par Cinci » sam. 08 févr. 2014, 15:10
Intéressant de comparer deux textes, l'un qui serait comme la vulgarisation de la pensée du philosophe allemand Fichte par Isaiah Berlin, l'autre ce qu'exprime Vincent Peillon
Ainsi :
- [+] Texte masqué
- Un idéaliste est quelqu'un qui se défait de tout ce qui pourrait attirer des natures plus basses - la richesse, le pouvoir, le succès, la popularité - dans le but de servir son idéal intérieur, dans le but de créer ce que lui dicte son être intérieur. C'est le héros idéal du romantisme allemand et de ses disciples : Carlyle, Michelet et, dans leur jeunesse, les radicaux russes. La grande figure artistique du XIXe siècle, celle qui s'est profondément gravée dans l'imagination de l'Europe, c'est Beethoven. On se représente Beethoven comme un homme vivant dans un galetas, pauvre, hirsute, négligé, laid, bourru; il s'est détaché du monde, il ne désir aucune de ses richesses, et bien que les récompenses lui soient offertes, il les rejette. Il les rejette afin de s'accomplir lui-même, afin de servir sa vision intérieure, afin d'exprimer ce qui exige, avec une force absolue, impérative, d'être exprimé. Le pire qu'un homme puisse faire, c'est de devenir un «vendu», de trahir un idéal.
[...]
Tant qu'il reste confiné aux artistes, c'est un idéal noble que personne aujourd'hui ne rejette publiquement; de fait, la conscience morale de notre époque est largement informée par ces notions romantiques, qui nous font admirer les idéalistes et les hommes de principe que nous soyons d'accord ou pas avec leurs idéaux, et parfois même alors que nous les trouvons stupides - ce qui aurait été tout à fait impensable au XVIIIe siècle et aux siècles précédents, où l'on trouvait ce genre de personnage touchant mais idiot.
Mais cet idéal a aussi un aspect plus sinistre.
La morale est maintenant quelque chose qu'on invente également, et non quelque chose que l'on trouve; la morale n'est pas un ensemble de propositions correspondant à certains faits découvrables dans la nature. De fait, la nature n'a rien à voir à l'affaire; la nature, pour Kant, pour Fichte, n'est qu'un amas de matière inerte auquel on impose sa volonté.
Nous sommes désormais bien loin assurément de l'idée de copier la nature, de suivre la nature - naturam sequi - d'être comme la nature. Maintenant, au contraire, on moule la nature, on la transforme; la nature est un défi, la nature n'est qu'une matière première. S'il en est ainsi, si la morale consiste à projeter son être d'une manière ou d'une autre, alors il se peut que l'activité politique soit également une forme de projection de soi. Napoléon, qui projette sa personnalité sur la carte de l'Europe, qui façonne les êtres humains en France, en Allemagne, en Italie, en Russie, comme l'artiste façonne son matériau, comme le compositeur façonne les sons et le peintre les couleurs, Napoléon, donc, est la plus haute expression de la morale, car il exprime sa personnalité, il s'affirme, il sert l'idéal intérieur qui le pousse sans cesse en avant.
En ce point, il y a dans la pensée de Fichte une sorte de grand saut - de l'individu isolé au groupe comme sujet ou Moi authentique. Comment cela se produit-il ?
Je ne suis libre que si je fais des choses que personne ne peut m'empêcher de faire, et je les fais uniquement si c'est mon être intérieur, mon Moi, qui agit, si rien d'autre ne vient l'entraver. Le Moi est un esprit, mais ce n'est pas un esprit isolé, et c'est ici que Fichte emprunte le chemin qui mène à des conclusions si singulières, le chemin qui mène à l'idée que le Moi n'est pas du tout un être humain individuel, que le Moi est quelque chose qui a à voir avec la société, qu'en réalité le Moi humain n'est peut-être pas seulement lui-même le produit de l'histoire et de la tradition, mais qu'il est aussi rattaché à d'autres êtres humains par les myriades de liens spirituels indissolubles dont parlait Burke, qu'il n'existe qu'à l'intérieur d'une structure d'ensemble dont il est un élément.
Parti de la notion d'un individu isolé servant un idéal intérieur inaccessible à la nature ou au tyran, Fichte adopte progressivement l'idée que l'individu lui-même n'est rien, que l'homme n'est rien sans la société, que l'homme n'est rien sans le groupe, que l'être humain en soi existe à peine. L'individu, soupçonne-t-il désormais, n'existe pas, il doit disparaître. Il n'y a que le groupe - Gattung - qui existe. Il n'y a que le groupe qui soit réel.
