par Riou » mer. 20 mai 2020, 10:52
Bonjour,
Pour compléter le message de Kérygme, je dirai qu'une tendance du légalisme est d'être un volontarisme et, d'illusions en illusions, d'en venir à l'idée que par la seule force de son poignet il serait capable de se sauver seul. Le respect scrupuleux des règles, la pratique bien conventionnelle, parfaitement dans les formes, peut devenir simplement un devoir moral qui croit pouvoir s'accomplir dans l'effort de la personne pour respecter la lettre. Je jeûne comme il faut, je donne ma dîme, je fais ceci et cela, dit le pharisien dans Saint Luc (18, 9-14), et à force de dire "je", "moi j'ai fait", on a l'impression que son salut est comme un dû, et que Dieu, devant ce parfait légalisme, serait en dette. Le problème est que le pharisien a oublié quelque chose en route : le don gratuit de la grâce, toujours premier, et c'est pourquoi le pharisien, sans en être vraiment conscient, en vient à rejeter la grâce en raison de son orgueil. Il peut donc exister une certaine pratique orgueilleuse.
C'est ce qui explique que le centre du culte est l'eucharistie, la réception humble du don de la grâce. La pratique religieuse s'ordonne autour de cette relation d'amour originel que le légalisme perd de vue. C'est moins une affaire de morale qu'une ascèse spirituelle qui dispose le corps et l'esprit à recevoir l'amour de Dieu. La pratique religieuse n'est pas une glorification pharisienne de sa volonté et de son activisme, mais un effort de recueillement, une ascèse visant à se rendre passif et disponible pour l'accueil de Dieu, se "faire récipient", en quelque sorte, ce qui demande une méthode et un ordre précis. Car beaucoup de choses font barrage à cette attitude intérieure, à commencer par le "Je" qui, quand il enfle, prend toute la place. C'est une chose d'être aimé, mais il faut être en capacité de l’accueillir. La pratique religieuse est avant tout une pratique rendant possible cet accueil et cette relation d'amour. C'est après que les questions morales peuvent se poser dans un sens plus large. Mais une pratique qui occulte cette relation d'amour rejette la grâce et sombre dans la rigidité légaliste.
La question n'est donc pas de savoir s'il faut pratiquer ou pas, mais de comprendre la finalité réelle de la pratique religieuse. Peut-être que la lecture de l'évangile de Saint Jean sur le Pain de Vie (chapitre 6) peut donner le sens originel de tout ça.
Bonjour,
Pour compléter le message de Kérygme, je dirai qu'une tendance du légalisme est d'être un volontarisme et, d'illusions en illusions, d'en venir à l'idée que par la seule force de son poignet il serait capable de se sauver seul. Le respect scrupuleux des règles, la pratique bien conventionnelle, parfaitement dans les formes, peut devenir simplement un devoir moral qui croit pouvoir s'accomplir dans l'effort de la personne pour respecter la lettre. Je jeûne comme il faut, je donne ma dîme, je fais ceci et cela, dit le pharisien dans Saint Luc (18, 9-14), et à force de dire "je", "moi j'ai fait", on a l'impression que son salut est comme un dû, et que Dieu, devant ce parfait légalisme, serait en dette. Le problème est que le pharisien a oublié quelque chose en route : le don gratuit de la grâce, toujours premier, et c'est pourquoi le pharisien, sans en être vraiment conscient, en vient à rejeter la grâce en raison de son orgueil. Il peut donc exister une certaine pratique orgueilleuse.
C'est ce qui explique que le centre du culte est l'eucharistie, la réception humble du don de la grâce. La pratique religieuse s'ordonne autour de cette relation d'amour originel que le légalisme perd de vue. C'est moins une affaire de morale qu'une ascèse spirituelle qui dispose le corps et l'esprit à recevoir l'amour de Dieu. La pratique religieuse n'est pas une glorification pharisienne de sa volonté et de son activisme, mais un effort de recueillement, une ascèse visant à se rendre passif et disponible pour l'accueil de Dieu, se "faire récipient", en quelque sorte, ce qui demande une méthode et un ordre précis. Car beaucoup de choses font barrage à cette attitude intérieure, à commencer par le "Je" qui, quand il enfle, prend toute la place. C'est une chose d'être aimé, mais il faut être en capacité de l’accueillir. La pratique religieuse est avant tout une pratique rendant possible cet accueil et cette relation d'amour. C'est après que les questions morales peuvent se poser dans un sens plus large. Mais une pratique qui occulte cette relation d'amour rejette la grâce et sombre dans la rigidité légaliste.
La question n'est donc pas de savoir s'il faut pratiquer ou pas, mais de comprendre la finalité réelle de la pratique religieuse. Peut-être que la lecture de l'évangile de Saint Jean sur le Pain de Vie (chapitre 6) peut donner le sens originel de tout ça.