par Virgile » mar. 21 févr. 2012, 5:20
Cinci a écrit :À mon avis, s'il prend «quand même» le risque de faire fâcher un juge ici et là, mais c'est probablement aussi parce qu'il accepte mal, en son fors intérieur, quelque chose comme l'évolution récente des tabous en la société française. Ainsi, une raison de cette eau me paraitrait plus crédible, beaucoup moins celle consistant à lui supputer une complexion très vicieuse, celle du vrai pervers polymorphe et ne souhaitant rien d'autre qu'à jouer la fausse victime par compulsion morbide.
Bonjour,
en effet, pour poursuivre le débat, il est très important, me semble-t-il, de ne pas se laisser intimider par les tacticiens du recours au terrorisme intellectuel, quelles que soit par ailleurs les opinions que l'on défende, et à condition qu'elles puissent être défendues sans porter atteinte à l'honneur ou à la dignité des personnes. Je pense également qu'il faut lui opposer une résistance déterminée et ferme - parce que l'assignation automatique de "coupables" devant un "tribunal populaire" essentiellement imaginaire ne correspond aucunement à une forme de Justice.
Pour commencer, il faudrait reprendre l'idée de Cinci qu'il existe des tabous dans la société française. Remercions donc Cinci de nous l'indiquer, de manière intelligente.
En premier lieu, il faudrait préciser que lorsque certains intervenants parlent de "mythe" de la résistance, il ne s'agit aucunement d'un "tabou" - le "mythe" en question n'est qu'une expression qui nous vient de toute une rhétorique de l'extrême droite française d'après guerre. Mais cette expression n'est pas fausse parce qu'elle provient de l'extrême-droite.
Ce "mythe de la résistance" a eu deux objectifs que tout le monde peut comprendre : celui d'assurer, d'une façon pratique, l'unité des Français lorsqu'il s'est agit de reconstruire le pays - et celui de préserver l'idéal républicain hérité de la Révolution française : celui de la Nation armée et indivise, unie dans la lutte contre l'envahisseur au nom de la Liberté et des Droits de l'Homme.
La fabrication de ce mythe supposait donc, en premier lieu, la négation systématique de l'adhésion massive des Français au régime de Vichy et à la personne du Maréchal Pétain - ce qui n'a encore rien à voir - il faut absolument le comprendre, avec une adhésion massive des Français à la politique mise en oeuvre par le régime de Vichy. En deuxième lieu, la confection de cet "objet de mémoire" que l'on appelle "Résistance" - et son assimilation à la Nation française. La Nation française a donc "résisté" : fort bien, admettons-le, au titre d'une nécessité historique.
Ce qu'il faut comprendre aussi, c'est que tout mythe possède une rationalité qui lui est propre : ce n'est pas parce que nous ne croyons pas aux mythes grecs que ces derniers sont dépourvus de toute rationalité. Le "mythe" de la résistance possède lui aussi une rationalité : nul n'est pourtant contraint d'y croire - pas davantage que ces auteurs ne pouvaient y croire un seul instant, surtout pas De Gaulle, encore moins Malraux : ni l'un ni l'autre n'étaient des imbéciles, tout de même.
Lorsque l'historien Robert Paxton - qui n'est aucunement d'extrême-droite, évalue le pourcentage de résistants effectifs dans la société française à 2% de la population adulte, il ne fait qu'énoncer le mesurable d'une réalité incontestable et incontestée.
Lorsque le Général De Gaulle affirme que la libération s'est effectuée "avec l’appui et le concours de la France toute entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle", il crée du mythique - qui est encore tout autre chose que de la pure affabulation.
Une remarque à ce sujet. Ceux qui contestent avec vigueur et passion que l'on puisse remettre en question le mythe de la résistance ont la mémoire courte... de ce mythe il ne reste pratiquement rien, et nous en sommes sortis depuis des années, en partie seulement du moins. Très exactement depuis le milieu des années 90, lorsque Jacques chirac, en tant que Chef de l'Etat, a reconnu - il n'est jamais trop tard, que "la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français", et même par "la France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile". Il ne viendrait pourtant à l'esprit de personne d'accuser ceux qui ont soutenu le contraire pendant tant d'années en attribuant avec tant de générosité la qualité de "fasciste" à leurs contradicteurs, d'être des complices de Darquier de Pellepoix, Bousquet et compagnie, où encore d'être des "miliciens" dans l'âme, ou je ne sais quelle autre accusation grand'guignolesque...
Il est donc possible, et même légitime, aujourd'hui comme hier, de parler d'un "mythe de la résistance" - éventuellement d'en concevoir la nécessité à un moment donné de l'histoire de France, et pourtant de ne pas y croire un seul instant. Il est en revanche illégitime, et même particulièrement scandaleux, de chercher systématiquement à rendre coupable ceux qui utilisent l'expression "mythe de la résistance" dans un débat, et de leur attribuer des attitudes, des opinions, des pensées qu'ils n'ont aucunement - ou pire, de chercher à faire croire qu'ils entretiennent une sympathie quelconque avec les perpétrateurs d'actes criminels et infâmes commis pendant la guerre. De la même manière, il serait curieux que Jean-Marie Le Pen ait jamais été condamné pour avoir seulement dénoncé un "mythe" auquel il ne souscrit pas : ou alors Jean-Marie Le Pen, c'est Socrate!!!
C'était juste une précision, utile pour comprendre les fameux "tabous" de la société française. Ceci étant écrit, on y reviendra plus. Sauf à tenir absolument à diviser le monde en "gros méchants" et en "super-gentils" et à penser qu'un débat se réduit à une sorte de guéguerre qui consiste essentiellement à trucider l'ennemi avec des suites de gros mots.
Amicalement.
