Sommes-nous libres ?

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Re: Sommes-nous libres ?

par Boris » jeu. 13 sept. 2007, 13:57

Christian a écrit :Et il n’y a que les salauds qui iraient dire à ceux qui souffrent : « Il est moral que vous souffriez ».
C'est là que vous montrez que vous n'avez rien compris et que vous êtes dans l'idéologie utilitariste et qui tend vers l'hédonisme.

Les textes que j'ai posté montre que la souffrance n'a rien à voir avec la morale.
A la Bse Mère Thérésa, oui je lui dirai qu'il est morale qu'elle souffre. En fait ce qui est moralement bon, ce n'est pas sa souffrance mais c'est son action auprès des plus petits et qui entraine cette souffrance.

Idem pour St François qui par son exemple a empêcher l'hérésie cathare de se développer en Italie et qui a ramené à la Foi pas mal de monde.

Je note que comme d'habitude vous lisez la moitié de mes propos, notamment lorsque j'ai dit qu'il ne faut pas rechercher le dolorisme.

Vous confondez également pauvreté et misère.

Ouvrez un dictionnaire et apprenez le sens des mots. Ouvrez les ouvrages de morale chrétienne et instruisez-vous au lieu de jouer la girouette dans les idées.

Re: Sommes-nous libres ?

par Christian » jeu. 13 sept. 2007, 11:46

Heureux, vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous!
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés! Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez!
Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'ils vous excommunieront et insulteront, et proscriront votre nom comme mauvais à cause du Fils de l'homme.
J’ai répondu par avance dans mon article précédent : « Jésus dit Bienheureux les pauvres. Il ne dit pas Bienheureuse pauvreté ».

Heureusement d’ailleurs. La pauvreté, la faim, l’affliction, la persécution sont des maux absolus. Loin de les priser, il faut les combattre sans relâche, non ?

Ne voyez qu'un sujet de joie, mes frères, dans les épreuves de toute sorte qui tombent sur vous
Qui tombent sur vous. Et elles tombent assez drues qu’on n’ait pas besoin de les chercher.

Ma condamnation du texte de Saint François réside en ceci qu’il semble jouir à l’idée des mauvais traitements que ses frères pourraient lui infliger. Tous les deux kilomètres, il en rajoute. Et dans son orgueil (eh, oui, à la réflexion, c’est peut-être bien cela), il souhaite : je vais être fort, et je supporterai tout, patiemment et avec allégresse, je saurai me vaincre.

L’ineptie de cette anecdote franciscaine saute aux yeux quand on retourne le propos. Le Père Abbé au frère tourier : « Quand tu verras venir deux moines fourbus, crottés, affamés, ne leur ouvre pas la porte pour qu’ils connaissent la joie. Attends, prends même un bâton, chasse-les, traite-les de ribauds et d’imposteurs, caresse leur les côtes et laisse-les dans la boue, pour qu’ils connaissent la Joie parfaite. » <:

Non, désolé.

"Aimer, c'est vouloir du bien à quelqu'un"
Sans doute. Quel rapport avec notre propos ?

Je vous le dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. A celui qui te frappe sur une joue, présente l'autre. A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez quand vous êtes sûrs qu'on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu'on leur rende l'équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »
Vous n’avez rien compris. Jésus dit « le Mal est dans le monde ». Vous devez faire tout ce que vous pouvez pour le court-circuiter, mais vous ne l’éviterez pas. Alors voilà mon enseignement pour arrêter la propagation du Mal. Si quelqu’un prend de lui-même l’initiative de te frapper, tends-lui l’autre joue. Jésus ne dit pas : cherche le martyre, cherche les gens qui te frapperont, et demande-leur d’en rajouter. Si tu as des ennemis, aime-les, mais ne va pas te faire des ennemis pour montrer quel cœur magnanime tu possèdes, etc. etc.

La démarche que Jésus trace ici n’est absolument pas celle des doloristes, qui souhaitent la souffrance pour manifester prétendument leur attachement au Seigneur. Des religieux qui trouveraient une joie profonde après avoir été violés, ne seraient-ils pas un peu suspects ?

Nous n’avons pas à rechercher les épreuves, au contraire. Elles viennent si elles doivent venir, et contrairement à l’anecdote franciscaine, prions pour qu’elles nous soient épargnées.

l'Esprit Saint lui-même accomplit son oeuvre en mobilisant l'être tout entier y compris ses douleurs, craintes et tristesses, comme il apparaît dans l'Agonie et la Passion du Seigneur.
Oui, ok, bien sûr, tout est sanctifiable, y compris les douleurs, les craintes et les tristesses.

Mais pourquoi aimer ce qui fait mal ? La Création est magnifique. Nous, créatures, avons des corps qui sont source inépuisable de plaisirs et d’émotions. Dieu nous a donné une intelligence pour dialoguer avec Lui, l’Esprit nous guide dans la voie de la science et de la technologie précisément pour soulager nos peines. Célébrons la beauté, louons le Seigneur pour Ses bienfaits, accueillons les épreuves non pas comme un bien en soi, mais comme un test à passer dans la voie de notre humanisation (ou sanctification, ou divinisation, c’est tout un).

