Poèmes en liberté

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Re: Poèmes en liberté

par elenos » lun. 10 juin 2019, 10:14

Charles Péguy, Eve (1913)

Charles Peggy est mort pour la France le 5 septembre 1914


« Vous nous voyez debout parmi les nations.

Nous battrons-nous toujours pour la terre charnelle.

Ne déposerons-nous sur la table éternelle

Que des cœurs pleins de guerre et de séditions.



Vous nous voyez marcher parmi les nations.

Nous battrons-nous toujours pour quatre coins de terre.

Ne mettrons-nous jamais sur la table de guerre

Que des cœurs pleins de morgue et de rébellions.



Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,

Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.

Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.

Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.



Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,

Couchés dessus le sol à la face de Dieu.

Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,

Parmi tout l'appareil des grandes funérailles.



Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.

Car elles sont le corps de la cité de Dieu.

Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,

Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.



Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés

Dans la première argile et la première terre.

Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre.

Heureux les épis murs et les blés moissonnés.



Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés

Dans la première terre et l'argile plastique.

Heureux ceux qui sont morts dans une guerre antique.

Heureux les vases purs, et les rois couronnés.



Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés

Dans ce premier terreau nourri de leur dépouille,

Dans ce premier caveau, dans la tourbe et la houille.

Heureux les grands vaincus, les rois désabusés.



Heureux les grands vainqueurs. Paix aux hommes de guerre.

Qu'ils soient ensevelis dans un dernier silence.

Que Dieu mette avec eux dans la juste balance

Un peu de ce terreau d'ordure et de poussière.



Que Dieu mette avec eux dans le juste plateau

Ce qu'ils ont tant aimé, quelques grammes de terre.

Un peu de cette vigne, un peu de ce coteau,

Un peu de ce ravin sauvage et solitaire.



Mère voici vos fils qui se sont tant battus.

Qu'ils ne soient pas pesés comme on pèse un esprit.

Qu'ils soient plutôt jugés comme on juge un proscrit

Qui rentre en se cachant par des chemins perdus.



Mère voici vos fils et leur immense armée.

Qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.

Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre

Qui les a tant perdus et qu'ils ont tant aimée. »

Re: Poèmes en liberté

par elenos » dim. 29 juil. 2018, 18:17

Des dames se plaisaient à faire réciter par un garçon de 6 ans ce ooème de
Théophile Gauthier (1811-1872)
.
Ce n'est pas vous, non, madame, que j'aime,
Ni vous non plus, Juliette, ni vous,
Ophélia, ni Béatrix, ni même
Laure la blonde, avec ses grands yeux doux.

Celle que j'aime, à présent, est en Chine ;
Elle demeure, avec ses vieux parents,
Dans une tour de porcelaine fine,
Au fleuve jaune, où sont les cormorans ;

Elle a des yeux retroussés vers les tempes,
Un pied petit, à tenir dans la main,
Le teint plus clair que le cuivre des lampes,
Les ongles longs et rougis de carmin ;

Par son treillis elle passe sa tête,
Que l'hirondelle, en volant, vient toucher,
Et, chaque soir, aussi bien qu'un poète,
Chante le saule et la fleur du pêcher.

Théophile Gautier (1811-1872)

Re: Poèmes en liberté

par elenos » jeu. 19 juil. 2018, 13:48

Félix Arvers, (1806-1850) ami de Ch. Nodie et de V.Hugo, oète du dix-neuvième siècle, est devenu célèbre par ce seul poème, un sonnet évoquant le mystère d'un amour caché pour une femme inconnue. Une expérience douloureuse de la passion s'y exprime dans le registre lyrique, tandis que s'y dessine une image particulière de l'amour et de la femme.

SONNET D'ARVERS

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère:
Un amour éternel en un moment conçu.
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.

Hélas! j’aurai passé près d’elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,
Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,
N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.

Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,
Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses pas;

A l’austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle:
«Quelle est donc cette femme?» et ne comprendra pas.

Félix Arvers

Suvent mos en musique il fur chanté vers 1980 par Serge Gainsbourg
[url]
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonnet_d%27Arvers[/url]

Re: Poèmes en liberté

par elenos » dim. 17 juin 2018, 22:03

: Arthur Rimbaud (1854-1891)
Recueil : Poésies (1870-1871).

Noirs dans la neige et dans la brume,
Au grand soupirail qui s'allume,
Leurs culs en rond,

A genoux, cinq petits, - misère ! -
Regardent le Boulanger faire
Le lourd pain blond.

Ils voient le fort bras blanc qui tourne
La pâte grise et qui l'enfourne
Dans un trou clair.

Ils écoutent le bon pain cuire.
Le Boulanger au gras sourire
Grogne un vieil air.

Ils sont blottis, pas un ne bouge,
Au souffle du soupirail rouge
Chaud comme un sein.

