par Carhaix » jeu. 05 juil. 2018, 19:42
prodigal a écrit : ↑jeu. 05 juil. 2018, 14:37
La réponse est évidemment non.
C'est un fait que parmi les justes et les honnêtes gens il y a des athées.
Ce fait est-il scandaleux? je ne le cois pas, au contraire. La vertu, en effet, est chose désirable par elle-même. Platon et Aristote, chacun à sa façon, l'ont parfaitement compris. Donc, sans autre motivation que d'aspirer à la joie d'être vertueux on peut s'efforcer de le devenir.
C'est plutôt dans l'autre sens, je trouve, que la question se pose, non pas en amont donc mais en aval : si l'on s'efforce d'être vertueux, est-il possible que cela ne fasse pas objection à l'athéisme et ne rapproche ainsi de Dieu? C'est ce qu'il me semble.
Le sujet est assez complexe dans le cadre du christianisme. Jésus a pu paraître immoral aux yeux de ses contemporains, notamment aux yeux des champions de la morale d'alors, les pharisiens. Même aux yeux de ses propres disciples. Ses propos ont souvent scandalisé. Et on peut lire : la sagesse de Dieu est folie aux yeux des hommes, et la sagesse des hommes folie aux yeux de Dieu. En réalité, à l'intérieur même du christianisme, on trouve toujours une dissension interne entre la pratique raisonnable de la religion, bien conforme aux préceptes moraux purement humains, recommandés à la plupart des chrétiens, et une pratique plus radicale, jugée folle, exaltée, vue avec méfiance, y compris de la part du clergé, et qui est la voie suivie par les plus grands saints, qui se sont trouvés pour cela en butte avec la sagesse du monde. C'est le cas par exemple de saint François d'Assise, saint Jean de la Croix, Jeanne d'Arc. Il y a véritablement deux voies, une voie sage, médiocre, bourgeoise, convenue, morale, pour la plupart des chrétiens, et une voie folle, immorale, illuminée, pour certains chrétiens. Est-ce un hasard si le concept de "morale chrétienne" se met à triompher au moment même du triomphe de la morale bourgeoise du dix-neuvième, consécutive à l'avènement du libéralisme athée ?
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La réponse est évidemment non.
C'est un fait que parmi les justes et les honnêtes gens il y a des athées.
Ce fait est-il scandaleux? je ne le cois pas, au contraire. La vertu, en effet, est chose désirable par elle-même. Platon et Aristote, chacun à sa façon, l'ont parfaitement compris. Donc, sans autre motivation que d'aspirer à la joie d'être vertueux on peut s'efforcer de le devenir.
C'est plutôt dans l'autre sens, je trouve, que la question se pose, non pas en amont donc mais en aval : si l'on s'efforce d'être vertueux, est-il possible que cela ne fasse pas objection à l'athéisme et ne rapproche ainsi de Dieu? C'est ce qu'il me semble.
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Le sujet est assez complexe dans le cadre du christianisme. Jésus a pu paraître immoral aux yeux de ses contemporains, notamment aux yeux des champions de la morale d'alors, les pharisiens. Même aux yeux de ses propres disciples. Ses propos ont souvent scandalisé. Et on peut lire : la sagesse de Dieu est folie aux yeux des hommes, et la sagesse des hommes folie aux yeux de Dieu. En réalité, à l'intérieur même du christianisme, on trouve toujours une dissension interne entre la pratique raisonnable de la religion, bien conforme aux préceptes moraux purement humains, recommandés à la plupart des chrétiens, et une pratique plus radicale, jugée folle, exaltée, vue avec méfiance, y compris de la part du clergé, et qui est la voie suivie par les plus grands saints, qui se sont trouvés pour cela en butte avec la sagesse du monde. C'est le cas par exemple de saint François d'Assise, saint Jean de la Croix, Jeanne d'Arc. Il y a véritablement deux voies, une voie sage, médiocre, bourgeoise, convenue, morale, pour la plupart des chrétiens, et une voie folle, immorale, illuminée, pour certains chrétiens. Est-ce un hasard si le concept de "morale chrétienne" se met à triompher au moment même du triomphe de la morale bourgeoise du dix-neuvième, consécutive à l'avènement du libéralisme athée ?