Toujours influencé par l'idéologie utilitaire, cherchant à accorder une grande importance au plaisir et à minimiser la douleur pour le plus grand nombre possible de personnes, le concept de qualité de vie a conduit à identifier fortement la souffrance à la moralité 18 : la souffrance est considérée à tort comme absurde et immorale
L’auteur confond l’utilitarisme et l’hédonisme. Le concept de qualité de vie appartient au second courant. Cela dit, la souffrance est à combattre, point final. Et il n’y a que les salauds qui iraient dire à ceux qui souffrent : « Il est moral que vous souffriez ».
:mal:

Affirmer, comme le fait la philosophie utilitariste, que le bien-être et par extension le plaisir constituent quelque chose de bon ou une exigence à atteindre se trouve à l'origine d'une erreur largement répandue dans la culture hédoniste actuelle : on confond ce qui est bon dans le sens désirable, avec ce qui est bon dans le sens moral 21. L'usage courant de l'expression qualité de vie peut amener à identifier ce qui est agréable à ce qui est moralement correct. C'est une donnée de bon sens que tout ce qui est agréable n'est pas nécessairement moralement correct. Bien agir peut être agréable en certaines occasions, mais douloureux ou exigeant dans d'autres. La confusion existant dans la conscience de l'homme entre le bien moral et le plaisir empêche de comprendre que la souffrance et le bonheur ne s'excluent pas nécessairement ; elle tend, d'autre part, à fermer la raison au fait que la souffrance - comme nous l'avons dit plus haut - fait partie, de manière inévitable, de l'expérience de l'humanité et de la vie de l'homme.
Bien sûr que tout ce qui est agréable n’est pas moralement correct (encore que les divergences soient peu nombreuses). Mais je vous renvoie à ma réponse concernant votre citation des Béatitudes. Oui, la souffrance « fait partie de l’expérience de l’humanité », mais ce n’est pas une expérience à rechercher, et tous nos efforts, aidés par l’Esprit, doivent tendre à la réduire pour nous et pour les autres.

Vive la vaccination, les analgésiques, les machines, le chauffage, la clim', le lave-vaisselle et le lave-linge, l'accouchement sans douleur, et tout ce qui nous évite de travailler à la sueur de notre front.

Tiens, je pense à ça depuis longtemps. Le prêtre offre le pain à l’Eucharistie « fruit de la peine et du travail des hommes ». Vous pouvez mettre autant de peine que vous voulez, vous ne transformerez pas des semences en brioche. Pourquoi ne pas célébrer avec le « fruit du travail et de l’intelligence que Tu as donnée aux hommes et aux femmes » ?

En vous souhaitant une belle journée sans souffrance, riche et créative

Christian



Forget not that the earth delights to feel your bare feet,
and the winds long to play in your hair

Finn Fox

Re: Sommes-nous libres ?

par Boris » jeu. 13 sept. 2007, 9:54

Du Pr. Renzo Paccini, collaborateur du Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé, "Qualité de Vie", in Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques du Conseil Pontifical pour la Famille :
p.897-colonne 1 a écrit :Toujours influencé par l'idéologie utilitaire, cherchant à accorder une grande importance au plaisir et à minimiser la douleur pour le plus grand nombre possible de personnes, le concept de qualité de vie a conduit à identifier fortement la souffrance à la moralité 18 : la souffrance est considérée à tort comme absurde et immorale,

18. HERRANZ G., "Science Biomediche e qualità della vita" pp.415-424
p.897-colonne 2 a écrit :Affirmer, comme le fait la philosophie utilitariste, que le bien-être et par extension le plaisir constituent quelque chose de bon ou une exigence à atteindre se trouve à l'origine d'une erreur largement répandue dans la culture hédoniste actuelle : on confond ce qui est bon dans le sens désirable, avec ce qui est bon dans le sens moral 21. L'usage courant de l'expression qualité de vie peut amener à identifier ce qui est agréable à ce qui est moralement correct. C'est une donnée de bon sens que tout ce qui est agréable n'est pas nécessairement moralement correct. Bien agir peut être agréable en certaines occasions, mais douloureux ou exigeant dans d'autres. La confusion existant dans la conscience de l'homme entre le bien moral et le plaisir empêche de comprendre que la souffrance et le bonheur ne s'excluent pas nécessairement ; elle tend, d'autre part, à fermer la raison au fait que la souffrance - comme nous l'avons dit plus haut - fait partie, de manière inévitable, de l'expérience de l'humanité et de la vie de l'homme.

21. VOLTS D. "Algunas consideraciones éticas en torno al concepto 'calidad de vida' como criterio para la asignacion de recursos sanitarios" dans Médecina e morale (1994) 4, pp. 656-668

Re: Sommes-nous libres ?

par Boris » jeu. 13 sept. 2007, 9:11

Evangile du jeudi de la 23e semaine du temps ordinaire -Lc 6,27-38 a écrit :
Je vous le dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. A celui qui te frappe sur une joue, présente l'autre. A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez quand vous êtes sûrs qu'on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu'on leur rende l'équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous. »
Ainsi le Christ enseigne que prendre des coups est un chemin de Joie Parfaite, de bonheur dans l'éternité.

