par etienne lorant » jeu. 09 sept. 2010, 19:28
L'actuel premier ministre belge, Yves Leterme, s'est fait piéger par un journaliste de la BBC, dont j'apprécie le travail - et c'est rare chez moi d'apprécier le travail d'un journaliste. Ce n'est pas tant que Leterme se soit fait "clouer le bec", mais c'est surtout qu'il n'a pas pu cacher une forme de mépris à l'égard des citoyens francophones:
"Yves Leterme aurait-il mieux fait de décliner l’invitation de la BBC ? Lors de l’interview HARDTalk, menée par le journaliste Stephen Sackur, Yves Leterme a été confronté à ses déclarations les plus critiquées. Aucune parade ne fut possible : on ne peut que constater la défaite du Premier ministre face au journaliste britannique bien connu pour ses questions agressives et on ne peut plus franches. L'interview sera diffusée en intégralité jeudi sur la BBC, mais vous pouvez en découvrir un extrait ci-dessous.
Une entrée en douceur
L’interview avait pour thème la présidence belge de l’Union européenne alors que le pays est divisé au niveau communautaire. Le journaliste a donc abordé le conflit belge en le comparant à ce qui se passe au niveau européen : "La partie nord du pays n’est plus disposée à soutenir financièrement la partie sud du pays, qui est plus pauvre, indique Stephen Sackur. En ce sens, la Belgique connaît beaucoup de problèmes que l’Union européenne rencontre, à une autre échelle", estime-t-il. Yves Leterme répond que c’est un problème de diversité, de résultats économiques et de compétitivité entre les économies de Flandre, de Bruxelles et de Wallonie. Que ce qui est en jeu est la sixième réforme du pays. Mais cette explication n’allait pas satisfaire le journaliste de la BBC, qui a sauté sur l’occasion pour rappeler les propos que le Premier ministre a tenus il y a quelques temps. Des propos qui avaient profondément choqué l’opinion publique…
L’attitude flamande, comparée à l’exaspération allemande
"Si je peux m’exprimer ainsi, monsieur le Premier ministre, vous essayez de neutraliser la réelle angoisse que connaît la Belgique. Il me semble qu’il y a une comparaison à faire avec l’image de l’Union européenne. On a entendu beaucoup d’Allemands dire qu’ils en avaient assez de ce qu’ils perçoivent comme un soutien envers les Grecs qui ne seraient pas disposés à travailler aussi dur que le font les Allemands. De façon comparable, en Belgique, on entend beaucoup de Flamands dire qu’ils en ont marre du soutien à offrir aux Wallons. Et vous avez aggravé cette tension dans le passé ! En effet, vous avez dit que les Wallons étaient trop paresseux, ou souffraient d’un manque de capacités intellectuelles pour pouvoir apprendre le néerlandais", lance le journaliste. Yves Leterme acquiesce, avant de préciser : "C’est l’aspect linguistique du problème".
Un manque de respect ? Cela dépend du point de vue
"Je comprends l’aspect linguistique, mais vous avez dit qu’ils étaient paresseux", répète le journaliste. Yves Leterme dément : "Non, j’ai dit qu’il y avait un problème. Qu’ils ne parlaient pas assez le français (sic), même en ce qui concerne les politiciens à l’époque. Et donc, soit c’est parce qu’ils ne le veulent pas, soit c’est parce qu’ils ne peuvent pas", répond-il.
Echec et mat
La séquence qui suit est probablement la plus intéressante. C’est en quelque sorte la fin de la partie menée entre le journaliste Stephen Sackur et Yves Leterme. Et elle semble remportée haut la main par le britannique, connu pour ses questions à double tranchant. "Franchement, vous n’êtes pas un politicien adéquat pour les Wallons, confie Stephen Sackur. Vous donnez le sentiment que vous avez un certain manque de respect pour leur communauté et leur façon de faire", dit-il. "Ce n’est pas un manque de respect", répond Yves Letemre d’une petite voix et en haussant les épaules. "Regrettez-vous les mots que vous avez utilisés?, demande Stephen Sackur. Vous avez aussi parlé du fait que la Belgique était un accident historique, et que les seules choses que les Belges avaient en commun étaient le Roi, l’équipe nationale de football, et la bière", raille-t-il.
"Non, la Belgique est un des 27 états membres de l’Union européenne, c’est un pays où nous avons deux…trois communautés et trois régions avec leurs différences et leur intérêts communs. La question, maintenant est de savoir si nous pouvons trouver un compromis et si nous pouvons l’utiliser dans une sixième réforme de l’Etat", conclut le Premier ministre.
