14e dimanche de l'année A

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Re: 14e dimanche de l 'année A

par Cinci » sam. 08 juil. 2017, 14:03

Pour terminer, si l'on se rapporte au texte complet de ce psaume, on lui découvre une parenté très grande avec le Notre Père : par exemple, le Notre Père s'adresse à Dieu à la fois comme à un Père et comme à un roi : un père qui est le Dieu de tendresse et de pitié dont parle ce psaume ... un roi dont le seul objectif est le bonheur de tous les hommes. "Notre Père ... donne-nous ... pardonne-nous ... délivre-nous du mal " ... que ton Règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ..." .. parce qu'on sait que sa volonté est, comme dit saint Paul, "que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité." (1 Tm 2,4)

On comprend que ce psaume 144 soit devenu la prière du matin du peuple qui le premier a appris à parler à Dieu comme à un père. On ne s'étonne pas non plus que ce psaume figure dans la prière juive de chaque matin : pour le Juif croyant, le matin (l'aube du jour neuf) évoque irrésistiblement l'aube du jour définitif, celui du monde à venir, celui de la création renouvelée ... Si nous allons un peu plus loin dans la spiritualité juive, le Talmud affirme que celui qui récite ce psaume trois fois par jour, "peut être assuré d'être un fils du monde à venir."


https://www.youtube.com/watch?v=dPWyQlil8KE

Source éternelle de lumière

Re: 14e dimanche de l 'année A

par Cinci » sam. 08 juil. 2017, 13:33

PSAUME
(Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14)

R/ Mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais ! ou : Alléluia ! (Ps 144, 1)

Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi ;
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais.



Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour.
La bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.



Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits,



Le Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent,
il redresse tous les accablés.


Le Roi dont il est question ici n'est pas un roi comme ceux que l'on connaît sur la terre. C'est un roi à la fois tout-puissant et bon : il ne veut que notre bonheur. Voilà la découverte qu'Israël a faite au long de son histoire. Quand on parle de la puissance de ce roi pas comme les autres, on sait que sa puissance n'est qu'amour :"Le Seigneur est tendresse et pité, lent à la colère et plein d'amour." C'est le meilleur résumé qu'on puisse donner de toute la révélation biblique : Et là Israël parle d'expérience : combien de fois, en particulier pendant l'Exil à Babylone, n'a-t-il pas invoqué son Dieu et supplié pour obtenir son pardon et son retour? ... Désormais, le peuple rassemblé dans le Temple reconstruit, chante de tout son coeur [...]

Et sa mission, il le sait, est de chanter assez fort pour que tous le sachent : la richesse de pardon, la tendresse et la pitié du Seigneur, elles sont pour tous! "La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse pour toutes ses oeuvres." Cette universalité du projet de Dieu, les hommes de l'Ancien Testament l'avaient peu à peu comprise : Dieu aime toute l'humanité et son projet d'amour,son dessein bienveillant concerne toute l'humanité et toute la création.

Pour nous, chrétiens, qui avons relu la prophétie de Zacharie (dans la première lecture de ce dimanche) , le chant de ce psaume est saisissant : Zacharie dessine le portrait du Messie à venir; comme la majorité des Juifs, il le voit comme un roi, descendant de David; mais ce roi, au lieu de chercher son propre intérêt et de satisfaire à ses rêves de grandeur et de conquêtes, se consacrera exclusivement au service de son peuple : il fera taire définitivement les armes; en cela, il sera vraiment le fidèle exécutant des projets de Dieu. Évidemment, Jésus de Nazareth, le doux et humble de coeur, répond bien au portrait de Zacharie. Plus saisissant encore, est le premier verset qui prend un relief nouveau, si l'on pense à Jésus :"Je t'exalterai, mon Dieu, mon roi ..." Car il est bien Dieu et roi, notre Messie.

14e dimanche de l'année A

par Cinci » sam. 08 juil. 2017, 12:25

PREMIÈRE LECTURE
« Voici ton roi qui vient à toi : il est pauvre » (Za 9, 9-10)

Lecture du livre du prophète Zacharie

Ainsi parle le Seigneur :
« Exulte de toutes tes forces, fille de Sion !
Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem !
Voici ton roi qui vient à toi :
il est juste et victorieux,
pauvre et monté sur un âne,
un ânon, le petit d’une ânesse.


Ce roi fera disparaître d’Éphraïm les chars de guerre,
et de Jérusalem les chevaux de combat ;
il brisera l’arc de guerre,
et il proclamera la paix aux nations.
Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre,
et de l’Euphrate à l’autre bout du pays. »


– Parole du Seigneur


Première remarque : l'expression "fille de Sion" ne désigne pas une personne précise, une certaine jeune fille ou une femme originaire de Jérusalem. Cette expression désigne la ville elle-même; c'est exactement comme si le prophète disait : "Jérusalem, réjouis-toi." Et pourquoi Jérusalem doit-elle se réjouir? Cela m'amène à ma deuxième remarque : car, justement, l'heure n'est pas à la joie!