Re: Sommes-nous libres ?

par Raistlin » mer. 12 sept. 2007, 18:40

En lisant la vie de Sainte Thérèse de Lisieux, j'étais tombé sur une de ses pensées qui disait en substance qu'il ne fallait pas rechercher la souffrance, mais qu'il fallait quand même aimer la possibilité de souffrir. Pour moi, il en va de même pour le bonheur...
Ou dit autrement : on peut rechercher le bonheur, mais il faut aussi aimer la possibilité de ne pas être heureux... Du moins sur cette Terre.

Re: Sommes-nous libres ?

par Boris » mer. 12 sept. 2007, 18:31

Lc 6, 20-23 a écrit :Et lui, levant les yeux sur ses disciples, disait: " Heureux, vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous!
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés! Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez!
Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'ils vous excommunieront et insulteront, et proscriront votre nom comme mauvais à cause du Fils de l'homme.
Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez (de joie), car voici que votre récompense est grande dans le ciel: c'est ainsi en effet que leurs pères traitaient les prophètes.
Jc 1, 2-12 a écrit :Ne voyez qu'un sujet de joie, mes frères, dans les épreuves de toute sorte qui tombent sur vous; sachant que l'épreuve de votre foi produit la patience. Mais que la patience soit accompagnée d'oeuvres parfaites, afin que vous soyez parfaits et accomplis, ne laissant à désirer en rien. Si la sagesse fait défaut à quelqu'un d'entre vous, qu'il la demande à Dieu, lequel donne à tous simplement, sans rien reprocher; et elle lui sera donnée. Mais qu'il demande avec foi, sans hésiter; car celui qui hésite est semblable au flot de la mer, agité et ballotté par le vent. Que cet homme-là ne pense donc pas qu'il recevra quelque chose du Seigneur: homme à deux âmes, inconstant dans toutes ses voies. Que le frère pauvre se glorifie de son élévation. Et que le riche mette sa gloire dans son abaissement; car il passera comme l'herbe fleurie: le soleil s'est levé brûlant, et il a desséché l'herbe, et sa fleur est tombée, et toute sa beauté a disparu; de même aussi le riche se flétrira avec ses entreprises. Heureux l'homme qui supportera l'épreuve! Devenu un homme éprouvé, il recevra la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l'aiment.
CEC 1766 a écrit :"Aimer, c'est vouloir du bien à quelqu'un" (S. Thomas d'A.,I-II 26,4) . Toutes les autres affections ont leur source dans ce mouvement originel du coeur de l'homme vers le bien. Il n'y a que le bien qui soit aimé (cf. S. Augustin, Trin. 8,3,4). "Les passions sont mauvaises si l'amour est mauvais, bonnes s'il est bon" (S. Augustin, civ. 14,7).
CEC 1769 a écrit :Dans la vie chrétienne, l'Esprit Saint lui-même accomplit son oeuvre en mobilisant l'être tout entier y compris ses douleurs, craintes et tristesses, comme il apparaît dans l'Agonie et la Passion du Seigneur. Dans le Christ, les sentiments humains peuvent recevoir leur consommation dans la charité et la béatitude divine.

Re: Sommes-nous libres ?

par Raistlin » mer. 12 sept. 2007, 17:52

Nulle part Jésus ne commande de souffrir pour Lui, inutilement, bêtement ; nulle part Il n’enseigne que chercher les coups est la voie de la « Joie parfaite ».
Non, mais Jésus invite chacun à porter sa croix et à le suivre. A le suivre jusqu'où ? Ben, jusqu'à la crucifixion justement...

Je ne suis pas doloriste et je ne pense pas qu'une vie de souffrance soit ce que Dieu veut pour nous. Mais chercher le bonheur en toute chose et vouloir être heureux à tout prix amène trois choses :
:arrow: On finit par ne plus voir que la souffrance peut être source d'avancement spirituel et de joie.
:arrow: On fait du bonheur ni plus ni moins qu'une idôle. Le bonheur devient le but ultime à atteindre, là où notre Seigneur nous a simplement dit d'aimer...
:arrow: Un amour qui ne conduit pas au bonheur risque d'être alors perçu comme mauvais et on perd le sens du don total de soi, c'est-à-dire aimer même quand c'est douloureux. Je ne vous parle même pas du sens du sacrifice qui ne veut alors plus rien dire...

Bref, je pense qu'il faut remettre les choses à leur place : le plus important est d'aimer Dieu et notre prochain. Le reste - du moins aux yeux de Dieu - arrive au second plan et est superflu...
Bien sûr que l'amour peut rendre heureux, mais il peut aussi rendre malheureux. L'important alors, quand on est chrétien, est de continuer à aimer malgré tout.

En lisant la vie de Sainte Thérèse de Lisieux, j'étais tombé sur une de ses pensées qui disait en substance qu'il ne fallait pas rechercher la souffrance, mais qu'il fallait quand même aimer la possibilité de souffrir. Pour moi, il en va de même pour le bonheur...

