par Cinci » mar. 07 juil. 2015, 1:59
Lys_sul écrivait :
Je ne fais pas du « SNCF bashing » mais il est aussi mensonger de prétendre qu'un monopole public est la seule option pour une économie, sachant que dans les autres pays cela s'ouvre déjà à la privatisation, car l'État n'est plus capable.
Peccator rétorquait :
Supposer qu'un monopole est toujours une mauvaise chose est un dogme infondé.
Lys_Sul demandait en retour :
Des exemples?
Au Québec, la Société des alcools du Québec représenterait bien un monopole d'État rentable pour la collectivité, c'est à dire avantageux pour les employés qui ont la bonne fortune d'y être, indispensable pour les producteurs locaux et parfait pour les consommateurs. La formule est gagnante.
En novembre 2014, l'ancien PDG de la SAQ s'exprimait dans une lettre ouverte soit un petit commentaire alors publié dans un des grands quotidiens montréalais bien connu. L'homme avait été grand patron «superstar des affaires» durant sa carrière, ayant pu oeuvrer longtemps dans le secteur privé, puis gouvernemental à la toute fin. Il était bien placé pour comparer le pour et le contre.
Au départ
Le contexte global est celui où des «petites frappes», des baveux (comme disait naguère feu Michel Chartrand, ex-syndicaliste léonin à la langue bien pendue), des jeunes cons de la radio poubelle n'ont jamais cesse d'en appeler au sacrifice du monopole d'État, sur les tribunes publics, pour de pures raisons idéologiques à la noix, parce qu'il fait jeune de parler de la sorte, il ferait hip, il ferait "dans le vent", il ferait google-mentalité, il ferait «homme libre», il ferait courageux et progressiste, parce qu'il serait rafraïchissant de pouvoir s'attaquer à la tronçonneuse aux interdits moraux de papa et gnagnagna ... pour emmerder les syndicats surtout, ces empêcheurs de jouir en rond, ces éteignoirs de concupiscence des jeunes affairistes aux grandes dents, ces responsables du grand marasme, ces salauds de syndicalistes alliés aux vilains fonctionnaires irresponsables du gouvernement qui font tout stagner. «Vivement qu'on puisse mettre un terme au maternage de l'État ! Nous aimons les couillus qui veulent pratiquer le saut sans parachute !»
Voici la réponse mesurée de monsieur Frigon, en novembre 2014, lui qui fut un affairiste de carrière pourtant.
La lettre :
«La plupart des intervenants qui prônent la privatisation de la SAQ le font sur la base que le secteur privé peut faire un meilleur travail que le secteur public. Ayant travaillé dans ces deux secteurs, j'ai été à même de constater les forces et les faiblesses de chacun d'eux. Aussi, je laisse volontairement de côté les arguments subjectifs ainsi que les chiffres à qui on peut faire dire à peu près n'importe quoi, dépendant de quel côté de la clôture on se situe, pour m'en tenir seulement à des faits vécus et vérifiables.
Voici mon argumentaire : dans le privé, on vend l'espace de tablette, la plupart du temps au plus offrant, et on s'arrange pour maximiser la profitabilité, en faisant le maximum de ventes avec le minimum de produits et le minimum d'espace tablette. C'est dans l'ordre des choses et c'est tout à fait normal.
Cependant, il s'agit d'un concept qu'il ne faut pas appliquer dans la mise en marché du vin. D'une part, seuls les gros producteurs auraient les moyens d'acheter de l'espace tablette alors que l'industrie du vin est composée en majeure partie de petits producteurs, et, d'autre part, quand on parle du vin, on parle de millesimes, de cépages, d'ensoleillement, etc. En d'autres termes, chaque vin est différent de son voisin et c'est pourquoi il faut maximiser et non minimiser le nombre de produits en magasin. [...]
J'ai été témoin d'histoires d'horreur quand je travaillais en alimentation. En voici un exemple : un des grands de l'alimentation vendait à haut prix 100% de son espace tablette dédié au vin à un seul embouteilleur, Vincor, une entreprise ontarienne aujourd'hui propriété de Constellation Wines de New-York. Et cette même entreprise le fait encore aujourd'hui. Cela signifie que ce géant de l'alimentation élimine en partant les cinq autres embouteilleurs, comme si les vins embouteillés par ces derniers ne faisaient pas le poids.
Je n'ai aucune raison de croire que les épiciers agiraient différemment si un jour ils remplaçaient la SAQ. Les petits producteurs qui ,la plupart du temps, ont des vins considérés comme uniques, ne pourraient plus concurrencer les Gallo et autres gros producteurs de la planète qui avanceraient des millions de dollars pour acheter le maximum d'espace en magasin.
