par Olivier JC » mar. 19 mars 2024, 11:43
Bonjour,
Ayant eu l'occasion d'échanger récemment sur ce sujet, j'ai eu la curiosité de relire un peu ce qui avait été écrit ici ou là sur ce forum, et je livre quelques réflexions sur fil qui me semble être le plus récent.
J'ai lu plus haut, en forme de défense de la masturbation, l'évocation d'études médicales montrant les bienfaits de la masturbation sur la santé, suivie de réactions sceptiques. Ces études médicales sont pourtant bien réelles, mais il faut bien comprendre que les bienfaits constatés ne sont pas rattachables à la masturbation en tant que telle, mais à ce qui est induit par celle-ci, à savoir pour résumer la libération d'endorphines liées à l'orgasme. Or, d'un point de vue physiologique, les conséquences de la masturbation sont identiques aux conséquences d'une union sexuelle. Voir dans ces résultats un moyen de défendre la masturbation est donc une erreur de perspective. Ce n'est pas la masturbation qui procure des bienfaits, c'est la sexualité.
J'ai lu également que la masturbation est contraire à la volonté de Dieu sur l'homme, ce en quoi réside son caractère peccamineux. C'est naturellement le point essentiel, comme il en va pour tout péché puisque c'est la définition même du péché. Pour aller plus loin, cependant, il convient de se souvenir que le terme "péché" en hébreu biblique véhicule l'idée de manquer une cible. Quelle est-elle en la matière ?
Les échanges intervenus sur ce fil et ailleurs, de même que les conversations que j'ai pu avoir sur le sujet, y compris avec celui qui fut mon accompagnateur spirituel lorsque je fut confronté à cette problématique, sont souvent très centrée sur l'individu qui se livre à la masturbation : fermeture à l'autre, dépendance, etc. C'est un aspect qui ne peut naturellement être nié.
Il me semble cependant qu'un fondement scripturaire peut-être utile pour donner une plus grande ampleur à la réflexion. Il ne s'agit pas, fondement classiquement évoqué, de l'épisode concernant Onan, qui est en réalité très peu intéressant puisqu'il ne fonde la difficulté que sur le refus de respecter la loi mosaïque selon laquelle le frère doit engendrer pour le compte de son frère prédécédé, et qu'en outre, il ne concerne en pratique que l'homme puisqu'en effet, la conséquence reprochée à Onan n'existe tout simplement pas chez la femme.
Ce fondement est la parole de Notre Seigneur rapportée par S. Matthieu : "Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur". Cette traduction est celle de la Bible de la liturgie, et on la retrouve désormais de manière généralisée. Elle ne semble cependant pas la plus exacte, et l'ancienne traduction "il l’a déjà rendue coupable d’adultère dans son cœur" est plus fidèle au sens original. La première traduction n'est naturellement pas fausse et dénuée de sens, mais l'ancienne traduction apporte un surcroît de sens et de profondeur.
Il faut préciser que Notre Seigneur ne parle que de l'homme vis-à-vis de la femme, mais dès lors que se trouve au cœur de son propos la qualité du désir, l'enseignement vaut pour l'homme comme pour la femme.
Si l'on analyse la masturbation, on se rend bien compte que les pensées ne sont pas tournées vers une tablette de chocolat, que ce soit pour l'homme ou la femme, bien que les fantasmes mobilisés puissent avoir des tonalités propres. Les pensées sont tournées, sauf pour certaines déviations relevant de la psychiatrie, vers une ou plusieurs personnes réelles.
Or, nous ne sommes pas des monades isolées, et il ne faut pas s'imaginer que nos pensées soient sans conséquences lorsqu'elles sont tournées vers une autre personne, que ces pensées soit négatives (malédictions) ou positives (bénédictions). Les pensées mobilisées dans le cadre de la masturbation utilisent des personnes réelles comme des objets en vue d'atteindre une fin, la jouissance sexuelle, et cette chosification égocentrée a une incidence spirituelle négative sur l'auteur des pensées, mais également sur la ou les personnes dont il est fait usage dans ces pensées : "il l’a déjà rendue coupable d’adultère dans son cœur".
La masturbation, lorsqu'elle fait usage de ces fantasmes, est donc une sorte de viol spirituel.
