par Cinci » lun. 14 août 2017, 14:21
Une réflexion ici :
Il ne faut pas mettre l'accent sur la différence entre péché mortel et péché véniel. C'est une distinction qui n'est vraiment pas pratique. [...] Ce qui est pratique par contre, c'est de bien distinguer les fautes de fragilité et les fautes qui sont maintenues au point de devenir un état permanent, un état de péché.
Fautes de fragilité
Avant de les commettre, on ne veut pas les commettre et aussitôt après on ne le veut plus, on voudrait ne les avoir pas commises. La faute est commise entre deux actes de volonté qui lui sont contraires. Et plus ces actes sont rapprochés, avant et après la faute, plus la faute est de pure fragilité. Non seulement on ne le voulait pas avant, en ce sens qu'on ne la désirait pas, mais on voulait expressément ne pas la commettre et on avait pris des résolutions à cet effet.
Comparez Pierre et Judas. Pierre est le représentant typique des fautes de fragilité. Avant de renier Jésus, il ne le voulait pas. "Quand bien même tous t'abandonneraient, moi je ne t'abandonnerais pas" (Mt 36,33). Il était sincère dans cette protestation de fidélité. Et il a trahi, il a renié. Mais aussitôt après, il s'est mis à pleurer amèrement, dit l'Évangile. C'est une faute grave, certes. Peut-il y avoir une faute plus grave que de renier celui qu'on aime? C'est la trahison par excellence. Oui, mais c'est une faute de fragilité.
Judas, lui, avait trahi avant que l'occasion se présente, bien avant. La trahison était, chez lui, à l'état permanent. Pour lui, Jésus les "menait en bateau" au lieu de faire ce qu'il fallait faire pour s'emparer du pouvoir politique. Il s'occupait d'un tas d'aveugles, de boiteux, d'éclopés ... Au début, Judas se disait qu'un jour il en arriverait bien à l'essentiel. Puis ce que Judas considérait comme l'essentiel n'est jamais venu. Alors Judas a trahi. Depuis longtemps, il pensait à tirer son épingle du jeu.
Un état permanent
La faute est voulue avant et elle reste voulue après. Par exemple, on boude quelqu'un, on ne lui parle pas, c'est une bouderie qui dure longtemps, une brouille. "Je ne parle pas à telle personne. Je ne lui parlerai pas." On dit de tels et tels :"Ils ne se parlent pas." Et on se méfiera de les faire se rencontrer, de les inviter ensemble au même dîner. Là, le péché est tracé d'avance en pointillé. C'est une ligne qui s'allonge. Les fautes du passé sont celles de l'avenir. Autrement dit, pour que la faute soit commise il ne manque que l'occasion. Par exemple, l'occasion qui fera que la personne avec qui on est froid passe dans la rue : on changera de trottoir pour n'avoir pas à la saluer.
Dans ce cas-là, il s'agit d'une longue faute. La familiarité avec Dieu devient impossible. On en vient à des énormités qui ne provoquent même plus de réactions. On est enlisé. Nous sommes devant une réalité qui est grave. Il s'agit au fond d'un refus de se convertir sur des points précis. "Ne me demandez pas de prier, je ne le ferai pas." On décide de "ne pas". On se déclare inconvertissable sur tel ou tel point.
Tiré de :
F. Varillon, s.j., Vivre le christianisme, l'humilité de Dieu, la souffrance de Dieu, p. 146
Une réflexion ici :
[color=#0000FF]Il ne faut pas mettre l'accent sur la différence entre péché mortel et péché véniel. C'est une distinction qui n'est vraiment pas pratique. [...] Ce qui est pratique par contre, c'est de bien distinguer les [i]fautes de fragilité[/i] et les fautes qui sont maintenues au point de devenir un état permanent, un [i]état de péché[/i].
Fautes de fragilité
Avant de les commettre, on ne veut pas les commettre et aussitôt après on ne le veut plus, on voudrait ne les avoir pas commises. La faute est commise entre deux actes de volonté qui lui sont contraires. Et plus ces actes sont rapprochés, avant et après la faute, plus la faute est de pure fragilité. Non seulement on ne le voulait pas avant, en ce sens qu'on ne la désirait pas, mais on voulait expressément ne pas la commettre et on avait pris des résolutions à cet effet.
Comparez Pierre et Judas. Pierre est le représentant typique des fautes de fragilité. Avant de renier Jésus, il ne le voulait pas. "Quand bien même tous t'abandonneraient, moi je ne t'abandonnerais pas" ([b]Mt 36,33[/b]). Il était sincère dans cette protestation de fidélité. Et il a trahi, il a renié. Mais aussitôt après, il s'est mis à pleurer amèrement, dit l'Évangile. C'est une faute grave, certes. Peut-il y avoir une faute plus grave que de renier celui qu'on aime? C'est la trahison par excellence. Oui, mais c'est une [i]faute de fragilité[/i].
Judas, lui, avait trahi avant que l'occasion se présente, bien avant. La trahison était, chez lui, à l'état permanent. Pour lui, Jésus les "menait en bateau" au lieu de faire ce qu'il fallait faire pour s'emparer du pouvoir politique. Il s'occupait d'un tas d'aveugles, de boiteux, d'éclopés ... Au début, Judas se disait qu'un jour il en arriverait bien à l'essentiel. Puis ce que Judas considérait comme l'essentiel n'est jamais venu. Alors Judas a trahi. Depuis longtemps, il pensait à tirer son épingle du jeu.
Un état permanent
La faute est voulue avant et elle reste voulue après. Par exemple, on boude quelqu'un, on ne lui parle pas, c'est une bouderie qui dure longtemps, une brouille. "Je ne parle pas à telle personne. Je ne lui parlerai pas." On dit de tels et tels :"Ils ne se parlent pas." Et on se méfiera de les faire se rencontrer, de les inviter ensemble au même dîner. Là, le péché est tracé d'avance en pointillé. C'est une ligne qui s'allonge. Les fautes du passé sont celles de l'avenir. Autrement dit, pour que la faute soit commise il ne manque que l'occasion. Par exemple, l'occasion qui fera que la personne avec qui on est froid passe dans la rue : on changera de trottoir pour n'avoir pas à la saluer.
Dans ce cas-là, il s'agit d'une longue faute. La familiarité avec Dieu devient impossible. On en vient à des énormités qui ne provoquent même plus de réactions. On est enlisé. Nous sommes devant une réalité qui est grave. Il s'agit au fond d'un refus de se convertir sur des points précis. "Ne me demandez pas de prier, je ne le ferai pas." On décide de "ne pas". On se déclare inconvertissable sur tel ou tel point.
Tiré de :
[b]F. Varillon[/b], s.j., [i]Vivre le christianisme, l'humilité de Dieu, la souffrance de Dieu[/i], p. 146 [/color]