par zelie » ven. 18 mai 2018, 10:51
Oui,
il aimait tout le monde, et on ne peut imaginer un instant que qu'un Dieu d'Amour qui est venu pour mourir sur une croix, aime les uns et pas les autres!?!
Le problème que vous soulevez est celui de toute citation trop sortie de son contexte: un texte, un message, est un ensemble et à en couper une partie, elle peut finir complètement dénaturée par rapport à son intention première.
On remet en contexte avec Saint Jean 25-33 :
25De grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna, et leur dit: 26Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. 27Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. 28Car, lequel de vous, s'il veut bâtir une tour, ne s'assied d'abord pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi la terminer, 29de peur qu'après avoir posé les fondements, il ne puisse l'achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler, 30en disant: Cet homme a commencé à bâtir, et il n'a pu achever? 31Ou quel roi, s'il va faire la guerre à un autre roi, ne s'assied d'abord pour examiner s'il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l'attaquer avec vingt mille? 32S'il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix. 33Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple.
Tout de suite on comprend mieux l'idée développée non?
Je vous la refais; dans un pays de pauvres gens auxquels les lettres et l'éducation sont peu accessibles, où les romains crucifient, exécutent, méprisent et insultent tous ceux qu'ils croisent, et où les castes dominantes campent bien fermement sur leurs privilèges; un pays où les pauvres sont seuls et sentent bien abandonnés, arrive un rabbin jeune et magnifique, attendu depuis la nuit des temps, qui possède une sorte de magnétisme joyeux et irrésistible, ce don rare de vous faire sentir inconditionnellement aimé d'un seul de ses regards, et ce rabbi délivre un message incroyable d'amour (voir les dernières pages d'un livre qu'on appelle la Bible, le super-chapitre "nouveau testament", c'est un passage assez sympa). Vous imaginez bien qu'un oiseau pareil, tout le monde, surtout sous le coup de la joie de l'avoir rencontré, a envie de quitter sa vie de misère et de le suivre partout. Du coup des "grandes foules" le suivent. Grandes, les foules elles doivent bien l'être, si on considère que quand Jésus nourrit plus de 5000 personnes c'est juste... une foule. Et ces foules le suivent jusqu'à "faire route" avec Lui: obstinées, les foules; elles n'ont pas fait que 500 mètres derrière Lui.
Vous imaginez le désastre? Plus personne aux champs et aux ateliers, les enfants qui ne peuvent suivre le rythme de marche des adultes, les femmes qui ne peuvent ni accoucher ni préparer un repas correct à leurs enfants, les puissants qui de frousse seraient bien capables de passer tout ce beau monde au fil de l'épée: un truc pas possible risque d'être la conséquence d'autant d'inconséquence, d'autant que le message divin est clair : "c'est là où Je t'ai placé, dans ton quotidien, que tu dois vivre ta foi". Jésus sait et anticipe tout cela, et il fait comprendre de grandes choses en quelques mots, qui permettent à tout ce monde, un peu exalté, un peu immature, de comprendre que tout n'est pas aussi simple que de se délivrer soi-même de ses obligations et d'attendre que tout nous tombe cuit juste parce qu'on s'est barré de sa maison pour Le suivre. Il doit renvoyer ces gens, sans pour autant renvoyer tout le monde sans discernement, car parmi ces foules qu'Il ne cesse de rechercher pour les évangéliser, il y a le germe de tous ceux qui le continueront dans sa future Eglise: les disciples, les personnes ressources qui aideront de mille manières, car elles sont capables de s'engager, d'être actives, fidèles, durables dans la foi quand les persécutions surviendront. Alors, Il leur dit en substance : "comprenez bien la situation, arrêtez-vous un instant, calmez-vous et réfléchissez : mon évangélisation demande de renoncer à tout ce qui a fait votre vie, famille, situation, confort, etc. Est-ce vraiment ce que vous voulez? Etes-vous capables de réellement renoncer à tout cela pour toujours pour me suivre et aller avec moi vers la persécution?" Pour être disciple du Christ, il faut être déterminé et courageux, opiniâtre et sans illusion, sage et bien conscient de ce qu'est l'apostolat, capable d'abandonner à Dieu sa propre vie même devant la perspective d'un martyre. La famille, quand on s'engage derrière Jésus, on ne peut plus la concevoir comme une personne lambda: le déjeuner dominical et le repas de Pâques où on se lèche les babines, c'est fini, aller voir maman de temps en temps surtout quand on a besoin de réconfort ou d'une madeleine de Proust, c'est fini aussi, aller voir papa quand on a besoin de conseil ou de tunes, c'est même pas en rêve! Et tout ça c'est très dur. Traduit dans le langage et les métaphores alors en cours à cette époque-là, dans ce pays-là avec cette culture-là, ça donne ce que Saint Jean a écrit.
Voilà.
Bonne Pentecôte!!