.. pas très glorieux, tout çà...
L'actuel premier ministre belge, Yves Leterme, s'est fait piéger par un journaliste de la BBC, dont j'apprécie le travail - et c'est rare chez moi d'apprécier le travail d'un journaliste. Ce n'est pas tant que Leterme se soit fait "clouer le bec", mais c'est surtout qu'il n'a pas pu cacher une forme de mépris à l'égard des citoyens francophones:
"Yves Leterme aurait-il mieux fait de décliner l’invitation de la BBC ? Lors de l’interview HARDTalk, menée par le journaliste Stephen Sackur, Yves Leterme a été confronté à ses déclarations les plus critiquées. Aucune parade ne fut possible : on ne peut que constater la défaite du Premier ministre face au journaliste britannique bien connu pour ses questions agressives et on ne peut plus franches. L'interview sera diffusée en intégralité jeudi sur la BBC, mais vous pouvez en découvrir un extrait ci-dessous.
Une entrée en douceur
L’interview avait pour thème la présidence belge de l’Union européenne alors que le pays est divisé au niveau communautaire. Le journaliste a donc abordé le conflit belge en le comparant à ce qui se passe au niveau européen : "La partie nord du pays n’est plus disposée à soutenir financièrement la partie sud du pays, qui est plus pauvre, indique Stephen Sackur. En ce sens, la Belgique connaît beaucoup de problèmes que l’Union européenne rencontre, à une autre échelle", estime-t-il. Yves Leterme répond que c’est un problème de diversité, de résultats économiques et de compétitivité entre les économies de Flandre, de Bruxelles et de Wallonie. Que ce qui est en jeu est la sixième réforme du pays. Mais cette explication n’allait pas satisfaire le journaliste de la BBC, qui a sauté sur l’occasion pour rappeler les propos que le Premier ministre a tenus il y a quelques temps. Des propos qui avaient profondément choqué l’opinion publique…
L’attitude flamande, comparée à l’exaspération allemande
"Si je peux m’exprimer ainsi, monsieur le Premier ministre, vous essayez de neutraliser la réelle angoisse que connaît la Belgique. Il me semble qu’il y a une comparaison à faire avec l’image de l’Union européenne. On a entendu beaucoup d’Allemands dire qu’ils en avaient assez de ce qu’ils perçoivent comme un soutien envers les Grecs qui ne seraient pas disposés à travailler aussi dur que le font les Allemands. De façon comparable, en Belgique, on entend beaucoup de Flamands dire qu’ils en ont marre du soutien à offrir aux Wallons. Et vous avez aggravé cette tension dans le passé ! En effet, vous avez dit que les Wallons étaient trop paresseux, ou souffraient d’un manque de capacités intellectuelles pour pouvoir apprendre le néerlandais", lance le journaliste. Yves Leterme acquiesce, avant de préciser : "C’est l’aspect linguistique du problème".
Un manque de respect ? Cela dépend du point de vue
"Je comprends l’aspect linguistique, mais vous avez dit qu’ils étaient paresseux", répète le journaliste. Yves Leterme dément : "Non, j’ai dit qu’il y avait un problème. Qu’ils ne parlaient pas assez le français (sic), même en ce qui concerne les politiciens à l’époque. Et donc, soit c’est parce qu’ils ne le veulent pas, soit c’est parce qu’ils ne peuvent pas", répond-il.
Echec et mat
La séquence qui suit est probablement la plus intéressante. C’est en quelque sorte la fin de la partie menée entre le journaliste Stephen Sackur et Yves Leterme. Et elle semble remportée haut la main par le britannique, connu pour ses questions à double tranchant. "Franchement, vous n’êtes pas un politicien adéquat pour les Wallons, confie Stephen Sackur. Vous donnez le sentiment que vous avez un certain manque de respect pour leur communauté et leur façon de faire", dit-il. "Ce n’est pas un manque de respect", répond Yves Letemre d’une petite voix et en haussant les épaules. "Regrettez-vous les mots que vous avez utilisés?, demande Stephen Sackur. Vous avez aussi parlé du fait que la Belgique était un accident historique, et que les seules choses que les Belges avaient en commun étaient le Roi, l’équipe nationale de football, et la bière", raille-t-il.
"Non, la Belgique est un des 27 états membres de l’Union européenne, c’est un pays où nous avons deux…trois communautés et trois régions avec leurs différences et leur intérêts communs. La question, maintenant est de savoir si nous pouvons trouver un compromis et si nous pouvons l’utiliser dans une sixième réforme de l’Etat", conclut le Premier ministre.
.. pas très glorieux, tout çà...