Il faut savoir que selon le droit canon actuel, un séminariste est un laïc jusqu'à son ordination diaconale, et ce depuis le motu proprio Ministeriam Quaedam de Paul VI qui a supprimé les ordres mineurs et la tonsure, auparavant signes d'entrée dans l'état clérical.
Sans nier que dans certains séminaires, arborer des "signes extérieurs de traditionnalisme" comme la soutane ou le col romain soit le meilleur moyen d'être mis à la porte (certains témoignages en ce sens peuvent difficilement être remis en question), le fait est que le laïc, à la base, n'a aucun droit particulier à porter l'habit clérical. Donc l'évêque a canoniquement le droit de l'interdire. Après, il y a une tension entre ce qui relève du droit et ce qui relève de la coutume légitime... (tension que les réformes totalement "positivistes" de Paul VI ont exacerbé dans l'Eglise). En même temps, l'ancien droit canon laissait déjà l'obligation de port de l'habit ecclésiastique au pouvoir des Ordinaires, ce qui réduit ici la valeur de l'argument de la coutume.
D'un autre côté, si l'on envisage ce qui se passe dans les séminaires traditionnels, qui conservent ce qui se faisait avant la réforme de Paul VI, si je ne m'abuse, les séminaristes portent la soutane dès la 2e année, alors qu'ils n'ont pas encore reçu la tonsure et les ordres mineurs. Sans compter le port de la soutane par les laïcs servants d'autel... On pourrait donc considérer que sans être clerc, le séminariste tient un rôle clérical...
Il y a donc une différence de perspective selon que l'on considère le port de la soutane:
- comme une marque de l'état clérical, un laïc n'a pas à se déguiser en prêtre
- comme une marque de ce à quoi le séminariste se destine.
On peut aussi distinguer entre les divers lieux de port de l'habit ecclésiastique:
- dans la liturgie (où l'on voit souvent les laïcs tenir un rôle clérical)
- au séminaire, en-dehors de la liturgie
- dans le monde (où l'état de la personne me paraît être le critère essentiel).
Enfin, le séminariste étant censé se former à l'obéissance, outre le fait de "passer par les fourches caudines de la direction du séminaire" s'il veut être ordonné un jour, il est légitime qu'il se plie aux directives de l'évêque, selon qu'il décide que le séminariste n'a pas à porter d'habit ecclésiastique avant d'être lui-même clerc (1ere perspective) ou qu'il doit le porter (2e perspective) ou qu'il laisse une certaine liberté entre ces 2 positions.
Pour finir, il est vrai que l'on constate facilement que l'absence de port d'une tenue ecclésiastique visible chez la plupart des prêtres post-conciliaires (surtout dans les pays comme la France où le port de la soutane a pris un rôle essentiel dans la "guerre" entre "modernes" et "anciens", le choix de la soutane, du clergyman ou du complet-veston étant un marqueur de son positionnement idéologique, dimension qu'on ne retrouve que dans certains pays), est un obstacle au témoignage chrétien dans le monde.
Cela ne doit cependant pas nous amener à considérer le port permanent de la soutane comme la seule option compatible avec la Tradition de l'Eglise. Il faut savoir que le costume ecclésiastique n'a pas arrêté de changer au cours des derniers siècles (auparavant, je ne connais pas l'historique de la question...). Il me semble même (à vérifier) qu'au début du XIXe, le port de la soutane était un signe de "modernisme" ecclésial... Bref, au-delà de la question du témoignage n'absolutisons pas ce qui n'a jamais été qu'une coutume changeante.
Pour finir, je ne suis pas insensible à la remarque de salésienne05: esthétiquement, la soutane noire n'est pas forcément ce qu'il y a de plus réussi. Pourtant, j'ai déjà vu de belles soutanes noires chez des orthodoxes et des anglicans (ou pour rester chez les catholiques, sur des photos de la Communauté St Martin). Sans vouloir transformer nos clercs en mannequins
, il y a une question de détails esthétiques à laquelle on aurait tort de ne pas prêter un minimum attention: si c'est une vêtement marquant le sacré, il se doit d'être beau. Après, je ne suis pas spécialiste des divers modèles de soutane...
(Le complet-veston typique de l'ecclésiastique post-conciliaire avec la trop discrète croix au revers n'a absolument rien d'esthétique lui non plus, soyons francs...)
Bon, après toutes ces considérations, pour en revenir à la question de départ, si j'étais séminariste, question vêtement, je pense que je me plierais sans difficulté à la discipline du séminaire. Il y a d'autres questions plus importantes.
In Xto,
archi.