Oui, :D il aimait tout le monde, et on ne peut imaginer un instant que qu'un Dieu d'Amour qui est venu pour mourir sur une croix, aime les uns et pas les autres!?! :s
Le problème que vous soulevez est celui de toute citation trop sortie de son contexte: un texte, un message, est un ensemble et à en couper une partie, elle peut finir complètement dénaturée par rapport à son intention première.
On remet en contexte avec Saint Jean 25-33 :
[quote]25De grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna, et leur dit: 26Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. 27Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. 28Car, lequel de vous, s'il veut bâtir une tour, ne s'assied d'abord pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi la terminer, 29de peur qu'après avoir posé les fondements, il ne puisse l'achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler, 30en disant: Cet homme a commencé à bâtir, et il n'a pu achever? 31Ou quel roi, s'il va faire la guerre à un autre roi, ne s'assied d'abord pour examiner s'il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l'attaquer avec vingt mille? 32S'il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix. 33Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple.[/quote]
Tout de suite on comprend mieux l'idée développée non?
Je vous la refais; dans un pays de pauvres gens auxquels les lettres et l'éducation sont peu accessibles, où les romains crucifient, exécutent, méprisent et insultent tous ceux qu'ils croisent, et où les castes dominantes campent bien fermement sur leurs privilèges; un pays où les pauvres sont seuls et sentent bien abandonnés, arrive un rabbin jeune et magnifique, attendu depuis la nuit des temps, qui possède une sorte de magnétisme joyeux et irrésistible, ce don rare de vous faire sentir inconditionnellement aimé d'un seul de ses regards, et ce rabbi délivre un message incroyable d'amour (voir les dernières pages d'un livre qu'on appelle la Bible, le super-chapitre "nouveau testament", c'est un passage assez sympa). Vous imaginez bien qu'un oiseau pareil, tout le monde, surtout sous le coup de la joie de l'avoir rencontré, a envie de quitter sa vie de misère et de le suivre partout. Du coup des "grandes foules" le suivent. Grandes, les foules elles doivent bien l'être, si on considère que quand Jésus nourrit plus de 5000 personnes c'est juste... une foule. Et ces foules le suivent jusqu'à "faire route" avec Lui: obstinées, les foules; elles n'ont pas fait que 500 mètres derrière Lui.
Vous imaginez le désastre? Plus personne aux champs et aux ateliers, les enfants qui ne peuvent suivre le rythme de marche des adultes, les femmes qui ne peuvent ni accoucher ni préparer un repas correct à leurs enfants, les puissants qui de frousse seraient bien capables de passer tout ce beau monde au fil de l'épée: un truc pas possible risque d'être la conséquence d'autant d'inconséquence, d'autant que le message divin est clair : "c'est là où Je t'ai placé, dans ton quotidien, que tu dois vivre ta foi". Jésus sait et anticipe tout cela, et il fait comprendre de grandes choses en quelques mots, qui permettent à tout ce monde, un peu exalté, un peu immature, de comprendre que tout n'est pas aussi simple que de se délivrer soi-même de ses obligations et d'attendre que tout nous tombe cuit juste parce qu'on s'est barré de sa maison pour Le suivre. Il doit renvoyer ces gens, sans pour autant renvoyer tout le monde sans discernement, car parmi ces foules qu'Il ne cesse de rechercher pour les évangéliser, il y a le germe de tous ceux qui le continueront dans sa future Eglise: les disciples, les personnes ressources qui aideront de mille manières, car elles sont capables de s'engager, d'être actives, fidèles, durables dans la foi quand les persécutions surviendront. Alors, Il leur dit en substance : "comprenez bien la situation, arrêtez-vous un instant, calmez-vous et réfléchissez : mon évangélisation demande de renoncer à tout ce qui a fait votre vie, famille, situation, confort, etc. Est-ce vraiment ce que vous voulez? Etes-vous capables de réellement renoncer à tout cela pour toujours pour me suivre et aller avec moi vers la persécution?" Pour être disciple du Christ, il faut être déterminé et courageux, opiniâtre et sans illusion, sage et bien conscient de ce qu'est l'apostolat, capable d'abandonner à Dieu sa propre vie même devant la perspective d'un martyre. La famille, quand on s'engage derrière Jésus, on ne peut plus la concevoir comme une personne lambda: le déjeuner dominical et le repas de Pâques où on se lèche les babines, c'est fini, aller voir maman de temps en temps surtout quand on a besoin de réconfort ou d'une madeleine de Proust, c'est fini aussi, aller voir papa quand on a besoin de conseil ou de tunes, c'est même pas en rêve! Et tout ça c'est très dur. Traduit dans le langage et les métaphores alors en cours à cette époque-là, dans ce pays-là avec cette culture-là, ça donne ce que Saint Jean a écrit.
Voilà.
Bonne Pentecôte!!