Du côté américain
Tournons-nous alors du côté des États-Unis où existe encore une vingtaine de monopoles d'État, dont le New Hampshire et la Pennsylvanie, deux États proches du Québec. Ces deux États sont entourés par d'autres États où les boissons alcooliques sont vendues par le privé. Eh bien, plus de 25% des vins vendus par le Pennsylvania Control Board le sont à des consommateurs d'États avoisinants. Pourquoi ? Leurs succursales ont une meilleure sélection, un meilleur service et des prix similaires d'une succursale à l'autre. Et le même phénomène se produit avec le New Hampshire Liquor Commission.
Mais il y a un autre argument très important qui milite contre la privatisation de la SAQ. Il s'agit des spiritueux qui peuvent facilement être imités (fausse étiquette, fausse bouteille, faux produit). Il serait très tentant pour le privé d'acheter ces faux spiritueux, à des prix dérisoires, sans que le client s'en rende compte. Il faut d'ailleurs visiter l'entrepôt de la SAQ consacré à l'entreposage d'alcool frelaté saisi par les différents corps policiers pour réaliser à quel point ce problème est majeur.
Source : Gaetan Frigon, «La SAQ et le mythe du privé», Le Journal de Montréal, le 5 novembre 2014
En somme, le monsieur signalait tout juste comment le commerce privé élimine la concurrence, réduit l'offre, ne permet plus à de petits producteurs locaux de faire des affaires. C'est vrai dans le secteur de la distribution des vins. Les épiciers privés au Québec écouleraient la marchandise des gros producteurs américains au détriment des producteurs du Québec entre autres. L'intérêt du gouvernement québécois serait complètement nul, non seulement en s'amputant des milliards de profits qu'il peut déjà retirer actuellement (à une époque oũ les entrées d'argent au gouvernement sont impérieuses !) mais s'il fallait qu'il abandonâssent ceux-ci à une poignée d'hommes d'affaires, en privatisant; mais encore en ce qu'il ne permettrait plus la survie des producteurs de vins québécois à terme. Le démarrage de l'industrie vinicole au Québec fut possible grâce à ce monopole d'État.
[...]
L'hydro-électricité serait un autre exemple du monopole étatique avantageux, avec le secteur de l'armement, le secteur des mines (au Chili, le seul secteur que même le général Pinochet aura refusé de privatiser), du pétrole, des transports, etc.
Lys_sul écrivait :
[i] Je ne fais pas du « SNCF bashing » mais il est aussi mensonger de prétendre qu'un monopole public est la seule option pour une économie, sachant que dans les autres pays cela s'ouvre déjà à la privatisation, car l'État n'est plus capable.[/i]
Peccator rétorquait :
[quote] Supposer qu'un monopole est toujours une mauvaise chose est un dogme infondé.[/quote]
Lys_Sul demandait en retour :
[quote]Des exemples?[/quote]
Au Québec, la Société des alcools du Québec représenterait bien un monopole d'État rentable pour la collectivité, c'est à dire avantageux pour les employés qui ont la bonne fortune d'y être, indispensable pour les producteurs locaux et parfait pour les consommateurs. La formule est gagnante.
En novembre 2014, l'ancien PDG de la SAQ s'exprimait dans une lettre ouverte soit un petit commentaire alors publié dans un des grands quotidiens montréalais bien connu. L'homme avait été grand patron «superstar des affaires» durant sa carrière, ayant pu oeuvrer longtemps dans le secteur privé, puis gouvernemental à la toute fin. Il était bien placé pour comparer le pour et le contre.
[b]Au départ [/b]
Le contexte global est celui où des «petites frappes», des baveux (comme disait naguère feu Michel Chartrand, ex-syndicaliste léonin à la langue bien pendue), des jeunes cons de la radio poubelle n'ont jamais cesse d'en appeler au sacrifice du monopole d'État, sur les tribunes publics, pour de pures raisons idéologiques à la noix, parce qu'il fait jeune de parler de la sorte, il ferait hip, il ferait "dans le vent", il ferait google-mentalité, il ferait «homme libre», il ferait courageux et progressiste, parce qu'il serait rafraïchissant de pouvoir s'attaquer à la tronçonneuse aux interdits moraux de papa et gnagnagna ... pour emmerder les syndicats surtout, ces empêcheurs de jouir en rond, ces éteignoirs de concupiscence des jeunes affairistes aux grandes dents, ces responsables du grand marasme, ces salauds de syndicalistes alliés aux vilains fonctionnaires irresponsables du gouvernement qui font tout stagner. «Vivement qu'on puisse mettre un terme au maternage de l'État ! Nous aimons les couillus qui veulent pratiquer le saut sans parachute !»
Voici la réponse mesurée de monsieur Frigon, en novembre 2014, lui qui fut un affairiste de carrière pourtant.