Fichte en est venu graduellement à croire quelque chose de cet ordre. Mais il va beaucoup plus loin encore. Le Moi véritable, le Moi réel, dans la philosophie de Fichte parvenue à sa maturité, ce n'est ni vous ni moi, ni aucun individu ou groupe d'individus en particulier. C'est ce qui est commun à tous les hommes; c'est ce principe personnifié, incarné, qui, telle une divinité panthéiste, s'exprime à travers des centres finis, à travers moi, à travers vous [...] Son incarnation sur terre est la société authentique conçue comme rassemblement de personnes reliées entre elles sur un plan métaphysique, comme autant de petites flammes issues d'un grand feu central. C'est le grand feu central vers lequel chaque flamme tend à mesure qu'elle prend conscience des injonctions morales - qui sont des élans, des impulsions ardentes - de son être intérieur.
C'est une doctrine théologique, et Fichte était clairement, en un sens, un théologien, comme l'était aussi Hegel. [...] Ainsi Fichte passe peu à peu du groupe à l'idée que la personne véritable, le véritable individu, celui dont l'affirmation de soi est identique à la marche en avant de la morale dans l'histoire - l'imposition d'impératifs moraux à une nature docile et flexible - cet individu n'est même pas l'être humain à son plus haut degré de conscience de soi, mais une entité collective : la race, la nation, l'humanité.
[...]
C'est ici que commence le grand péan, la grande clameur nationaliste et chauviniste. L'autodétermination individuelle devient maintenant l'autoréalisation collective, et la nation une communauté de volontés unies en quête de la vérité morale. Mais cette marche en avant collective serait privée de direction si la nation n'était pas conduite et éclairée par le leadership quasi divin du Zwingherr. Fichte dit : «Ce qu'il nous faut, c'est un chef; ce qu'il nous faut, c'est un homme qui nous façonne»; «A nous, s'écrie-t-il, l'homme qui nous contraindra à la germanité ! Nous espérons, bien sûr, que ce sera notre roi qui mènera à bien cette tâche, mais qui que soit cet homme, nous devons attendre qu'il arrive et qu'il nous façonne, qu'il vienne nous créer.»
Nous sommes partis de la notion d'une personne autonome, soucieuse de n'être pas entravée, aspirant à une vie absolument libre, n'obéissant qu'aux règles de sa propre conscience intérieure, de sa propre conscience morale. Et maintenant, nous disons : la vie est un art, la vie est un façonnement, la vie est une création, l'autocréation, de quelque chose par un processus organique. Il y a des êtres supérieurs et il y a des êtres inférieurs, comme il y a en moi une nature élevée et une nature basse; et dans un moment de crise, il peut arriver que je m'élève jusqu'à des hauteurs sublimes, que je subjugue mes passions et mes désirs pour accomplir des sacrifices héroïques au nom d'un principe qui m'ennoblit - qui, comme le dit Fichte, m'emporte dans un torrent vital. Si je puis réprimer ce qu'il y a de bas en moi, alors le chef de la race peut aussi réprimer ce qu'il y a de bas en elle, comme l'esprit le fait de la chair pécheresse.
La voici enfin, cette fameuse et fatale analogie entre l'individu et la nation, la métaphore organique issue de l'imaginaire théologique et sécularisée par Burke et par Rousseau, et qui est si importante chez Fichte. [...] c'est le principe supérieur qui domine, le principe supérieur qui peut revêtir la forme d'une grande nation, ou de l'histoire. Et le principal agent de cette force est un conquérant ou un chef divin, qui doit jouer de sa nation comme un artiste joue de son médium pour le façonner et en faire un seul tout organique, comme le peintre ou le sculpteur modèlent leur matériau.
Et la liberté, la liberté individuelle et la conscience individuelle, le bien et le mal, qu'ils soient découverts ou inventés, que sont-ils devenus à présent ? Quid de cette liberté individuelle, celle que défendaient les auteurs britanniques et français, la liberté qu'a chaque homme, au moins dans certaines limites, de vivre comme il l'entend, d'aller au diable comme bon lui semble, de perdre son temps comme il l'entend, de faire ce qu'il veut simplement parce que la liberté en tant que telle est une valeur sacrée ?
La liberté individuelle, qui chez Kant possède une valeur sacrée, est devenue pour Fichte un choix opéré par quelque chose de suprapersonnel. Je ne choisis pas, je suis choisi; acquiescer est un privilège, un devoir, par lequel je me transcende moi-même pour m'élever à un niveau supérieur. La liberté et la morale en général c'est le fait de se soumettre au super-Moi.
Fichte lui-même songeait avant tout à une sorte de volonté de puissance transcendantale et idéaliste ayant relativement peu de chose à voir avec la vie terrestre réelle des hommes, ce n,est que vers la fin de sa vie qu'il aperçut la possibilité de façonner l'existence terrestre conformément à ces aspirations transcendantales. Mais ses disciples traduisirent sa pensée en termes plus concrets. En faisant de la volonté, et non plus la raison, la clé de voûte du système, ils donnèrent naissance à cette idée de la liberté qui n'est pas l'idée de non-ingérence, l'idée de laisser à chaque homme la possibilité de choisir, mais l'idée d'expression de soi, l'idée de s'imposer à son environnement, l'idée de la liberté comme élimination des obstacles rencontrés.
