par Cinci » mar. 16 mai 2017, 1:06
Cendrine :
Vous faites de l'égalitarisme économique une sorte d'idéal en somme, et finalement vous et Gerardh êtes d'accord sur un point essentiel : ce qui importe c'est que chacun puisse avoir sa chance de devenir riche. Pour Gerardh cela descendra d'un Marché libre et vertueux et pour vous Cinci d'une gouvernance qui protège chacun dans sa petite course au pouvoir d'achat.
Je ne fais pas plus d'égalitarisme économique que l'Église catholique peut en faire, je pense, avec sa propre doctrine sociale. Je parle
bien commun ou
gérance d'un pays qui ne ferait pas que réserver un traitement de première classe (dans un monde idéal)
aux gros investisseurs,
tout en demandant aux autres de s'adapter aux choix de ces derniers. Je n'ai jamais évoqué l'idée qu'il faudrait que tout le monde aspire à devenir "plein aux as".
Non
Le problème actuel c'est qu'une tranche de plus en plus importante des gens qui travaillent s'appauvrit quand même ("working poor"), et la conséquence de cela c'est que
les gens de la classe moyenne inférieure croient de moins en moins au système. Les gens se désintéressent de la politique. Ils se désinvestissent. Et le corollaire en est également que les partis politiques travaillent de plus en plus pour les gros bourgeois riches. Nos politiciens sont de plus en déconnectés des besoins des moins riches, car les moins riches ne sont pas leur clientèle. C'est ce qui arrive aux États-Unis.
J'ai déjà lu une étude également (je ne me souviens plus où?) sur le cas de la France.
Des études ont déjà été faites pour comparer la représentation populaire dans le système politique français. Étudiant le milieu d'origine des députés de l'Assemblée nationale selon les périodes, etc.
Ainsi, entre le moment de la Libération en 1944 et aujourd'hui, comparant le nombre de députés qui provenaient d'un milieu modeste où qui étaient eux-même des travailleurs, des ouvriers : le ratio serait passé de 20-24% des députés à 1%. Je le dis de mémoire. L'Assemblée nationale d'aujourd'hui est ÉNORMÉMENT PLUS QU'HIER formée de représentants qui sont nés dans la pourpre, avec une cuillère en argent dans la bouche. Un tel phénomène global explique mieux la "droitisation" de la vie politique réelle dans le pays et le phénomène de la fausse gauche en carton-pâte (gauche caviar, gauche d'affaire, DSK, Valls, Macron et cie).
Ce sont surtout les plus riches ou ceux qui pensent pouvoir raisonnablement disposer des meilleurs chances pour le devenir, riche, dans un délai rapide, qui vont tirer leur épingle du jeu dans un marché dit "libre/déréglementer pour éviter de nuire aux riches", non pas les vendeuses du monoprix.
Ah! ... je disais que j'avais oublié ... Voili - voilou! :
"La désaffection grandissante des milieux populaires pour les partis de gauche, observable dans toutes les démocraties occidentales électives n'est sans doute pas sans rapport avec la raréfaction des élus qui, issus des milieux défavorisés, en avaient éprouvés les conditions d'existence. - Jugeons-en plutôt, en 1945, un quart des députés français étaient ouvriers ou employés avant leur élection; il n'en reste que 2,1% dans ce cas aujourd'hui. En 1983, soixante-dix-huit maires de communes de plus de trente mille habitants provenaient encore de ces deux catégories sociales (majoritaire dans la population); trente ans plus tard, ils n'étaient plus que six." (Patrick Lehingue, "Les classes populaires et la démocratie représentative en France", Savoir/Agir, no 31, mars 2015
Les politiciens s'
embourgeoisent (comme le petit Justin au Canada, né dans la pourpre/coqueluche des médias, populaires auprès des artistes millionnaires, etc.) et sont plus susceptibles d'adopter des projets de loi favorables aux intérêts de leur milieu d'origine, celui des copains.
Or des études récentes du FMI ou de l'OCDE montrent que ce qui est profitable réellement pour un pays, pour l'économie globale d'un pays, c'est lorsque ce sont les moins nantis qui s'enrichissent. C'est tout le contraire de la vulgate de Ron' Reagan, de la mentalité des traders, celle des experts de JP Morgan ou de la Chase Manhattan Bank.
Exemple :
La fortune sourit aux pays dont les moins bien nantis s'enrichissent
A l'inverse, le PIB recule lorsque ce sont les revenus les plus riches qui s'accroissent,
ont mesuré des chercheurs du FMI
Contrairement à ce que l'on a beaucoup entendu dire, la richesse ne ruisselle pas des plus nantis jusqu'aux plus humbles de la société, mais part de la base pour remonter dans toute l'économie, conclut une étude du FMI. [...] soulignent deux fois plutôt qu'une les auteurs de l'étude qui contredisent ainsi une théorie très en vogue chez une certaine droite.
