par Christophe » ven. 17 sept. 2004, 23:30
Bonsoir à tous...
MB a écrit :l'Eglise a-t-elle le monopole de la vérité ?
[align=justify]Pour traiter convenablement cette problématique
polémique, il convient - au préalable - d'en préciser un peu les termes : De quelle Eglise parle-t-on ? De quel monopole parle-t-on ? De quelle vérité parle-t-on ?
De quelle Eglise parle-t-on ?
L'Eglise peut être considérée sous l'angle institutionnel - auquel cas elle désigne principalement la hierarchie écclesiale, et en premier lieu le souverain pontif - ou sous l'angle communautaire du "Peuple des baptisés".
Dans le premier cas, la question rejoint celle de l'infaillibilité des successeurs de Pierre.
"
Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer : Je ne connais pas cet homme. Aussitôt le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite : "Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois." Il sortit, et dehors il pleura amèrement." (Mt 26.74-75)
Dans le second cas, l'Eglise - Epouse mystique du Christ - est-elle constituée des seuls catholiques, de ceux qui confessent la divinité du Christ ou bien de toute personne participant de l'Esprit-Saint ?
"
C'est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné. Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné, mais quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir." (Mt 12.31-32)
De quel monopole parle-t-on ?
Veux-t-on dire que la sainte Eglise est infaillible ? Les catholiques qui admettent l'autorité du pape Jean-Paul II doivent se rappeller le travail de "purification de la mémoire" initié par le Saint-Père. Les autres - sédévacantistes - insinuent que depuis quelques décennies, l'Eglise romaine se fourvoit.
Veux-t-on dire qu'en dehors de l'Eglise, il n'y a pas de vérité mais seulement des erreurs ? Comme l'on constate que certains
gentils sont en accord - sur certains points - avec le dogme catholique (par exemple monothéisme des religions abrahamiques), cette position semble assez difficile à tenir. A moins de ne considérer que tout ce qui est conforme à la vérité est - par essence - chrétien et appartient donc à l'Eglise. Et l'on pourra s'écrier, avec Erasme, "saint Socrate, priez pour nous !"
Veux-t-on dire que l'Eglise détient la vérité "exhaustive", que toute la vérité est professé par l'Eglise ? Pour nous placer dans une perspective historique, voilà 150 ans que le dogme de l'immaculée conception a été formulé. Ce qui signifie qu'avant cette date, cette "vérité essentielle de la foi" n'était pas considérée comme telle. Pourtant, on pourra objecter que cette vérité était virtuellement connaissable par les lumières naturelles de la raison appliquées aux vérités révélées dans l'Evangile. Et voilà ma position : les vérités révélées dans l'Evangile contiennent en puissance toutes les vérités théologiques qu'il peut être utile à l'homme de connaître pour l'atteinte de sa fin dernière (qui est son salut). Cette puissance peut être "actualisée" - pour user de la terminologie thomiste - par les lumières de la raison naturelle.
De quelle vérité parle-t-on ?
Depuis quelques siècles, l'Eglise n'a plus la prétention d'exercer une autorité sur tous les domaines de la connaissance. Ainsi - par exemple - la hierarchie catholique n'affirme plus l'historicité de certains récits bibliques ostensiblement - du moins pour nous - symboliques. En reconnaissant qu'il n'est pas de sa compétence de se prononcer sur la vérité scientifique des théories, l'Eglise trace la limite de ses prérogatives. Si la religion a - par définition - le monopole de la vérité religieuse (morale, théologie), en contrepartie l'Eglise n'est compétente qu'en matière religieuse.
Christophe[/align]
Bonsoir à tous...
[quote="MB"]l'Eglise a-t-elle le monopole de la vérité ?[/quote]
[align=justify]Pour traiter convenablement cette problématique [color=gray]polémique[/color], il convient - au préalable - d'en préciser un peu les termes : De quelle Eglise parle-t-on ? De quel monopole parle-t-on ? De quelle vérité parle-t-on ?
:arrow: [b]De quelle Eglise parle-t-on ?[/b]
L'Eglise peut être considérée sous l'angle institutionnel - auquel cas elle désigne principalement la hierarchie écclesiale, et en premier lieu le souverain pontif - ou sous l'angle communautaire du "Peuple des baptisés".
Dans le premier cas, la question rejoint celle de l'infaillibilité des successeurs de Pierre.
"[color=darkblue]Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer : Je ne connais pas cet homme. Aussitôt le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite : "Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois." Il sortit, et dehors il pleura amèrement.[/color]" (Mt 26.74-75)
Dans le second cas, l'Eglise - Epouse mystique du Christ - est-elle constituée des seuls catholiques, de ceux qui confessent la divinité du Christ ou bien de toute personne participant de l'Esprit-Saint ?
"[color=darkblue]C'est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné. Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné, mais quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir.[/color]" (Mt 12.31-32)
:arrow: [b]De quel monopole parle-t-on ?[/b]
Veux-t-on dire que la sainte Eglise est infaillible ? Les catholiques qui admettent l'autorité du pape Jean-Paul II doivent se rappeller le travail de "purification de la mémoire" initié par le Saint-Père. Les autres - sédévacantistes - insinuent que depuis quelques décennies, l'Eglise romaine se fourvoit.
Veux-t-on dire qu'en dehors de l'Eglise, il n'y a pas de vérité mais seulement des erreurs ? Comme l'on constate que certains [i]gentils[/i] sont en accord - sur certains points - avec le dogme catholique (par exemple monothéisme des religions abrahamiques), cette position semble assez difficile à tenir. A moins de ne considérer que tout ce qui est conforme à la vérité est - par essence - chrétien et appartient donc à l'Eglise. Et l'on pourra s'écrier, avec Erasme, "saint Socrate, priez pour nous !"
Veux-t-on dire que l'Eglise détient la vérité "exhaustive", que toute la vérité est professé par l'Eglise ? Pour nous placer dans une perspective historique, voilà 150 ans que le dogme de l'immaculée conception a été formulé. Ce qui signifie qu'avant cette date, cette "vérité essentielle de la foi" n'était pas considérée comme telle. Pourtant, on pourra objecter que cette vérité était virtuellement connaissable par les lumières naturelles de la raison appliquées aux vérités révélées dans l'Evangile. Et voilà ma position : les vérités révélées dans l'Evangile contiennent en puissance toutes les vérités théologiques qu'il peut être utile à l'homme de connaître pour l'atteinte de sa fin dernière (qui est son salut). Cette puissance peut être "actualisée" - pour user de la terminologie thomiste - par les lumières de la raison naturelle.
:arrow: [b]De quelle vérité parle-t-on ?[/b]
Depuis quelques siècles, l'Eglise n'a plus la prétention d'exercer une autorité sur tous les domaines de la connaissance. Ainsi - par exemple - la hierarchie catholique n'affirme plus l'historicité de certains récits bibliques ostensiblement - du moins pour nous - symboliques. En reconnaissant qu'il n'est pas de sa compétence de se prononcer sur la vérité scientifique des théories, l'Eglise trace la limite de ses prérogatives. Si la religion a - par définition - le monopole de la vérité religieuse (morale, théologie), en contrepartie l'Eglise n'est compétente qu'en matière religieuse.
Christophe[/align]