On ne peut éliminer les obstacles qu'en les subjuguant : en mathématique, par la compréhension; dans l'existence matérielle, par l'acquisition; en politique, par la conquète. Voilà ce qui constitue le coeur de la notion selon laquelle une nation libre est une nation victorieuse, que la liberté c'est le pouvoir, que la conquête et la liberté ne font qu'une.
Le philosophe américain Josiah Royce a joliment résumé la pensée de Fichte lorsqu'il a écrit : «Le monde est le poème rêvé par la vie intérieur».
De sorte que des esprits différents habitent, littéralement, des mondes différents. Le compositeur, le banquier, le brigand créent littéralement leurs mondes respectifs.
Heinrich Heine est authentiquement terrifié par cette attitude, et sa vision des catastrophes à venir est réellement prophétique (qui écrit de Paris, en 1834) :
- «Des kantiens paraîtront, qui ne tiendront rien pour sacré dans le monde des simples phénomènes, qui de leurs épées et de leurs haches abattront sans merci les fondements de notre vie européenne, qui arracheront les dernières racines qui nous relient encore au passé. Des fichtéens en armes viendront, dont les volontés fanatiques seront inaccessibles à la crainte comme à l'intérêt. Ces hommes, ces panthéistes, se battront aveuglément pour leurs principes, car ce sont des principes absolus, et les périls qu'ils affronteront leur sembleront pure illusion. Les Naturphilosophen s'identifieront aux forces élémentaires, et celles-ci sont toujours destructrices. Alors le Dieu Thor brandira son marteau gigantesque, et il en écrasera les cathédrales gothiques. Le christianisme était encore la seule force qui retenait encore l'antique barbarie germanique et sa violence nue; une fois ce talisman brisé, un terrible cataclysme se déclenchera. N'essayez point [dit-il aux Français] d'étouffer ou d'éteindre la flamme, vous ne feriez que vous brûlez les doigts.» Surtout, ne vous riez pas du poète rêveur et de ses fantaisies révolutionnaires.
Cette prophétie était destinée à s'accomplir. Il est vain d'accuser un seul penseur, un seul philosophe, des actes commis par la multitude dans l'histoire. Il est néanmoins singulier de constater qu'il y a une ligne directe, et fort étrange, entre le libéralisme extrême de Kant, avec son respect pour la nature humaine et ses droits sacrés, et l'identification fichtéenne de la liberté, à l'affirmation de soi, à l'imposition de sa volonté aux autres, à l'élimination de tout obstacle à ses désirs, et enfin à une nation victorieuse qui marche vers l'accomplissement de son destin, en réponse aux exigences internes que lui a adressées la raison transcendantale, devant laquelle toutes les choses matérielles doivent cèder.
Nous avons certes parcouru un long chemin depuis la notion anglo-française de liberté, qui reconnaissait à chaque homme son propre cercle, le petit mais nécéssaire espace vide à l'intérieur duquel il pouvait agir à sa guise, bien ou mal tourner, choisir pour choisir, et dans lequel la valeur du choix en lui-même était considéré comme sacrée.
Telles sont les deux notions de la liberté que l'on rencontrait en Europe au début du XIXe siècle; demander laquelle est correcte, et laquelle est erronée, c'est là une question vaine et sans réponse. Elles représentent deux visions irréconciliables de la vie, la vision libérale et la vision autoritaire, la vision ouverte ou la vision fermée; et le fait que le mot de liberté ait été un symbole authentiquement central dans l'une comme dans l'autre est à la fois remarquable et sinistre.
Source : Isaiah Berlin, La Liberté et ses traîtres, «Fichte», pp.128-134
- [+] Texte masqué
- Tout pouvoir suppose toujours le consentement de ceux qui s'inclinent et obéissent. L'ennemi du dehors n'établit son empire qu'en s'appuyant sur l'ennemi du dedans. C'est donc là qu'il faut livrer bataille. «L'histoire ne dispensera jamais les hommes de la vaillance et de la noblesse individuelle.» La liberté à l'oeuvre dans l'histoire est toujours d'abord une liberté de l'esprit. La servitude est toujours une démission de l'esprit, et celle-ci s'insinue comme un poison mauvais, et discret, par cette lassitude, cette indifférence, cette peur. C'est pourquoi Ferdinand Buisson voyait juste en proposant de faire la République en faisant des républicains.
Les deux lignes de force, c'est, nous l'avons vu, la République libérale, sociale, fraternelle, au-delà de l'individualisme et de l'étatisme, et c'est la République spirituelle, morale et religieuse, au-delà du seul positivisme. Depuis un siècle déjà, nous répétons à l'envie : l'individu contre l'État, la République contre la démocratie, la liberté contre l'égalité, le libéralisme contre le socialisme, la politique contre la morale, la laïcité contre la religion, la Troisième République contre la Deuxième, autant de bêtises qui nous interdisent d'être nous-mêmes et nous plongent dans une forme de dépression nationale qui remplace l'action par l'agitation [...] étrangers à nous-mêmes, nous ne trouvons plus la force d'aimer ce que nous sommes ensembles.