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Bonjour,
Ayant eu l'occasion d'échanger récemment sur ce sujet, j'ai eu la curiosité de relire un peu ce qui avait été écrit ici ou là sur ce forum, et je livre quelques réflexions sur fil qui me semble être le plus récent.
J'ai lu plus haut, en forme de défense de la masturbation, l'évocation d'études médicales montrant les bienfaits de la masturbation sur la santé, suivie de réactions sceptiques. Ces études médicales sont pourtant bien réelles, mais il faut bien comprendre que les bienfaits constatés ne sont pas rattachables à la masturbation en tant que telle, mais à ce qui est induit par celle-ci, à savoir pour résumer la libération d'endorphines liées à l'orgasme. Or, d'un point de vue physiologique, les conséquences de la masturbation sont identiques aux conséquences d'une union sexuelle. Voir dans ces résultats un moyen de défendre la masturbation est donc une erreur de perspective. Ce n'est pas la masturbation qui procure des bienfaits, c'est la sexualité.
J'ai lu également que la masturbation est contraire à la volonté de Dieu sur l'homme, ce en quoi réside son caractère peccamineux. C'est naturellement le point essentiel, comme il en va pour tout péché puisque c'est la définition même du péché. Pour aller plus loin, cependant, il convient de se souvenir que le terme [i]"péché"[/i] en hébreu biblique véhicule l'idée de manquer une cible. Quelle est-elle en la matière ?
Les échanges intervenus sur ce fil et ailleurs, de même que les conversations que j'ai pu avoir sur le sujet, y compris avec celui qui fut mon accompagnateur spirituel lorsque je fut confronté à cette problématique, sont souvent très centrée sur l'individu qui se livre à la masturbation : fermeture à l'autre, dépendance, etc. C'est un aspect qui ne peut naturellement être nié.
Il me semble cependant qu'un fondement scripturaire peut-être utile pour donner une plus grande ampleur à la réflexion. Il ne s'agit pas, fondement classiquement évoqué, de l'épisode concernant Onan, qui est en réalité très peu intéressant puisqu'il ne fonde la difficulté que sur le refus de respecter la loi mosaïque selon laquelle le frère doit engendrer pour le compte de son frère prédécédé, et qu'en outre, il ne concerne en pratique que l'homme puisqu'en effet, la conséquence reprochée à Onan n'existe tout simplement pas chez la femme.
Ce fondement est la parole de Notre Seigneur rapportée par S. Matthieu : [i]"Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur"[/i]. Cette traduction est celle de la Bible de la liturgie, et on la retrouve désormais de manière généralisée. Elle ne semble cependant pas la plus exacte, et l'ancienne traduction [i]"il l’a déjà rendue coupable d’adultère dans son cœur"[/i] est plus fidèle au sens original. La première traduction n'est naturellement pas fausse et dénuée de sens, mais l'ancienne traduction apporte un surcroît de sens et de profondeur.
Il faut préciser que Notre Seigneur ne parle que de l'homme vis-à-vis de la femme, mais dès lors que se trouve au cœur de son propos la qualité du désir, l'enseignement vaut pour l'homme comme pour la femme.
Si l'on analyse la masturbation, on se rend bien compte que les pensées ne sont pas tournées vers une tablette de chocolat, que ce soit pour l'homme ou la femme, bien que les fantasmes mobilisés puissent avoir des tonalités propres. Les pensées sont tournées, sauf pour certaines déviations relevant de la psychiatrie, vers une ou plusieurs personnes réelles.
Or, nous ne sommes pas des monades isolées, et il ne faut pas s'imaginer que nos pensées soient sans conséquences lorsqu'elles sont tournées vers une autre personne, que ces pensées soit négatives (malédictions) ou positives (bénédictions). Les pensées mobilisées dans le cadre de la masturbation utilisent des personnes réelles comme des objets en vue d'atteindre une fin, la jouissance sexuelle, et cette chosification égocentrée a une incidence spirituelle négative sur l'auteur des pensées, mais également sur la ou les personnes dont il est fait usage dans ces pensées : [i]"il l’a déjà rendue coupable d’adultère dans son cœur"[/i].
La masturbation, lorsqu'elle fait usage de ces fantasmes, est donc une sorte de viol spirituel.
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