par Socrate d'Aquin » jeu. 21 sept. 2017, 10:32
D'après ce que j'en lis un peu partout sur le web, il y a quand même pas mal de "tradis" qui seraient disposés à un enrichissement mutuel. Voir les livres qui ont été écrits par des gens comme l'Abbé Claude Barthe (et qui ont eu pas mal de diffusion chez les tradis). Bien sûr, si par "tradis" on va voir du côté de la FSSPX, il est probable que ces idées n'aient pas eu grand retentissement pour le moment, mais dans les milieux "Ecclesia Dei / Summorum Pontificum", il me semble que les perspectives seraient nettement plus favorables.
Il faut croire que ces "tradis"-là sont assez discrets.
Le problème est qu'il faudrait déjà préciser de quel "enrichissement mutuel" il s'agit, et à vrai dire, ça serait à Rome de modifier les livres liturgiques en ce sens. C'est plus simple pour un simple prêtre d'essayer des "enrichissements réciproques" dans le Missel de Paul VI, qui permet de faire à peu près n'importe quoi, que dans le Missel de Saint Pie V, qui est strict et pour lequel l'habitude de respecter ce qui est écrit est beaucoup plus ancrée...
Pas d'accord sur le "à peu près n'importe quoi". En revanche, il est exact que ce serait à la liturgie restaurée de changer sur la forme, sur la manière de célébrer. On verra pour le reste après.
Par ailleurs, je pense qu'on peut légitimement critiquer l'expression "liturgie restaurée", ou "liturgie demandée par le Concile". Le Missel de Paul VI est conforme aux instructions de Paul VI qui l'a promulgué, et aux travaux du Consilium, point. Il suffit de lire Sacrosanctum Concilium pour s'apercevoir de l'écart entre la Constitution et le missel sorti 6 ans plus tard (même si quelques articles ont été effectivement mis en oeuvre, d'autres ont été carrément bafoués)... Par exemple, la liturgie entièrement vernaculaire, ce n'est pas la volonté du Concile, mais c'est bien celle exprimée par Paul VI. Quant à l'idée, avancée à l'époque, comme quoi il s'agirait d'une restauration du rite romain primitif, je dois dire que ça ressemble beaucoup à de la publicité mensongère...
Oui, c'est possible de dire cela, il y a des éléments du missel de Paul VI qui ne sont pas traditionnels. Pour autant, il y a quand même la recherche d'une restauration du rit romain, en y éliminant les éléments notamment gallicans qui s'y trouvent encore (par exemple les prières d'offertoire ou certaines prières de dévotion) et en même temps, de le faire progresser.
En fait, le but de Sacrosanctum Concilium était double:
- Restaurer le rit romain dans sa pureté originelle (c'est-à-dire expurgé des prières d'origine souvent gallicane). D'où les nouvelles prières d'offertoire, jugées plus conformes à la tradition romaine (ce qui peut se discuter),
- Effectuer un progrès de la liturgie (d'où le nouveau lectionnaire, l'accent mis sur le pôle communautaire et sur la participation, les nouvelles prières eucharistiques, etc).
Reste à savoir si le Missel de Paul VI répond à tout cela. Je pense que c'est le cas pour une large part. La question de la langue vernaculaire pose en effet difficulté; il reste tout de même que le concile a voulu étendre l'usage des langues vernaculaires (tout en conservant le latin).
Alors, l'enrichissement du rite traditionnel, je pense encore une fois que beaucoup de tradis en acceptent le principe, reste que d'une part il faudrait que Rome se décide à publier des instructions en ce sens (ce n'est plus vraiment d'actualité depuis 2013), d'autre part, dans l'éventualité où Rome publierait effectivement de nouvelles instructions, on peut comprendre qu'après tant de promesses non tenues, il y ait une certaine méfiance.
De ce point de vue-là, comme je l'avais indiqué ailleurs, l'usage de Fontgombault et de ses filles est des plus intéressant: ces abbayes ont adopté la forme extraordinaire, mais avec de nombreuses modifications post-conciliaires, datant pour la plupart de 1965. Entre autres, la suppression de certaines des "prières au bas de l'autel", litanie de prières universelle, chant du Pater par l'assemblée... voilà un bon modèle.
Soit dit en passant, la dernière instruction de Rome (sur l'application du motu proprio), à l'époque de Benoît XVI, allait nettement dans le sens du "1962 strict" que de l'enrichissement mutuel. Peut-être parce que le risque le plus immédiat était de voir des prêtres désignés par leur évêque massacrer l'ancien rite de la même façon que le nouveau l'est habituellement (autel à l'envers, filles enfant de choeur...)
Et je pense que cela s'explique facilement: la forme extraordinaire ne doit pas trop changer, de manière à servir de modèle à la forme ordinaire. Celle-ci doit changer, pas dans un premier temps sur le fond, mais sur la manière de la célébrer, en réapprenant la primauté de Dieu dans la liturgie.
Ensuite, peut-être une réforme de la réforme sur le fond, en modifiant les rubriques et les textes ? Peut-être.