Quand pour quelque médianoche,
Façonné comme une brioche
On sort le pain,

Quand, sous les poutres enfumées,
Chantent les croûtes parfumées
Et les grillons,

Que ce trou chaud souffle la vie,
Ils ont leur âme si ravie
Sous leurs haillons,

Ils se ressentent si bien vivre,
Les pauvres Jésus pleins de givre,
Qu'ils sont là tous,

Collant leurs petits museaux roses
Au treillage, grognant des choses
Entre les trous,

Tout bêtes, faisant leurs prières
Et repliés vers ces lumières
Du ciel rouvert,

Si fort qu'ils crèvent leur culotte
Et que leur chemise tremblote
Au vent d'hiver.

Arthur Rimbaud.

Re: Poésie, poèmes

par elenos » jeu. 14 juin 2018, 19:48

Re: Poésie, poèmes

par elenos » jeu. 14 juin 2018, 19:43

J’ai dans le cœur une fontaine
Un arbre un banc et ses secrets
Et le anglot qui vient après …
Quend les souvenirs se déchainent

….
Mais j’ai surtout un quai de gare
Où se brise un cœur de seize ans
Et le baiser que mai,tenant
Je donne aux cours qui se séparent

Jean-Jacques Raymond toutes librairies en ligne)


Les écrits de Jean-Jacques Raymond :
http://www.sa-autrement.com/97828121113 ... ues-raymon

Re: Poèmes en liberté

par elenos » jeu. 14 juin 2018, 18:02

VENI, VIDI, VIXI

J’ai bien assez vécu, puisque dans mes douleurs
Je marche, sans trouver de bras qui me secourent,
Puisque je ris à peine aux enfants qui m’entourent,
Puisque je ne suis plus réjoui par les fleurs ;

Puisqu’au printemps, quand Dieu met la nature en fête,
J’assiste, esprit sans joie, à ce splendide amour ;
Puisque je suis à l’heure où l’homme fuit le jour ;
Hélas ! et sent de tout la tristesse secrète ;

Puisque l’espoir serein de mon âme est vaincu ;
Puisqu’en cette saison des parfums et des roses,
O ma fille ! j’aspire à l’ombre où tu reposes,
Puisque mon coeur est mort, j’ai bien assez vécu.

Je n’ai pas refusé ma tâche sur la terre.
Mon sillon ? Le voilà. Ma gerbe ? La voici.
J’ai vécu souriant, toujours plus adouci,
Debout, mais incliné du côté du mystère.


J’ai fait ce que j’ai pu ; j’ai servi, j’ai veillé,
Et j’ai vu bien souvent qu’on riait de ma peine.
Je me suis étonné d’être un objet de haine,
Ayant beaucoup souffert et beaucoup travaillé.

Dans ce bagne terrestre où ne s’ouvre aucune aile,
Sans me plaindre, saignant, et tombant sur les mains,
Morne, épuisé, raillé par les forçats humains,
J’ai porté mon chaînon de la chaîne éternelle.

Maintenant, mon regard ne s’ouvre qu’à demi ;
Je ne me tourne plus même quand on me nomme ;
Je suis plein de stupeur et d’ennui, comme un homme
Qui se lève avant l’aube et qui n’a pas dormi.

Je ne daigne plus même, en ma sombre paresse,
Répondre à l’envieux dont la bouche me nuit.
O seigneur ! ouvrez-moi les portes de la nuit
Afin que je m’en aille et que je disparaisse !

Victor Hugo a 46 ans avril 1848

Re: Poèmes en liberté

par Amandina » mer. 30 mai 2018, 23:29

  • L'heure du berger

    La lune est rouge au brumeux horizon ;
    Dans un brouillard qui danse, la prairie
    S'endort fumeuse, et la grenouille crie
    Par les joncs verts où circule un frisson ;

    Les fleurs des eaux referment leurs corolles ;
    Des peupliers profilent aux lointains,
    Droits et serrés, leurs spectres incertains ;
    Vers les buissons errent les lucioles ;

    Les chats-huants s'éveillent, et sans bruit
    Rament l'air noir avec leurs ailes lourdes,
    Et le zénith s'emplit de lueurs sourdes.
    Blanche, Vénus émerge, et c'est la Nuit.

    Paul Verlaine

Re: Poèmes en liberté

par elenos » ven. 25 mai 2018, 18:44

La Vie antérieure
Charles Baudelaire

J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

Re: Poèmes en liberté

par Cinci » lun. 30 avr. 2018, 1:49

La croix

Dans la croix est la vie
Et le réconfort.
Et l'unique chemin
Qui mène au ciel.

Sur la croix est le Seigneur
Du ciel et de la terre.
En elle on jouit d'une grande paix,
Même au milieu de la guerre,
Elle bannit tous les maux
D'ici-bas.
Elle est l'unique chemin
Qui mène au ciel.