Virgile.
[quote="Cinci"]À mon avis, s'il prend «quand même» le risque de faire fâcher un juge ici et là, mais c'est probablement aussi [b]parce qu'il accepte mal, en son fors intérieur, quelque chose comme l'évolution récente des tabous en la société française[/b]. Ainsi, [b]une raison de cette eau me paraitrait plus crédible[/b], beaucoup moins celle consistant à lui supputer une complexion très vicieuse, celle du vrai pervers polymorphe et ne souhaitant rien d'autre qu'à jouer la fausse victime par compulsion morbide.[/quote]
Bonjour,
en effet, pour poursuivre le débat, il est très important, me semble-t-il, de ne pas se laisser intimider par les tacticiens du recours au terrorisme intellectuel, quelles que soit par ailleurs les opinions que l'on défende, et à condition qu'elles puissent être défendues sans porter atteinte à l'honneur ou à la dignité des personnes. Je pense également qu'il faut lui opposer une résistance déterminée et ferme - parce que l'assignation automatique de "coupables" devant un "tribunal populaire" essentiellement imaginaire ne correspond aucunement à une forme de Justice.
Pour commencer, il faudrait reprendre l'idée de Cinci qu'il existe des tabous dans la société française. Remercions donc Cinci de nous l'indiquer, de manière intelligente.
En premier lieu, il faudrait préciser que lorsque certains intervenants parlent de "mythe" de la résistance, il ne s'agit aucunement d'un "tabou" - le "mythe" en question n'est qu'une expression qui nous vient de toute une rhétorique de l'extrême droite française d'après guerre. Mais cette expression n'est pas fausse parce qu'elle provient de l'extrême-droite.
Ce "mythe de la résistance" a eu deux objectifs que tout le monde peut comprendre : celui d'assurer, d'une façon pratique, l'unité des Français lorsqu'il s'est agit de reconstruire le pays - et celui de préserver l'idéal républicain hérité de la Révolution française : celui de la Nation armée et indivise, unie dans la lutte contre l'envahisseur au nom de la Liberté et des Droits de l'Homme.
La fabrication de ce mythe supposait donc, en premier lieu, la négation systématique de l'adhésion massive des Français au régime de Vichy et à la personne du Maréchal Pétain - ce qui n'a encore rien à voir - il faut absolument le comprendre, avec une adhésion massive des Français à la politique mise en oeuvre par le régime de Vichy. En deuxième lieu, la confection de cet "objet de mémoire" que l'on appelle "Résistance" - et son assimilation à la Nation française. La Nation française a donc "résisté" : fort bien, admettons-le, au titre d'une nécessité historique.
Ce qu'il faut comprendre aussi, c'est que tout mythe possède une rationalité qui lui est propre : ce n'est pas parce que nous ne croyons pas aux mythes grecs que ces derniers sont dépourvus de toute rationalité. Le "mythe" de la résistance possède lui aussi une rationalité : nul n'est pourtant contraint d'y croire - pas davantage que ces auteurs ne pouvaient y croire un seul instant, surtout pas De Gaulle, encore moins Malraux : ni l'un ni l'autre n'étaient des imbéciles, tout de même.
Lorsque l'historien Robert Paxton - qui n'est aucunement d'extrême-droite, évalue le pourcentage de résistants effectifs dans la société française à 2% de la population adulte, il ne fait qu'énoncer le mesurable d'une réalité incontestable et incontestée.
Lorsque le Général De Gaulle affirme que la libération s'est effectuée "avec l’appui et le concours de la France toute entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle", il crée du mythique - qui est encore tout autre chose que de la pure affabulation.
Une remarque à ce sujet. Ceux qui contestent avec vigueur et passion que l'on puisse remettre en question le mythe de la résistance ont la mémoire courte... de ce mythe il ne reste pratiquement rien, et nous en sommes sortis depuis des années, en partie seulement du moins. Très exactement depuis le milieu des années 90, lorsque Jacques chirac, en tant que Chef de l'Etat, a reconnu - il n'est jamais trop tard, que "la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français", et même par "la France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile". Il ne viendrait pourtant à l'esprit de personne d'accuser ceux qui ont soutenu le contraire pendant tant d'années en attribuant avec tant de générosité la qualité de "fasciste" à leurs contradicteurs, d'être des complices de Darquier de Pellepoix, Bousquet et compagnie, où encore d'être des "miliciens" dans l'âme, ou je ne sais quelle autre accusation grand'guignolesque...
Il est donc possible, et même légitime, aujourd'hui comme hier, de parler d'un "mythe de la résistance" - éventuellement d'en concevoir la nécessité à un moment donné de l'histoire de France, et pourtant de ne pas y croire un seul instant. Il est en revanche illégitime, et même particulièrement scandaleux, de chercher systématiquement à rendre coupable ceux qui utilisent l'expression "mythe de la résistance" dans un débat, et de leur attribuer des attitudes, des opinions, des pensées qu'ils n'ont aucunement - ou pire, de chercher à faire croire qu'ils entretiennent une sympathie quelconque avec les perpétrateurs d'actes criminels et infâmes commis pendant la guerre. De la même manière, il serait curieux que Jean-Marie Le Pen ait jamais été condamné pour avoir seulement dénoncé un "mythe" auquel il ne souscrit pas : ou alors Jean-Marie Le Pen, c'est Socrate!!!
C'était juste une précision, utile pour comprendre les fameux "tabous" de la société française. Ceci étant écrit, on y reviendra plus. Sauf à tenir absolument à diviser le monde en "gros méchants" et en "super-gentils" et à penser qu'un débat se réduit à une sorte de guéguerre qui consiste essentiellement à trucider l'ennemi avec des suites de gros mots.
Amicalement.
Virgile.