Sur le pouvoir des clés

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Re: Sur le pouvoir des clés

par Cinci » sam. 09 sept. 2017, 20:09

Merci pour le commentaire, gérardh.

Re: Sur le pouvoir des clés

par gerardh » sam. 02 sept. 2017, 10:37

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Bonjour Cinci, vous citez :
je tiens les clés de la mort et de l'Hadès" (Ap 1,18)
Il s’agit d’un pouvoir administratif enlevé à Satan par la mort et la résurrection de Christ et s’exerçant pour faire entrer ou sortir, pour enfermer ou délivrer. Ici pour délivrer les corps de la mort, et les âmes du lieu invisible, non pour les y enfermer.

Celui qui, dans son amour, a donné sa vie et a un pouvoir absolu sur la mort et sur le hadès ; Celui qui en délivre et non qui y assujettit. Il est ressuscité ; il est sorti de la mort et du hadès et il en tient les clefs, un plein pouvoir sur ces choses, un pouvoir divin pour soutenir contre elles. Lui qui a été mort et qui a repris vie, et qui maintenant, même comme homme, vit aux siècles des siècles, agit ainsi, non pas simplement dans la puissance de la vie divine en un homme, mais dans la puissance de la victoire remportée sur tout ce à quoi l’homme était assujetti par le péché et l’infirmité.

__

Re: Sur le pouvoir des clés

par Cinci » sam. 02 sept. 2017, 2:26

Parole du Seigneur.

ÉVANGILE
« Je te donnerai les clés du royaume des Cieux » (Mt 16, 13-20)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe,
demandait à ses disciples :
« Au dire des gens,
qui est le Fils de l’homme ? »
Ils répondirent :
« Pour les uns, Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur demanda :
« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Alors Simon-Pierre prit la parole et dit :
« Tu es le Christ,
le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit :
« Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :
ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela,
mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare :
Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;
et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux :
tout ce que tu auras lié sur la terre
sera lié dans les cieux,
et tout ce que tu auras délié sur la terre
sera délié dans les cieux. »

Alors, il ordonna aux disciples
de ne dire à personne que c’était lui le Christ.


Premier titre : le "Fils de l'homme" : est une expression sortie tout droit du livre de Daniel, au chapitre 7 :"Je regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur les nuées du ciel venait comme un Fils d'homme; il arriva jusqu'au Vieillard, et on le fit approcher en sa présence. Et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté : les gens de tous peuples, nations et langues le servaient. Sa souveraineté est une souveraineté éternelle qui ne passera pas, et sa royauté une royauté qui ne sera jamais détruite" (Dn 7, 13-14)

Quelques versets plus loin, Daniel précise que ce Fils d'homme n'est pas un individu solitaire, mais un peuple :"Les Saints du Très-Haut recevront la royauté, et ils posséderont la royauté pour toujours et à jamais ... La royauté, la souveraineté et la grandeur de tous les royaumes qu'il y a sous le cieux ont été donnés au peuple des Saints du Très-Haut : sa royauté est une royauté éternelle; toutes les souverainetés le serviront et lui obéiront" (Dn 7,18-27). Quand Jésus s'applique à lui-même ce titre de Fils de l'homme, il se présente donc comme celui qui prend la tête du peuple de Dieu.

Le deuxième titre qui lui est donné ici, c'est celui de "Fils de Dieu." En langage du temps, c'était exactement synonyme de "Messie-Roi". Vous vous rappelez qu'à la fin de l'épisode de la marche sur les eaux, ceux qui étaient dans la barque s'étaient prosternés devant Jésus et lui avaient dit :"Vraiment, tu es Fils de Dieu." Ce jour-là, les disciples ne se sont pas trompés dur le titre; ils ont bien deviné la véritable identité de Jésus, mais cela ne veut pas dire qu'ils ont parfaitement compris la mission de ce Messie : c'est la puissance de Jésus sur la mer qui les a impressionnés. Il leur reste toute une étape à franchir pour découvrir qui est réellement Jésus.