La lettre :
[quote]«La plupart des intervenants qui prônent la privatisation de la SAQ le font sur la base que le secteur privé peut faire un meilleur travail que le secteur public. Ayant travaillé dans ces deux secteurs, j'ai été à même de constater les forces et les faiblesses de chacun d'eux. Aussi, je laisse volontairement de côté les arguments subjectifs ainsi que les chiffres à qui on peut faire dire à peu près n'importe quoi, dépendant de quel côté de la clôture on se situe, pour m'en tenir seulement à des faits vécus et vérifiables.
Voici mon argumentaire : dans le privé, on vend l'espace de tablette, la plupart du temps au plus offrant, et on s'arrange pour maximiser la profitabilité, en faisant le maximum de ventes avec le minimum de produits et le minimum d'espace tablette. C'est dans l'ordre des choses et c'est tout à fait normal.
Cependant, il s'agit d'un concept qu'il ne faut pas appliquer dans la mise en marché du vin. D'une part, seuls les gros producteurs auraient les moyens d'acheter de l'espace tablette alors que l'industrie du vin est composée en majeure partie de petits producteurs, et, d'autre part, quand on parle du vin, on parle de millesimes, de cépages, d'ensoleillement, etc. En d'autres termes, chaque vin est différent de son voisin et c'est pourquoi il faut maximiser et non minimiser le nombre de produits en magasin. [...]
J'ai été témoin d'histoires d'horreur quand je travaillais en alimentation. En voici un exemple : un des grands de l'alimentation vendait à haut prix 100% de son espace tablette dédié au vin à un seul embouteilleur, Vincor, une entreprise ontarienne aujourd'hui propriété de Constellation Wines de New-York. Et cette même entreprise le fait encore aujourd'hui. Cela signifie que ce géant de l'alimentation élimine en partant les cinq autres embouteilleurs, comme si les vins embouteillés par ces derniers ne faisaient pas le poids.
Je n'ai aucune raison de croire que les épiciers agiraient différemment si un jour ils remplaçaient la SAQ. Les petits producteurs qui ,la plupart du temps, ont des vins considérés comme uniques, ne pourraient plus concurrencer les Gallo et autres gros producteurs de la planète qui avanceraient des millions de dollars pour acheter le maximum d'espace en magasin.
[b]Du côté américain[/b]
Tournons-nous alors du côté des États-Unis où existe encore [u]une vingtaine de monopoles d'État[/u], dont le New Hampshire et la Pennsylvanie, deux États proches du Québec. Ces deux États sont entourés par d'autres États où les boissons alcooliques sont vendues par le privé. Eh bien, plus de 25% des vins vendus par le [i]Pennsylvania Control Board[/i] le sont à des consommateurs d'États avoisinants. Pourquoi ? Leurs succursales ont une meilleure sélection, un meilleur service et des prix similaires d'une succursale à l'autre. Et le même phénomène se produit avec le[i] New Hampshire Liquor Commission[/i].
Mais il y a un autre argument très important qui milite contre la privatisation de la SAQ. Il s'agit des spiritueux qui peuvent facilement être imités (fausse étiquette, fausse bouteille, faux produit). Il serait très tentant pour le privé d'acheter ces faux spiritueux, à des prix dérisoires, sans que le client s'en rende compte. Il faut d'ailleurs visiter l'entrepôt de la SAQ consacré à l'entreposage d'alcool frelaté saisi par les différents corps policiers pour réaliser à quel point ce problème est majeur.
Source : Gaetan Frigon, «La SAQ et le mythe du privé», [u]Le Journal de Montréal[/u], le 5 novembre 2014[/quote]
En somme, le monsieur signalait tout juste comment le commerce privé élimine la concurrence, réduit l'offre, ne permet plus à de petits producteurs locaux de faire des affaires. C'est vrai dans le secteur de la distribution des vins. Les épiciers privés au Québec écouleraient la marchandise des gros producteurs américains au détriment des producteurs du Québec entre autres. L'intérêt du gouvernement québécois serait complètement nul, non seulement en s'amputant des milliards de profits qu'il peut déjà retirer actuellement (à une époque oũ les entrées d'argent au gouvernement sont impérieuses !) mais s'il fallait qu'il abandonâssent ceux-ci à une poignée d'hommes d'affaires, en privatisant; mais encore en ce qu'il ne permettrait plus la survie des producteurs de vins québécois à terme. Le démarrage de l'industrie vinicole au Québec fut possible grâce à ce monopole d'État.
[...]
L'hydro-électricité serait un autre exemple du monopole étatique avantageux, avec le secteur de l'armement, le secteur des mines (au Chili, le seul secteur que même le général Pinochet aura refusé de privatiser), du pétrole, des transports, etc.