par Christian » mar. 07 juin 2005, 22:46
1] Pour les holistes (ou totalitaires), la collectivité possède une existence substantielle. Le Bien Commun est pour eux le bien de la collectivité considérée en elle-même, c’est-à-dire de façon autonome vis-à-vis de ses membres. La collectivité est donc un être-pour-soi tandis que les êtres humains qui la composent naturellement, sont des êtres-pour-la-collectivité. La communauté possède ainsi la primauté sur les êtres humains considérés individuellement et auxquels elle s’oppose manifestement.
2] Pour les individualistes libéraux, l’homme est un être rationnel et égoïste. S’il fait société, ce n’est pas par nature, mais par contrat et parce qu’il y trouve personnellement intérêt. L’intérêt des individus étant la raison d’être de la société, le Bien Commun qui doit être recherché est la raison pour laquelle la société a été institué : l’intérêt des individus. Cette sociabilité ne demeure que tant que les intérêts de l’individus sont garantis.
3] Pour les personnalistes, l’homme est un être spirituel et naturellement sociable mais il reste un être-pour-soi car il est à l’image de Dieu. La société a pour fin, dans l’ordre naturel, la personne humaine et le Bien Commun est le bien de la personne humaine, c’est-à-dire son développement intégral. La personne individuelle doit se mettre au service de la société, car c’est d’elle, par elle et en elle qu’il peut devenir un homme à part entière.
4] Pour les « communautaristes chrétiens », l’homme est un être spirituel, naturellement sociable, mais c’est un être-pour-Dieu, car il fait partie de la création et que toute la création est ordonnée au bien universel, c’est-à-dire à la volonté de Dieu. Dans l’ordre naturel, l’homme est ordonné à Dieu ; mais la société est ordonnée à l’homme. Le Bien Commun est proprement le « bien » de la société, au sens où le « bien » d’une chose se situe dans l’accomplissement de sa vocation naturelle. Le Bien Commun est ici encore le développement intégral de la personne humaine. Mais la personne individuelle ne sert pas la société pour elle-même ou pour soi-même, mais parce que cela fait partie du dessein divin. Il ne le fait pas par intérêt (bien ou mal compris), mais, comme chez les holistes, par devoir.
Dans tous les cas, l’Etat, institution du politique a pour rôle de promouvoir le Bien Commun, soit en luttant contre les intérêts individuels, soit en défendant les intérêts individuels, soit en mettant la société au service de la personne humaine, soit en se portant garant de l’ordre naturel transcendant.
Après les longs discours de mes interventions précédentes, et pour reprendre ta classification ci-dessus, mon cher Christophe, je dirai ceci :
Certaines communautés sont
holistes/totalitaires
Ma famille possède une ‘existence substantielle’. Elle est un être pour-soi ; en la fondant, je suis devenu un ‘être-pour-elle’. Elle a une primauté sur l’individu que je suis, je lui sacrifie mes intérêts personnels, et peut-être, dans certaines circonstances, qui sait, lui sacrifierais-je ma vie. L’Eglise, pour ceux et celles qui y sont consacrés, est aussi une communauté de cet ordre ; l’Armée, pour les professionnels, etc.
Certaines communautés sont établies par des êtres humains (
individualistes libéraux) pour des raisons d’intérêt personnel : entreprises, syndicats, associations sportives, culturelles, etc. Cette sociabilité ne demeure que tant que le projet personnel des individus (gagner de l’argent, monter une représentation théâtrale..) se réalise à travers la communauté.
Certaines communautés sont
personnalistes. Elles visent le développement intégral de la personne humaine. Mes amis forment typiquement pour moi une communauté de ce genre (et je retrouve certains d’entre eux dans les associations diverses mentionnées ci-dessus). Une autre communauté de cet ordre est celle que je forme avec mes maîtres, vivants ou morts, qui m’ont appris à penser, qui m’ont légué une langue et une culture, et m’ont appris à voir le Beau, le Vrai et le Bien (ces majuscules sont furieusement ringardes, je sais). Les communautés New Age, l’Abbaye rabelaisienne de Thélème, etc., sont des exemples, me semble-t-il, de telles communautés.
Et enfin le
communautarisme chrétien, exemple d’une communauté qui vise au développement intégral de l’être humain, que l’être humain cependant ne sert pas pour elle-même ni pour lui-même, mais parce qu’il reconnaît dans cette communauté le dessein divin. D’autres communautés de croyants, chrétiens ou pas, sont de cet ordre.
Dans tous les cas, l’Etat (si Etat il y a), n’a pas à intervenir dans le fonctionnement de ces communautés, qui poursuivent chacune leur bien commun, SAUF pour y faire respecter le Bien commun à tous les êtres humains, le Droit de propriété de chaque être humain sur son corps et sur ses biens, qu’une de ces communautés transgresserait. Ce serait le cas si l’une instituait le travail forcé, séquestrait un individu qui souhaiterait quitter la communauté, pratiquait la mutilation des enfants (qui par définition ne peuvent avoir donné leur consentement), etc.
En d’autres termes, chacune de ces communautés est légitime, quel que soit le but poursuivi, tant qu’elle ne viole pas le Droit, et donc ne se constitue pas en société politique.
Et pour cette raison qu’elles ne sont pas politiques, et donc ne réclament pas un monopole sur notre personne, nous pouvons appartenir en même temps à des communautés relevant de chacune de ces classifications. Chacun de nous s'en trouve spirituellement et matériellement enrichi.
