par Cinci » ven. 06 févr. 2015, 3:14
salut gérardh,
Mais j'avais voulu signaler que c'était dans Colossiens 2, 18 que la Parole du NT mettait pour la première fois en garde contre le culte des anges.
O.K. Et alors va pour cette remarque.
En précisant que la «mise en garde» vaut à l'encontre des trucs gnostiques, la fascination pour les éons et les genre de puissances intermédiaires qui gouverneraient le ciel dans des systèmes de pensée judaïsant du temps de l'apôtre, en dehors de l'Église. Le fameux professeur Charles Guignebert en parlait déjà à son époque.
Illustration :
- [+] Texte masqué
- «... il se trouve en Coloss. 2,8-10 et le voici :«Voyez que personne ne vous captive par le moyen de la philosophie et d'une vaine tromperie selon la tradition des hommes, selon les éléments du monde et non selon le Christ.»
Ces paroles au premier abord si énigmatiques, sont à rapprocher d'un passage de Gal 4,8-11, où se trouvent les éléments qui font figure de dieux :«... mais jadis ne connaissant pas Dieu, vous avez servi les dieux qui par nature ne le sont pas, tandis que maintenant, ayant connu Dieu, ou plutôt ayant été connu de Dieu, comment retournerez-vous encore aux infirmes et pauvres éléments que vous voulez de nouveau servir ?» Un instant de réflexion nous persuade qu'il s'agit là de spéculations sur les esprits cosmiques qui gouvernent les astres et, en un sens, sont les astres eux-mêmes : nous sommes jetés ici en plein dans la gnose astrologique et tout nous porte à croire que c'est dans ce sens qu'inclinaient les Juifs de la diaspora quand ils s'abandonnaient à des tendances syncrétistes.
[...]
Il existait, nous le savons, une gnose juive qui cherchait son aliment dans les spéculations astrologiques et métaphysiques de la gnose païenne. Sous la plume de Paul arriveront nombre de mots techniques qui appartenaient au vocabulaire gnostique et dont l'abondance prouve une véritable familiarité de l'apôtre avec au moins une certaine habitude de langage, bien étrangère au pur judaïsme : mystère, gnose, plérôme, archontes, initiation, perfection, premier-né du cosmos, etc.
[...]
Visiblement, Paul part de l'idée du désordre du cosmos, car selon lui, ce n'est pas seulement l'homme, c'est la nature tout entière qu'il faut réconcilier avec Dieu (Rom 8,22) : «Car nous savons que toute la création est unie en gémissements et unie en douleurs jusqu'à présent». Ce sont les éléments, les puissances astrales, qui gouvernent le monde, lisons-nous dans le Testament de Salomon. Ce sont elles que Paul nomme les archontes de ce monde. Qu'est-ce à dire? 1) que ces éléments sont considérés par certains juifs comme des dieux, ou du moins des esprits digne d'un culte, et le Tarsiote pourrait bien avoir cru cela avant sa conversion (Gal 4,12) : «Devenez ce que je suis, puisque moi aussi je fus ce que vous êtes» 2) que leur culte se met en rapport avec des computations astrologiques telles que, par un côté, elles peuvent faire songer aux scrupules juifs touchant la succession des temps. De fait, on les a souvent et longtemps confondu avec eux (Gal 4, 10) :«Vous observez les jours, les mois, les saisons, les années» Dans le passage du Testament de Salomon auquel je viens de me référer, on voit sept esprits apparaître à Salomon, et ce sont les éléments, les puissances cosmiques et nous apprenons leurs noms : Apathé, Éris, etc. C'est donc bien en présence d'une gnose astrologique que se trouve placé Paul; et, dans certains milieux juifs de la Diaspora, ceux-là même où il vécu, chez les Galates ou à Colosse, elle est juive, c'est à dire cooordonnée à la religion d'Israël. Il s'efforce de la combattre, et spécialement de prouver que les archontes de ce monde ont été vaincus par le Christ, les puissances cosmiques subordonnées au Seigneur (Col 1,18-20; I Cor 15,24)
Source : Charles Guignebert,
Le monde juif vers le temps de Jésus, Paris, Éditions Albin Michel, 1935, pp.272-274; (Le présent extrait est tiré du Livre IV. Le judaïsme hellénistique. Chapitre II - le syncrétisme judéo-païen)
salut gérardh,
[quote]Mais j'avais voulu signaler que c'était dans Colossiens 2, 18 que [u]la Parole du NT mettait pour la première fois en garde contre le culte des anges[/u].[/quote]
O.K. Et alors va pour cette remarque.