En Christ,

Re: Sommes-nous libres ?

par Christian » mer. 12 sept. 2007, 16:59

Deux possibilités :

--- le récit est apocryphe ; la popularité d’un personnage est proportionnelle aux nombres de légendes qui courent sur son compte.

--- le récit est avéré. Saint François fait alors partie de cette infime proportion d’être humains aux tendances autodestructrices, qui peuvent avoir comme lui une merveilleuse spiritualité, des éclairs de génie, une inspiration divine, mais dont certains comportements s’apparentent à celui des femmes battues, des drogués, des anorexiques et pratiquants de l’automutilation.

Nulle part Jésus ne commande de souffrir pour Lui, inutilement, bêtement ; nulle part Il n’enseigne que chercher les coups est la voie de la « Joie parfaite ». Jésus glorifie les martyrs, pas le martyre. Il dit « Bienheureux les pauvres », pas « bienheureuse pauvreté ». Il pratique l’ascèse comme préparation mentale à Sa mission, et Il festoie aussi et banquette avec les pécheurs.

Dans cette totale liberté d’homme accompli, Jésus n’est entravé d’aucune culpabilité, névrose ou convoitise. C’est parce qu’il S’appartient entièrement qu’Il peut entièrement Se donner à Son Père. Il nous appelle à cette totale transparence et propriété de soi, que bien peu d’entre nous atteignent, même les plus grands saints.
dans la croix de la tribulation et de l'affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c'est pourquoi l'Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n'est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus Christ. »
Saint François parle de supporter les peines, les injures, etc., « pour l’amour du Christ ». Mais où lit-il que le Christ prend plaisir à nous voir souffrir ? Qu’est-ce qui lui fait croire que ce sacrifice est agréable à Dieu ? Il nous faut parfois surmonter des épreuves, jamais les rechercher.

C’est la croix de NSJC qui nous glorifie, certes, elle restaure pour l’humanité les possibilités de son salut. Mais c’est justement parce que cette croix n’est pas à nous, ces tribulations et afflictions ne sont pas plus les nôtres que les joies et les succès. Aucun sacrifice humain n’aurait pu nous sauver, et aucun ne nous sauvera.

Souriez, Boris, soyez heureux.

Christian



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Re: Sommes-nous libres ?

par Boris » lun. 10 sept. 2007, 15:41

Sur le dolorisme et le bonheur que Saint François appelle "Joie Parfaite" :
Fioretti 8 a écrit :Comment Saint François, cheminant avec frère Léon, lui exposa ce qu'est la joie parfaite.

Comme saint François allait une fois de Pérouse à Sainte Marie des Anges avec frère Léon, au temps d'hiver, et que le froid très vif le faisait beaucoup souffrir, il appela frère Léon qui marchait un peu en avant, et parla ainsi : « O frère Léon, alors même que les frères Mineurs donneraient en tout pays un grand exemple de sainteté et de bonne édification, néanmoins écris et note avec soin que là n'est pas point la joie parfaite. »

Et saint François allant plus loin l'appela une seconde fois : « O frère Léon, quand même le frère Mineur ferait voir les aveugles, redresserait les contrefaits, chasserait les démons, rendrait l'ouïe aux sourds, la marche aux boiteux, la parole aux muets et, ce qui est un plus grand miracle, ressusciterait des morts de quatre jours, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »

Marchant encore un peu, saint François s'écria d'une voix forte : « O frère Léon, si le frère Mineur savait toutes les langues et toutes les sciences et toutes les Écritures, en sorte qu'il saurait prophétiser et révéler non seulement les choses futures, mais même les secrets des consciences et des âmes, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »

Allant un peu plus loin, saint François appela encore d'une voix forte : « O frère Léon, petite brebis de Dieu, quand même le frère parlerait la langue des Anges et saurait le cours des astres et les vertus des herbes, et que lui seraient révélés tous les trésors de la terre, et qu'il connaîtrait les vertus des oiseaux et des poissons, de tous les animaux et des hommes, des arbres et des pierres, des racines et des eaux, écris qu'en cela n'est point la joie parfaite. »

Et faisant encore un peu de chemin, saint François appela d'une voix forte : « O frère Léon, quand même le frère Mineur saurait si bien prêcher qu'il convertirait tous les fidèles à la foi du Christ, écris que là n'est point la joie parfaite. »

Et comme de tels propos avaient bien duré pendant deux milles, frère Léon, fort étonné, l'interrogea et dit : « Père, je te prie, de la part de Dieu, de me dire où est la joie parfaite. » et saint François lui répondit : « Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu'il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres ; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu'il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu'à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d'injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et si nous persistons à frapper, et qu'il sorte en colère, et qu'il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets en disant : « Allez-vous-en d'ici misérables petits voleurs, allez à l'hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le supplions pour l'amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu'il dise, plus irrité encore : « ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et s'il sort avec un bâton noueux, et qu'il nous saisisse par le capuchon, et nous jette par terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les noeuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu'en cela est la joie parfaite.

