@
Antoine75
Bonjour Antoine,
La question particulière de la descendance d’Adam et Eve est ici hors sujet, mais elle fait l’objet d’autres fils de réflexions dans ce forum :
intitulés : "
La descendance d’Adam et Eve et la question de l’inceste" :
http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... 6&start=15
et "Mais qui est la femme de Caïn ?" :
http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... s&start=30
La question ici est de savoir, dans l’histoire concrète des hominidés, «
où et quand » ont existé Adam et Eve.
@
Astya
Bonjour Astya,
Merci pour votre réflexion de qualité.
Il n’est pas facile de se comprendre, mais la clarté constructive de votre message permet d’apporter quelques précisions complémentaires utiles pour avancer.
Non, je ne pense pas que Dieu ait eu besoin de corriger ou compléter sa création. Elle est bonne dès l’origine. L’évolution n’est pas en dehors du dessein divin. Vous avez raison de croire en l’unité indivisible de la création, que «
l'univers, la vie évolutive, et même le fonctionnement du cerveau sont autant d'indications de l'existence d'une volonté créatrice transcendante ». Vous avez raison de parler de «
plan divinement génial et foisonnant », même s’il faut le nuancer par la liberté de l’humain créé. Le développement du monde qui lui a été confié à l’origine n’est pas l’exécution d’un dessein intelligent prédéterminé.
Je ne peux ici que vous renvoyer à «
L’évangile de la création » que le Pape François nous présente de manière lumineuse dans son encyclique
Laudato si et qui fait l’objet d’un autre fil de réflexion de ce forum intitulé «
Le Pape François éclaire la création de l’homme » :
http://www.cite-catholique.org/viewtopi ... 92&t=39379
Toute la création est faite par le Christ et pour l’humain dès l’origine. Et tant l’homme à l’image de Dieu que le Fils de Dieu fait homme ne sont pas des accidents, des corrections, des changements ou des compléments dans l’histoire générale du monde mais le but et l’objet principal de toute la création, matérielle autant que spirituelle.
Il ne me semble pas adéquat d’affirmer que Dieu a insufflé une âme immortelle «
dans » Adam et Eve, comme si Dieu leur avait «
ajouté » «
quelque chose » (qui serait «
un élément spirituel à charge pour eux de le diffuser ») dont les autres créatures auraient été privées, exclues. Je comprends que vous rejetiez une telle idée.
Comme vous l’écrivez très bien, «
le cerveau humain est bien le résultat de l'évolution, l'évolution étant le processus que Dieu a mis en place pour gérer l'animation de la matière, en d'autres termes la vie. Son processus étant absolument parfait, il me semble, à mon opinion, bizarre de penser qu'il ait eu besoin revenir l'améliorer ».
Comme vous, je pense qu’il faut résolument sortir de la perspective d’un «
ajout » qui aurait corrigé un «
manque » et constitué un «
privilège » réservé à certaines créatures. Merci de me permettre de rejeter avec vous cette hypothèse.
La création de l’humain à l’image de Dieu fait surgir de l’inexistence un être absolument nouveau, mais Dieu a créé la nature pour la faire contribuer à cette création nouvelle.
Et ici, comme vous le comprenez bien, je pense, en effet, que cela se produit «
à un moment T du processus, dans un lieu L », alors que vous préférez penser «
qu’il y a de la création divine partout et tout le temps ».
Mais, vous admettrez ici qu’il faut nuancer ce «
partout et tout le temps ». Vous et moi, nous dialoguons ici et maintenant. Ni vous, ni moi n’existions avant notre conception «
à un moment T…, dans un lieu L ».
La difficulté et la différence, que nous réfléchissons ensemble, apparaissent lorsque vous pensez que «
l'humain est un animal assez évolué pour se poser la question de sa nature à la fois physique et spirituelle ».
Cette réflexion est exacte, mais elle ne regarde l’humain que dans sa réalité naturelle d’un être «
animal », même si c’est pour constater que, dans cette réalité provenant de processus évolutifs, il est assez évolué pour pouvoir se poser la question de sa réalité spirituelle.
Vous dites que l'humain a «
commencé » à pouvoir se poser la question lorsqu’il a commencé à enterrer ses morts. Je suppose que accepterez de considérer que ce commencement a été très progressif et évolutif, mais aussi que l’attachement affectif au corps mort d’un être auquel un animal a été attaché peut exister chez certains animaux. Le critère ne me paraît pas suffisant pour attester d’un état de conscience humain, équivalent au nôtre. Il s’agit seulement d’un indice qui a pu n’être qu’une étape dans l’évolution.
Vous écrivez que «
si vous voulez dire que Dieu a fait des miracles anti naturels pour manifester sa toute puissance, je ne suis pas sûre d'être d'accord ».
Mais, l’expression «
miracles anti naturels » considère les miracles comme des ajouts à la réalité naturelle.
A cet égard, cette compréhension suppose implicitement que la nature matérielle (physique) aurait une autonomie naturelle absolue et absolument séparée de Dieu, dont un miracle violerait les règles normales.
La création de l’humain, dans sa double réalité corporelle et spirituelle, ouvre une autre perspective.
Entre la réalité naturelle avec ses règles de cause à effet observables par la science et la réalité «
spirituelle » qui nous permet de rencontrer notre Créateur et de vivre avec Lui, pourquoi croire à une séparation absolue, au lieu d’admettre, au contraire, des liens essentiels présents dès le premier instant de la création.
Ce qui me semble parfois oublié ou nié, c’est que des liens existent entre, d’une part, la nature (visible ou invisible) observable et, d’autre part, le réel plus «
vaste » dans lequel la nature est créée et que notre cerveau naturel ne peut prétendre saisir au-delà de lui-même.
Les miracles peuvent paraître «
anti-naturels » car il ne paraît pas naturel qu’une femme vierge enfante, qu’un homme marche sur l’eau, transforme de l’eau en vin, ressuscite des morts…, mais que savons-nous des influences «
spirituelles » dans le monde naturel que notre cerveau peut observer ?
Et c’est ici que la difficulté peut être grande. Oui, je crois que Dieu, qui vit dans cette réalité «
spirituelle », peut créer du neuf dans la nature. Sans altérer la nature mais parce que la nature vient de plus qu’elle-même et qu’elle reste liée à plus qu’elle-même.
Dans cette nature, Dieu a créé du plus qu’elle-même, non comme quelque chose spirituel ajouté dans la nature, mais comme un être nouveau créé dans et avec cette nature. A un moment T, dans un lieu L. La nature n’a pas été changée. Dieu n’a pas changé. Mais, un être nouveau capable de partager Sa vie a été créé.