A Césarée, ce qui est nouveau, c'est que Pierre ne dit pas cela devant une manifestation de puissance de Jésus : au contraire, dans les versets qui précèdent la profession de foi de Pierre, Jésus vient de refuser de donner un signe convaincant aux Pharisiens et aux Sadducéens qui le lui demandaient. Pierre est en marche vers la foi. "Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas : ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux."

Dès que Pierre a découvert qui est Jésus, celui-ci l'envoie en mission aussitôt pour l'Église :"Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église"; cette Église qui sera son corps et constituera avec lui le Christ total, le peuple des Saints du Très-Haut dont parlait la prophète Daniel.

Et Jésus ajoute : "Ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux" : c'est ce que l'on appelle le "pouvoir des clés." Cela ne veut pas dire que Pierre et ses successeurs sont désormais tout-puissants! Cela veut dire que Dieu promet de s'engager auprès d'eux. Pour nous, il nous faut et il nous suffit d'être en communion avec notre Église pour être en communion avec Dieu. Si l'on se souvient de la première lecture, cela veut dire aussi que la mission de l'Église est d'introduire les hommes auprès du Père.

Dernier motif pour nous rassurer : Jésus dit "Je bâtirai mon Église" : c'est lui, Jésus, qui bâtit son Église. Nous ne sommes pas chargés de bâtir son Église, mais simplement d'écouter ce que le Dieu vivant veut bien nous révéler. Et, parce que c'est le Christ ressuscité, le Fils du Dieu vivant, qui bâtit, nous pouvons en être sûrs, "la puissance de la mort ne l'emportera pas."

Sur le pouvoir des clés

par Cinci » ven. 01 sept. 2017, 3:43

Bonjour,

J'aimerais juste faire un petit retour sur un des textes de dimanche le 27 août dernier, le vingt-et-unième dimanche de l'année ordinaire.

D'abord on lit une allusion au pouvoir des clés détenu par le Ressuscité dans la grande vision du premier chapitre de l'Apocalypse :"Je suis le Premier et le Dernier; et le Vivant; je suis mort, et voici, je suis vivant pour les siècles des siècles, et je tiens les clés de la mort et de l'Hadès" (Ap 1,18) C'est bien Jésus, triomphant de la mort, qui est annoncé là : l'image des clés ici nous suggère qu'il a pouvoir d'enfermer les puissances de mort. C'est au mal qu'il ferme la porte cf également Mt 16,19 pour l'évangile de ce jour.

Pour l'origine de l'expression du "pouvoir des clés" :

Première lecture

Isaïe 22,19-23

"Parole du Seigneur adressée à Shebna le gouverneur.
Je vais te chasser de ton poste,`
t'expulser de ta place.
Et, ce jour-là, j'appellerai mon serviteur,
Eliakim, fils de Hilkias.

Je le revêtirai de ta tunique,
je le ceindrai de ton écharpe,
je lui remettrai tes pouvoirs :
il sera un père pour les habitants de Jérusalem
et pour la maison de Juda.

Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David :
s'il ouvre, personne ne fermera,
s'il ferme, personne n'ouvrira.
Je le rendrai stable comme un piquet
qu'on enfonce dans un sol ferme;
il sera comme un trône de gloire pour la maison de son père."



Commentaire :

Nous sommes à la cour de Jérusalem sous le règne d'Ezéchias, c'est à dire vers 700 avant J.C. Ezéchias est le fils d'Achaz, c'est de lui que le prophète Isaïe avait annoncé la naissance en disant :"Voici que la jeune femme est enceinte et va enfanter un fils, elle lui donnera le nom d'Emmanuel" (Is 7,14)

Shebna fut donc gouverneur du palais de Jérusalem au cours du règne d'Ezéchias (716-687). Le poste de gouverneur du palais était certainement important puisqu'il y avait un véritable rituel d'intronisation au moment de la nomination : on en devine des bribes à travers le texte d'aujourd'hui.