En fait, ce sont les pauvres et la classe moyenne qui comptent le plus pour la croissance par l'entremise d'un ensemble de canaux économiques, sociaux et politiques. Ces derniers perdent malheureusement de plus en plus de terrain par rapport aux plus riches. "L'accroissement des inégalités de revenus est le plus grand défi de notre époque", annonce l'étude d'entrée de jeu, reprenant à son compte une déclaration du président américain Obama.
Les changements apportés aux règles du marché du travail ont eu un impact plus négatif [que les délocalisations d'emplois] . L'assouplissement des règles de mise à pied, le recul constant du salaire minimum par rapport au salaire médian et l'affaiblissement des syndicats et, par conséquent, du rapport de force des travailleurs, sont autant de facteurs ayant desservi la classe moyenne et les plus pauvres.
"Il m'existe pas de solution universelle" à la pauvreté et à l'effritement de la classe moyenne, préviennent les auteurs de l'étude du FMI. Il faut commencer par faire de ces enjeux une priorité. Dans la mesure où l'on ne bascule pas dans l'excès, il faut cesser d'avoir peur que les impôts et les transferts sociaux nuisent à la croissance économique. On propose, entre autres choses, de taxer plus non pas seulement les revenus, mais aussi le patrimoine, d'abolir les avantages fiscaux qui profitent surtout aux plus riches et de mettre l'accent sur les dépenses en éducation. On recommande aussi de prêter un peu plus attention [...] à l'équité des règles du jeu dans le marché du travail.
Cette étude s'inscrit dans une liste de plus en plus longue de rapports et autres prises de position consacrés au problème des inégalités depuis quelques années.
Source : Eric Desrosiers, Le Devoir, le mardi 16 juin 2015
Voyez-vous, par le plus grand des hasards, il s'avère que les plans d'Emmanuel Macron semblent bien vouloir emprunter une recette du temps de Ronald Reagan, et qui représente justement ce que ces experts du FMI dénoncent. On le voit dans l'extrait de l'article ci-dessus. Monsieur Macron se propose de faire l'inverse de ce qui serait recommandable de faire pour le mieux-être du pays dans son ensemble. Le mouvement "En marche" se propose de faciliter la vie aux patrons, facilité les règles de licenciement, pousser dans le sens de l'ubérisation qui est un autre moyen de liquider les syndicats (ce qui en reste), etc.
[quote]Cendrine :
Vous faites de l'égalitarisme économique une sorte d'idéal en somme, et finalement vous et Gerardh êtes d'accord sur un point essentiel : ce qui importe c'est que chacun puisse avoir sa chance de devenir riche. Pour Gerardh cela descendra d'un Marché libre et vertueux et pour vous Cinci d'une gouvernance qui protège chacun dans sa petite course au pouvoir d'achat.
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Je ne fais pas plus d'égalitarisme économique que l'Église catholique peut en faire, je pense, avec sa propre doctrine sociale. Je parle [i]bien commun[/i] ou [i]gérance d'un pays qui ne ferait pas que réserver un traitement de première classe[/i] (dans un monde idéal) [i]aux gros investisseurs[/i], [i]tout en demandant aux autres de s'adapter aux choix de ces derniers[/i]. Je n'ai jamais évoqué l'idée qu'il faudrait que tout le monde aspire à devenir "plein aux as".
Non
Le problème actuel c'est qu'une tranche de plus en plus importante des gens qui travaillent s'appauvrit quand même ("working poor"), et la conséquence de cela c'est que [b]les gens de la classe moyenne inférieure croient de moins en moins au système[/b]. Les gens se désintéressent de la politique. Ils se désinvestissent. Et le corollaire en est également que les partis politiques travaillent de plus en plus pour les gros bourgeois riches. Nos politiciens sont de plus en déconnectés des besoins des moins riches, car les moins riches ne sont pas leur clientèle. C'est ce qui arrive aux États-Unis.
J'ai déjà lu une étude également (je ne me souviens plus où?) sur le cas de la France.
Des études ont déjà été faites pour comparer la représentation populaire dans le système politique français. Étudiant le milieu d'origine des députés de l'Assemblée nationale selon les périodes, etc.
Ainsi, entre le moment de la Libération en 1944 et aujourd'hui, comparant le nombre de députés qui provenaient d'un milieu modeste où qui étaient eux-même des travailleurs, des ouvriers : le ratio serait passé de 20-24% des députés à 1%. Je le dis de mémoire. L'Assemblée nationale d'aujourd'hui est ÉNORMÉMENT PLUS QU'HIER formée de représentants qui sont nés dans la pourpre, avec une cuillère en argent dans la bouche. Un tel phénomène global explique mieux la "droitisation" de la vie politique réelle dans le pays et le phénomène de la fausse gauche en carton-pâte (gauche caviar, gauche d'affaire, DSK, Valls, Macron et cie).