Un travail en profondeur s'impose à nous, comme une plongée aux sources vives, et déjà, nous l'avons vu, de nombreux chercheurs, encore inaperçus du grand public, se sont mis à l'ouvrage. Dans leur solitude, ils travaillent pour nous; pour un idéal, et pour une oeuvre historique.
[...]
La France est une nation troublée. Ce trouble est, pour une grande partie, lié à ce divorce. La France est habitée apr un trou noir, son histoire est une histoire lacunaire, son récit est un récit tronqué. Elle est construite sur un oubli. Elle est blessée par une ignorance qui la paralyse et l'empêche d'aborder son avenir avec confiance, avec joie et sérénité.
Quelque chose se passe dans le monde des idées, quelque chose de neuf. Ce neuf, ce vivant, se donne dans la forme du retour. Mais c'est toujours ainsi que progresse l'histoire et que l'avenir s'enfante. Car il appartient à chaque temps, à chaque génération, de s'engendrer dans son présent, de conjoindre la novation à une tradition nouvelle et à un nouveau récit. Telle est la condition des mortels, telle est notre condition historique. Nous n'avons pas le choix. Ce qui suppose de briser quelques dogmes, et de renverser quelques idôles. Ce qui suppose d'avoir à enfanter nos propres pères et d'écrire à leur place le testament de notre héritage. C'est ce travail qui est commencé, c'est la Révolution qui se continue.
Vincent Peillon, La Révolution n'est pas terminée, pp.205-210
La morale est maintenant quelque chose qu'on invente également, et non quelque chose que l'on trouve; la morale n'est pas un ensemble de propositions correspondant à certains faits découvrables dans la nature. De fait, la nature n'a rien à voir à l'affaire; la nature, pour Kant, pour Fichte, n'est qu'un amas de matière inerte auquel on impose sa volonté.
Nous sommes désormais bien loin assurément de l'idée de copier la nature, de suivre la nature - naturam sequi - d'être comme la nature. Maintenant, au contraire, on moule la nature, on la transforme; la nature est un défi, la nature n'est qu'une matière première. S'il en est ainsi, si la morale consiste à projeter son être d'une manière ou d'une autre, alors il se peut que l'activité politique soit également une forme de projection de soi - Isaiah Berlin; à propos de la philosophie de Fichte
Et
Quelque chose se passe dans le monde des idées, quelque chose de neuf. Ce neuf, ce vivant, se donne dans la forme du retour. Mais c'est toujours ainsi que progresse l'histoire et que l'avenir s'enfante. Car il appartient à chaque temps, à chaque génération, de s'engendrer dans son présent, de conjoindre la novation à une tradition nouvelle et à un nouveau récit. Telle est la condition des mortels, telle est notre condition historique. Nous n'avons pas le choix. Ce qui suppose de briser quelques dogmes, et de renverser quelques idôles. - V. Peillon
***
En faisant de la volonté, et non plus la raison, la clé de voûte du système, ils donnèrent naissance à cette idée de la liberté qui n'est pas l'idée de non-ingérence, l'idée de laisser à chaque homme la possibilité de choisir, mais l'idée d'expression de soi, l'idée de s'imposer à son environnement, l'idée de la liberté comme élimination des obstacles rencontrés.
versus
Un travail en profondeur s'impose à nous, comme une plongée aux sources vives, et déjà, nous l'avons vu, de nombreux chercheurs, encore inaperçus du grand public, se sont mis à l'ouvrage. Dans leur solitude, ils travaillent pour nous; pour un idéal, et pour une oeuvre historique.
ou
Tout pouvoir suppose toujours le consentement de ceux qui s'inclinent et obéissent. L'ennemi du dehors n'établit son empire qu'en s'appuyant sur l'ennemi du dedans. C'est donc là qu'il faut livrer bataille. «L'histoire ne dispensera jamais les hommes de la vaillance et de la noblesse individuelle.» La liberté à l'oeuvre dans l'histoire est toujours d'abord une liberté de l'esprit. La servitude est toujours une démission de l'esprit, et celle-ci s'insinue comme un poison mauvais, et discret, par cette lassitude, cette indifférence, cette peur.
C'est surprenant comment les mots de Vincent Peillon (en bleu) peuvent évoquer un écho de l'idéalisme allemand du XIXe siècle, et alors que lui-même fait part de son accord avec un Edgar Quinet par exemple, lequel était un contemporain de cette grande époque de la philosophie outre-Rhin.