En particulier, le gouverneur recevait une tunique et une écharpe qui étaient les insignes de sa fonction. Concrètement, parmi les attributions du gouverneur de Jérusalem, figurait le pouvoir des clés. Au moment de la remise solennelle des clés du palais royal, il recevait plein pouvoir sur les entrées au palais (et donc sur la possibilité d'être mis en présence du roi) et l'on disait sur lui la formule rituelle :"Je mets sur son épaule la clef de la maison de David : s'il ouvre, personne ne fermera, s'il ferme, personne n'ouvrira" (Is 22,22) C'était donc un symbole d'autorité sur le royaume et la marque d'une très grande confiance de la part du roi.

Mais Shebna s'est mal comporté [...]

Je m'explique : le père d'Ezéchias, le roi Achaz, avait dû accepter la tutelle de l'empire assyrien; le prophète ne l'avait pas souhaitée mais il estimait que la faiblesse du royaume de Jérusalem interdisait toute révolte.

Ezéchias, au contraire, tout au long de son règne, cherchera à recouvrer son indépendance, quitte à s'allier avec l'Égypte. Mais celui lui coûtera très cher, à lui et à son peuple; car chaque tentative de révolte contre le suzerain assyrien, chaque marque d'insoumission est durement réprimée. En 701, effectivement, l'empereur assyrien Sennachérib envahit toute la région, mata très durement les insoumis, annexa purement et simplement la plupart des villes qui composaient le royaume de Jérusalem, aggrava considérablement les conditions financières de sa tutelle et Ezéchias fut bien obligé de se soumettre définitivement.

Les conseils d'alliance avec l'Égypte prodigués par Shebna à Ezéchias étaient donc fort mal inspirés. C'est le premier reproche que lui faisait Isaïe. Il y en avait visiblement un second; toujours entre les lignes, on devine que Shebna se préoccupait de ses propres intérêts et non de ceux du peuple de Dieu. Or, il lui avait été clairement précisé le jour de sa prise de fonction qu'il devait être "un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda."

La décision du prophète Isaïe est donc prise : il annonce à Shebna sa destitution et son remplacement par un nouveau gouverneur du palais, Eliakim, un véritable serviteur du peuple.

On peut s'étonner que la Bible, livre dans lequel nous cherchons fondamentalement un langage théologique, une révélation sur Dieu, se complaise à tant de récits historiques, plus ou moins touffus d'ailleurs et aux intrigues de palais, dont celle de Shebna et Eliakim par exemple. Première leçon, Dieu n'est pas à chercher ailleurs que dans le creux même de notre vie; et rien dans nos vies n'est trop insignifiant à ses yeux. Il se révèle au jour le jour dans notre histoire. C'est là qu'il faut apprendre à lire sa présence et son action.

Deuxièmement, nous découvrons le rôle des prophètes. On ne peut qu'admirer la véhémence du prophète, tout occupé, lui, des véritables intérêts du peuple de Dieu. C'est l'une des caractéristiques d'un véritable prophète.

Troisièmement, la grande, l'unique préoccupation de Dieu et qui doit être celle de ses serviteurs est le service du peuple : dans la Bible, on ne manque jamais une occasion de rappeler aux responsables que la seule raison d'être de tout pouvoir (celui du roi ou du gouverneur) est l'intérêt du peuple. A tel point que, dès que l'avenir de son peuple est gravement en jeu, Dieu intervient!

Dernière remarque : pour les auteur du Nouveau Testament, il ne fait pas de doute que Jésus-Christ est le véritable maître des clés; (c'est lui qui, réellement, nous met en présence du Roi. L'Apocalypse, en particulier, en parle à plusieurs reprises; dans sa lettre à Philadelphie, par exemple :"Ainsi parle le Saint, le Véritable, qui tient la clé de David, qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul ne peut ouvrir" Ap 3,7)

Extrait tiré de :
Marie-Noëlle Thabut, L'intelligence des Écritures, p.310

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