Pour ce qui est du changement de la forme extraordinaire... je vous conseille cet article en anglais:
http://www.catholicworldreport.com/Item ... _form.aspx
Ou alors, en français (traduit par mes soins):
http://reflexioncatholiques.over-blog.c ... naire.html
[quote]D'après ce que j'en lis un peu partout sur le web, il y a quand même pas mal de "tradis" qui seraient disposés à un enrichissement mutuel. Voir les livres qui ont été écrits par des gens comme l'Abbé Claude Barthe (et qui ont eu pas mal de diffusion chez les tradis). Bien sûr, si par "tradis" on va voir du côté de la FSSPX, il est probable que ces idées n'aient pas eu grand retentissement pour le moment, mais dans les milieux "Ecclesia Dei / Summorum Pontificum", il me semble que les perspectives seraient nettement plus favorables.
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Il faut croire que ces "tradis"-là sont assez discrets.
[quote]Le problème est qu'il faudrait déjà préciser de quel "enrichissement mutuel" il s'agit, et à vrai dire, ça serait à Rome de modifier les livres liturgiques en ce sens. C'est plus simple pour un simple prêtre d'essayer des "enrichissements réciproques" dans le Missel de Paul VI, qui permet de faire à peu près n'importe quoi, que dans le Missel de Saint Pie V, qui est strict et pour lequel l'habitude de respecter ce qui est écrit est beaucoup plus ancrée...
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Pas d'accord sur le "à peu près n'importe quoi". En revanche, il est exact que ce serait à la liturgie restaurée de changer sur la forme, sur la manière de célébrer. On verra pour le reste après.
[quote]Par ailleurs, je pense qu'on peut légitimement critiquer l'expression "liturgie restaurée", ou "liturgie demandée par le Concile". Le Missel de Paul VI est conforme aux instructions de Paul VI qui l'a promulgué, et aux travaux du Consilium, point. Il suffit de lire Sacrosanctum Concilium pour s'apercevoir de l'écart entre la Constitution et le missel sorti 6 ans plus tard (même si quelques articles ont été effectivement mis en oeuvre, d'autres ont été carrément bafoués)... Par exemple, la liturgie entièrement vernaculaire, ce n'est pas la volonté du Concile, mais c'est bien celle exprimée par Paul VI. Quant à l'idée, avancée à l'époque, comme quoi il s'agirait d'une restauration du rite romain primitif, je dois dire que ça ressemble beaucoup à de la publicité mensongère...
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Oui, c'est possible de dire cela, il y a des éléments du missel de Paul VI qui ne sont pas traditionnels. Pour autant, il y a quand même la recherche d'une restauration du rit romain, en y éliminant les éléments notamment gallicans qui s'y trouvent encore (par exemple les prières d'offertoire ou certaines prières de dévotion) et en même temps, de le faire progresser.
En fait, le but de Sacrosanctum Concilium était double:
- Restaurer le rit romain dans sa pureté originelle (c'est-à-dire expurgé des prières d'origine souvent gallicane). D'où les nouvelles prières d'offertoire, jugées plus conformes à la tradition romaine (ce qui peut se discuter),
- Effectuer un progrès de la liturgie (d'où le nouveau lectionnaire, l'accent mis sur le pôle communautaire et sur la participation, les nouvelles prières eucharistiques, etc).
Reste à savoir si le Missel de Paul VI répond à tout cela. Je pense que c'est le cas pour une large part. La question de la langue vernaculaire pose en effet difficulté; il reste tout de même que le concile a voulu étendre l'usage des langues vernaculaires (tout en conservant le latin).
[quote]Alors, l'enrichissement du rite traditionnel, je pense encore une fois que beaucoup de tradis en acceptent le principe, reste que d'une part il faudrait que Rome se décide à publier des instructions en ce sens (ce n'est plus vraiment d'actualité depuis 2013), d'autre part, dans l'éventualité où Rome publierait effectivement de nouvelles instructions, on peut comprendre qu'après tant de promesses non tenues, il y ait une certaine méfiance.
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De ce point de vue-là, comme je l'avais indiqué ailleurs, l'usage de Fontgombault et de ses filles est des plus intéressant: ces abbayes ont adopté la forme extraordinaire, mais avec de nombreuses modifications post-conciliaires, datant pour la plupart de 1965. Entre autres, la suppression de certaines des "prières au bas de l'autel", litanie de prières universelle, chant du Pater par l'assemblée... voilà un bon modèle.
[quote]Soit dit en passant, la dernière instruction de Rome (sur l'application du motu proprio), à l'époque de Benoît XVI, allait nettement dans le sens du "1962 strict" que de l'enrichissement mutuel. Peut-être parce que le risque le plus immédiat était de voir des prêtres désignés par leur évêque massacrer l'ancien rite de la même façon que le nouveau l'est habituellement (autel à l'envers, filles enfant de choeur...)
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Et je pense que cela s'explique facilement: la forme extraordinaire ne doit pas trop changer, de manière à servir de modèle à la forme ordinaire. Celle-ci doit changer, pas dans un premier temps sur le fond, mais sur la manière de la célébrer, en réapprenant la primauté de Dieu dans la liturgie.
Ensuite, peut-être une réforme de la réforme sur le fond, en modifiant les rubriques et les textes ? Peut-être.
Pour ce qui est du changement de la forme extraordinaire... je vous conseille cet article en anglais:
[url]http://www.catholicworldreport.com/Item/5389/How_the_ordinary_form_of_the_Mass_can_enrich_the_extraordinary_form.aspx[/url]
Ou alors, en français (traduit par mes soins): [url]http://reflexioncatholiques.over-blog.com/2017/05/comment-la-forme-ordinaire-de-la-messe-peut-enrichir-la-forme-extraordinaire.html[/url]