Il faut savoir que selon le droit canon actuel, un séminariste est un laïc jusqu'à son ordination diaconale, et ce depuis le motu proprio Ministeriam Quaedam de Paul VI qui a supprimé les ordres mineurs et la tonsure, auparavant signes d'entrée dans l'état clérical.
Sans nier que dans certains séminaires, arborer des "signes extérieurs de traditionnalisme" comme la soutane ou le col romain soit le meilleur moyen d'être mis à la porte (certains témoignages en ce sens peuvent difficilement être remis en question), le fait est que le laïc, à la base, n'a aucun droit particulier à porter l'habit clérical. Donc l'évêque a canoniquement le droit de l'interdire. Après, il y a une tension entre ce qui relève du droit et ce qui relève de la coutume légitime... (tension que les réformes totalement "positivistes" de Paul VI ont exacerbé dans l'Eglise). En même temps, l'ancien droit canon laissait déjà l'obligation de port de l'habit ecclésiastique au pouvoir des Ordinaires, ce qui réduit ici la valeur de l'argument de la coutume.
D'un autre côté, si l'on envisage ce qui se passe dans les séminaires traditionnels, qui conservent ce qui se faisait avant la réforme de Paul VI, si je ne m'abuse, les séminaristes portent la soutane dès la 2e année, alors qu'ils n'ont pas encore reçu la tonsure et les ordres mineurs. Sans compter le port de la soutane par les laïcs servants d'autel... On pourrait donc considérer que sans être clerc, le séminariste tient un rôle clérical...
Il y a donc une différence de perspective selon que l'on considère le port de la soutane:
- comme une marque de l'état clérical, un laïc n'a pas à se déguiser en prêtre
- comme une marque de ce à quoi le séminariste se destine.
On peut aussi distinguer entre les divers lieux de port de l'habit ecclésiastique:
- dans la liturgie (où l'on voit souvent les laïcs tenir un rôle clérical)
- au séminaire, en-dehors de la liturgie
- dans le monde (où l'état de la personne me paraît être le critère essentiel).
Enfin, le séminariste étant censé se former à l'obéissance, outre le fait de "passer par les fourches caudines de la direction du séminaire" s'il veut être ordonné un jour, il est légitime qu'il se plie aux directives de l'évêque, selon qu'il décide que le séminariste n'a pas à porter d'habit ecclésiastique avant d'être lui-même clerc (1ere perspective) ou qu'il doit le porter (2e perspective) ou qu'il laisse une certaine liberté entre ces 2 positions.
Pour finir, il est vrai que l'on constate facilement que l'absence de port d'une tenue ecclésiastique visible chez la plupart des prêtres post-conciliaires (surtout dans les pays comme la France où le port de la soutane a pris un rôle essentiel dans la "guerre" entre "modernes" et "anciens", le choix de la soutane, du clergyman ou du complet-veston étant un marqueur de son positionnement idéologique, dimension qu'on ne retrouve que dans certains pays), est un obstacle au témoignage chrétien dans le monde.
Cela ne doit cependant pas nous amener à considérer le port permanent de la soutane comme la seule option compatible avec la Tradition de l'Eglise. Il faut savoir que le costume ecclésiastique n'a pas arrêté de changer au cours des derniers siècles (auparavant, je ne connais pas l'historique de la question...). Il me semble même (à vérifier) qu'au début du XIXe, le port de la soutane était un signe de "modernisme" ecclésial... Bref, au-delà de la question du témoignage n'absolutisons pas ce qui n'a jamais été qu'une coutume changeante.
Pour finir, je ne suis pas insensible à la remarque de salésienne05: esthétiquement, la soutane noire n'est pas forcément ce qu'il y a de plus réussi. Pourtant, j'ai déjà vu de belles soutanes noires chez des orthodoxes et des anglicans (ou pour rester chez les catholiques, sur des photos de la Communauté St Martin). Sans vouloir transformer nos clercs en mannequins :oops: , il y a une question de détails esthétiques à laquelle on aurait tort de ne pas prêter un minimum attention: si c'est une vêtement marquant le sacré, il se doit d'être beau. Après, je ne suis pas spécialiste des divers modèles de soutane...
(Le complet-veston typique de l'ecclésiastique post-conciliaire avec la trop discrète croix au revers n'a absolument rien d'esthétique lui non plus, soyons francs...)
Bon, après toutes ces considérations, pour en revenir à la question de départ, si j'étais séminariste, question vêtement, je pense que je me plierais sans difficulté à la discipline du séminaire. Il y a d'autres questions plus importantes.
In Xto,
archi.