdit eût été de nous faire une défense "pharisienne" de l'utilisation répétée d'une prière de l'Église. "Pas question de répéter !"; "Défense d'employer deux fois la même formule !"; "Un vrai chrétien est un chrétien qui innove chaque fois et ne fait qu'exprimer spontanément ce que Dieu lui met au coeur de dire" et etc.
Toute la vie spirituelle de l'Ancien Israël, de tous les bonshommes de la Bible était imprégnée de répétition, de répétition et de re-répétition. La prière d'Israël n'est qu'une répétition. "Écoute Ô Israël, le Seigneur est le seul Seigneur ..." C'est Dieu lui-même qui incite les fidèles à se souvenir, à se remémorer.
Il serait incroyable qu'un Matthieu qui s'adresse à des Juifs du premier siècle notamment soit aussi un type qui s'amène pour condamner l'emploi répété d'une prière liturgique quelconque ou d'une prière de l'Église.
Le but de la répétition et dans ce que l'Église fait ou recommande : c'est de nous changer, nous. Et c'est à cela que la prière chrétienne sert, non pas de persuader Dieu-le-Père de ceci ou cela. Comme dans le Schéma Israël : nous sommes "pris" à devoir re-re-répéter tout le temps mais parce que nous sommes des pécheurs justement et non pas des saints anges du Royaume des Cieux. Nous sommes des êtres humains limités, fragiles et faits de chair. De là, cette nécessité de reprendre les formules, les phrases, pour les goûter, les laisser descendre en nous, les incorporer. C'est la même raison pourquoi il faudrait relire tant de fois les mêmes histoires de la Bible ou réentendre des sermons assez semblables.
Pour moi, ce que Matthieu critique tient plutôt à l'ignorance de Dieu qui serait celle du païen de son temps, celle du type méconnaissant aussi bien l'identité réelle que la nature de Dieu, et qui se figurerait Dieu comme "une sorte de génie plus ou moins bon à redouter, qui pourrait ne pas savoir notre vrai besoin ou se trouver dans des dispositions fermées ou hostiles". Aussi, je pense que Matthieu fait-il écho à la parole évangélique où il est dit que notre Père sait ce qui est bon pour nous, qu'il ne remettrait pas un serpent à celui qui lui demande du pain, etc. La critique de Matthieu porte non pas sur le fait d'une redite des mêmes paroles d'une prière liturgique, mais bien sur la disposition intérieure de l'orant. Matthieu recommande ni plus ni moins à ses frères de ne pas se comporter comme des païens, c'est-à-dire comme des personnes étrangères à notre foi, des personnes qui doutent, qui ne sont pas vraiment convaincues. Les païens de l'époque avaient des raisons de s'inquiéter de l'efficacité de leurs prières. Un fidèle qui récite un Je vous salut Marie ne doute pas que ces paroles sont entendues et qu'elles plaisent aux intéressés. Comme j'ai dit plus haut, c'est pour [u]nous[/u] que nous les répétons, non pas pour modifier quoi que ce soit du côté des dispositions divines.
:)