Intéressant de comparer deux textes, l'un qui serait comme la vulgarisation de la pensée du philosophe allemand Fichte par Isaiah Berlin, l'autre ce qu'exprime Vincent Peillon
Ainsi :
[spoiler]Un idéaliste est quelqu'un qui se défait de tout ce qui pourrait attirer des natures plus basses - la richesse, le pouvoir, le succès, la popularité - dans le but de servir son idéal intérieur, dans le but de créer ce que lui dicte son être intérieur. C'est le héros idéal du romantisme allemand et de ses disciples : Carlyle, Michelet et, dans leur jeunesse, les radicaux russes. La grande figure artistique du XIXe siècle, celle qui s'est profondément gravée dans l'imagination de l'Europe, c'est Beethoven. On se représente Beethoven comme un homme vivant dans un galetas, pauvre, hirsute, négligé, laid, bourru; il s'est détaché du monde, il ne désir aucune de ses richesses, et bien que les récompenses lui soient offertes, il les rejette. Il les rejette afin de s'accomplir lui-même, afin de servir sa vision intérieure, afin d'exprimer ce qui exige, avec une force absolue, impérative, d'être exprimé. Le pire qu'un homme puisse faire, c'est de devenir un «vendu», de trahir un idéal.
[...]
Tant qu'il reste confiné aux artistes, c'est un idéal noble que personne aujourd'hui ne rejette publiquement; de fait, la conscience morale de notre époque est largement informée par ces notions romantiques, qui nous font admirer les idéalistes et les hommes de principe que nous soyons d'accord ou pas avec leurs idéaux, et parfois même alors que nous les trouvons stupides - ce qui aurait été tout à fait impensable au XVIIIe siècle et aux siècles précédents, où l'on trouvait ce genre de personnage touchant mais idiot.
Mais cet idéal a aussi un aspect plus sinistre.
La morale est maintenant quelque chose qu'on invente également, et non quelque chose que l'on trouve; la morale n'est pas un ensemble de propositions correspondant à certains faits découvrables dans la nature. De fait, la nature n'a rien à voir à l'affaire; la nature, pour Kant, pour Fichte, n'est qu'un amas de matière inerte auquel on impose sa volonté.
Nous sommes désormais bien loin assurément de l'idée de copier la nature, de suivre la nature - [i]naturam sequi[/i] - d'être comme la nature. Maintenant, au contraire, on moule la nature, on la transforme; la nature est un défi, la nature n'est qu'une matière première. S'il en est ainsi, si la morale consiste à projeter son être d'une manière ou d'une autre, alors il se peut que l'activité politique soit également une forme de projection de soi. Napoléon, qui projette sa personnalité sur la carte de l'Europe, qui façonne les êtres humains en France, en Allemagne, en Italie, en Russie, comme l'artiste façonne son matériau, comme le compositeur façonne les sons et le peintre les couleurs, Napoléon, donc, est la plus haute expression de la morale, car il exprime sa personnalité, il s'affirme, il sert l'idéal intérieur qui le pousse sans cesse en avant.
En ce point, il y a dans la pensée de Fichte une sorte de grand saut - de l'individu isolé au groupe comme sujet ou Moi authentique. Comment cela se produit-il ?
Je ne suis libre que si je fais des choses que personne ne peut m'empêcher de faire, et je les fais uniquement si c'est mon être intérieur, mon Moi, qui agit, si rien d'autre ne vient l'entraver. Le Moi est un esprit, mais ce n'est pas un esprit isolé, et c'est ici que Fichte emprunte le chemin qui mène à des conclusions si singulières, le chemin qui mène à l'idée que le Moi n'est pas du tout un être humain individuel, que le Moi est quelque chose qui a à voir avec la société, qu'en réalité le Moi humain n'est peut-être pas seulement lui-même le produit de l'histoire et de la tradition, mais qu'il est aussi rattaché à d'autres êtres humains par les myriades de liens spirituels indissolubles dont parlait Burke, qu'il n'existe qu'à l'intérieur d'une structure d'ensemble dont il est un élément.
Parti de la notion d'un individu isolé servant un idéal intérieur inaccessible à la nature ou au tyran, Fichte adopte progressivement l'idée que l'individu lui-même n'est rien, que l'homme n'est rien sans la société, que l'homme n'est rien sans le groupe, que l'être humain en soi existe à peine. L'individu, soupçonne-t-il désormais, n'existe pas, il doit disparaître. Il n'y a que le groupe - [i]Gattung[/i] - qui existe. Il n'y a que le groupe qui soit réel.
Fichte en est venu graduellement à croire quelque chose de cet ordre. Mais il va beaucoup plus loin encore. Le Moi véritable, le Moi réel, dans la philosophie de Fichte parvenue à sa maturité, ce n'est ni vous ni moi, ni aucun individu ou groupe d'individus en particulier. C'est ce qui est commun à tous les hommes; c'est ce principe personnifié, incarné, qui, telle une divinité panthéiste, s'exprime à travers des centres finis, à travers moi, à travers vous [...] Son incarnation sur terre est la société authentique conçue comme rassemblement de personnes reliées entre elles sur un plan métaphysique, comme autant de petites flammes issues d'un grand feu central. C'est le grand feu central vers lequel chaque flamme tend à mesure qu'elle prend conscience des injonctions morales - qui sont des élans, des impulsions ardentes - de son être intérieur.