Et enfin, écoute la conclusion, frère Léon : au-dessus de toutes les grâces et dons de l'Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l'amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier, puisqu'ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l'Apôtre : « Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu de Dieu ? et si tu l'as reçu de lui, pourquoi t'en glorifies-tu comme si tu l'avais de toi-même ? ». Mais dans la croix de la tribulation et de l'affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c'est pourquoi l'Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n'est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus Christ. »

À qui soit toujours honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen.
Libre à ceux qui le veule de dire que St François n'y connais rien, lui qui fut honoré par les Stigmates et qui fit de nombreux miracles de son vivant.

Re: Sommes-nous libres ?

par Christian » lun. 10 sept. 2007, 15:16

Bonjour Forum,

Je rajoute une p’tite couche parce que cette question du don total n’est pas anodine. Heureusement, 99% des gens sur cette planète la comprennent très bien. Ils connaissent la joie du don et la savourent. Ils savent qu’il serait in-humain, illogique et pervers de donner sans rien attendre en retour, ni contre-don, ni plaisir, ni gratification d’aucune sorte, en agissant strictement par devoir et sacrifice.

Je le répète, une telle démarche est insultante pour son bénéficiaire. Le « je-ne-veux-rien-recevoir-de-toi » sous-entend « tu-n’as-rien-à-me-donner ». La dette est impayable. Le receveur demeure à jamais l’obligé du donneur. Si en plus, l’action est motivée par quelque obligation morale, la bonne conscience du donneur est écrasante. Nos parents usaient d’une belle formule de politesse : à quelqu’un qui les remerciait d’un service rendu, ils répondaient : « Tout le plaisir est pour moi ». Le plaisir a été ma récompense, vous ne me devez rien.

Parlons honnêtement de plaisir/joie/gratification alors, et oublions le « don total » et le sacrifice. J’agis pour autrui parce que j’y trouve mon compte, et lorsque le compte n’y est pas, je n’agis pas (en prenant le risque parfaitement assumé de me tromper). Encore une fois, pourquoi le nier ?

Est-ce par hypocrisie, au nom d’un enseignement moral, chagrin et antinaturel ? Cette proposition qu’il faut agir sans rien attendre est non seulement contre nature et injurieuse pour autrui, elle est intenable logiquement. Elle réclame que les tenants du « don total » demeurent une minorité, une élite de la bonne conscience (est-ce leur secrète aspiration ?). Le cher Boris a besoin d’égocentristes. Car si tout le monde était adepte du « don total », nul ne pourrait donner sans recevoir en retour, et la pratique s’effondrerait.

D’une certaine façon, c’est ce qui se passe. Les gens qui donnent reçoivent en plaisir, en joie de donner, en reconnaissance ou en réciprocité au moins la valeur de leur don. Le monde se porte mieux sans sacrifice.

Offert à vous tous avec le plaisir de faire connaître mon opinion
;)

Christian

Re: Sommes-nous libres ?

par Christian » ven. 07 sept. 2007, 20:54

Salve MB,
:)
Une fois n'est pas coutume, je n'arrive pas à me résoudre à venir au secours de Christian.
Il serait inquiétant que nous fussions toujours du même avis. ;)
La question du bonheur, de la souffrance, etc. n'a rien à faire ici.
Je crois qu’elle est centrale, au contraire, voilà où nous divergeons. Et d’ailleurs qui prétendrait que la question du bonheur et de la souffrance n’a rien à faire dans la vie (la sienne et celle des autres) ?
Lorsqu'on fait le bien, lorsqu'on cherche, de tout son coeur, de se rapprocher de Dieu, rien ne nous dit que cela nous apporte du bonheur. [...]
Plus on cherche à aimer Dieu, plus on est tenté de désespérer de soi-même
L’amour est dangereux. Beaucoup de gens n’osent prendre le risque (et je ne suis pas trop hardi moi-même). Heureusement, nous n’avons pas à sauter, nous sommes poussés dedans (nos amis canadiens disent tomber en amour). Je ne décide pas d’aimer telle femme ou tel livre, je suis traversé, saisi. Je ne peux pas provoquer l’amour, je ne peux que résister à ce qu’il demande (beau sujet des tragédies classiques entre la passion et le devoir). Il en va de même de l’amour divin. Subrepticement depuis l’enfance, ou spectaculairement un beau matin, il nous attrape. Toutes les engeances de l’enfer ne lui feraient pas lâcher prise, mais notre peur d’être aimé, oui. Dieu ne viole pas. Il attend notre consentement.

Et pourquoi consentir à l’amour, alors qu’il nous rend si vulnérables ? Pourquoi ne pas résister ? Le démon nous offre pas mal de techniques pour étouffer notre consentement : jouer les esprits forts, ricaner, faire appel à la science, et mettre en avant les mille obligations de la vie quotidienne pour ne pas pratiquer…

Mais si la grâce nous a touchés, nous sommes comme ces alpinistes qui prennent des risques fous pour atteindre un sommet ; pourquoi ? Parce qu’il est là.

Et quand celui-ci sera conquis, il en faudra un autre. L’amour rassasié est l’amour mort. Tout est dans la montée, le bonheur comme le risque. Ce serait un au-delà du bonheur si nous atteignions cet état fusionnel que vous décrivez. Tant que nous sommes humains, nous sommes condamnés à monter et descendre. Pourquoi refuser que ce soit là le bonheur ? Pourquoi ne pas accepter que cette ascension comble notre vie, et que nous vivrions mal sans elle ?

