par VexillumRegis » mer. 22 mars 2017, 12:41
J'ai vu ce film récemment et je l'ai trouvé très beau (la photographie, comme souvent avec Scorcese, est magnifique) et très réussi. J'avais lu quelques semaines auparavant le roman japonais dont il est tiré, et l'adaptation du réalisateur est d'une grande fidélité. Tous les grands thèmes du roman sont présents et traités avec la profondeur requise : la charité, la trahison, l'inculturation, etc. Les scènes de torture, physiques et surtout psychologiques, sont éprouvantes sans pour autant tomber dans la surenchère (Scorcese n'est pas Gibson !). On est d'autant plus touché que tous les faits rapportés sont étroitement inspirés de faits historiques (cf.
ici,
ici et
ici) et qu'il nous interpellent nous-mêmes dans notre foi plus ou moins solide.
Mais la question principale, la question crucifiante qui est au cœur du film et à laquelle sont confrontés les deux jeunes missionnaires jésuites, les héros du film, est la suivante : si vous êtes prêts à mourir pour votre foi, êtes-vous prêts à ce que d'autres meurent à cause de votre choix ? Le héros principal, joué par un Andrew Garfield excellent, cède sous la pression, il accepte d'apostasier publiquement pour sauver la vie des cinq chrétiens torturés sous ses yeux. Le jugement, en la circonstance, est facile, et il n'a pas manqué dans la sphère des médias chrétiens. Certains, considérant que le salut des âmes doit primer sur tout, ont déconseillé la vision du film. C'est une réaction un peu courte. Qui, en réalité, peut dire quelle serait sa réaction en une telle situation ? Personne.
Au moment d'abjurer, le christ de l'icône en bronze qu'il doit piétiner parle au jésuite et lui dit de s'abandonner à lui et de le fouler du pied. Est-ce Dieu qui parle ou est-ce la voix de sa conscience qui cherche à se dédouaner ? C'est toute la question. De manière suggestive, la scène de l'apostasie se conclue sur le triple chant d'un coq, ce qui nous renvoie évidemment au triple reniement de Pierre...
Si la scène de l'abjuration est terrible, elle ne marque pas la fin du film. Deux scènes postérieures laissent entendre que le prêtre déchu - et étroitement surveillé - reste chrétien dans son cœur : 1) il accepte de confesser une nouvelle fois Kichijiro, lequel représente la figure de la trahison... et de la repentance ; 2) la croix qu'il tient au creux de ses mains au moment de son incinération, image qui clôt le film.
Bref, j'ai trouvé ce film vraiment remarquable, et je ne saurais trop en recommander la vision !
- VR -
J'ai vu ce film récemment et je l'ai trouvé très beau (la photographie, comme souvent avec Scorcese, est magnifique) et très réussi. J'avais lu quelques semaines auparavant le roman japonais dont il est tiré, et l'adaptation du réalisateur est d'une grande fidélité. Tous les grands thèmes du roman sont présents et traités avec la profondeur requise : la charité, la trahison, l'inculturation, etc. Les scènes de torture, physiques et surtout psychologiques, sont éprouvantes sans pour autant tomber dans la surenchère (Scorcese n'est pas Gibson !). On est d'autant plus touché que tous les faits rapportés sont étroitement inspirés de faits historiques (cf. [url=https://fr.wikipedia.org/wiki/Vingt-six_martyrs_du_Japon][b]ici[/b][/url], [url=https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_martyre_de_Nagasaki][b]ici[/b][/url] et [url=https://fr.wikipedia.org/wiki/Crist%C3%B3v%C3%A3o_Ferreira][b]ici[/b][/url]) et qu'il nous interpellent nous-mêmes dans notre foi plus ou moins solide.
Mais la question principale, la question crucifiante qui est au cœur du film et à laquelle sont confrontés les deux jeunes missionnaires jésuites, les héros du film, est la suivante : si vous êtes prêts à mourir pour votre foi, êtes-vous prêts à ce que d'autres meurent à cause de votre choix ? Le héros principal, joué par un Andrew Garfield excellent, cède sous la pression, il accepte d'apostasier publiquement pour sauver la vie des cinq chrétiens torturés sous ses yeux. Le jugement, en la circonstance, est facile, et il n'a pas manqué dans la sphère des médias chrétiens. Certains, considérant que le salut des âmes doit primer sur tout, ont déconseillé la vision du film. C'est une réaction un peu courte. Qui, en réalité, peut dire quelle serait sa réaction en une telle situation ? Personne.
Au moment d'abjurer, le christ de l'icône en bronze qu'il doit piétiner parle au jésuite et lui dit de s'abandonner à lui et de le fouler du pied. Est-ce Dieu qui parle ou est-ce la voix de sa conscience qui cherche à se dédouaner ? C'est toute la question. De manière suggestive, la scène de l'apostasie se conclue sur le triple chant d'un coq, ce qui nous renvoie évidemment au triple reniement de Pierre...
Si la scène de l'abjuration est terrible, elle ne marque pas la fin du film. Deux scènes postérieures laissent entendre que le prêtre déchu - et étroitement surveillé - reste chrétien dans son cœur : 1) il accepte de confesser une nouvelle fois Kichijiro, lequel représente la figure de la trahison... et de la repentance ; 2) la croix qu'il tient au creux de ses mains au moment de son incinération, image qui clôt le film.
Bref, j'ai trouvé ce film vraiment remarquable, et je ne saurais trop en recommander la vision !
- VR -