De la croix, l'épouse dit
A son Bien-Aimé.
Qu'elle est le palmier précieux
Sur lequel il est monté;
Dont le fruit fut savouré
Par le Dieu du ciel.
Oui, elle est l'unique chemin
Qui mène au ciel.

Elle est un olivier précieux
La sainte croix
Qui nous oint de son huile,
Nous donne la lumière;
Ô mon âme, prends la croix
Avec grand réconfort,
Elle est l'unique chemin
Qui mène au ciel.


La croix est l'arbre verdoyant
Le désir
De l'épouse qui, à son ombre
s'est assise
Pour jouir de son Bien-Aimé,
Le Roi du ciel.
Elle est l'unique chemin
Qui mène au ciel.

Pour l'âme qui tout à Dieu
S'est soumise,
Et du monde vraiment
Est déprise,
La croix est l'arbre de vie
Et de réconfort;
Elle est un chemin de délices
Qui mène au ciel.

Depuis que s'est couché sur la croix
Le Sauveur,
Dans la croix est la gloire
Et l'honneur;
Et dans le support des douleurs,
Est la ve et le bonheur,
Et le chemin le plus sûr
Pour aller au ciel.

- Sainte Thérèse d'Avila

Poèmes en liberté

par elenos » dim. 29 avr. 2018, 19:11

On aime sa jeunesse, on veut la garder toute
Mais on en voit le but plus proche qu’on l’eut cru
Comme un enfant qui joue en courant sur la route
Et se tourne étonné du chemin parcouru.

Jean-Jacques Raymond -Les bouquets dispersés
(placer le titre en recherche sur le web)et de jol



Gérard de NERVAL (1808-1855)

La cousine
L'hiver a ses plaisirs ; et souvent, le dimanche,
Quand un peu de soleil jaunit la terre blanche,
Avec une cousine on sort se promener...
- Et ne vous faites pas attendre pour dîner,

Dit la mère. Et quand on a bien, aux Tuileries,
Vu sous les arbres noirs les toilettes fleuries,
La jeune fille a froid... et vous fait observer
Que le brouillard du soir commence à se lever.

Et l'on revient, parlant du beau jour qu'on regrette,
Qui s'est passé si vite... et de flamme discrète :
Et l'on sent en rentrant, avec grand appétit,
Du bas de l'escalier, - le dindon qui rôtit.

Poèmes en liberté

par elenos » lun. 09 avr. 2018, 17:44

C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, lèvre bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.


Arthur Rimbaud
octobre 1870

Poèmes en liberté

par elenos » jeu. 21 déc. 2017, 17:38

SAGESSE (Paul Verlaine)

Sagesse d'un Louis Racine, je t'envie !
O n'avoir pas suivi les leçons de Rollin,
N'être pas né dans le grand siècle à son déclin,
Quand le soleil couchant, si beau, dorait la vie,

Quand Maintenon jetait sur la France ravie
L'ombre douce et la paix de ses coiffes de lin,
Et royale abritait la veuve et l'orphelin,
Quand l'étude de la prière était suivie,

Quand poète et docteur, simplement, bonnement,
Communiaient avec des ferveurs de novices,
Humbles servaient la Messe et chantaient aux offices

Et, le printemps venu, prenaient un soin charmant
D'aller dans les Auteuils cueillir lilas et roses
En louant Dieu, comme Garo, de toutes choses !

Re: Poésie, poèmes

par elenos » mar. 05 déc. 2017, 18:56

J’ai dans le cœur ine fontaine
Un arbre un banc et ses secrets
Et le anglot qui vient après …
Quend les souvenirs se déchainent

….
Mais j’ai surtout un quai de gare
Où se brise un cœur de seize ans
Et le baiser que mai,tenant
Je donne aux cours qui se séparent

Jean-Jacques Raymond toutes librairies en ligne)

https://livre.fnac.com/a5126412/Jean-Jacques-Raymond-Les-bouqu

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Poésie, poèmes

par elenos » sam. 02 déc. 2017, 0:23

Quinze .... vingt ans

Quinze ans ! ô Roméo ! l'âge de Juliette !
L'âge où vous vous aimiez ! où le vent du matin,
Sur l'échelle de soie, au chant de l'alouette,
Berçait vos longs baisers et vos adieux sans fin !
Quinze ans ! - l'âge céleste où l'arbre de la vie,
Sous la tiède oasis du désert embaumé,
Baigne ses fruits dorés de myrrhe et d'ambroisie,
Et, pour féconder l'air comme un palmier d'Asie,
N'a qu'à jeter au vent son voile parfumé !
Quinze ans ! - l'âge où la femme, au jour de sa naissance,
Sortit des mains de Dieu si blanche d'innocence,
Si riche de beauté, que son père immortel
............. en fit l'age éternel !

Musset
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