C’est bien cette « meilleure » vie avec que nous cherchons.

Et enfin, pour pousser l’analogie, si les pieds saignent et le souffle manque et le cœur n'y est plus, n’est-ce pas le signe, à mon sens évident, que nous ne sommes pas faits pour cette pratique-là ? Ne vaut-il pas mieux alors chercher le bonheur ailleurs ? Si l’Amour ou l’amour nous cherche, il nous trouvera où que nous allions.
lorsque vous faites une BA, la question de savoir si vous en souffrez momentanément ou pas ne doit pas se poser.
Et comment qu’elle se pose ! Je ne donne pas autant de ma sueur, de mon temps, de mon argent et de ma personne à Paul qu’à Pierre. Tout simplement parce que j’ai plus de plaisir à aider Pierre que Paul.

Ça alors, il ne faudrait aider que les gens qu’on n’aime pas, parce qu’on éprouve du plaisir à aider ceux qu’on aime ! :exclamation:
Celui qui cherche à se faire du mal pour se prouver qu'il est gentil, fait la même chose que celui qui ne cherche que des choses agréables
Ces « choses agréables » rétrécissent singulièrement cette quête du bonheur que je décris.
si vous faites du bien à des gens qui se doutent que cela vous en coûte, ils vous seront reconnaissants d'avoir fait un effort pour eux.
[…] mes amis savent que je déteste écrire des cartes postales : cela m'ennuie à mourir. Pourtant, je fais un effort, et c'est cela qu'ils retiennent quand ils les reçoivent - "tiens, lui qui déteste écrire des cartes postales, il s'est quand même fatigué pour nous dire
Qui se leurre ici ? Pourquoi écrivez-vous des cartes postales ? Uniquement parce que c’est ennuyeux ? S’astreindre à écrire par mortification ? Il vous serait indifférent alors de savoir à qui vous écrivez. Les premiers noms dans l’annuaire feraient l’affaire. Or vous envoyez des cartes postales à des amis. Et vous imaginez la joie qu’ils auront à recevoir cette pensée de vous. N’est-ce pas cela qui vous rend heureux, qui vous fait sourire intérieurement en prenant votre stylo, et n’est-ce pas pour ce petit bonheur-là que vous écrivez ?
Je me rappelle aussi que personne en Occident n'a été obsédé par l'objectif du "bonheur" avant le 18ème siècle ; et que les hommes politiques qui, les premiers, ont parlé de bonheur (Saint-Just, "le bonheur est une idée neuve en Europe)"), sont aussi ceux qui ont contribué à semer le cauchemar sur terre.
Cher MB, je vous retrouve. Vous avez raison pour Saint-Just. Mais lui avait tort de croire à la nouveauté de l’idée de bonheur. Epicure, le plus grand philosophe de l’Antiquité (pour ce que nous en connaissons, car si peu de ses écrits subsistent), avait déjà fort bien exploré la question. Mais Epicure cherchait le bonheur en dehors de la politique, strictement dans la vie privée. Tous ceux « qui ont contribué à semer le cauchemar sur terre », de Platon à Pol Pot, ont cru au contraire que le bonheur était le résultat de structures sociales justes, et que l’action politique, même violente, était le passage obligé pour l’atteindre.

Tel est leur crime.

Inutile de vous dire que je suis du côté d’Epicure, l’athéisme en moins.

Nous voilà sortis de notre sujet.

Vale

Christian


Il n'est pas possible de vivre heureux sans être sage, honnête et juste,
et il n’est pas possible que celui qui est sage, honnête et juste
ne soit pas heureux

Epicure

Re: Sommes-nous libres ?

par Boris » ven. 07 sept. 2007, 19:28

MB a écrit :nous cherchons sans cesse à la voir, la contempler, l'écouter, la découvrir, et chaque seconde nous permettant de le faire nous apporte un bonheur immense.
Attention, ce que vous décrivez n'est ni de l'Amour ni du bonheur mais du plaisir.
C'est un sentiment ou une émotion.

MB a écrit : Mais dans le même temps, cette seconde nous rappelle à quel point nous ne sommes pas encore parvenus à nous fondre avec elle - et ce constat nous fait terriblement souffrir.
Mais l'Amour n'est pas uniquement fusion. Au contraire : il est aussi complémentarité et indépendance.
Le Couple passe par ces 3 états et en change en permanence.

La fusion est un risque pour les personnes qui forment le couple car la fusion annihile ces personnalités distinctes.
La complémentarité annihile de la même manière le Couple qui ne fait qu'une seule chaire.

C'est pour cela que le Couple qui vit de l'Amour vrai passe sans cesse d'un état à l'autre.

Avec Dieu, c'est pareil. La Communion est la fusion, le péché rompt cette fusion, la charité et l'épreuve sont des formes de complémentarité. La Liturgie est une fusion alors que la prière privée est une complémentarité : c'est pour cela que les 2 sont nécessaires et qu'il faut respecter les normes Liturgiques pour ne pas la transformer en prière privée (désolé je n'ai pas pu m'en empêcher).