C'est une doctrine théologique, et Fichte était clairement, en un sens, un théologien, comme l'était aussi Hegel. [...] Ainsi Fichte passe peu à peu du groupe à l'idée que la personne véritable, le véritable individu, celui dont l'affirmation de soi est identique à la marche en avant de la morale dans l'histoire - l'imposition d'impératifs moraux à une nature docile et flexible - cet individu n'est même pas l'être humain à son plus haut degré de conscience de soi, mais une entité collective : la race, la nation, l'humanité.
[...]
C'est ici que commence le grand péan, la grande clameur nationaliste et chauviniste. L'autodétermination individuelle devient maintenant l'autoréalisation collective, et la nation une communauté de volontés unies en quête de la vérité morale. Mais cette marche en avant collective serait privée de direction si la nation n'était pas conduite et éclairée par le leadership quasi divin du [i]Zwingherr[/i]. Fichte dit : «Ce qu'il nous faut, c'est un chef; ce qu'il nous faut, c'est un homme qui nous façonne»; «A nous, s'écrie-t-il, l'homme qui nous contraindra à la germanité ! Nous espérons, bien sûr, que ce sera notre roi qui mènera à bien cette tâche, mais qui que soit cet homme, nous devons attendre qu'il arrive et qu'il nous façonne, qu'il vienne nous créer.»
Nous sommes partis de la notion d'une personne autonome, soucieuse de n'être pas entravée, aspirant à une vie absolument libre, n'obéissant qu'aux règles de sa propre conscience intérieure, de sa propre conscience morale. Et maintenant, nous disons : la vie est un art, la vie est un façonnement, la vie est une création, l'autocréation, de quelque chose par un processus organique. Il y a des êtres supérieurs et il y a des êtres inférieurs, comme il y a en moi une nature élevée et une nature basse; et dans un moment de crise, il peut arriver que je m'élève jusqu'à des hauteurs sublimes, que je subjugue mes passions et mes désirs pour accomplir des sacrifices héroïques au nom d'un principe qui m'ennoblit - qui, comme le dit Fichte, m'emporte dans un torrent vital. Si je puis réprimer ce qu'il y a de bas en moi, alors le chef de la race peut aussi réprimer ce qu'il y a de bas en elle, comme l'esprit le fait de la chair pécheresse.
La voici enfin, cette fameuse et fatale analogie entre l'individu et la nation, la métaphore organique issue de l'imaginaire théologique et sécularisée par Burke et par Rousseau, et qui est si importante chez Fichte. [...] c'est le principe supérieur qui domine, le principe supérieur qui peut revêtir la forme d'une grande nation, ou de l'histoire. Et le principal agent de cette force est un conquérant ou un chef divin, qui doit jouer de sa nation comme un artiste joue de son médium pour le façonner et en faire un seul tout organique, comme le peintre ou le sculpteur modèlent leur matériau.
Et la liberté, la liberté individuelle et la conscience individuelle, le bien et le mal, qu'ils soient découverts ou inventés, que sont-ils devenus à présent ? Quid de cette liberté individuelle, celle que défendaient les auteurs britanniques et français, la liberté qu'a chaque homme, au moins dans certaines limites, de vivre comme il l'entend, d'aller au diable comme bon lui semble, de perdre son temps comme il l'entend, de faire ce qu'il veut simplement parce que la liberté en tant que telle est une valeur sacrée ?
La liberté individuelle, qui chez Kant possède une valeur sacrée, est devenue pour Fichte un choix opéré par quelque chose de suprapersonnel. Je ne choisis pas, je suis choisi; acquiescer est un privilège, un devoir, par lequel je me transcende moi-même pour m'élever à un niveau supérieur. La liberté et la morale en général c'est le fait de se soumettre au super-Moi.
Fichte lui-même songeait avant tout à une sorte de volonté de puissance transcendantale et idéaliste ayant relativement peu de chose à voir avec la vie terrestre réelle des hommes, ce n,est que vers la fin de sa vie qu'il aperçut la possibilité de façonner l'existence terrestre conformément à ces aspirations transcendantales. Mais ses disciples traduisirent sa pensée en termes plus concrets. En faisant de la volonté, et non plus la raison, la clé de voûte du système, ils donnèrent naissance à cette idée de la liberté qui n'est pas l'idée de non-ingérence, l'idée de laisser à chaque homme la possibilité de choisir, mais l'idée d'expression de soi, l'idée de s'imposer à son environnement, l'idée de la liberté comme élimination des obstacles rencontrés.