En précisant que la «mise en garde» vaut à l'encontre des trucs gnostiques, la fascination pour les éons et les genre de puissances intermédiaires qui gouverneraient le ciel dans des systèmes de pensée judaïsant du temps de l'apôtre, en dehors de l'Église. Le fameux professeur Charles Guignebert en parlait déjà à son époque.
Illustration :
[spoiler]«... il se trouve en [b]Coloss. 2,8-10[/b] et le voici :«Voyez que personne ne vous captive par le moyen de la philosophie et d'une vaine tromperie selon la tradition des hommes, selon les éléments du monde et non selon le Christ.»
Ces paroles au premier abord si énigmatiques, sont à rapprocher d'un passage de [b]Gal 4,8-11[/b], où se trouvent les [i]éléments[/i] qui font figure de dieux :«... [i]mais jadis ne connaissant pas Dieu, vous avez servi les dieux qui par nature ne le sont pas, tandis que maintenant, ayant connu Dieu, ou plutôt ayant été connu de Dieu, comment retournerez-vous encore aux infirmes et pauvres éléments que vous voulez de nouveau servir ?[/i]» Un instant de réflexion nous persuade qu'il s'agit là de spéculations sur les esprits cosmiques qui gouvernent les astres et, en un sens, sont les astres eux-mêmes : nous sommes jetés ici en plein dans la gnose astrologique et tout nous porte à croire que c'est dans ce sens qu'inclinaient les Juifs de la diaspora quand ils s'abandonnaient à des tendances syncrétistes.
[...]
Il existait, nous le savons, une gnose juive qui cherchait son aliment dans les spéculations astrologiques et métaphysiques de la gnose païenne. Sous la plume de Paul arriveront nombre de mots techniques qui appartenaient au vocabulaire gnostique et dont l'abondance prouve une véritable familiarité de l'apôtre avec au moins une certaine habitude de langage, bien étrangère au pur judaïsme : mystère, gnose, plérôme, archontes, initiation, perfection, premier-né du cosmos, etc.
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Visiblement, Paul part de l'idée du désordre du cosmos, car selon lui, ce n'est pas seulement l'homme, c'est la nature tout entière qu'il faut réconcilier avec Dieu ([b]Rom 8,22[/b]) : «[i]Car nous savons que toute la création est unie en gémissements et unie en douleurs jusqu'à présent[/i]». Ce sont les [i]éléments[/i], les puissances astrales, qui gouvernent le monde, lisons-nous dans le [i]Testament de Salomon[/i]. Ce sont elles que Paul nomme les [i]archontes de ce monde[/i]. Qu'est-ce à dire? 1) que ces [i]éléments[/i] sont considérés par certains juifs comme des dieux, ou du moins des esprits digne d'un culte, et le Tarsiote pourrait bien avoir cru cela avant sa conversion ([b]Gal 4,12[/b]) : «[i]Devenez ce que je suis, puisque moi aussi je fus ce que vous êtes[/i]» 2) que leur culte se met en rapport avec des computations astrologiques telles que, par un côté, elles peuvent faire songer aux scrupules juifs touchant la succession des temps. De fait, on les a souvent et longtemps confondu avec eux ([b]Gal 4, 10[/b]) :«[i]Vous observez les jours, les mois, les saisons, les années[/i]» Dans le passage du [i]Testament de Salomon[/i] auquel je viens de me référer, on voit sept esprits apparaître à Salomon, et ce sont les [i]éléments[/i], les puissances cosmiques et nous apprenons leurs noms : Apathé, Éris, etc. C'est donc bien en présence d'une gnose astrologique que se trouve placé Paul; et, dans certains milieux juifs de la Diaspora, ceux-là même où il vécu, chez les Galates ou à Colosse, elle est juive, c'est à dire cooordonnée à la religion d'Israël. Il s'efforce de la combattre, et spécialement de prouver que les [i]archontes de ce monde[/i] ont été vaincus par le Christ, les puissances cosmiques subordonnées au Seigneur ([b]Col 1,18-20; I Cor 15,24[/b])[/spoiler]
Source : Charles Guignebert, [u]Le monde juif vers le temps de Jésus[/u], Paris, Éditions Albin Michel, 1935, pp.272-274; (Le présent extrait est tiré du Livre IV. Le judaïsme hellénistique. Chapitre II - le syncrétisme judéo-païen)