MB a écrit :Dans un sens, le bonheur, c'est quand on y pense pas. Donc on s'en f...
Je ne suis tout à fait d'accord. Dieu nous donne une voix vers le bonheur. Sans penser au bonheur, nous devons au moins faire la volonté Divine car ainsi nous sommes sûr d'atteindre le bonheur.
MB a écrit :De même, lorsque vous faites une BA, la question de savoir si vous en souffrez momentanément ou pas ne doit pas se poser. A la limite même, si vous faites du bien à des gens qui se doutent que cela vous en coûte, ils vous seront reconnaissants d'avoir fait un effort pour eux.
C'est cela l'Amour.
MB a écrit :Je crois que dans un sens, le dolorisme est le symétrique de cette espèce de recherche de bonheur dont parle Christian. Celui qui cherche à se faire du mal pour se prouver qu'il est gentil, fait la même chose que celui qui ne cherche que des choses agréables, mais dans l'autre sens. Les deux solutions sont à rejeter. Je me rappelle aussi que personne en Occident n'a été obsédé par l'objectif du "bonheur" avant le 18ème siècle ; et que les hommes politiques qui, les premiers, ont parlé de bonheur (Saint-Just, "le bonheur est une idée neuve en Europe)"), sont aussi ceux qui ont contribué à semer le cauchemar sur terre. Alors bon...
Je suis d'accord et j'ajourerai que Saint-Just et sa clique ont cru qu'il n'y a pas besoin de Dieu pour prétendre au bonheur et que l'Homme peut se donner à lui-même le bonheur.
Ils ont juste confondu bonheur et plaisir.
Le dolorisme n'est pas à être recherché mais comme vous le dites pour la BA, il ne faut s'esquiver à la souffrance si elle est nécessaire à un Bien proportionnel (ce ne veut pas dire égal).

Re: Sommes-nous libres ?

par Boris » ven. 07 sept. 2007, 18:24

Christian a écrit :Alors si ce n’est pas le devoir, si ce n’est pas le « don total » qui ne reçoit rien en retour qui doivent guider nos actions, qu’est-ce ?
L'Amour de Dieu !
L'Amour que nous avons pour Dieu, et cette Amour s'exprime des manières suivantes :
- en visitant cette vieille Tante car le Christ a dit que si nous visitons les plus petits, alors c'est lui que nous visitons
- en prenant sur nous pour faire la volonté de Dieu, car en faisant cette volonté, nous faisons le Bien et comme le dit le Christ seul Dieu est Bon, donc le Bien ne peut venir que de Dieu. Nosu avons donc laisser Dieu agir par nous pour faire le Bien alors que nos sentiments nous commandaient de ne pas visiter cette vieille Tante.

Mais selon vos message vous semblez ignorant de l'Amour que nous devons porter à Dieu et même de ce qu'est l'Amour.
Vous en êtes au message que véhicule la société qui confond Amour et sentiment/émotion.
Mais l'Amour n'est pas un sentiment. C'est un ensemble d'actes raisonnés et donc voulus par notre volonté à l'encontre si nécessaire de nos sentiments/émotions.
C'est ce que le Pape appelle le contrôle de l'Eros par l'Agape et qu'il enseigne dans la première partie de "Deus Caritas Est". Vous retrouverez exactement le même enseignement dans le premier chapitre de "Aimer en acte et en Vérité" (qui vient d'être ré-éditer pour ceux qui ne l'ont pas encore ...)

Re: Sommes-nous libres ?

par MB » ven. 07 sept. 2007, 13:48

Avé

Une fois n'est pas coutume, je n'arrive pas à me résoudre à venir au secours de Christian.

La question du bonheur, de la souffrance, etc. n'a rien à faire ici.

- Lorsqu'on fait le bien, lorsqu'on cherche, de tout son coeur, de se rapprocher de Dieu, rien ne nous dit que cela nous apporte du bonheur. Prenons l'analogie amoureuse : nous aimons une personne, mais nous ne savons si notre amour a rencontré le sien : nous cherchons sans cesse à la voir, la contempler, l'écouter, la découvrir, et chaque seconde nous permettant de le faire nous apporte un bonheur immense. Mais dans le même temps, cette seconde nous rappelle à quel point nous ne sommes pas encore parvenus à nous fondre avec elle - et ce constat nous fait terriblement souffrir.
Avec Dieu, il y a quelque chose de cela : nous l'aimons, nous souhaitons le rejoindre et ne plus le quitter ; et chaque fois que le bien fait resplendir en nous sa lumière, il nous semble nous rapprocher de lui ; mais, dans le même temps, nous ne pouvons échapper à notre condition de pécheur, et cela nous fait mal. Plus on cherche à aimer Dieu, plus on est tenté de désespérer de soi-même. Il faut y résister, mais ce n'est pas facile.

- Il faut donc oublier de parler de bonheur. Personne ne sait ce que c'est. Pensez à des moments pénibles ; à ce moment, vous vous dites : "ah, au moins, il y a deux mois, j'étais heureux". Pourtant, quand on y réfléchit, deux mois avant, vous ne vous posiez pas la question du bonheur, elle n'avait pas lieu d'être. A ce moment-là, si l'on vous avait posé la question "êtes-vous heureux", vous auriez répondu, le plus souvent, "je ne sais pas". Dans un sens, le bonheur, c'est quand on y pense pas. Donc on s'en f...