On ne peut éliminer les obstacles qu'en les subjuguant : en mathématique, par la compréhension; dans l'existence matérielle, par l'acquisition; en politique, par la conquète. Voilà ce qui constitue le coeur de la notion selon laquelle une nation libre est une nation victorieuse, que la liberté c'est le pouvoir, que la conquête et la liberté ne font qu'une.
Le philosophe américain Josiah Royce a joliment résumé la pensée de Fichte lorsqu'il a écrit : «Le monde est le poème rêvé par la vie intérieur».
De sorte que des esprits différents habitent, littéralement, des mondes différents. Le compositeur, le banquier, le brigand créent littéralement leurs mondes respectifs.
Heinrich Heine est authentiquement terrifié par cette attitude, et sa vision des catastrophes à venir est réellement prophétique (qui écrit de Paris, en 1834) :
[list] «Des kantiens paraîtront, qui ne tiendront rien pour sacré dans le monde des simples phénomènes, qui de leurs épées et de leurs haches abattront sans merci les fondements de notre vie européenne, qui arracheront les dernières racines qui nous relient encore au passé. Des fichtéens en armes viendront, dont les volontés fanatiques seront inaccessibles à la crainte comme à l'intérêt. Ces hommes, ces panthéistes, se battront aveuglément pour leurs principes, car ce sont des principes absolus, et les périls qu'ils affronteront leur sembleront pure illusion. Les [i]Naturphilosophen[/i] s'identifieront aux forces élémentaires, et celles-ci sont toujours destructrices. Alors le Dieu Thor brandira son marteau gigantesque, et il en écrasera les cathédrales gothiques. Le christianisme était encore la seule force qui retenait encore l'antique barbarie germanique et sa violence nue; une fois ce talisman brisé, un terrible cataclysme se déclenchera. N'essayez point [dit-il aux Français] d'étouffer ou d'éteindre la flamme, vous ne feriez que vous brûlez les doigts.» Surtout, ne vous riez pas du poète rêveur et de ses fantaisies révolutionnaires. [/list]
Cette prophétie était destinée à s'accomplir. Il est vain d'accuser un seul penseur, un seul philosophe, des actes commis par la multitude dans l'histoire. Il est néanmoins singulier de constater qu'il y a une ligne directe, et fort étrange, entre le libéralisme extrême de Kant, avec son respect pour la nature humaine et ses droits sacrés, et l'identification fichtéenne de la liberté, à l'affirmation de soi, à l'imposition de sa volonté aux autres, à l'élimination de tout obstacle à ses désirs, et enfin à une nation victorieuse qui marche vers l'accomplissement de son destin, en réponse aux exigences internes que lui a adressées la raison transcendantale, devant laquelle toutes les choses matérielles doivent cèder.
Nous avons certes parcouru un long chemin depuis la notion anglo-française de liberté, qui reconnaissait à chaque homme son propre cercle, le petit mais nécéssaire espace vide à l'intérieur duquel il pouvait agir à sa guise, bien ou mal tourner, choisir pour choisir, et dans lequel la valeur du choix en lui-même était considéré comme sacrée.
Telles sont les deux notions de la liberté que l'on rencontrait en Europe au début du XIXe siècle; demander laquelle est correcte, et laquelle est erronée, c'est là une question vaine et sans réponse. Elles représentent deux visions irréconciliables de la vie, la vision libérale et la vision autoritaire, la vision ouverte ou la vision fermée; et le fait que le mot de liberté ait été un symbole authentiquement central dans l'une comme dans l'autre est à la fois remarquable et sinistre.
Source : Isaiah Berlin, [i]La Liberté et ses traîtres[/i], «Fichte», pp.128-134[/spoiler]
[spoiler]Tout pouvoir suppose toujours le consentement de ceux qui s'inclinent et obéissent. L'ennemi du dehors n'établit son empire qu'en s'appuyant sur l'ennemi du dedans. C'est donc là qu'il faut livrer bataille. «L'histoire ne dispensera jamais les hommes de la vaillance et de la noblesse individuelle.» La liberté à l'oeuvre dans l'histoire est toujours d'abord une liberté de l'esprit. La servitude est toujours une démission de l'esprit, et celle-ci s'insinue comme un poison mauvais, et discret, par cette lassitude, cette indifférence, cette peur. C'est pourquoi Ferdinand Buisson voyait juste en proposant de faire la République en faisant des républicains.
Les deux lignes de force, c'est, nous l'avons vu, la République libérale, sociale, fraternelle, au-delà de l'individualisme et de l'étatisme, et c'est la République spirituelle, morale et religieuse, au-delà du seul positivisme. Depuis un siècle déjà, nous répétons à l'envie : l'individu contre l'État, la République contre la démocratie, la liberté contre l'égalité, le libéralisme contre le socialisme, la politique contre la morale, la laïcité contre la religion, la Troisième République contre la Deuxième, autant de bêtises qui nous interdisent d'être nous-mêmes et nous plongent dans une forme de dépression nationale qui remplace l'action par l'agitation [...] étrangers à nous-mêmes, nous ne trouvons plus la force d'aimer ce que nous sommes ensembles.