Ce sont surtout les plus riches ou ceux qui pensent pouvoir raisonnablement disposer des meilleurs chances pour le devenir, riche, dans un délai rapide, qui vont tirer leur épingle du jeu dans un marché dit "libre/déréglementer pour éviter de nuire aux riches", non pas les vendeuses du monoprix.
Ah! ... je disais que j'avais oublié ... Voili - voilou! :
[color=#0000FF]"La désaffection grandissante des milieux populaires pour les partis de gauche, observable dans toutes les démocraties occidentales électives n'est sans doute pas sans rapport avec la raréfaction des élus qui, issus des milieux défavorisés, en avaient éprouvés les conditions d'existence. - Jugeons-en plutôt, en 1945, un quart des députés français étaient ouvriers ou employés avant leur élection; il n'en reste que 2,1% dans ce cas aujourd'hui. En 1983, soixante-dix-huit maires de communes de plus de trente mille habitants provenaient encore de ces deux catégories sociales (majoritaire dans la population); trente ans plus tard, ils n'étaient plus que six." ([b]Patrick Lehingue[/b], "Les classes populaires et la démocratie représentative en France", Savoir/Agir, no 31, mars 2015 [/color]
Les politiciens s'[b]embourgeoisent[/b] (comme le petit Justin au Canada, né dans la pourpre/coqueluche des médias, populaires auprès des artistes millionnaires, etc.) et sont plus susceptibles d'adopter des projets de loi favorables aux intérêts de leur milieu d'origine, celui des copains.
Or des études récentes du FMI ou de l'OCDE montrent que ce qui est profitable réellement pour un pays, pour l'économie globale d'un pays, c'est lorsque ce sont les moins nantis qui s'enrichissent. C'est tout le contraire de la vulgate de Ron' Reagan, de la mentalité des traders, celle des experts de JP Morgan ou de la Chase Manhattan Bank.
Exemple :
[quote][b]
La fortune sourit aux pays dont les moins bien nantis s'enrichissent
A l'inverse, le PIB recule lorsque ce sont les revenus les plus riches qui s'accroissent,
ont mesuré des chercheurs du FMI [/b]
Contrairement à ce que l'on a beaucoup entendu dire, la richesse ne ruisselle pas des plus nantis jusqu'aux plus humbles de la société, mais part de la base pour remonter dans toute l'économie, conclut une étude du FMI. [...] soulignent deux fois plutôt qu'une les auteurs de l'étude qui contredisent ainsi une théorie très en vogue chez une certaine droite.
En fait, ce sont les pauvres et la classe moyenne qui comptent le plus pour la croissance par l'entremise d'un ensemble de canaux économiques, sociaux et politiques. Ces derniers perdent malheureusement de plus en plus de terrain par rapport aux plus riches. "L'accroissement des inégalités de revenus est le plus grand défi de notre époque", annonce l'étude d'entrée de jeu, reprenant à son compte une déclaration du président américain Obama.
Les changements apportés aux règles du marché du travail ont eu un impact plus négatif [que les délocalisations d'emplois] . L'assouplissement des règles de mise à pied, le recul constant du salaire minimum par rapport au salaire médian et l'affaiblissement des syndicats et, par conséquent, du rapport de force des travailleurs, sont autant de facteurs ayant desservi la classe moyenne et les plus pauvres.
"Il m'existe pas de solution universelle" à la pauvreté et à l'effritement de la classe moyenne, préviennent les auteurs de l'étude du FMI. Il faut commencer par faire de ces enjeux une priorité. Dans la mesure où l'on ne bascule pas dans l'excès, il faut cesser d'avoir peur que les impôts et les transferts sociaux nuisent à la croissance économique. On propose, entre autres choses, de taxer plus non pas seulement les revenus, mais aussi le patrimoine, d'abolir les avantages fiscaux qui profitent surtout aux plus riches et de mettre l'accent sur les dépenses en éducation. On recommande aussi de prêter un peu plus attention [...] à l'équité des règles du jeu dans le marché du travail.
Cette étude s'inscrit dans une liste de plus en plus longue de rapports et autres prises de position consacrés au problème des inégalités depuis quelques années.
Source : Eric Desrosiers, Le Devoir, le mardi 16 juin 2015 [/quote]
Voyez-vous, par le plus grand des hasards, il s'avère que les plans d'Emmanuel Macron semblent bien vouloir emprunter une recette du temps de Ronald Reagan, et qui représente justement ce que ces experts du FMI dénoncent. On le voit dans l'extrait de l'article ci-dessus. Monsieur Macron se propose de faire l'inverse de ce qui serait recommandable de faire pour le mieux-être du pays dans son ensemble. Le mouvement "En marche" se propose de faciliter la vie aux patrons, facilité les règles de licenciement, pousser dans le sens de l'ubérisation qui est un autre moyen de liquider les syndicats (ce qui en reste), etc.