- De même, lorsque vous faites une BA, la question de savoir si vous en souffrez momentanément ou pas ne doit pas se poser. A la limite même, si vous faites du bien à des gens qui se doutent que cela vous en coûte, ils vous seront reconnaissants d'avoir fait un effort pour eux.
Prenez un exemple : les cartes postales. Il vous est déjà arrivé, dans un moment de déprime, d'en recevoir une de quelqu'un qui était en vacances. Cela vous faisait du bien. Pourquoi ? Parce que, en substance, le message de la carte postale est : "au milieu de ces plages, de ces merveilles, de ces moments inoubliables, eh bien je pense à toi". Or mes amis savent que je déteste écrire des cartes postales : cela m'ennuie à mourir. Pourtant, je fais un effort, et c'est cela qu'ils retiennent quand ils les reçoivent - "tiens, lui qui déteste écrire des cartes postales, il s'est quand même fatigué pour nous dire bonjour".

Je crois que dans un sens, le dolorisme est le symétrique de cette espèce de recherche de bonheur dont parle Christian. Celui qui cherche à se faire du mal pour se prouver qu'il est gentil, fait la même chose que celui qui ne cherche que des choses agréables, mais dans l'autre sens. Les deux solutions sont à rejeter. Je me rappelle aussi que personne en Occident n'a été obsédé par l'objectif du "bonheur" avant le 18ème siècle ; et que les hommes politiques qui, les premiers, ont parlé de bonheur (Saint-Just, "le bonheur est une idée neuve en Europe)"), sont aussi ceux qui ont contribué à semer le cauchemar sur terre. Alors bon...

Fraternellement
MB

Re: Sommes-nous libres ?

par Christian » ven. 07 sept. 2007, 10:07

Boris,

L’amour ne se commande pas, mais pour vous je vais faire un effort.

Mon propos, illustré au départ par une visite à une vieille tante était, et demeure, celui-ci :

L’altruisme, le « don total », tout ce que nous accomplissons seulement par devoir, par sacrifice, sans en retirer nous-mêmes ou bien un plaisir, ou bien un bonheur, ou bien une joie, ou bien une paix intérieure, bref, si nous n’y trouvons pas une satisfaction, cet altruisme est destructeur. Il pervertit la relation à autrui. Il donne peut-être à celui qui le pratique une « bonne conscience ». Mais il est humiliant et odieux pour celui qui reçoit.

Voilà mon propos. Il n’est pas original. Il vaut la peine de le rappeler.

Et pour une fois, Boris, vous m’approuvez. :fleur:
Christian :
« Tu sais ma tante, je n’ai aucun plaisir à passer ce dimanche avec toi. Je le fais par devoir. Je le fais parce que je suis une bonne chrétienne. » Que peut répondre la tante ? Fous-moi le camp, en bon français.
Boris :
pour rester cohérent avec sa démarche, il ne dira pas qu'il éprouve aucun plaisir !

Pourquoi le visiteur ne dira pas qu’il n’éprouve aucun plaisir ? Parce que ce serait humiliant et odieux pour la personne visitée.

Quod erat demonstrandum. (Merci Boris).

+++

Alors si ce n’est pas le devoir, si ce n’est pas le « don total » qui ne reçoit rien en retour qui doivent guider nos actions, qu’est-ce ?

C’est la recherche humaine, naturelle, bonne, voulue par Celui qui nous a créés tels que nous sommes et qui nous aime, et qui ne nous veut pas malheureux, c’est la recherche du bonheur, de la paix intérieure, du plaisir, de la joie….

Pourquoi cette diversité des satisfactions recherchées ? Parce que les devoirs accomplis et les « dons » distribués sont différents. L’ennui de visiter la vieille tante n’est pas le même coût qu’un accouchement. Le retour qu’on en attend n’est donc pas du même ordre. Comme je l’ai écrit plus haut, un sourire nous dédommage d’un dérangement en faveur de la voisine ; la simple existence de notre enfant est le bonheur que nous attendons des douleurs, des soucis et du poids financier de sa naissance.

Tout ceci est évident. Je me demande seulement pourquoi il faut le cacher derrière un discours doloriste, à la Kant, qui exalte le sacrifice et la souffrance. La Croix, vous me l’accorderez, est un one-off. L’économie divine n’est pas celle des hommes. Nous, ici-bas, avons à suivre l’exemple de l’homme-Jésus. Et je persiste à dire que le signe qu’Il nous donne pour nous indiquer que nous sommes sur la Bonne Voie est la joie, la paix, le bonheur et les plaisirs (au-delà des épreuves) dont Il nous inonde.

Pourquoi ne pas l’admettre ? Pourquoi ne pas avoir la simplicité de reconnaître que nous préférons le bonheur au malheur, et de ressasser ce triste et bêlant discours du « sacrifice » ? Soyons sains, saints et joyeux.

J’arrête là mon prêche.

Christian

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