Un travail en profondeur s'impose à nous, comme une plongée aux sources vives, et déjà, nous l'avons vu, de nombreux chercheurs, encore inaperçus du grand public, se sont mis à l'ouvrage. Dans leur solitude, ils travaillent pour nous; pour un idéal, et pour une oeuvre historique.
[...]
La France est une nation troublée. Ce trouble est, pour une grande partie, lié à ce divorce. La France est habitée apr un trou noir, son histoire est une histoire lacunaire, son récit est un récit tronqué. Elle est construite sur un oubli. Elle est blessée par une ignorance qui la paralyse et l'empêche d'aborder son avenir avec confiance, avec joie et sérénité.
Quelque chose se passe dans le monde des idées, quelque chose de neuf. Ce neuf, ce vivant, se donne dans la forme du retour. Mais c'est toujours ainsi que progresse l'histoire et que l'avenir s'enfante. Car il appartient à chaque temps, à chaque génération, de s'engendrer dans son présent, de conjoindre la novation à une tradition nouvelle et à un nouveau récit. Telle est la condition des mortels, telle est notre condition historique. Nous n'avons pas le choix. Ce qui suppose de briser quelques dogmes, et de renverser quelques idôles. Ce qui suppose d'avoir à enfanter nos propres pères et d'écrire à leur place le testament de notre héritage. C'est ce travail qui est commencé, c'est la Révolution qui se continue.
Vincent Peillon, [i]La Révolution n'est pas terminée[/i], pp.205-210[/spoiler]
[color=#808000]La morale est maintenant quelque chose qu'on invente également, et non quelque chose que l'on trouve; la morale n'est pas un ensemble de propositions correspondant à certains faits découvrables dans la nature. De fait, la nature n'a rien à voir à l'affaire; la nature, pour Kant, pour Fichte, n'est qu'un amas de matière inerte auquel on impose sa volonté.
Nous sommes désormais bien loin assurément de l'idée de copier la nature, de suivre la nature - [i]naturam sequi[/i] - d'être comme la nature. Maintenant, au contraire, on moule la nature, on la transforme; la nature est un défi, la nature n'est qu'une matière première. S'il en est ainsi, si la morale consiste à projeter son être d'une manière ou d'une autre, alors il se peut que l'activité politique soit également une forme de projection de soi - [b]Isaiah Berlin[/b]; à propos de la philosophie de Fichte[/color]
Et
[color=#004080]Quelque chose se passe dans le monde des idées, quelque chose de neuf. Ce neuf, ce vivant, se donne dans la forme du retour. Mais c'est toujours ainsi que progresse l'histoire et que l'avenir s'enfante. Car il appartient à chaque temps, à chaque génération, de s'engendrer dans son présent, de conjoindre la novation à une tradition nouvelle et à un nouveau récit. Telle est la condition des mortels, telle est notre condition historique. Nous n'avons pas le choix. Ce qui suppose de briser quelques dogmes, et de renverser quelques idôles. - [b]V. Peillon[/b] [/color]
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[color=#808000]En faisant de la volonté, et non plus la raison, la clé de voûte du système, ils donnèrent naissance à cette idée de la liberté qui n'est pas l'idée de non-ingérence, l'idée de laisser à chaque homme la possibilité de choisir, mais [u]l'idée d'expression de soi[/u], l'idée de s'imposer à son environnement, l'idée de [u]la liberté comme élimination des obstacles rencontrés[/u].[/color]
versus
[color=#004080]Un travail en profondeur s'impose à nous, comme une plongée aux sources vives, et déjà, nous l'avons vu, de nombreux chercheurs, encore inaperçus du grand public, se sont mis à l'ouvrage. Dans leur solitude, ils travaillent pour nous; pour un idéal, et pour une oeuvre historique. [/color]
ou
[color=#004080]Tout pouvoir suppose toujours le consentement de ceux qui s'inclinent et obéissent. L'ennemi du dehors n'établit son empire qu'en s'appuyant sur l'ennemi du dedans. C'est donc là qu'il faut livrer bataille. «L'histoire ne dispensera jamais les hommes de la vaillance et de la noblesse individuelle.» La liberté à l'oeuvre dans l'histoire est toujours d'abord [u]une liberté de l'esprit[/u]. La servitude est toujours une démission de l'esprit, et celle-ci s'insinue comme un poison mauvais, et discret, par cette lassitude, cette indifférence, cette peur.[/color]
C'est surprenant comment les mots de Vincent Peillon (en bleu) peuvent évoquer un écho de l'idéalisme allemand du XIXe siècle, et alors que lui-même fait part de son accord avec un Edgar Quinet par exemple, lequel était un contemporain de cette grande époque de la philosophie outre-Rhin.