Deuxième remarque : le ton général de ces versets est triomphant; mais nous savons bien que c'est toujours signe de période difficile : cette prédication de Zacharie a certainement été prononcée en temps de guerre : c'est ce qu'on appelle un oracle de consolation. Cela explique des phrases telles que "Ce roi fera disparaître d'Ephraïm les chars de guerrel et de Jérusalem les chevaux de combat; il brisera l'arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations." On situe généralement ce texte au début de la domination grecque (donc vers 330) après les conquêtes éclairs d'Alexandre; c'est un moment où, plus que jamais, il faut se raccrocher à l'espérance d'une intervention de Dieu.

Je reprends cette annonce de Zacharie : les termes qu'il emploie sont ceux qui désignaient habituellement le Messie. On attendait un roi qui apporterait la justice et la paix pour tous. [...]

Jusqu'ici il n'y a rien de particulièrement neuf dans les paroles de Zacharie; d'autres paroles prophétiques ou des psaumes disaient déjà à peu près la même chose; par exemple, je vous rappelle quelques versets du psaume 71/72 :"Dieu confie au roi tes pouvoirs , à ce fils de roi ta justice. Qu'il gouverne ton peuple avec justice ... Qu'il domine d'une mer à l'autre, et du fleuve jusqu'au bout de la terre." Ce qui est audacieux dans les paroles de Zacharie, c'est de proclamer ce message d'espérance à un moment précisément où on aurait de bonnes raisons de penser que tout espoir est perdu.

Mais j'ai laissé de côté jusqu'ici trois affirmations de Zacharie; la première n'est pas exactement une nouveauté mais elle mérite d'être notée :"Il proclamera la paix aux nations." C'est seulement depuis l'Exil à Babylone que le peule juif a pris conscience que le projet de Dieu englobait l'humanité tout entière. Voici la deuxième : "Ce roi fera disparaître d'Ephraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ..." Discrètement, au passage, le texte annonce la restauration et la réunification de l'antique royaume de David; pour l'instant, quand ce texte est écrit, il n'en reste plus grand chose : le Nord (Ephraïm) comme le Sud (Jérusalem) qui avaient perdu depuis bien longtemps leur unité, ont perdu également toute souveraineté.

Enfin, la troisième affirmation de Zacharie est véritablement une nouveauté :"(Voici ton roi qui vient vers toi) humble et monté sur un âne, un âne tout jeune." Or l'âne était considéré comme une monture modeste : les conquérants d'Alexandre étaient autrement mieux montés. Et à Jérusalem même, le roi Salomon avait introduit le cheval comme monture de guerre et aussi de parade; on lui a assez reproché ses goûts de grandeur. On avait pas l'habitude de voir un roi sur un âne. Lors de son sacre, Salomon était monté sur la mule de son père, David (1 R 1,32), mais, plus tard, on ne s'en contentait plus.

Isaïe, il est vrai, avait déjà entrevu un Messie humble : il annonçait un Serviteur de Dieu, humble et fidèle, qui accomplira l'oeuvre de Dieu et n'hésitera pas à affronter la persécution; il la subira, mais c'est dans souffrance même que son peuple trouvera le chemin de la paix et de la réconciliation avec Dieu. (C'était dans les chants du Serviteur : Is 50,6; 53,7)

Il faut noter que le Serviteur d'Isaïe ne porte absolument pas le titre de roi, nais il est néanmoins présenté comme un Messie, en ce sens, d'une part, qu'il accomplit bien l'oeuvre du Messie attendu et, d'autre part, qu'il est rempli de l'Esprit de Dieu comme doit l'être le Messie. Au contraire, le Messie de Zacharie est d'emblée présenté comme un roi : il représente donc l'attente traditionnelle du Messie-Roi; mais la nouveauté du texte de Zacharie, c'est qu'il combine cette attente traditionnelle du Messie-Roi avec celle de l'humilité du Serviteur décrit par Isaïe : puisque son roi est humble : finis les rêves de grandeur, de guerre, de puissance; une seule chose compte à ses yeux : instaurer la paix pour le peuple.

Pourquoi les évangiles s'intéressent-ils tant à ce texte de Zacharie? Parce que , dans un premier temps après la mort et la résurrection de Jésus, les Apôtres ont été confrontés à un mystère inexplicable : pour eux, qui étaient témoins de la résurrection de Jésus, il ne faisait pas de doute que celui-ci était le Messie ; mais il était doux, humble et pacifique, c'est à dire bien différent du roi triomphateur qu'ils imaginaient spontanément. C'est alors que ce texte de Zacharie (tous comme les chants du Serviteur d'Isaïe) leur est apparu comme un chemin pour entrer dans "l'intelligence des Écritures".

(Source : Marie-Noëlle Thabut, L'intelligence des Écritures, Paris, Artège, 2011)

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