Bien à toi
Christian
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1] Pour les holistes (ou totalitaires), la collectivité possède une existence substantielle. Le Bien Commun est pour eux le bien de la collectivité considérée en elle-même, c’est-à-dire de façon autonome vis-à-vis de ses membres. La collectivité est donc un être-pour-soi tandis que les êtres humains qui la composent naturellement, sont des êtres-pour-la-collectivité. La communauté possède ainsi la primauté sur les êtres humains considérés individuellement et auxquels elle s’oppose manifestement.
2] Pour les individualistes libéraux, l’homme est un être rationnel et égoïste. S’il fait société, ce n’est pas par nature, mais par contrat et parce qu’il y trouve personnellement intérêt. L’intérêt des individus étant la raison d’être de la société, le Bien Commun qui doit être recherché est la raison pour laquelle la société a été institué : l’intérêt des individus. Cette sociabilité ne demeure que tant que les intérêts de l’individus sont garantis.
3] Pour les personnalistes, l’homme est un être spirituel et naturellement sociable mais il reste un être-pour-soi car il est à l’image de Dieu. La société a pour fin, dans l’ordre naturel, la personne humaine et le Bien Commun est le bien de la personne humaine, c’est-à-dire son développement intégral. La personne individuelle doit se mettre au service de la société, car c’est d’elle, par elle et en elle qu’il peut devenir un homme à part entière.
4] Pour les « communautaristes chrétiens », l’homme est un être spirituel, naturellement sociable, mais c’est un être-pour-Dieu, car il fait partie de la création et que toute la création est ordonnée au bien universel, c’est-à-dire à la volonté de Dieu. Dans l’ordre naturel, l’homme est ordonné à Dieu ; mais la société est ordonnée à l’homme. Le Bien Commun est proprement le « bien » de la société, au sens où le « bien » d’une chose se situe dans l’accomplissement de sa vocation naturelle. Le Bien Commun est ici encore le développement intégral de la personne humaine. Mais la personne individuelle ne sert pas la société pour elle-même ou pour soi-même, mais parce que cela fait partie du dessein divin. Il ne le fait pas par intérêt (bien ou mal compris), mais, comme chez les holistes, par devoir.
Dans tous les cas, l’Etat, institution du politique a pour rôle de promouvoir le Bien Commun, soit en luttant contre les intérêts individuels, soit en défendant les intérêts individuels, soit en mettant la société au service de la personne humaine, soit en se portant garant de l’ordre naturel transcendant. [/quote]
Après les longs discours de mes interventions précédentes, et pour reprendre ta classification ci-dessus, mon cher Christophe, je dirai ceci :
Certaines communautés sont [i]holistes/totalitaires[/i]
Ma famille possède une ‘existence substantielle’. Elle est un être pour-soi ; en la fondant, je suis devenu un ‘être-pour-elle’. Elle a une primauté sur l’individu que je suis, je lui sacrifie mes intérêts personnels, et peut-être, dans certaines circonstances, qui sait, lui sacrifierais-je ma vie. L’Eglise, pour ceux et celles qui y sont consacrés, est aussi une communauté de cet ordre ; l’Armée, pour les professionnels, etc.
Certaines communautés sont établies par des êtres humains ([i]individualistes libéraux[/i]) pour des raisons d’intérêt personnel : entreprises, syndicats, associations sportives, culturelles, etc. Cette sociabilité ne demeure que tant que le projet personnel des individus (gagner de l’argent, monter une représentation théâtrale..) se réalise à travers la communauté.
Certaines communautés sont [i]personnalistes[/i]. Elles visent le développement intégral de la personne humaine. Mes amis forment typiquement pour moi une communauté de ce genre (et je retrouve certains d’entre eux dans les associations diverses mentionnées ci-dessus). Une autre communauté de cet ordre est celle que je forme avec mes maîtres, vivants ou morts, qui m’ont appris à penser, qui m’ont légué une langue et une culture, et m’ont appris à voir le Beau, le Vrai et le Bien (ces majuscules sont furieusement ringardes, je sais). Les communautés New Age, l’Abbaye rabelaisienne de Thélème, etc., sont des exemples, me semble-t-il, de telles communautés.
Et enfin le [i]communautarisme chrétien[/i], exemple d’une communauté qui vise au développement intégral de l’être humain, que l’être humain cependant ne sert pas pour elle-même ni pour lui-même, mais parce qu’il reconnaît dans cette communauté le dessein divin. D’autres communautés de croyants, chrétiens ou pas, sont de cet ordre.
Dans tous les cas, l’Etat (si Etat il y a), n’a pas à intervenir dans le fonctionnement de ces communautés, qui poursuivent chacune leur bien commun, SAUF pour y faire respecter le Bien commun à tous les êtres humains, le Droit de propriété de chaque être humain sur son corps et sur ses biens, qu’une de ces communautés transgresserait. Ce serait le cas si l’une instituait le travail forcé, séquestrait un individu qui souhaiterait quitter la communauté, pratiquait la mutilation des enfants (qui par définition ne peuvent avoir donné leur consentement), etc.
En d’autres termes, chacune de ces communautés est légitime, quel que soit le but poursuivi, tant qu’elle ne viole pas le Droit, et donc ne se constitue pas en société politique.
Et pour cette raison qu’elles ne sont pas politiques, et donc ne réclament pas un monopole sur notre personne, nous pouvons appartenir en même temps à des communautés relevant de chacune de ces classifications. Chacun de nous s'en trouve spirituellement et matériellement enrichi.
Bien à toi
Christian